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Critiques de Tignous (54)
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Murs... Murs : La vie plus forte que les ba..

"Tignous croyait en l'humanité qu'il y a en chacun de nous." Chloé Verlhac.





C'est oppressant à Douai, Porcheville, Fleury... Une fois la grille refermée, entre les murs froids, je murmure... Car la prison est un enfer... bruyant!





Entre les menaces :

"La vie de ma mère, je vais te prendre le lait, c'est pas une menace, ça!" ou

"Eh, surveillant, je nique ta mère, walah, sur le Coran de la Mecque!"...





Et les insultes : "La chatte à ta mère, sale fils de pute..." Plus les armes bricolées:(lames de rasoir, manche de brosse à dents aiguisé et fourchette à deux dents), les surveillants de prison doivent se méfier, car les détenus n'ont plus rien à perdre...





Ils savent que dehors, pour eux, il n'y a que 2 à 4% de chances de réinsertion...

Certains préfèrent rester en prison (au chaud, dans leur confort, que trainer dans la rue) en agressant les autres, pour avoir une augmentation de peine...

Une surveillante avait été attaquée, le coupable devait être libéré le lendemain...





-"Une fois, un surveillant est entré seul dans une cellule, il a eu un stylo planté dans la gorge. Ensuite le détenu l'a fini avec la barre."





Les pires détenus sont les mineurs, des quartiers défavorisés ou musulmans radicalisés. "Ils ne supportent pas la frustration, et n'ont aucune patience.

- Aujourd'hui, j'ai été gentil, faut me libérer ! M'sieur!"





Les détenus ont des poubelles, mais ils jettent quand même tout par les fenêtres... Les mouettes, pigeons et les corbeaux viennent se régaler... Les rats aussi!





Celui qui a braqué une petite vieille se sent supérieur à celui qui a commis un viol.





Peine de mort?

"Ici, tu serais surpris du nombre de détenus qui sont pour la peine de mort"...





Le dessinateur Tignous n'avait pu finir "Murs murs", il est mort avec ses camarades de Charlie Hebdo. Son témoignage est bouleversant, les trognes dessinées sont horribles...

On sent de la violence chez les détenus et de la résignation chez les surveillants... Mais Tignous parle aussi de "Dignité humaine", avec son crayon!
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Corvée de bois

Étudiant à la Sorbonne, âgé de 23 ans, il aime bien lire. Mais aussi déconner. Faut dire qu'avec son ami Jacques, il est servi! Il en rate pas une! Entrainé dans ses délires il se retrouve, un soir, au concert de Gilbert Bécaud, Monsieur 100000 volts, à l'Olympia. Et il faut croire que ça ne suffisait pas aux spectateurs qui, pour manifester un certain mécontentement, ont fini par balancer leur fauteuil contre la paroi métallique qui isolait la salle du plateau. La plupart des saccageurs finirent dans le panier à salade et la nuit au poste. L'inspecteur de permanence, plutôt ennuyé de voir l'état de la relève, leur fait passer un marché: il veut bien passer l'éponge à condition qu'ils rejoignent l'armée et l'Algérie...



Didier Daeninckx à l'écriture, Tignous au dessin et un petit roman déjanté, parfois violent, et taillé dans la roche. le narrateur, dont on ne connaît pas le nom, va se retrouver grâce à (ou à cause de) cet inspecteur de police dans les paras. Qu'est pas fait pour les fiottes! Malheur à tous ceux qui n'arrivent pas à suivre le pas. Notre héros va devoir s'adapter s'il ne veut pas finir un balai à la main. À Philippeville, au nord-est de l'Algérie, il sera envoyé, tentant de dissuader les Algériens de se rebeller. Didier Daeninckx nous plonge en pleine guerre. Des fortes têtes, des massacres et des mots crus pour évoquer tout cela. Un texte noir, fort, poignant et subtil, illustré brillamment par Tignous qui croque avec rage cette guerre.

À noter une magnifique préface de l'auteur qui rend hommage à Tignous et ses amis.



Merci Cécile...
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Corvée de bois

On ne connaît pas son nom. On sait qu'il est étudiant à la Sorbonne, qu'il a vingt-trois ans, qu'il vit le nez dans les livres. Il s'est laissé entraîner à sortir un soir, et, gagné par la fougue contagieuse de Monsieur 100 000 volts, il a arraché et balancé des fauteuils à l'issue du concert de Bécaud à l'Olympia. On en déduit que ça se passe en 1955. On devine que l'armée française a besoin de chair fraîche pour sa guerre d'Algérie, puisque ce débordement vaut au jeune homme un aller-simple pour les Aurès. Ouf, il a de la chance, première épreuve surmontée : il a réussi à sauter en parachute, il ne fera pas partie des « gonzesses » (sic), ceux qu'on cantonne aux corvées et qui se font violer par les forts, les durs, les winners. Lui, il ira en première ligne, tuer, torturer. Il y mettra du zèle.



Un court roman, une longue nouvelle de 80 pages, appelez ce texte comme vous voulez. Avec le talent qu'on lui connaît, Didier Daeninckx livre là du brut, du dense, du choquant pour évoquer la logique de l'armée, l'esprit colonialiste, la violence de la guerre. Et puis la mauvaise foi des gouvernements qui envoient leurs jeunes au casse-pipe. Nos pères sont allés en Algérie, nos grand-pères en Allemagne, nos arrière-grand-pères dans les tranchées. Ils étaient tout jeunes, ils avaient l'âge qu'ont nos fils aujourd'hui. Et quelques décennies plus tard, on entend cela, comme si la guerre venait d'être inventée, comme si les Etats eux-mêmes n'étaient pas responsables de boucheries "au nom de causes folles" ou incompréhensibles, eux aussi : « Une horde d'assassins a tué 130 des nôtres et en a blessé des centaines au nom d'une cause folle et d'un Dieu trahi. Aujourd'hui, la Nation, toute entière, ses forces vives, pleurent les victimes. 130 noms, 130 vies arrachées, 130 destins fauchés, 130 rires que l'on n'entendra plus, 130 voix qui à jamais se sont tues. » (extrait de l'hommage aux victimes du 13/11/2015, lu par François Hollande - émouvant, certes, mais...).



Cet ouvrage de Daeninckx est violent, cru, mais indispensable pour la page d'Histoire, pour ce qu'il montre de la nature humaine, et pour les échos avec l'actualité - la salle de concert, les illustrations de Tignous (dessinateur tué lors de l'attentat du 07/01/2015 contre Charlie Hebdo), et bien sûr « les vies arrachées, les destins fauchés » au hasard.
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Murs... Murs : La vie plus forte que les ba..

Des dessins et des mots sur les maux de cinq prisons françaises.

Pendant plusieurs mois en 2014, Tignous a recueilli et retranscrit des paroles de détenus, de proches, de surveillants, de personnel encadrant, de membres de l'extérieur qui entrent dans les prisons pour travailler, soulager (enseignants, religieux, médecins...).



Des constantes dans ces témoignages : le bruit (« cause numéro 1 des meurtres en prison »), la violence, la saleté, la promiscuité, le manque de moyens financiers, la carence affective, l'abstinence sexuelle, l'importance de la TV, la possibilité de travailler pour s'offrir des cigarettes, du shampooing...

Des particularités : la prison pour femmes de Rennes où les enfants peuvent vivre jusqu'à leurs dix-huit mois avec leur mère incarcérée.



Pas de longs discours, plutôt des idées lapidaires en quelques phrases voire quelques mots griffonnés à côté des individus dessinés par l'auteur dans leur environnement.



Ironie du sort : ce travail d'investigation et de retranscription était en cours lorsque des terroristes sont venus assassiner Tignous et ses copains/collègues dans les locaux de Charlie Hebdo. L'un des tueurs était un ancien détenu gangréné par de "mauvaises rencontres" en prison...

Chloé Verlhac, la compagne de l'auteur, a eu à coeur de publier ces planches, même si l'ensemble n'était pas ficelé, et Christiane Taubira, alors Ministre de la Justice, l'a soutenue dans ce projet.



Sur l'univers carcéral en format BD, j'avoue avoir préféré 'En chienneté' (Bast), '20 ans ferme' (Sylvain Ricard). Il faut dire que le dessin de Tignous est âpre, sa graphie difficile à déchiffrer, les confidences sont livrées telles quelles, sans explication - il y a parfois de brèves remarques grinçantes en écho aux paroles, des apartés. J'ignore dans quelle mesure l'auteur avait l'intention "d'enrober" l'album, à défaut de connaître ses autres travaux.

Un reportage intéressant, poignant et révoltant, forcément. Et ce côté 'brut de peaufinage' n'y est sans doute pas pour rien...
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Comment rater ses vacances

Comment rater ses vacances de Tignous et Gros est sorti le 9 juin, c'est très très drôle, esprit Charlie bien entendu.Aux manettes deux dessinateurs de Marianne et Charlie dont Tignous fut bien évidemment une des victimes du terrible attentat du 7 janvier dernier, donc la lecture de cette BD mélange l'humour à un peu de tristesse évidemment.

Vous ne partez pas en vacances cet été ? Pas si grave voire même peut-être une bonne chose selon les auteurs de ce recueil inédit de 150 dessins sur le thème des vacances abordé avec dérision et humour noir.



D’abord rappelez vous que les vacances ne sont pas forcément de tout repos entre les embouteillages, la surpopulation sur la plage, les enfants pénibles, les coups de soleil.... fin de la chronique et plein de photos tirés de la BD sur le blog
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Corvée de bois

« Ce n'est pas ce que vous faites là-bas qui vous gêne... C'est quand on met des mots dessus ! »

Daeninckx a mis ses mots et Tignous ses dessins ! Petit livre qui en dit long sur un état d'esprit et des pratiques, au sein de l'armée même, et de certains militaires pendant la guerre d'Algérie.



« Pour nous, les ordres sont superflus. »

Livre d'autant plus brutal que l'auteur a fait le choix d'un narrateur, acteur volontaire des atrocités commises en Algérie, fier d'être « de ceux qui avaient sauté », intégrant ainsi le corps des paras pour former « un seul corps dans lequel coulait un sang viril qui irriguait des muscles d'élite. » Les faibles n'auront que ce qu'ils méritent, il fermera les yeux. Puis il ne supportera plus les yeux des autres, et leur fermera les yeux, qu'ils soient vieux, femmes ou journalistes. Il poursuivra en voulant généraliser sa vision par la censure (livres, cinéma...). Ce qui touche c'est la facilité avec laquelle le narrateur, étudiant à la Sorbonne, sombre dans la violence et s'y délecte à 23 ans. Son ami Jacques avait-il eu un pressentiment en lui disant « Tu devrais te lancer dans une thèse sur le décadence du génie national sous l'influence pernicieuse des lieux de débauche, au lieu de t'abîmer les yeux sur tes vieux romans aux odeurs de cuir rance. »



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Tignous

Charlie Hebdo et les victimes de l'attentat du 7 janvier 2015 sont-ils devenus intouchables ?

Je ne m'interdis pas de trouver puantes certaines de leurs idées.

Ni de m'étonner/indigner de leur manque d'ouverture, tandis qu'ils revendiquent le droit à l'irrévérence absolue, pour eux.*

.

Dans cette anthologie, des proches de Tignous et quelques personnalités médiatiques lui rendent hommage, sous forme de lettres brèves. Je les crois volontiers lorsqu'ils évoquent la gentillesse, la douceur, la générosité, l'intégrité, le courage, etc. de ce dessinateur.

Je m'interroge quand même sur la place laissée ici à S. Aram, qui, sur France Inter - et probablement dans ses shows - allie une vulgarité surprenante à une image de 'bourgeoise lisse', tout en méprisant ouvertement les "beaufs" (je la cite) et les Gilets jaunes qu'elle compare aux assaillants du Capitole. Esprit Charlie, es-tu là ?

.

Puisque dans ce sens-là, je m'autorise à séparer l'homme (quelqu'un de bien, d'aimé, dans le cas de Tignous) de l'artiste, j'avoue ne pas apprécier ses dessins épais & lourds, et son humour m'échappe souvent.

J'adhère à la plupart de ses idées (religion(s), politique, justice, société, monde du sport...), mais sa façon de les exprimer ne m'amuse pas. S'il fallait comparer avec ses 'collègues', je dirais que je préfère le ton de Cabu et même celui de Charb, qui pourtant 'envoie du lourd'...

Malgré le volume de l'album (24.5 x 2.8 x 29.3 cm) et son poids (1,6 kg), aucun dessin n'est replacé dans son contexte, ce qui n'aide pas à la compréhension.

Je suis désolée de penser à un gros coup marketing...

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-----

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* dommage, je ne retrouve pas le super article (de quel média ?) comparant les paroles de Guillaume Meurice sur Netanyahou (et la réaction outrée de Riss), à la publication le 18/10/2023 de ce dessin totalement dégueulasse par Charlie Hebdo, signé Félix

https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/charlie-hebdo-accuse-de-racisme-et-d-antisemitisme-par-lfi-apres-un-dessin-sur-daniele-obono_224696.html
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Pandas dans la brume : Dans les forêts de bam..

Je garde un souvenir très ému de Tignous, qui a été assassiné il y a 4 ans dans l’attentat contre Charlie Hebdo.

J'avais découvert cet homme en 2010, au salon Marjolaine où j'étais bénévole pour le WWF. Il dédicaçait sur notre stand "Panda dans la Brume", tout un après-midi. Cet homme qui croquait la vie comme jamais avec ses crayons ou autres. Il aimait bien nous charrier quand nous n'avions plus de personne au stand. Je regarde aujourd'hui encore la dédicace qu'il m'avait faite sur son livre en rapport avec mon tee-shirt du WWF, un panda assis qui dit "Emilie porte un tee-shirt avec un panda... alors moi, je suis solidaire" le panda portait un tee-shirt marqué "Sauvez les Emilies"



Bisous Tignous, on pense fort à toi!
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Ni Dieu, ni eux

Deux ans après Charlie Hebdo et l'assassinat de Bernard Verlhac alias Tignous, ce recueil sélectif se veut un pamphlet contre toutes les religiosités qui gangrènent le cerveau humain. Ça tape sur les religions, les croyances, et surtout sur les hommes et les femmes qui abusent ceux qui se laissent abuser... "Heureux les simples d'esprit".



Si les dessins de Tignous sont tous du même acabit et tapent dur, on aurait vraiment aimé que le boulot éditorial soit plus poussé et que chacun d'entre eux soit replacé dans son contexte voire accompagné d'une petite explication. En l'état, à part conforter les convaincus ou satisfaire les connaisseurs, il y a peu de chance que chaque dessin fasse mouche (je suis resté sceptique devant un petit nombre d'entre eux du fait que je ne pouvais pas les décoder).



C'est un bel hommage. Même si, à ma manière et dans un autre registre, je préfère de loin aller me délecter des illustrations de Rêve de Dragons...
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Pandas dans la brume : Dans les forêts de bam..

Tignous a publié cette BD en partenariat avec le WWF (dont le logo est justement un panda). Elle dénonce la déforestation des forêts de bambous chinoises, qui entraîne l’aggravation des menaces d'extinction du panda. Sous forme de gags d'une planche, Tignous met en scène des pandas dans des situations absurdes. Certaines planches sont excellentes, celles qui montrent les dégâts écologiques d’un capitalisme quasi sauvage (les bambous transformés en baquette, déforester pour produire de l’éthanol, …), ainsi que celles qui donnent de l’information au lecteur sur le mode de vie des pandas et sur leur situation. J’ai particulièrement apprécié le dessin en couverture : un panda dressé devant une fil d’engin de déforestation à chenilles, bel écho à une célèbre photo de l’intervention militaire chinoise sur la place Tian'anmen. Cependant il y a aussi bon nombre de planches que j’ai trouvé assez faibles ou redondantes entre elles.

Un album intéressant dont j’ai aussi bien apprécié le dessin aux traits assez épais, même si souvent les pandas sont franchement laids, et même parfois font carrément peur.

Bonne nouvelle relative : en 2023 il y a 200 pandas de plus.
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Murs... Murs : La vie plus forte que les ba..

MURS Murs c'est un livre posthume de Tignous. Chloé Verlhac, sa femme, a voulu qu'il paraisse, même inachevé.

Gravure, correction, encrage, colorisation de Pascal Gros....Et puis voici le travail de Tignous, de longs mois de dessins et d'écritures...qui parait en novembre 2015. Superbe album qui nous raconte la prison. Avec des voix diverses, directeurs, médecins, professeurs, gardiens, détenus, ados....Celles qui ont été récoltées par Tignous.

Pour nous montrer la vie qui existe dans ces lieux fermés, symbole de tous les fantasmes. Murmures divers... Cris aussi.

Cinq prisons, Lannemezan pour les longues peine. Rennes, prison pour femmes - anciennement tenue par des religieuses, il en reste 3 - Porcheville, établissement pénitentiaire pour les mineurs, Douai, pour les courtes peines ou en attente de jugement et l'immense Fleury-Mérogis 2855 places.

Impressionnant que cette découverte, portée par les dessins de Tignous, des "gueules ", des gens, des espaces restreints, cellules, bureaux, coursives...

Un travail colossal, qui nous apprend que la TV par exemple ce n'est pas gratuit, qu'il faut mieux un suicidé, qu'un évadé. Cela provoque moins d'ennuis...Que les femmes ont moins de visites que les hommes, que pour atteindre Porcheville c'est 20 minutes de marche, pas de bus pour atteindre le centre...et que dans ce centre la plupart des gamins sont analphabètes...

Il y aurait beaucoup à dire sur ce livre. C'est intéressant d'entendre toutes ces voix. On arrive à rire de certaines phrases ...

Et puis il y a la peur, " Je dis toujours aux surveillants de ne jamais sous-estimer un détenu !"

Difficile de parler de cet album de 119 pages, il y a tant de vies, de paroles différentes, de destins. Un "documentaire" passionnant et éminemment humain parce que "la vie est plus forte que les barreaux " comme le dit le sous-titre.

Poignant et tellement vrai.

Passionnant également. J'ai été assez remuée à cette lecture... Autant par les paroles des détenus que par ces travailleurs - ou bénévoles - de l'ombre... Des brèves... très fortes.

Complété de quelques documents, dont le Guide du détenu arrivant.



"Tignous aimait les gens. Il croyait en l'humanité qu'il y a en chacun de nous. Aller en prison participait de cette évidence. Aller voir ceux à qui l'on ne donne pas la parole et voir ce que l'on cache" Chloé Verlhac



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Corvée de bois

Les livres de Didier Daeninckx sont comme des uppercuts,ils cognent, ils font mals et laissent souvent KO

Cette courte nouvelle illustrée par Tignous en est le parfait exemple.

Pour échapper à la prison, un étudiant se voit obliger de s'engager dans les paras direction Algérie.

En un rien de temps tout bascule, l'étudiant potache devient un tortionnaire de la pire espèce.

Le style employé par l'auteur est percutant, et le "héros" de cette nouvelle est complètement déshumanisé.

Même si cette lecture m'a causée un certain malaise, une fois de plus l'auteur fait ressortir tout le coté obscur de la France d'après guerre.
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Ni Dieu, ni eux

Vous qui vous apprêtez à mettre la main sur Ni Dieu ni eux, sachez que sa lecture ne vous laissera pas indifférent(e). Certaines caricatures ne vous laisseront pas tranquille… sachez-le et acceptez-le d’avance, sinon passez votre chemin !



Si vous avez autour de vous des personnes profondément croyantes et pratiquantes dont vous rêvez de vous débarrasser, offrez-leur ce livre…



Voici un recueil de caricatures du regretté Tignous, dont on ne peut que saluer et honorer le sacrifice. Encenser le travail fait par un éditeur bien moins inspiré n’est toutefois pas la meilleure manière de respecter le dessinateur engagé.



Il n’y a ici absolument rien de sacré, qu’il s’agisse des institutions, ou des symboles du culte. Il faudra donc accepter ce parti pris d’emblée. Tout comme il faudra se résigner à la virulence du propos qui n’est pas toujours du meilleur gout et devra être réservée à un public adulte (devinez pourquoi ?).



User d’une métaphore scatologique pour pourfendre les intégristes reste audacieux, très audacieux ! Ce choix est représentatif du ton général de l’album. Le trait et le texte sont ici potaches, virulents, volontairement offensants. Nous avons droit ici à de la caricature bien trempée. La démarche est assumée du début à fin de ces quelques pages. Âmes chatouilleuses s’abstenir !



L’on pourra toutefois regretter que la violence se concentre essentiellement sur les cultes catholique et musulman en utilisant des thèmes redondants, pour ne pas dire trop répétitifs. La succession de caricatures pourra rapidement lasser les plus prudes, même si chacune d’elle demandera une petite pause pour être digérée et analysée. Dommage que l’éditeur n’ait pas pensé à rajouter quelques lignes d’explications sur le contexte. Il aurait également pu avoir la bonne idée de présenter tout cela dans l’ordre chronologique.



Il est difficile de recommander cet album aux plus jeunes (à moins de sélectionner les passages et d’accompagner cette découverte) alors que d’un autre côté il est profondément malséant et méprisant de limiter la diffusion de ce livre. La meilleure approche serait d’en parler entre personnes capables d’accepter cette expérience. C’est d’ailleurs de cela dont il est question ici : d’une expérience de lecture…
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La Corse prend le maquis

On continue à honorer la mémoire de Tignous avec un nouveau recueil de ses meilleures planches, dans « La Corse prend le maquis » ( là encore paru aux éditions du Chêne) depuis très récemment, le 8 juin 2016.



Il est entièrement consacré à la Corse une ile qu'il aimait particulièrement, et qu'il charriait avec tendresse mais sans lmangue de bois, suivant le fameux diction qui aime bien chatie bien.



"La Corse prend le maquis", c'est un ouvrage de 96 pages réunissant près d'une centaine de dessins de Tignous consacré à la Corse.



Un livre qui insulffle un peu de soleil corse pour continuer à célébrer Tignous et pour rire, encore et malgré tout.



Et comme le dit la femme de Tignous en préface, "L'idée c'était de poursuivre l'œuvre de mon mari en faisant ce qu'il n'a hélas pas eu le temps de faire".



Posté par filou49 à 16:06 - BD - Commentaires [0] - Permalien [#]
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Tas de pauvres

Ce recueil de dessin du regretté Tignous se focalise sur les pauvres : Chômeurs, SDF, laissés pour compte sont présentés ici sous le trait de crayon de Tignous.

Contrairement à ce que dit la quatrième de couverture, je n'y vois pas beaucoup d'espoir.

J'y vois par contre beaucoup d'humour noir , forcément.



Par exemple, dessin c'est la rentrée . En fond l'ANPE , un longue file qui y rentre et ce texte : " ça fait moins triste quand on est tous bronzés"...



Ou encore , en parlant des patrons , "Le viagra vient d'arriver "

- On n'a pas fini se faire enc....

voilà, c'est tout de la même veine.

RIP , Tignous.
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Corvée de bois

Je ne voudrais pas dire qu'on en sait déjà assez sur les abominations commises par les paras pendant la guerre d'Algérie. Pourtant cette partie du texte, alignant les horreurs et résistant à toute envie d'explication psychologique, me met mal à l'aise : non seulement parce que les faits relatés soulèvent le cœur, mais surtout parce que je crains qu'en tant que fiction, trop rapide, elle apporte peu à la mémoire collective.

Daeninckx m'a intéressé, dès ses premiers romans policiers, en faisant œuvre d'historien éducateur, revenant sur des faits importants dont on parlait peu ou pas (je pense en particulier à Meurtres pour mémoire qui rappelait la répression meurtrière de la manif de 1961). De ce point de vue, sa description de la propagande de l'armée française en Algérie et surtout de la censure me paraît plus importante, bien que couvrant peu de pages.

Quant au dernier livre censuré dans ce récit, je vous laisse le découvrir (à éviter aux âmes sensibles).
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Écojolie

Ecojolie, ou comment rire malgré tout: malgré les pollueurs récidivistes, malgré la malbouffe, malgré le réchauffement climatique, malgré les dangers des pesticides, malgré le nucléaire...

C'est le talent des dessinateurs de presse, et Tignous y excellait avec son style caricatural mais percutant: pour dénoncer ou faire réfléchir, un bon dessin associé à de bons mots, et la claque est forte! Ce recueil de dessins nous fait ressentir à la fois du dégoût et de la poésie, c'est quand même un sacré défi. A l'heure où on manque cruellement de voix pour remettre la terre et la protection de la nature au coeur des décisions, ce livre de Tignous est nécessaire et salutaire. Tout ça bien sûr aromatisé à la sauce Charlie: du gras, des gros mots, du sexe, du scato, et des gros cons (ce serait trop lisse sinon et on s'emmerderait).

Un merci chaleureux aux éditions du Chêne et à Babelio pour cet envoi, et un merci ému à Serge Orru, créateur du Festival du Vent, et auteur d'une très belle préface, hommage à son ami disparu et à son engagement.

Et s'il devait rester un seul dessin, je choisirais celui de ce SDF recouvert de neige, le nez glacé, les yeux fébriles, tout seul sur son trottoir de grande ville, avec juste une bouteille à côté: "la planète se réchauffe... mais pas pour tout le monde". Ou l'art de parler en profondeur de notre société qui déraille et de faire passer plusieurs messages en quelques traits.
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Corvée de bois

Découvrir la prière du parachutiste :

"Donnez moi, mon Dieu, ce qui vous reste

Donnez moi ce qu'on ne vous demande jamais

Je veux l'insécurité et l'inquiétude

Je veux la tourmente et la bagarre

Et que vous me les donniez, mon Dieu."

Non je ne crois pas en ce dieu, ni en aucun autre !



Entendre un colonel déclarer dans l'hommage à un mort :

"Il est mort dans cette beauté, dans l'exigence de la jeunesse, et cette mort précoce l'a sauvé de la graisse épaisse de la maturité. Cette mort l'a préservé du déclin de la chair, de cette décrépitude du vieillissement par laquelle les héros sont déchus de leur supériorité. "

Non je n'accepte pas cet hommage ....



Ne croyez vous pas que certains tracts de l'époque pourraient resservir aujourd'hui :

"Des étrangers sont venus vers vous. Ils vous ont dit : "Nous combattons pour l'Islam et nous vous apporterons la paix et la prospérité." Ce ne sont que des orgueilleux, des fils de satan, des menteurs et des criminels. Ils ne vous amènent que le sang, la douleur, la misère. Rejetez les loin de vous. Faites confiance à la grande France."

Rejeter les charlatans, oui bien sûr, mais j'ai peur que la grande France ne soit pas à la hauteur de nos espérances ....



J'ai honte pour mon pays qui a pu tenir de tels propos :

"Vous luttez contre les sauterelles, luttez aussi contre le fellagha, la sauterelle la plus nuisible. Soutenez la pacification ! ".



Dans ce petit livre réédité après ce qu'on nomme pudiquement comme les évènements de janvier (2015!), à partir d'un texte puissant de Didier Daeninckx, illustré fort à propos par Tignous,

J'ai fait la connaissance de Pierre Clément, réalisateur et photographe et de Benoist Rey, imprimeur, typographe et écrivain libertaire.

L'actualité des années 50 et 60 a rejailli de ma mémoire avec son cortège de gâchis, de brutalité, de racisme et d'actes de torture odieux,

Et j'avoue que maintenant j'ai un peu peur d'écouter Bécaud!
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Tignous

J'aime l'irrévérence, surtout lorsqu'elle cible la bêtise : le racisme, les croyances en un être suprême et les abus commis au nom de ces croyances…

Je partage aussi certaines idées défendues par Tignous, comme son aversion pour les autoritarismes et les injustices.



Ces extraits de son oeuvre avaient donc quelques atouts pour m'enchanter.



Mais ma déception fut grande : manquent à la plupart de ses dessins la petite pointe de fantaisie ou d'humour qui en aurait fait de formidables messagers.

En outre, ses planches sont reproduites plusieurs années après leur parution sans les explications de contexte qui auraient pu aider à les comprendre.

De telles explications auraient été plus utiles que les louanges des anciens amis de Tignous !

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Comment rater ses vacances

Je fouille dans les bacs de la médiathèque Jean Moulin de Margny-les-compiègne et je tombe sur cet ouvrage que je n’avais jamais vu jusqu’alors. Banco !



Pourquoi choisir ce livre, pour l’un des auteurs bien entendu Tignous. J’avoue que je ne connaissais pas le nom de Pascal Gros, en tournant les pages je me suis rendu compte que je connaissais par contre son dessin. Le sujet ensuite et l’humour qui transpire de cet ouvrage.



J’aime les œuvres de groupe, en tournant les pages on passe des planches de Tignous à celles de Gros et ainsi de suite. J’avoue avoir eu une petite préférence pour celles de Tignous mais tout cela est très subjectif et le dessin plus net et plus pur de Gros m’ont également beaucoup plu.

Cette satire des vacanciers ou plutôt des vacances de masse et de ses dérives est vraiment une réussite. J’ai particulièrement aimé les pages traitant du rapport aux technologies quand on est en vacances. Une déconnexion complète n’est clairement pas pour demain.



J’ai beaucoup ri en tournant les pages de ce livre. Il n’obtiendra jamais le prix nobel de la subtilité mais j’ai passé un super bon moment en lisant ce livre et puis en le refermant une pointe de tristesse. On nous décidément volé des talents incroyables ce 7 janvier 2015…

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