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Critiques de Riss (58)
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Une minute quarante-neuf secondes

Il y a plusieurs mois que j’aurais dû lire ce livre. C’est fait et j’admire encore plus Riss et l’impressionnant travail qu’il a réalisé pour écrire Une minute quarante-neuf secondes.

Si le drame du 7 janvier 2015 est le déclencheur d’un tel récit, celui qui a pris la responsabilité de rédacteur en chef de Charlie Hebdo depuis, ne se limite pas à ces moments terribles. L’imbécilité, la haine, le fanatisme religieux ont poussé deux individus à massacrer de sang-froid plusieurs membres d’un journal satirique indépendant, en blessant grièvement plusieurs autres dont Riss et Philippe Lançon. Ce dernier, dans Le Lambeau, a réussi une œuvre littéraire immense mais le livre de Riss est très différent car il plonge dans les entrailles du journal, remonte le fil de sa vie et rend hommage, un par un, à ceux qui ont été assassinés.

Fidèle lecteur abonné à Charlie Hebdo, j’ai bien sûr été très intéressé par l’historique de ce journal, par les débuts de Riss à La Grosse Bertha et par ses rencontres très formatrices avec des gens comme Gébé, François Cavanna, Cabu…

Au moment où je termine ce livre, un nouvel attentat vient de se produire à Paris, visant deux journalistes dans la rue où était situé le siège de Charlie Hebdo en 2015. En ce moment aussi, se tient le procès tentant de juger des personnes qui auraient aidé les tueurs. Décidément, il est vraiment nécessaire de lire Riss pour comprendre ou tenter d’approcher un peu cet homme qui s’est retrouvé allongé, blessé grièvement, aux côtés de ses précieux camarades qu’il ne reverrait plus jamais.

Aussi, la mort rôde dans ces lignes du début à la fin puisque Riss se souvient d’un travail d’été effectué, jeune adulte, comme assistant dans les pompes funèbres. Il y a aussi ses souvenirs de reportage en Côte d’Ivoire, au Vietnam.

Riss expose aussi très bien toute la philosophie de son journal et la volonté de ses créateurs pour le maintenir cent pour cent indépendant. Quand les dons ont afflué après janvier 2015, il a fallu résister à ceux qui voulaient en profiter, anéantir les rumeurs nauséabondes et répartir l’argent entre toutes les victimes des attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015. Ces mises au point sont nettes et nécessaires.

Et puis, il y a ce fameux décompte : une minute quarante-neuf secondes, le temps qu’a duré cette effroyable tuerie dont l’auteur ressort vivant mais avec le souvenir de celle et de ceux qui sont morts. Alors, j’ai apprécié que soient cités à la fin du livre : Frédéric Boisseau, Franck Brinsolaro, Cabu, Elsa Cayat, Charb, Honoré, Bernard Maris, Mustapha Ourrad, Michel Renaud, Tignous, Georges Wolinski et Ahmed Merabet plus Clarissa Jean-Philippe, sans oublier Philippe Braham, Yohan Cohen, Yoav Hattab et François Michel Saada. Auparavant, Riss avait consacré un chapitre à celle et à ceux avec lesquels il a le plus travaillé pour réaliser Charlie Hebdo.

Une minute quarante-neuf secondes est un livre riche en informations, plein de réflexions importantes, un ouvrage qui touche et fait réfléchir à la mort, à la vie et combat l’intégrisme et le fanatisme religieux. Grâce à Riss, ceux qui sont restés et ceux qui les ont rejoints proposent chaque semaine un grand journal satirique, riche en articles de fond, poussant la réflexion bien au-delà du simple dessin qui fait rire ou sourire, même si cela est absolument nécessaire.

Enfin, c'est avec une infinie tristesse et un sentiment profond de colère que j'ajoute un mot pour Samuel Paty qui vient d'être victime d'un nouvel acte barbare inqualifiable, un assassinat visant un homme et la Liberté d'expression qu'il va falloir se décider à défendre de façon beaucoup plus offensive. Le gouvernement semble en prendre conscience - un peu tard - mais attendons les actes !


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Le procès Papon : Un fonctionnaire de Vichy a..

Le procès Papon, un fonctionnaire de Vichy au service de la Shoah, regroupe le remarquable travail de Riss (Laurent Sourisseau) qui était l’envoyé spécial de Charlie Hebdo – journal dont je suis un fidèle abonné - durant les six longs mois qu’a duré ce procès, du 8 octobre 1997 au 2 avril 1998.

Laurent Joly, historien, directeur de recherche au CNRS, a préfacé ce bel album, ouvrage indispensable permettant d’aller au fond du problème représenté par un homme qui occupa les plus hautes fonctions de la République française. En effet, s’il fut député, maire, préfet de police à Paris (1958-1966) et même ministre du budget sous Giscard, de 1978 à 1981, il fut secrétaire général de la Préfecture de Bordeaux, sous l’occupation, de 1942 à 1944.

Riss écoutait, observait, dessinait. Il était placé tout près de Papon et ne manquait pas de croquer ses mimiques, ses réactions véhémentes, sans oublier de noter ses réparties, tous en soulignant ses silences éloquents.

Ce procès arrive au bout de seize ans de procédure et c’est, en France, le troisième procès pour crimes contre l’humanité après Barbie en 1987 et Touvier en 1994. Les longs débats, le défilé impressionnant de frères, de sœurs, de fils, de filles, même de neveux et nièces de déportés jamais revenus du camp d’extermination d’Auschwitz, tout cela est bien rendu. Si, au premier coup d’œil, la lecture des bulles qui s’enchaînent et semblent se mêler, peut paraître rébarbative, il suffit de se plonger dans le texte noté manuellement par Riss pour être absorbé, captivé, impressionné par tous ces témoignages souvent émouvants.

Malgré tout, Riss n’oublie pas ceux qui viennent défendre Papon. Ce sont souvent des amis ou des personnes qui ont exercé le pouvoir comme Mesmer, Barre, Guichard ou encore l’ancien préfet Doublet et même Amouroux, journaliste, historien. Pour eux, Papon n’est ni responsable, ni coupable alors que de nombreux documents viendront démontrer le contraire.

Le procès Papon est conté de manière vivante, bien illustré et tout est bien articulé et bien présenté. Cet album d’une grande qualité éditoriale s’articule en six grandes parties :

- Le curriculum vitae de Papon : les témoins de moralité ; les historiens.

- Les organisateurs des persécutions anti-juives à Bordeaux.

- Papon au service des questions juives de la préfecture à Bordeaux.

- Les crimes contre l’humanité reprochés à Papon : déportation de Léon Librach, convois du 18 juillet 1942, du 26 août 1942, du 21 septembre 1942, du 26 octobre 1942, du 25 novembre 1943, du 30 décembre 1943, du 12 janvier 1944 et du 13 mai 1944.

- Papon et la Résistance ; Papon et l’épuration ; les associations parties civiles.

- Les plaidoiries des avocats des parties civiles ; le réquisitoire du parquet ; les plaidoiries des avocats de la défense ; le verdict.

C’est, bien sûr, la quatrième partie la plus importante. Malgré ses dénégations, il est prouvé que Maurice Papon ne pouvait ignorer le sort réservé à ces 1690 juifs de Bordeaux livrés aux SS pour Auschwitz. Cet homme, secrétaire général de la préfecture de Bordeaux, bien secondé par un secrétariat efficace et toujours en relation avec les nazis installés dans sa ville, fournissait des listes, faisait même du zèle. Comme beaucoup d’autres, il n’hésita pas, à la Libération, à se faire passer pour un grand résistant…

L’ensemble de cet album n’est jamais monotone car Riss varie son récit avec des doubles pages, quelques touches de couleur, ajoutant des détails révélateurs et insérant des documents incontestables comme ces photos et articles parus dans Match en 1938 et 1940. Je regrette juste que ce livre ne soit pas paginé et qu’une table des matières ne recense pas les grandes parties de l’ouvrage.

Toujours pour rompre une certaine monotonie qui pourrait rebuter le lecteur, je remarque cette double page dactylographiée racontant l’hallucinant aller-retour de Marie Reille, envoyée à Auschwitz par Pierre Garat, subordonné direct de Papon, au Service des questions juives.

Enfin, comment ne pas s’attarder sur cette pleine page impressionnante avec un Papon, visage fermé, bras croisés - portrait sévère repris sur la couverture de l’album – l’homme est entouré par une cascade de mots résumant bien la vie de cet homme à la préfecture de Bordeaux.

« Pendant deux mois, la cour d’assises a examiné les neuf cas de crimes contre l’humanité reprochés à Maurice Papon. Pendant deux mois, la cour d’assises a résonné des mêmes mots, des mêmes expressions, revenant inlassablement. Pour exterminer 6 millions de Juifs, une vingtaine de mots suffisent… »

Le procès Papon, un fonctionnaire de Vichy au service de la Shoah, est un extraordinaire travail réalisé par Riss et je remercie Babelio et les éditions Les Échappés / Charlie Hebdo de m’avoir permis de plonger dans cette tragique période à n’oublier sous aucun prétexte.



PS : jusqu’au 3 mars 2024, au Mémorial de la Shoah, à Paris, une exposition présente : « Riss : le Procès Papon »


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Une minute quarante-neuf secondes

Comment exprimer l'inexprimable?

Riss le fait, en mémoire de ses amis assassinés ce sinistre jour de janvier 2015.

Un de ces jours où vacille la raison mise à mal par la barbarie fanatique.

Un de ces jours encore plus moche que les autres.

Un de ces jours ou des déjà morts massacrent des vivants.

Riss raconte, évoque, s'emporte, rectifie. Il le fait avec une rare intelligence, une belle humilité et une lucidité issues de l'effroi.

Riss n'a pas besoin de beaucoup s'attarder. Pas la peine, mais ses phrase font mouche et vous tordent le coeur, vous montrent l'indicible, font monter votre bouilloire de rage.

Riss approche ce mystère et cette incompréhension de la mort, au travers de ses précédentes rencontres avec la faucheuse... Avant cette dernière confrontation, la plus brutale, la plus brève, la plus directe: celle si proche de votre anéantissement.

La mort hideuse n'a pas voulue de Riss. Celle-ci a pris ses amis, qui étaient aussi les nôtres. Nous qui aimions Cavanna, Gébé partis plus tôt. Nous qui ne pouvons oublier ces victimes d'une tuerie sidérante. Ces funambules gracieux de l'un des tout derniers hebdomadaires de la presse satyrique.

Riss a un mot, des lignes pour chacun de ses camarades disparus dont il sait qu'il les rejoindra.

Et Riss de repartir dans le combat hebdomadaire d'un Charlie Hebdo d'après, dans une vie menacée de tous les instants. La vie. La vie qui serait comme dépouillée du superflus qui ralentit la marche qu'il reste à faire et

allonge la distance.... même si, au final, cela peut sembler vain.

Car Riss a retenu cette vérité fulgurante exprimée par Gébé, un jour, et qui exprime le doute à jamais salvateur:" Qu'est-ce que je fous là?".

Une minute quarante neuf secondes: Un récit essentiel à lire, en prenant tout le temps qu'il faut. Mais, le lire.



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Lettre au futur locataire de l'Élysée

Ah que cela fait du bien, de lire cette lettre, entre les deux tours de cette Présidentielle 2022!

Riss est le survivant d'une abjecte tuerie, et ce qui ne l'a pas tué l'a rendu plus acéré et plus lucide: Riss va à l'essentiel, puis qu'il sait que le temps nous est dramatiquement compté... Alors, Monsieur le (futur) président, soyez créatif, ingénieux et rassembleur sans être esclave des modes et des vaines idéologies! Soyez imaginatif, pour répondre aux urgences d'un monde qui part en roue libre. Rendez à la France son rôle de leader.

En espérant que toutes vos force et votre génie n'ait pas été épuisés dans votre course à l'élection.

Je répète: Ce livre fait du bien. Il entraîne. Il emmène. À lire avant d'aller mettre son bulletin dans l'urne! 80 pages, vous avez larrrrgement le temps!
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Une minute quarante-neuf secondes

Cette chronique va être difficile, pas parce que je n'ai pas aimé le livre, loin de là, juste parce que j'aimerais retranscrire dedans tout ce que j'ai ressenti à la lecture et que j'aimerais rendre hommage à cet auteur, Riss. Je sais qu'il ne lira jamais ce que je vais écrire, mais j'aime à penser que les mots s'envolent et atteignent les personnes concernées. Comme lui, j'aurais pu commencer cette chronique en disant « Il est impossible d'écrire quoi que ce soit », tellement c'est difficile d'exprimer les sentiments vécus, pour lui pendant l'attentat, pour moi, pendant ma lecture.



Une minute quarante-neuf secondes, c'est le temps que les terroristes ont passé dans la pièce où se trouvaient les journalistes en tirant sur tout le monde. Ça peut paraître court comme ça, mais quand on est en danger, ce sont des secondes qui peuvent sembler des siècles. Riss fait partie des hommes blessés, il n'est pas mort, comme il dit, il ne sait pas si c'est une chance ou pas. Une partie de lui est morte ce jour là. Lors de l'attaque, il a eu le réflexe de plonger par terre et de rester sans bouger, sans même respirer. C'est sûrement ce qui l'a sauvé. En faisant le mort, les tueurs n'ont pas eu à « terminer » leur acte. Il a été blessé à l'épaule. L'attente des secours sera longue, même si elle a mis peu de temps. Il aura également le très bon réflexe de se remettre sur le dos et de poser ses jambes sur une chaise, les relevant ainsi pour permettre l'irrigation du cerveau en sang. Quand on sait dans quelles circonstances il est, je trouve qu'il a eu malgré tout un sacré sang froid et de très bons réflexes de survie. Une fois les secours arrivés, il quittera la pièce sans jeter un regard à ce qu'il se passe autour de lui. Marqué par le grand silence qui pèsera juste après le départ des terroristes, il ne veut pas voir ceux qui sont morts ou blessés, pour ne garder d'eux que leur image vivante.



Cette partie où il raconte les faits ne fait pas tout le livre. Il raconte cela en un chapitre. Celui concernant les tirs est écrit en égrainant les secondes entre le début où ils ont tiré et la fin où ils sont sortis. Une minute quarante-neuf secondes égrainées seconde après seconde avec la phrase « je suis vivant ». Ce chapitre m'aura marquée. Glaçant. Il raconte également les soins, la rééducation, la survie, la reprise de sa vie. Tout cela entrecoupés par des souvenirs de son enfance, de la première fois où il a été confronté à la mort avec celle de son grand-père ou lorsqu'il travaillait comme employé des pompes funèbres pendant sa jeunesse et où il devait présenter les défunts à leur famille. Tout cela ne l'a pas habitué à voir la mort, on est jamais préparé non plus à se confronter à la notre, surtout dans les circonstances comme les attentats.



Le récit est ainsi étayé de ses souvenirs, mais aussi de l'après attentat. Car, comme on dit, il faut bien que la vie continue. Mais à quel prix ! Il va être confronté à des collaborateurs du journal qui ne pensent qu'à l'argent et veulent ouvrir le capital en action. Le journal qui ne se portait pas bien avant l'attentat, voit ses caisses regonfler avec tous les dons et les ventes qu'il y a eu en réaction à la tuerie. Et évidemment, comme souvent dans ces cas-là, certains ont les dents longues et lors d'une réunion, l'un d'eux osera même dire à Riss « Le temps des larmes est terminé ». Comment peut-on dire une chose pareille à un homme blessé dans sa chair, handicapé par un bras qui ne veut plus fonctionner normalement. Je comprends lorsqu'il dit qu'il a eu des envies de meurtre. Bien sûr, il faut continuer mais un peu de diplomatie aurait été bon. Surtout que Riss n'est pas un petit nouveau dans le journal, pas comme ceux qui voulaient tirer leur bénéfice. Jamais il ne nommera les personnes, pas la peine de chercher un règlement de compte à travers ses lignes. Il ne dit aucun nom, mais je pense que ces personnes se reconnaitront quand ils liront son livre, et j'espère qu'ils se rendent compte maintenant de ce qu'ils ont dit. Il parle de ses soins, de ses visites chez le psy, des cauchemars qu'il ne fait pas. Au contraire, il rêve d'eux tous vivants, il les voit vivre dans ses songes, c'en est assez troublant.



Riss fait partie des meubles de Charlie Hebdo. Il a participé à sa reparution en 1992. Il connait bien et depuis longtemps ceux qui ont fait ce journal. Alors il est tout à fait normal qu'il rende hommage à chacun d'eux dans son livre. Il en parle avec beaucoup de pudeur et d'humour à la fois. Il raconte sa rencontre avec Charb, son ami de toujours, son admiration pour Cabu, j'ai bien aimé ce chapitre le concernant, car j'aimais beaucoup ce dessinateur pour l'avoir découvert notamment au Club Dorothée, dont il fait mention aussi. Il nous parle également de Tignous, Honoré, Wolinski, Elsa Cayat en racontant des anecdotes et des souvenirs sur chacun. Il rend également hommage à Mustapha, leur correcteur, en parlant de sa vie et de son amour de la lange française et de l'ironie de la situation, de se retrouver tué par des fanatiques d'une religion qu'ils avaient en commun. Il parle de sa famille avec extrêmement de tact et des autres blessés de l'attentat, Fabrice Nicolino ou Philippe Lançon. J'ai d'ailleurs lu, l'année dernière, le très beau roman de Philippe Lançon, Le lambeau. Touché beaucoup plus grièvement que Riss, bien qu'il n'y ait pas de degré de gravité entre eux, il racontait dans son roman sa vision de l'attentat. Ils n'ont pas du tout la même écriture, celle de Philippe Lançon est littéraire, alors que celle de Riss est beaucoup plus incisive, percutante, tranchante. Il ne mâche pas ses mots, il dit ce qu'il pense, il est lui-même tout simplement, comme il est dans Charlie Hebdo lorsqu'il signe les éditos. Pas de larmoiement dans ces lignes, jamais il ne se plaint. Comme il dit « Les pleurnichards me dégoûtent, les geignards me révoltent, les nombrilistes me révulsent ». On peut lui trouver des défauts, mais en tout cas, aucune de ces façons d'être le concernent. Il est droit, honnête, ne gémit pas (et pourtant il pourrait avec ce qu'il a vécu!), dit les choses comme elles doivent être dites.



J'ai beaucoup aimé ce récit, qui permet de mieux comprendre les hommes qui ont été blessés dans leur chair et dans leur âme par des actes odieux. Chaque chapitre est une sorte de mini chronique sur un événement du présent ou du passé, sur un de ses amis, sur des pensées profondes. Il peut se lire à petite dose, ou, comme moi, d'un bloc. Il faut dire que je l'ai trouvé fort prenant, j'ai eu beaucoup de mal à le quitter. Ces attentats m'ont profondément marquée, et je trouvais que lire ce livre, comme lire celui de Philippe Lançon, est pour moi une sorte d'hommage que je fais à ces personnes qui n'étaient coupables que de dessiner l'actualité et faire réfléchir leurs lecteurs.

Je pourrais vous citer beaucoup de phrases de Riss, ses mots percutants ne peuvent qu'être marquants. Sur l'écriture par exemple, il dit : « L'écriture est un égoïsme dont le seul but est la délivrance de celui qui s'y prête. » C'est exactement ce que je ressens..

J'aime aussi ses phrases sur l'humour : « L'humour ne fuit pas la tragédie de la vie mais, au contraire, se l'approprie pour la rendre supportable. L'humour est parfois la seule issue pour espérer échapper à la folie. L'humour flottait devant moi comme une bouée de sauvetage providentielle. »

Et ce sentiment de se sentir rejeté du monde est si terrible, que j'avais envie de dire à Riss combien lui et son équipe sont importants pour nous, mais que malheureusement, nous ne l'avions pas montré assez tôt, et qu'il a fallu des événements dramatiques pour se rendre compte de l'importance qu'ils avaient. C'est un peu à chaque fois la même chose, on ne pense à dire aux gens qu'on les apprécie que lorsqu'ils ont disparu.



La couverture de ce livre peut troubler, et je me suis demandée ce que ça pouvait bien être. Riss explique que c'est tiré d'une peinture de Géricault, Le chasseur à cheval. Enfant, il était fasciné, non pas par le soldat, mais par l'oeil de son cheval, traversé par la peur et la folie. Tout un symbole.



Je vous partage un dernier extrait qui m'a profondément touchée également :

« Nous étions seuls au monde. Pire, nous avions été rejetés du monde. La haine qui venait de nous frapper me semblait être celle de la terre entière, qui nous avait punis en décidant de nous exclure de la compagnie des hommes. On nous avait appelés dans la cour de l'école, et devant tous les autres élèves, on venait de nous humilier en nous désignant du doigt pour nous faire sortir des rangs et nous rejeter. Effacés, comme un trait de crayon par un coup de gomme. »



Terrible cette dernière phrase...Alors je voudrais dire à Riss, que non, ils n'ont pas été effacés et que si acheter et lire ce livre a permis de les garder encore un peu vivants au moins dans nos cœurs, eh bien, je suis contente de l'avoir fait. Mon mari l'a lu également, nous en avons parlé et échangé nos opinions, comme toujours, elles sont les mêmes.

J'ai encore été trop bavarde, et j'aurais aimé vous en dire encore plus, il y en a encore tellement à dire sur les anecdotes qu'il nous livre. Je ne peux que vous inciter à lire ce récit. Lisez-le, pour ne pas effacer ces victimes, vivantes ou mortes, de notre mémoire.
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Une minute quarante-neuf secondes

Dans Une minute quarante-neuf secondes, Riss nous fait le récit de son 7 janvier 2015, de son impact sur sa vie et son ressenti.

« Ce qui n’existe plus ne reviendra jamais ». Il a perdu beaucoup d’amis, comme un vieillard, mais ce n’est pas la vieillesse et la maladie qui lui ont enlevé la majorité d’entre eux. C’est un rescapé qui exprime sa douleur et sa colère. « Un rescapé ne pourra plus jamais être intégralement vivant ».

Une forme de culpabilité d’être encore là... « Que dois-je faire pour mériter de vivre cette nouvelle journée ? »

Ce traumatisme l’amène à porter des critiques sans filtre sur les comportements humains, leur futilité, l’hystérie médiatique et « l’obscénité de notre époque, l’égocentrisme infantile érigé en valeur moderne d’épanouissement ».

Il cherche à « vivre à nouveau comme un vivant » et son exemple nous questionne sur la vie, sa fragilité, nos vies, nos sociétés...

« Qu’est-ce que je fous là ? ».

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Une minute quarante-neuf secondes



Riss, journaliste, dessinateur, et patron de Charlie Hebdo depuis l'attaque, survivant du massacre - touché à l’épaule par une balle de kalachnikov, il a survécu en faisant le mort-.



Son livre traite moins de la douleur physique que de violence et de mora publié un témoignage aussi saisissant qu’implacable sur ce drame et ses conséquences.



Le livre n'a peut être pas la puissance littéraire du Lambeau de Philippe Lançon, mais la plume de Riss, dessinateur à la base est néanmoins essentielle et salutaire et la plume de Riss est belle et prend aux tripes.



Moins littéraire peut être que "le Lambeau", mais également plus engagé aussi car cette « Minute quarante-neuf» est un cri de rage mais aussi un cri du coeur sur la perte, le remords et la difficulté d'être un survivant quand tant d'autres de ses potes n'ont pas survécu au massacre.




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Une minute quarante-neuf secondes

Difficile de commenter un tel témoignage.

Je l'ai lu d'une traite, impressionnée par l'intelligence de Riss, la finesse de ses analyses, son humilité, son intégrité, sa détermination.

C'est un homme blessé qui refuse de s'apitoyer et de baisser les bras, et c'est le genre de type qui me fait penser que tout n'est pas fichu dans ce monde désespérant.

C'est beau, c'est triste, c'est émouvant, c'est sobre, c'est hargneux.

J'ai énormément aimé.

Merci Hélène, de me l'avoir fait découvrir.
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Une minute quarante-neuf secondes

On ne peut pas et on ne doit pas oublier… Ce sont les premiers mots qu'il me vienne en tête pour résumer cet ouvrage.

Je n'ai pas honte de le dire, mais j'ai pleuré en feuilletant ce livre. Je suis à la fois dégoutté, en colère et impuissante.

Charlie Hebdo fait partie de mon histoire. Je me souviens d'avoir lu ce magazine en cachette. Comme une relique interdite par mon père. Un châtiment m'attendait si on avait su qu'une « si gentille fille » pouvait lire ce genre de blasphème. Mes parents pensaient que c'était de la vulgarité et que je me devais de lire mieux que ce torchon… Au grand mot les grands remèdes, je l'ai lu en secret. On se le passait entre copines du lycée, comme les garçons se passaient, playboy… J'en suis sorti indemne… Enfin, j'imagine :-).



Je finirais par cet extrait du livre qui synthétise bien Charlie :



« Provoquer le rire est avant tout un choix, pas une performance. Un choix toujours politique qui implique qu'on n'ait pas envie de faire rire systématiquement avec tout. Car les dessinateurs de Charlie ne sont pas des robots programmés pour faire s'esclaffer à n'importe quel prix la foule abrutie qui veut rigoler de tout sans jamais réfléchir à rien. Rire, c'est d'abord réfléchir. Ceux qui n'ont pas compris ça ne comprendront jamais rien à Charlie Hebdo. »



Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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Une minute quarante-neuf secondes

Le 7 janvier 2015, Riss n'est pas mort.

Et ses convictions non plus.



Un dessinateur de chez Charlie Hebdo est un dessinateur qui dessine avec ses tripes.

Un dessinateur qu'on a voulu tué est un dessinateur pleinement conscient de la mort, à vie.



Riss témoigne de l'attaque, remet les choses politiques à leur place et explique son état psychologique.

Avec un style percutant.



Un livre dur mais crucial.

En espérant que ça s'imprime durablement dans nos caboches.
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Une minute quarante-neuf secondes

Une minute quarante-neuf secondes. C'est vraiment très court dans une vie. Pourtant c'est une éternité quand les balles sifflent tout autour de vous, que vous arrêtez de respirer, que vous vous faites tout petit plaqué au sol, que vous « faites le mort »

Une minute quarante-neuf secondes, c'est le temps qu'il a fallu pour décimer toute une équipe de rédaction.

Une minutes quarante-neuf secondes, c'est le temps qu'il a fallu pour bouleverser à jamais des vies.



Riss, nouveau rédacteur en chef de Charlie Hebdo depuis l'attentat du 7 janvier 2015, témoigne de cet événement. Il était là quand les terroristes sont entrés et ont tiré sur les personnes présentes, ses collègues, ses amis. L'attentat n'occupe qu'un chapitre, glaçant. Aucun voyeurisme.



Riss rapporte majoritairement des souvenirs plus personnels, ceux de son enfance, ceux du journaliste de terrain qu'il était. Tous parlent de mort, la mort devenue obsession quotidienne depuis le drame.

Il partage ici une expérience traumatisante, un long chemin pour tenter une lente reconstruction, pour survivre avec la perte et la culpabilité.

Il narre aussi un combat, celui d'un journal attaqué et décrié, qui renaît toujours de ses cendres depuis ses origines, une lutte constante pour le droit de critiquer, de rire, surtout des religions.

Et avant tout, il rend hommage aux disparus. Un chapitre est consacré à chacun.



Malgré le drame, l'écriture n'est pas larmoyante ou plaintive. Au contraire, elle est précise et analytique. Elle apporte une réflexion personnelle et plus large sur notre société. Malgré quelques longueurs ou répétitions, j'ai apprécié le caractère ciselé de ce récit autobiographique, également témoignage et essai, qui va droit au but, qui entretient le souvenir et qui interroge intelligemment sur la société dans laquelle on veut vivre.
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Une minute quarante-neuf secondes

Le 7 janvier 2015, quand j’ai entendu la nouvelle que la rédaction de Charlie Hebdo avait été décimée par des terroristes, simplement parce qu’ils publiaient leurs idées, via des articles mais surtout des dessins…. Mon cerveau a beugué. Littéralement ! Je n’arrivais pas à comprendre que des dessinateurs puissent être assassinés pour leurs dessins, leurs caricatures. Des années plus tard, je n’arrive toujours pas à comprendre, et je ne le veux pas ! C’est juste inadmissible, incompréhensible, horrible… Cela m’a touché d’autant plus que Cabu est né à Châlons-sur-Marne, ma ville natale… Grande tristesse.

Dès que j’ai su que Riss avait écrit un livre, j’ai eu envie de le lire, essentiellement pour exprimer mon soutien et lui rendre hommage ainsi qu’à ses compagnons d’infortune.

Une minute quarante-neuf secondes, c’est le temps qu’a duré l’incursion des deux terroristes dans la salle de rédaction de Charlie Hebdo et qui a suffi pour semer la terreur et la mort. Riss nous offre un récit poignant, sincère et émouvant mais sans aucun pathos. Il ne parle pas seulement de l’attentat en lui-même, mais il nous livre aussi des souvenirs personnels de sa vie, sa découverte de la mort, des récits de reportages qu’il a effectués plus jeune, sa rencontre avec un survivant… ce qu’il deviendra lui-même malheureusement quelques années plus tard. Cette difficulté justement d’être un survivant…. Pas mort, plus vraiment vivant, en tout cas comme avant le drame. Il nous parle aussi de ses difficultés à revenir au sein de Charlie Hebdo, après…. La mesquinerie, la lâcheté et la méchanceté humaine… Riss consacre également un chapitre pour chaque ami de Charlie Hebdo décédé, comment il les a connus, leurs vies, leurs dessins pour les dessinateurs, leurs combats… Un très bel hommage plein de sensibilité et de sincérité.

Ce livre m’a ouvert les yeux sur certains aspects de cette triste affaire que je ne connaissais pas ou ne soupçonnais pas, et c’est très bien. J’ai été touchée par le témoignage de Riss. Et j’ai toujours le cœur serré en pensant à ces évènements si déplorables et à toutes ces personnes qui ont perdu leur vie au nom de leur liberté d’expression. Je pense sincèrement que c’est un livre qu’il faut lire.


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L'immortelle connerie de la pub

Elles vous font rire, les vieilles pubs des magazines ? Normal, la plupart sont ridicules, niaises, mensongères. Images d'un autre temps, textes à rallonge et ampoulés.

Mais au fait, quelle différence avec celles d'aujourd'hui, à part les coiffures et les fringues des figurants ? Les slogans actuels sont plus courts et se veulent percutants, drôles. Madame est moins bobonne et plus souvent bonne (pardon : glamour). Mais la logique de la pub reste la même : convaincre le gogo que le nouveau, c'est mieux et même indispensable. En feignant de l'informer seulement, comme ça, en passant, pour son bien.

Nous ce qu'on en dit... Après c'est vous qui voyez... On vous aura prévenus... Tant pis pour vous si vos cheveux sont ternes et clairsemés, si votre connexion est poussive, si vos enfants ont honte de votre voiture, si votre dentier se fait la malle, si vos obsèques sont ratées...



Catherine, Luz, Riss et Charb, quatre petits rigolos de Charlie Hebdo, caricaturent ici plus d'une centaine de pubs poussiéreuses. L'original à gauche, leur version cynique en vis-à-vis.

On le sait, ces auteurs ont la dent dure et ne craignent pas de choquer. Ça me va, sauf les délires de Charb sur l'inceste et la pédophilie, là ça coince.

Mais ils donnent parfois dans la facilité, comme si la vulgarité suffisait à faire rire et dispensait d'être inventif.



L'esprit de l'ouvrage me plaisait, le résultat m'a déçue. La plupart des pubs choisies sont plus drôles que leur caricature.



• avis : 2.5/5
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Une minute quarante-neuf secondes

"Dessiner ou écrire dan Charlie Hebdo a toujours été un acte politique, et si leurs dessins peuvent déclencher les rires, les dessinateurs du journal ne sont ni des comiques ni des humoristes. Chacun de leurs dessins est l'affirmation de leurs convictions et la violence de leur trait n'est que l'écho de celle du monde qui les entoure." (P. 211)

Au nom de ces actes politiques, ils se réunissaient autour de cette grande table pour mettre en commun leurs dessins, leurs sourires, pour échanger leurs points de vue, leurs regards sur l'actualité. Il la retrouve au retour de l'hôpital. On imagine les parties de rire, mais aussi les coups de gueule. On reste sans voix, devant cette table qui les réunissait dans cette salle à jamais muette, maculée de sinistres traces devenues noires avec le temps.

Un jour sans aucun doute nous retrouverons toutes ces victimes tués de tout temps par des tarés, par des fous furieux, par ces détraqués qui mettent Dieu, ou disent mettre Dieu, au cœur de leurs préoccupations, de leurs pensées, de leurs actes.

Toutes les époques ont connu leur fanatiques, leurs Fous de Dieu, mais était-il encore pensable qu'au 21ème siècle, en plein Paris, des journalistes puissent être tués pour avoir blasphémé Dieu, puissent être tués au nom du fanatisme religieux.

La mort n'a pas voulu de lui, elle l'a laissé seul, pour affronter le vide laissé par ses copains...Le vide face à cette table qu'il revoit, cette table qui les réunissait pour boucler les éditions de Charlie-Hebdo.

Seul couché dans un coin de la salle, son épaule fracassée par cette sinistre balle, il voyait passer les deux fous tirant dans tous les sens;

Pourquoi est-il encore là? Lui et pas ses amis?

Riss avait affronté la mort, dès son adolescence . Au cours d'un travail il avait été employé dans une agence de pompes funèbres. Puis il avait côtoyé la mort violente à l'occasion de reportages en Afrique et au Vietnam.

Un livre intelligent et sobre, qui nous interroge sur nos sociétés, qui devrait interroger chacun de nous sur ses relations à Dieu, le droit à la dérision.

Un titre qui nous rappelle également l'historique de ce journal, les coups de gueule, ses débuts à La Grosse Bertha, ses rencontres avec tous ces autres auteurs et dessinateurs comme Gébé, François Cavanna, Cabu…partis avant lui.

Bref un livre qui fit remonter tant de souvenirs, tant de tristesse et d'émotions, mais aussi tant d'esprit d'unité de tous
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Une minute quarante-neuf secondes

Laurent Sourisseau, dit Riss, né le 20 septembre 1966 à Melun, est un caricaturiste, auteur de bande dessinée français et le directeur de publication du journal Charlie Hebdo.



Mercredi 7 janvier, vers 11 h 30, les frères Chérif et Saïd Kouachi pénètrent dans le bâtiment abritant les locaux du journal armés de fusils d’assaut. Ils assassinent douze personnes, dont huit membres de la rédaction.



« 7 janvier 2015, 11 heures 33 minutes 47 secondes

La porte s’est ouverte. Il tenait la poignée dans sa main droite. Sa main gauche était occupée à serrer la crosse de ce qui était visiblement une arme, toute noire, et dont le canon était pointé sur le sol. Cet homme, de taille moyenne, était entièrement vêtu de noir. Son pantalon était noir, ses chaussures étaient noires, son gilet pare-balles était noir, sa cagoule était noire. Car il portait une cagoule. Il n’est pas courant d’avoir en face de soi un homme cagoulé. Les deux ouvertures prévues pour les yeux étaient suffisamment grandes pour que je puisse distinguer sa peau. Il avait le teint clair. J’appris trois ans plus tard, en suivant le procès du frère d’un autre terroriste, que ce modèle de cagoule s’achète dans les magasins d’accessoires pour motos et qu’il se vend sous le nom de ´cagoule chouette’, car les deux grandes ouvertures prévues pour les yeux évoqueraient ceux du rapace. Avant d’ouvrir la porte, il ne savait probablement pas ce qu’il trouverait derrière, lui qui n’avait jamais mis les pieds dans un journal. Alors, pendant une seconde, peut-être deux, il nous regarda et nous aussi.

Il semblait surpris de constater qu’il y avait autant de monde dans cette salle de taille modeste. Il venait de découvrir ce qu’était la rédaction d’un journal. Mais son étonnement, probable et fugace, fut aussitôt balayé par son devoir. Il devait tuer. Ne pas penser, ne pas réfléchir, ne pas douter. »



Un récit éprouvant et une lecture pour ne jamais oublier.



J’ai pris le temps d’aller regarder la chronologie des attentats en France sur Wikipédia. Édifiant.



Mercredi 7 janvier 2015 :



Frédéric Boisseau

Franck Brinsolaro

Cabu

Elsa Cayat

Charb

Honoré

Bernard Marris

Mustapha Ourrad

Michel Renaud

Tignous

Georges Wolinski

Ahmed Meramed





Que reste t-il de Je suis Charlie.
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Une minute quarante-neuf secondes

Retour à l'attentat de Charlie Hebdo, après Le lambeau de Philippe Lançon, le témoignage de Riss.



Je dirais qu'il y a trois axes dans ce livre. Le premier concerne les morts, Riss offre de beaux portraits d'une partie d'entre eux. Le second parle plus de son rapport à la mort avant/après et des séquelles de l'attentat dans sa vie. Le troisième dévoile les difficultés qu'il y a eu à remettre Charlie en route.



Riss reste très pudique et ne s'étale pas sur la vie privée des uns ou sur ses difficultés, quelques touches permettent de se faire une idée . Il est par contre ,très virulent sur un ensemble de personnes qui ont, de son point de vue , joué à un mauvais jeu après l'attentat. Je me souviens vaguement de quelques prises de positions, de choses entendues mais je n'avais pas imaginé une guerre à couteaux tirés après un tel évènement, comme si le pire rendait l'être humain bon....



S'y ajoute un petit historique de Charlie et ce qu'est le dessin de presse,ses enjeux, ses qualités.



A lire pour se souvenir et essayer de comprendre.



La lettre de Charb et ces deux témoignages, ravivent mon attachement à la laïcité, pleine et entière et sans concession.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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La face crashée de Marine Le Pen

Ainsi, voici doncques la "bio" habilement dessinée (et en couleurs) de "notre" Dracula Nationale (femelle), vivant en clair-obscur perpétuel sur le dos de "La misère du monde" (si vaste, toute bourdieusienne mais bien réelle... ) : aheum, bon !



Avouons que les personnages nous semblent tout droit tirés d'un roman médiocre [*] de Michel Houellebecq et d'une imagination feignasse, sauf qu'ils sont ICI fort bien réels... Tout à fait "ici et maintenant" ! Et tout cela (finalement, logiquement) passablement effrayant car semblant terrrrrrriblement banal, "actuel" et hyper-anxiogène... (Ach, cette "banalité de la bêtise !", si l'on osait paraphraser ici Hannah Arendt...)



Ménard ménardisant, Martine le Peigne grondant, Alliot et Philippot en ronds-de-jambes sécurisants, Collard rationnalisant, Zemmour islamo-flinguisant, Soral délirant, Roucas et Dieudonné en "comiques"... "J'ai fait un tôchemar" ! (comme nous l'annonçait un d' nos fistons à ses 3 ans) ou : " Sur quelle planète suis-je tombé ?" soupirerait le Petit Prince de Saint-Ex.



Bêh : simplement "chez nous", en France post-trumpienne ! "Préferenz Nazionale"... Eh oui ! Faut-ç-qu'y-faut...



Montretout-sur-Fric, l'héritage des Ciments Lambert... la fille de son père, la nièce de sa tante... Transmission de "valeurs" et d'un Capital... Une triste et banale histoire, bien "française"...



Le dessin de Riss (de "Charlie Hebdo") est percutant : la vision de la vaste fresque - à la Diego Rivera - de la double page 20-21 "moyenâgeuse" nous a laissé un souvenir et une tension zygomatique dignes d'une planche sacrée du "Gaston Lagaffe" d'André Franquin...



Mais question que se pose le lecteur à propos de cet ouvrage strictement documentaire : les "vrais" sont-ils aussi bêtes (et humainement décourageants) que leur personnages dessinés de façon si marrante ? Disons que comme beaucoup d'autres, je n'aimerais pas trop connaître la réponse... [rire jaune], même en les imaginant "simplement" s'immiscer un jour jusqu'au Sacro-Saint-Pouvoir (convoité par eux aussi, et même plus dans la pénombre - Gnierk, Gnierk !) en cette sinistre Vème République au (très ridicule) Château en carton-pâte perdu en ses Carpates dorées du VIIIème arrondissement parisien des Super-Friqués... Pas d' la S.F., donc ! :-)



[*] pléonasme, ricanent certains malveillants... mais... bref, parlons d'autre chose !
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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Une minute quarante-neuf secondes

Un si court espace-temps ! Une minute quarante-neuf secondes ! Des rafales mortelles pour des conséquences désastreuses et historiques.



Ce témoignage démontre toute la vulnérabilité, toute l’humilité, toute l’honnêteté, toute l’intégrité intellectuelle de son auteur.

C’est tout à son honneur. Je l’en remercie.



Il n’y a point besoin de lire des fictions d’horreurs tant les scènes décrites par Riss dans les quelques passages ou il parle de l’attentat en lui-même, ou Riss prend bien soin de se faire comprendre, font froid dans le dos.

Mon esprit les a gommé je pense. Je souhaite pour moi et mes proches, ne jamais vivre de telles horreurs.



Pourtant j’aime tant la littérature que je continuerais à lire des romans d’épouvante, c’est comme ça.

L’ignominie peut aussi se loger au fond des âmes et de nos imaginations, tant qu’elles ne ressortent que sur une forme livresque cela ne fait de mal à personne.



Je ne suis pas mu par une curiosité malsaine en lisant une minute quarante-neuf secondes. C’est en écoutant France-Inter, un soir l’émission discutait du procès en cours qui juge ceux qui ont aidé à la préparation de cet attentat, je me suis dit, ce témoignage de Riss je l’ai dans ma bibliothèque, il faut que je m’en imprègne.



Je ne suis pas déçu, plutôt ravi de mieux connaître son point de vue et sa prise de recul par rapport aux événements.



Riss a effectué un remarquable travail de réflexion sur cet attentat et comme il l’explique sa vision n’est que la sienne. Il y a autant d’interprétation de cet attentat qu’il y a de protagonistes l’ayant vécu. Chaque victime de cet attentat à son interprétation qui lui est propre.

Riss n'aime pas être considéré comme une victime, il explique aussi pourquoi.



Riss rend hommage à tous ses collègues de travail qui composaient pour Charlie Hebdo, et c’était aussi et surtout ses amis, ses copains. Riss explique très bien cette perte qui l’a laissé effroyablement vide, choqué, orphelin et plein d’une colère froide forcément. On n’efface pas comme cela vingt années de collaboration et d’amitié sans laisser de trace. Je pense qu’écrire ce livre et rendre public sa version lui a fait du bien.

Pour nous, lecteurs, une partie du voile est levé.



De telles atrocités ne doivent pas réapparaître au nom de quelques croyances ou quelques dieux. L’état de droit, le droit à l’expression, le droit de douter face au fanatisme doivent passer en premier.

Eux ne sont que violence et négation de la vie.



Quoique que l’on pense du travail de Charlie Hebdo, il est utile, voir nécessaire dans toute démocratie et république qui se respecte.



J’ai beaucoup apprécié le récit de Mr Phillipe Lançon traitant de ce malheur, de sa vision et de sa guérison suite à l’attentat.

Je pense en rester là pour ce qui concerne ce trop triste événement.



Après ces notes, de la part d’un agnostique convaincu, je passe à tout autre chose avec Antoine de Saint-Exupéry …

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Une minute quarante-neuf secondes

« Une minute quarante -neuf secondes », c'est le temps que Riss est resté au sol, blessé, dans la salle de rédaction de Charlie Hebdo, un certain 7 janvier 2015. Une minute quarante-neuf secondes à faire le mort en espérant rester vivant… Si le livre évoque forcément ces instants fatidiques, il prend également le temps de faire davantage connaissance avec son auteur, à travers tout un tas d'anecdotes qui nous permettent de mieux cerner et comprendre le personnage : homme engagé, souvent en colère, qui ne mâche pas ses mots envers ce qui le révolte, c'est-à-dire beaucoup de choses. Cependant le plus incroyable est que finalement toutes ces histoires évoquées le ramènent tôt ou tard à cet attentat, comme un « tout » cohérent et homogène.

J'aime beaucoup les livres où les gens racontent leurs vies, alors forcément j'ai beaucoup aimé celui-là, d'autant plus qu'il se situe dans un milieu que je ne connais pas du tout. Il est très différent du livre écrit par l'autre rescapé de la salle de rédaction du journal, « le lambeau » de Philippe Lançon. Ce dernier est plus cérébral et intellectuel, alors qu'ici on est davantage dans l'humain et la révolte (mais avec de la réflexion quand même !). Bref, j'ai beaucoup aimé.
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Une minute quarante-neuf secondes

Si Le Lambeau de Philippe Lançon, journaliste et écrivain, relate la reconstruction physique et psychologique de son auteur après l'attentat à Charlie Hebdo en janvier 2015, Une minute quarante-neuf secondes de Riss, un des dessinateurs et actionnaires du journal, se concentre sur l'après, le retour au travail et le lent processus de redressement de Charlie et de ses idées.



Avec ces deux romans, ce sont deux points de vue d'une tragique histoire nationale, deux témoignages de ce que l'humain peut faire de pire. Mais au milieu de toute cette haine, c'est aussi le pouvoir de création qui au lieu d'avoir été tué dans l’œuf, fut ressuscité avec force.



Riss explore dans ses pages le malaise et la colère qui lui sautèrent à la gorge face à ceux qui ne pouvaient comprendre mais se permettaient des conseils. Il nous partage également ses pensées sur des sujets tels que la liberté d'expression, le dessin de caricature et cette nouvelle page qui se tourne pour le journalisme. Il argumente ses réflexions de souvenirs d'enfance et la découverte des grandes émotions, de ses premiers dessins et de ses rencontres avec les autres membres de Charlie qui ne sont plus.



Un livre qui dépeint avec sincérité toute la complexité du lent retour à la vie...
Lien : https://topobiblioteca.wordp..
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