Citations de Trevanian (542)
- Vous êtes un sacré phénomène, jeune homme. Un véritable marchand de chevaux. Vous iriez loin dans les affaires. Vous avez tout ce qu'il faut pour faire un excellent businessman.
- Je ne retiendrai pas cette insulte.
Les yeux mi-clos, Hel l'examinait. Pauvre petite chose qui cherchait un but et une raison de vivre tandis que son environnement et son éducation la condamnaient à épouser un riche négociant et à donner le jour à des chefs de publicité. Elle était effrayée, troublée, mais pas encore prête à abandonner son rendez-vous avec l'exaltation du danger pour retrouver une gentille existence de confort matériel et de projets de vacances.
- Vous n'êtes pas mariés, n'est-ce pas ? Je veux dire... L'autre soir, vous avez fait une plaisanterie en disant que vous étiez la concubine de M. Hel.
Hana écarquilla les yeux, surprise. Elle n'était pas habituée à la curiosité inquisitoriale que les Anglo-Saxons confondent avec la franchise. Hel tendit la main vers elle en lui faisant signe de répondre, les yeux brillants de malice.
- Eh bien... fit Hana, en fait, M. Hel et moi ne sommes pas mariés. Il est vrai que je suis sa concubine. Voulez-vous que nous passions au dessert ? Nous venons de recevoir des cerises d'Itxassou qui font la fierté de nos amis basques.
Hel savait que Hana n'allait pas s'en tirer si facilement, et il lui sourit tandis que Mlle Stern poursuivait imperturbablement.
- Je ne pense pas que vous vouliez vraiment dire concubine. En anglais, "concubine" désigne quelqu'un qui est rétribué pour... pour ses services sexuels. Je pense que vous voulez dire "maîtresse". [...]
Hana se tourna vers Hel, cherchant son aide. Il rit et prit sa défense.
- Hana parle un anglais excellent. Elle connait parfaitement les différences existant entre concubine, maîtresse et épouse. Une maîtresse n’est pas certaine de son salaire, une épouse n’en reçoit aucun, et toutes deux sont des amatrices. Maintenant, si vous goûtiez ces cerises.
Au cours de la troisième saison de son règne, Alexandra Ivanovna jeta son dévolu sur un jeune et futile Prussien qui possédait l'intelligence superficielle et creuse mêlée de susceptibilité propre à son peuple. Le comte Helmut von Keitel zum Hel devint son compagnon attitré - son animal favori, son jouet. De dix ans plus jeune qu'elle, il était très beau et très sportif. Cavalier émérite et escrimeur de premier plan, il lui servait d'élément décoratif, et la seule allusion qu'elle fit en public à leur intimité fût de le décrire comme "un spécimen propre à la reproduction".
Elle avait coutume de passer les mois chauds et humides de l'été dans une villa dans la montagne. Un automne, elle regagna Shangai plus tard que d'habitude, et dès lors on entendit des cris de bébé dans la maison. Par convenance, le jeune von Keitel proposa de l'épouser. Elle rit doucement et lui déclara que si elle avait toujours souhaité faire un enfant afin de combattre l'égalitarisme, elle n'avait pas la moindre envie d'avoir deux enfants chez elle.
- Vous allez le baratiner avec ce jeu de sous-développés ?
Nicholaï fixa sur le sergent des yeux verts glacés.
Mal à l'aise, l'homme s'expliqua :
- Je veux dire... eh ben, c'est qu'une espèce d'échiquier ou de damier ce truc, non ?
Avec l'envie d'écraser cet abruti de tout son mépris pour l'Occident, Nicholaï répliqua :
- Le Go est aux échecs occidentaux ce que la philosophie est à la comptabilité en partie double.
Mais la stupidité bornée vous préserve autant du progrès que du châtiment. La réponse du sergent fut franche et naïve.
- Non, sans blague ?
Il faut permettre à un homme d'avoir de la peine de temps en temps. S'il refuse le fardeau du chagrin, sa tristesse ne disparaît jamais.
LaPointe ne l'écoute plus et fixe les vitres où les gouttelettes de vapeur reflètent comme des rubis les feux arrières des voitures qui passent .
Il est dangereux de rester trop longtemps avec LaPointe. Les choses deviennent moins claires; le bien et le mal commencent à se mélanger sur les bords.
Circulation hargneuse,voix qui accusent ou récriminent. Néon, bruit, solitude.
Tu acquerras l'expérience si tu évites à tout prix la vaine répétition. Ne tombe pas dans le travers de l'artisan qui se vante de vingt ans d'expérience alors qu'il n'a en fait qu'une année - répétée vingt fois.
Il avait accepté le fait de sa mort si totalement, il s'y était résigné avec un tel calme que, maintenant qu'il n'était pas mort, il se sentait inachevé, exposé, en porte-à-faux.
- Et les nuits sont aussi glacées que le téton d'une sorcière.
Chassez le crime de la rue et qu'il reste à la maison, à sa véritable place.
Toute le monde respire dans un nuage de vapeur, qui se double quand on souffle par le nez.
Je ne sais combien de fois j'ai réfléchi à la différence entre le crime et le péché. Je suis certain que le péché est pire que le crime . Mais je n'ai jamais pu toucher du doigt la différence.
La loi est une trique tenue au poing.
Il mourrait de peur de devenir fou. Peut-être l'était-il déjà. Comment savoir que vous êtes fou ? Si vous êtes fou, vous êtes trop fou pour comprendre que vous êtes fou.
La foule se coagule aux carrefours, bute contre les poubelles qui barrent le trottoir, mêlée compacte de créatures solitaires. Visages tendus, tourmentés ou vides, chaque profil découpé par le néon livide des snack-bars, des bars et des cafés.
Foule irritable et bourrue, à bout de nerfs après des semaines de temps de cochon, de nuages de plomb humides et glacés qui écrasent la ville et retardent l'entrée de l'hiver.
C'est le genre de femme pour qui la sincérité est également une ruse.