Les pérégrinations d’un fan des illustrations humoristiques des années 50 à travers l’Amérique du Nord.
Un jeune graphiste canadien s’intéresse aux illustrateurs du New Yorker, il découvre un talent oublié, Kalo, un artiste réel presque inconnu, qui a très peu publié, il décide de mener son enquête, elle va le mener au Canada, assez proche de sa région d’origine.
C’est un récit lent et lourdement nostalgique. Le graphisme aussi joue de cette nostalgie, très inspiré par les dessins de presse des années 50, en bichromie, le trait souple et épuré. Mais ce regard toujours tourné en arrière pèse sur l'épanouissement de l’auteur comme une carapace pour ne pas avoir à affronter le monde, une fuite pour ne pas s’engager, pour ne pas se tourner vers l’avenir. Le sujet, c’est les obsessions, les maniaqueries qu’on s’impose pour se voiler la face, L’auteur nous fait découvrir Kalo, mais reste en rade de sa propre vie, collectionneur par lâcheté, idéalisant le passé pour ne pas voir l’avenir.
Le rythme est lent, il ne semble pas se passer grand chose, et pourtant cette lecture provoque un léger frisson, un peu glaçant et triste, la nostalgie submerge Seth, et la vague nous emporte aussi.
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C'est le premier bouquin de Seth, que j'ai lu dans sa première édition française lors de sa sortie.
Le graphisme m'a bien accroché, beaucoup moins le récit!
J'y ais reniflé cette naphtaline de ceux qui ne regardent qu'en arrière avec un regard assez méprisant sur leur entourage.
La recherche sur Kalo, qui occupe le narrateur, m'a semblé le thème le plus captivant du livre: Cette obsession pour un dessinateur aux gags même pas drôles (ou à peine), comme une façon de combler une existence pénible et vide; cette sorte d'enquête avec des pistes minces et des traces rares m'a fasciné.
C'est aussi ce qui vaut, à mes yeux, la quatrième étoile.
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Je sais que la vie est belle malgré tout. C’est le plus beau de tous les cadeaux. Bon, cela dépend pour qui aussi. Je n’aurais pas aimé être un esclave sur des galères à l’époque romaine. Au-delà de ce titre plein d’espoir, il y a la vie d’un auteur fan d’un certain type de comics et d’un certain vieux dessinateur.
Je vais dire la vérité et rien que la vérité : je me suis fermement ennuyé. Je m’intéresse pourtant à la vie des gens mais cela dépend lesquels et ce qu’ils ont à nous raconter. En l’occurrence, j’avoue aisément ne pas avoir été passionné.
Ce comics devait certainement avoir sa côte avant le début des années 2000. Depuis, il y a eu pléthore de comics autobiographique qui ont marqué des points. Bref, il apparaît comme totalement dépassé. Le titre est certes attirant mais pas le reste.
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« Clyde fans » c’est d’abord un objet superbe, une très belle réalisation éditoriale, un TOUT soigné dans sa forme, c’est la maison de famille que l’on tient dans ses mains, dont le récit dense/danse sur un papier suranné. C’est l’histoire d’une entreprise familiale, c’est le regard de deux frères sur cette vie. La lecture est certes exigeante, il faut prendre le temps de parcourir leurs pièces, du sous-sol au plafond, mais c’est l’exigence requise par les grandes œuvres. A notre tour, avec chacun des frères d’éprouver le poids d’une vie passée à chercher le sens, à guetter le retour du père fuyard, à épier le pas de l’autre, à reconstituer le puzzle familial. Le roman graphique d’une vie, ciselé, réalisé en vingt ans par Seth.
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"La vie est belle malgré tout" est un récit autobiographique, voire même un brin nombriliste.
Tout en partageant sa passion pour les anciennes bandes dessinées, Seth nous invite à partir à la recherche des travaux d’un dessinateur ayant connu un petit moment de gloire dans les pages du célèbre New Yorker Magazine, avant de tomber dans l’oubli.
Cette quête frénétique et somme toute assez déraisonnable résulte finalement en une forme d’introspection de l’auteur. Cette manie qu’il a à s’accrocher au passé afin de fuir le présent baigne le récit dans une forme de nostalgie et de mélancolie assez réussie.
Le dessin minimaliste en bichromie accompagne d’ailleurs parfaitement cette lente introspection pleine de nostalgie.
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Le roman graphique alors que Seth se trouve chez sa mère avec son frère, employé dans une usine.
Sa mère aide les nécessiteux, les réfugiés par le biais de sa paroisse et on sent une grande humanité chez elle, une volonté d'améliorer la vie des autres.
Elle regrette que ses fils n'aient pas de compagne.
Seth dessinateur fan de vieux strips parus dans le New Yorker notamment découvre un auteur qui se nomme Kalo dont le trait le fascine.
Il va tenter de trouver d'autres dessins, de savoir pourquoi il a arrêté le dessin également en menant une enquête journalistique qui le mènera auprès de la fille de Kalo ou de sa mère.
Roman graphique émouvant mêlant histoires de famille, d'amour amitié, quêtes multiples.
Peut-être une angoisse d'être oublié comme Kalo, d'être sous-estimé et une réflexion sur la vie de cet homme rejaillira sur la sienne.
Une grande oeuvre, sensible, forte, émouvante, riche et très bien dessinée.
Un auteur classe et nostalgique, ce qui se reflète dans ses oeuvres.
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J'avais été attirée par le format (cartonnée), dans un étui travaillé et par les dessins mais le parcours familial des frères Matchard ne m'a pas beaucoup intéressé. Le jeu d'observation entre les divers objets, paysages, personnes est stimulant à suivre mais n'apporte pas grand chose à l'histoire. On est dans un immeuble de Toronto qui abrite l'entreprise Clyde Fans initiée par le père Matchard. J'ai eu du mal aussi à être prise par l'intérêt commercial de l'entreprise de vente de ventilateurs, même si certains côtés sont intéressants à savoir.... Encore dommage, à relire avec un autre titre.
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J’aime beaucoup la B.D indépendante américaine, notamment toute cette mouvance qui œuvre dans la B.D autobiographique comme Chester Brown ou Joe Matt. Ce que j’aime chez ces auteurs c’est leur capacité à toucher à une forme d’universalité à travers des récits très autocentrés. Seth est une figure de ce courant de B.D mais je ne l’avais pas encore lu. C’est chose faite avec « la vie est belle malgré tout ».
Dans ce récit, Seth évoque son obsession envers kalo, obscur dessinateur du New Yorker, qu’il a découvert par hasard et dont il veut tout savoir. On suit donc le quotidien de Seth : déprime, problèmes de cœur, relations familiales, discussions avec son ami Chester Brown, problèmes de santé de son chat… Le tout rythmé par ses recherches sur Kalo.
Résumé comme cela, ça ne donne pas vraiment envie. Et pourtant…
Oui, c’est une B.D très égocentrée, un brin nombriliste. Oui, il ne se passe finalement pas grand-chose. Malgré tout, Seth parvient à rendre ces non-aventures vraiment prenantes, passionnantes. Il faut dire que je suis très sensible à ce ton nostalgique et mélancolique qui traverse la B.D. Et puis, ce que j’ai apprécié c’est que, comme Joe Matt et Chester Brown, il ne cherche pas à se donner le beau rôle. Il se montre avec une belle vérité, tel qu’il est. Cette sincérité, presque crue, est touchante. D’ailleurs, cette obsession qu’il nourrit envers un dessinateur qui a eu une très brève carrière ne traduit-elle pas la propre peur de Seth face à sa propre carrière ?
J’ai aussi aimé le dessin qui fait la part belle à la ligne claire. C’est simple et élégant. Tout comme les cadrages et le choix de cette ambiance bleutée qui donne aux images une tonalité particulière, en renforce l’impact émotionnel.
Bref, « la vie est belle malgré tout » a été pour moi une jolie découverte. J’ai bien envie de lire d’autres B.D de Seth.
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J'avoue avoir eu du mal à aller jusqu'au bout de cette lecture…
J'aime pourtant les personnages de héros monomaniaque, collectionneur, décalé mais je pense que le thème (les dessins de presse de bande dessinée des années 1920 à 1970) est trop pointu pour que j'adhère plus.
Seth, homme célibataire, misanthrope, dépressif, se met sur la piste d'un mystérieux dessinateur, Kalo, dont il va suivre la trace dans divers lieux, réfléchissant à sa propre vie et sa propre carrière de dessinateur, épaulé par son meilleur ami, Chet.
Je crois surtout que je n'ai pas compris ce qu'il cherchait dans cette quête.
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Tout d'abords, il est important de souligner la qualité de l'ouvrage, du papier, de la mise en page, des différents formats utilisés et notamment la double page ouvrable au centre du livre. ce qui en fait "un beau livre". Si le personnage de George Sprott ne nous est pas familier, le style, les histoires courtes, maquettes font le bonheur du lecteur.
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Un récit en deux parties : la première partie est consacrée à Abe qui raconte sa vie et sa conception du métier de représentant de commerce. L'originalité se situe dans le décalage qu'il y a entre le texte et les dessins : pendant que Abe se raconte et parle de sa vie passée dont son frère, les dessins le représentent dans tous les moindres petits gestes de son quotidien.
La deuxième partie est très différente : elle est consacrée à Simon le frère de Abe et évoque un bref épisode (un peu douloureux) de la vie de Simon en tant que représentant de commerce pour l'entreprise familiale.
Je ne cache pas que j'étais assez sceptique sur l'intérêt que j'allai trouver à cette bd... je pensais m'ennuyer : les considérations d'un vendeur de ventilateurs... on fait plus passionnant ! Et puis finalement je me suis laissée prendre par les dessins dont le côté désuet colle bien à l'histoire, par le récit de Abe...
Une bd qui a plus de charme que le pitch ne le laisse supposer.
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Il s'agit d'un récit complet, initialement paru en feuilleton dans le New York Times Magazine, complété et publié en 2009, dans un très grand format (36,3cm*30,48cm). C'est l'oeuvre d'un seul auteur Seth qui a réalisé le scénario, les dessins, l'ajout de tons.
George Sprott a 81 ans, il est à quelques heures de sa mort. Le récit intercale le compte-rendu de ses dernières activités (repas, papotage, siestes inopinées, préparation de sa conférence imminente), avec de courtes saynètes revenant sur des moments de son quotidien (ses expéditions dans le Grand Nord canadien, ses émissions de télévision, ses conférences, son passage au séminaire, l'annonce de la mort de son père, sa relation avec sa femme, etc.), et des interviews de personnes l'ayant côtoyé à titre professionnel ou à titre amical. Le tome s'achève avec la mort de George Sprott, et une dernière interview d'un collectionneur de souvenirs de la station de télévision qui enregistrait et diffusait les émissions de Sprott.
Seth apparaît comme un auteur sophistiqué qui demande à son lecteur de participer activement dès les 2 premières pages placées en introduction avant le titre. Il s'agit de 2 fois 21 cases sur un fond bleu gris dans lesquelles flottent la tête de Sprott nouveau né et celle de Sprott à 81 ans, avec des considérations sur le néant existant après la mort, mais aussi avant la naissance. Par la suite, la voix du narrateur omniscient explique qu'il ne sait pas tout sur le personnage, qu'il a raté un moment crucial (ou pas) une demie heure avant sa mort et que l'histoire n'est pas forcément racontée dans le bon ordre. Seth attire donc l'attention du lecteur sur les conventions qui régissent la création d'une histoire et sa structuration. Le lecteur a donc la responsabilité de prendre du recul pour s'interroger sur la signification de telle ou telle anecdote à ce moment précis du récit, ou dans sa trame globale. Il joue avec le lecteur en observant que les dates de séminaire de Sprott (1914-1918) coïncident avec celle de la seconde guerre mondiale tout en indiquant juste après qu'il ne faut voir aucune signification particulière dans cette information.
C'est dans l'une des saynètes du passé que Seth donne la clef sur l'intention de son ouvrage : pour lui l'expérience du contraste entre l'extérieur et l'intérieur d'un individu constitue l'une des expériences d'humanité les intenses. Cette bande dessinée hors norme propose donc au lecteur de se former son propre jugement de valeur sur l'individu imaginaire George Sprott. Évidemment dans toute démarche de cette nature, la réflexion renvoie le lecteur à son système de valeurs, à ses convictions, à son éventuelle spiritualité, à ses croyances. Sur ce dernier thème, Seth est clair dès le début : aucune composante religieuse, ou même spirituelle. Seth se tient même à l'écart de toute théorie psychanalytique.
Malgré des sujets aussi sérieux que la vie intérieure et l'altérité insondable d'autrui, cette histoire se lit avec une facilité exceptionnelle au point d'en devenir déroutante. Seth bannit les éléments trop modernes ou trop technologiques pour une sorte de présent immédiatement assimilable. Il utilise un graphisme épuré qui tutoie à la fois l'icône, le symbole, et dans certains recoins l'abstraction. Ces dessins procurent une lisibilité immédiate et très simple, mais pas tout à fait simpliste du fait de la réflexion graphique pour le choix des formes de base. La compréhension du visage de Sprott est immédiate, mais l'analyse des composantes montre un assemblage de traits basiques qui pris un à un perdent du sens pour relever d'une géométrie abstraite.
La mise en page procède d'une maîtrise de composition tout aussi savante, pour une apparence tout aussi trompeusement simple. Seth utilise une grammaire graphique d'une étendue impressionnante, tout en faisant en sorte qu'elle reste en arrière-plan. Dans la saynète "Merrily we roll along", Seth raconte par les images une des expéditions de Sprott dans le grand nord, tout en évoquant son premier amour dans les inserts de texte. Il réutilise ce dispositif déconnectant images et textes un peu plus loin. Dans la page d'après il construit une biographie approximative de Sprott à base de photos juxtaposées donnant évoquant à merveille le temps qui passe et la distance impossible à franchir entre ces quelques moments choisis et la construction psychologique et émotionnelle de l'individu. Alors que le lecteur pourrait craindre une forme d'homogénéité soporifique due au graphisme, les mises en page (toutes sur la base de cases rectangulaires sagement juxtaposées) reposent sur des mises en scènes différentes qui introduisent des variations tonales dans la narration, rendant impossible la sensation d'uniformité soporifique. Même les différentes interviews avec plusieurs cases dédiées à des têtes en train de parler deviennent signifiantes dans leur forme qui rappelle que ces propos sont eux aussi artificiels et incapables de retranscrire la vie intérieure du sujet George Sprott. Il y a également quelques pleines pages qui capturent un instant dans toutes ses composantes matérielles, elles aussi graphiquement tirées vers l'épure, l'icône, l'élément générique qui symbolise tous ceux de cette famille d'objets. Il y a également une ou deux doubles pages qui mettent en évidence la nature abstraite de chaque trait utilisé pour composer chaque forme, chaque objet, chaque visage. Il attire l'attention du lecteur sur le mode de fonctionnement de l'attribution de signification, de la reconnaissance d'une forme connue avec des traits sur une page. Ces doubles pages forment des exercices à la frontière de la paréidolie aussi exemplaires que pédagogiques. Seth a même intégré des photographies des modèles réduits de bâtiments qu'il a réalisés avec du carton fort, habillé de surfaces dessinées.
Dès le début, Seth place son histoire sous le signe de la mort et de l'art du narrateur. Le lecteur plonge alors dans le récit d'une vie fictive avec ses actions remarquables (les expéditions dans le grand nord) et sa forme de célébrité dérisoire, de solitude, de vieillissement, le quotidien immuable des 20 dernières années de Sprott qui n'a jamais cessé de travailler. Les illustrations simples (en apparence presqu'enfantines) dédramatisent le discours sur la mort, tout en composant une tapisserie d'une grande richesse. Le lecteur est amené à peser le sens de quelques actions de Sprott et de la perception qu'en ont eu ceux qui l'entouraient ou le croisaient, au regard de sa mort qui approche. Seth propose au lecteur de mettre en pratique la maxime de Nietzsche, en douceur, gentiment, mais inexorablement : quand on contemple l'abysse, l'abysse vous contemple aussi.
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