Oui, les humains sont névrotiques. (...) Anxieux, désorientés, insatisfaits, craintifs, agressifs envers leurs semblables et s'attendent toujours à être agressés, redoutant toujours d'être mal compris, toujours en conflit entre l'impulsion de voler comme un oiseau et celle de se terrer comme une taupe. Pourquoi doit-il en être ainsi ?
Il ne savait pas qu'il entendait, parce qu'écouter lui était superflu. C'était là un pauvre spécimen d'homme. Mais un homme quand même. Et ceux qui l'entouraient n'étaient que des enfants qui n'avaient pas encore renoncé à se faire entendre.
Tout au cours de son histoire, ça a été le malheur de l'humanité de vouloir à tout prix que ce qu'elle savait déjà fût vrai et que ce qui différait des idées reçues fût faux.
Parmi les hommes, il est dégradant de figurer au rang des bêtes. Mais l'Idiot vivait rarement parmi les hommes. Et, dans les forêts, son état d'animal lui donnait de la grandeur. Il tuait comme une bête, sans joie ni haine. Comme une bête, encore, il mangeait ; ce qu'il pouvait ; ce qu'il lui fallait ; jamais davantage. Il dormait d'un sommeil léger, mais de tout son corps.
Tu sais, les phénomènes, les nains, ont des richesses que beaucoup pourraient leur envier. Surtout toi. Maintenant j’ai compris pourquoi tu voulais tant être grande. C’est parce que tu faisais semblant d’être humaine et que ton chagrin d’être une naine te semblait comme une preuve de cette humanité que tu convoitais.
Quatre-vingt-dix pour cent de toute chose est du déchet (Ninety percent of everything is crap).
- Je m'explique, roucoula-t-il, vous comprenez, je voudrais par-dessus tout être aimé pour moi-même. Je suis navré d'avoir été contraint d'exercer une certaine pression sur vous. Ne voyez là qu,un désir ardent de réussir. Vous connaissez le dicton : '' Tout est permis''.
-... ''En amour et à la guerre, acheva-t-elle docilement.
Et elle pensait :'' il s'agit bien de guerre, en effet; c'est un ultimatum : aime-moi pour moi-même ou gare... ''
- Je ne suis pas exigeant, susurra-t-il entre ses lèvres luisantes. Mais, voyez-vous, un homme a besoin de tendresse...
Elle ferma les yeux juste à temps pour empêcher le juge de les voir se lever vers le ciel. Pas exigeant ! Seigneur !
On peut continuer pendant longtemps à essayer d’aider une personne qui existe peut-être ; mais un jour vient où il n’est plus possible de prétendre qu’une telle personne existe. Et c’est la fin.
« La soucoupe de solitude »
Le brownie entrait dans la même catégorie que la voiture de poupée toute tordue mais pas complètement cassée, le petit moteur électrique auquel il manquait un balai, la girafe ayant un urgent besoin d'une paire d'oreilles neuves. Et c'est ainsi qu'il tissa sa trame incertaine dans la tapisserie des jours, en équilibre instable sur la limite qui séparait le monde des jouets de la boîte à ordures.
(Théodore Sturgeon - "Tandy et le brownie")
Il dormait d'un bon sommeil léger d'animal, à l'opposé de celui de l'homme ; car un homme qui s'endort s'apprête à s'échapper dans le sommeil, alors qu'une bête s'apprête à s'échapper du sommeil.