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Citations de Trevanian (537)


Tu traites les Américains de barbares. Tu as raison, bien sûr. Je le sais aussi bien que toi. Je sais qu'ils ont torturé, mutilé sexuellement des prisonniers. Je sais qu'ils ont enflammé des hommes au lance-flamme, pour voir où ils étaient capables de courir avant de s'écrouler. Oui, des barbares. Mais Nikko, nos soldats ont commis des actes similaires, des actes de cruauté et d'atrocité au-delà de toute description. La guerre, la haine, la peur ont fait de nos compatriotes de véritables bêtes. Et nous ne sommes pas des barbares ; notre moralité aurait dû être étayé par mille ans de civilisation et de culture. Dans un certain sens, la barbarie fondamentale des Américains est leur excuse - non, de telles choses sont inexcusables - , leur justification. Comment condamnerions-nous la brutalité de ces hommes dont la culture n'est qu'un mince patchwork hâtivement tissé en une poignée de décennies, quand nous nous transformons nous-mêmes en bêtes sauvages sans pitié et sans humanité, malgré des centaines d'années de civilisation ? L'Amérique a été peuplée par la lie de l'Europe. Ceci étant, nous devons les considérer comme innocents. Innocents comme la vipère, le chacal. Dangereux et perfides, mais non coupables. Tu les méprises en tant que race. Mais ce n'est pas une race. Pas même une civilisation. Seulement un ragoût culturel des détritus et des restes du banquet européen.
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- ... Au fait, comment va votre jardin ?
- Il prend forme.
- C'est-à-dire ?
- Il devient plus simple d'année en année.
- Vous voyez ! Ce satané penchant des Japonais pour le paradoxe qui tourne au syllogisme ! Regardez-vous. Un guerrier-jardinier ! Vous êtes un vrai Japonais du moyen-âge. Et un antihéros. Non pas au sens où l'entendent à tort les critiques et les érudits, avides de lettres à accrocher à leurs noms. Ils nomment antihéros des héros invraisemblables ou de séduisants coquins - le gros flic ou Richard III. Le véritable antihéros est une variation du héros - non pas un clown qui occupe le premier rôle, ou un spectateur qui se défoule sur scène. Comme le héros classique, l'antihéros conduit la masse à son salut. Il y eut une époque, dans la comédie du genre humain, où le salut reposait sur l'ordre ou l'organisation, où tous les grands héros du monde occidental menaient leurs adeptes à lutter contre l'ennemi déclaré : le chaos. Maintenant, nous apprenons que l'ennemi fondamental n'est pas le chaos, mais l'organisation ; pas la divergence, mais la similitude ; pas le primitivisme, mais le progrès. Et le nouvel héros - l'antihéros - est celui qui s'est donné pour but de s'attaquer à l'organisation, de détruire le système.
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J'ai sous les yeux les notes que je griffonnai ce soir-là, accompagnées des commentaires entre parenthèses que j'y ajoutai quelques années plus tard, après la guerre, alors que j'étais désormais établi à Alos comme médecin de village. Je vous les livre sans aucune correction, avec leurs intitulés juvéniles et prétentieux en caractères grecs et mes hypothèses romantiques pseudo-philosophiques, sans omettre le désenchantement amer des remarques -entre parenthèses - d'après guerre.
Alpha : Cette épouvantable guerre ne verra jamais le jour ! (Elle a eu lieu.)
Beta : Si la guerre arrive malgré tout, elle sera brève parce que la chair et la sensibilité humaines ne sauront tolérer les machines modernes de mort et de mutilation. (Elle ne fut pas brève. La chair a supporté la mort et la mutilation . La sensibilité, non.)
Gamma : Si je suis appelé sous les drapeaux, je fuirai en Suisse pour protester contre cette folie. (Je n'ai pas fui. Cela m'était devenu indifférent.)
Delta : Même dans la brutalité de la guerre, un poète, un homme de ressources intérieures, devrait être capable de se battre sans se ravaler au rang de l'animal, de s'élever au-dessus de la boucherie et de garder sa dignité spirituelle. (Tissu de conneries).
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Quand j'y repense, je m'émerveille que le Dr Gros ait supporté, fût-çe un tant soit peu, la raideur de mes jugements, mais le fait est qu'il semblait me porter de l'affection, à sa façon bourrue. Sans doute prenait-il un malin plaisir à titiller mon éthique étriquée et pointilleuse. Il faut dire aussi que, par mon éducation, j'étais en mesure de saisir ses jeux de mots et illustrations comiques qui passaient au-dessus de la tête de ses vieux amis à l'esprit mercantile. Mais je pense que la raison principale de son affection relevait d'un égoïsme nostalgique : il voyait en moi, dans mes ambitions comme dans mes limites, le jeune homme qu'il avait été avant que le temps et le destin ne réduisent son brillant esprit aux reparties de bistrot, et n'érodent l'ampleur de ses aspirations aux dimensions d'une prospère petite clinique de province.
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Pour intéresser Alexandra Ivanovna, il fallait être riche, beau ou intelligent ; et l'un des drames de sa vie fut qu'elle trouva rarement deux de ces qualités réunies en un seul homme, et en tout cas jamais les trois.
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- Vous n'aviez pas prévenu que vous désiriez voir le film, dit Starr. Je ne pense pas que le projectionniste l'ait déjà rembobiné.
- Qu'il le passe à l'envers. Peu importe.
... la porte de l'ascenseur s'ouvre et se ferme sur la tête du tueur japonais abattu. L'homme revient à la vie, se relève le long du mur. Le trou dans la paume de sa main se referme, il retire la balle de son dos. Il court en marche arrière, traverse un groupe d'écoliers ; une petite fille se redresse, ondoyant au-dessus du sol, la trainée rouge sur sa robe rentre, comme aspirée, dans son ventre. Le japonais atteint le hall principal baigné d'une lumière floue, esquive des morceaux de verre brisé qui se rassemblent d'un coup en forme de porte vitrée. Le deuxième tueur se remet sur pied, saisit une arme automatique au vol ; tous les deux courent en arrière et sortent du champ ; un panoramique accéléré découvre un jeune Israélien étendu à terre ; le flot de sang remonte à sa hanche. Il se redresse d'un bond, court à reculons, attrapant son sac de montagne au passage. La caméra pivote, se fixe sur le second Israélien juste à temps pour voir sa joue se recoller. Il se redresse et le sang reflue dans sa poitrine, la déchirure dans la chemise se répare d'elle même. Les deux jeunes gens marchent à reculons. L'un se tourne et sourit...
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Un vieil adage basque dit : Comme la jeunesse s’estompe, l’on vieillit. Et c’est ce qu’il advint aux deux femmes. Tout d’abord avec discrétion, puis avec une précipitation effrayante, ce qui ressemblait jusqu’alors à une pile inépuisable de lendemains devint un vague petit enchevêtrement d’hiers.
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Un proverbe qui dit : "Méfie-toi de l’homme qui ne connaît qu’un livre." Et c’est d’autant plus vrai quand ce livre est réputé sacré. L’homme-d’un-seul-livre te tranchera la gorge sans une seconde d’hésitation ni une once de remords, certain qu’il est d’avoir agi au service de tout ce qui est bon en ce monde et récompensé dans le suivant.
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Y a pas mieux qu'un livre pour s'abriter quand les choses virent trop mauvaises. Ou trop mornes.
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" La confession est bonne pour l'âme, elle vide l'âme faisant plus de place au péché."
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L'homme qui vole du pain pour ses gosses finit au bagne, à transformer des gros cailloux en petits cailloux. Mais si tu voles gros, vraiment gros, alors on t'admire et on t'imite, comme les Rockfeller et les Morgan et les Carnegie de ce monde. Bien sûr, ces hommes-là n'enfreignent pas la loi. Ils font les lois, alors leur vol s'appelle "l'entreprise", ou "la haute finance". Quand il s'agit de voler ou d'être mauvais, faut faire les choses en grand pour qu'on te respecte.
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Pour intéresser Alexandra Ivanovna, il fallait être riche, beau et intelligent ; et l’un des drames de sa vie qu’elle trouva rarement deux de ces qualités réunies en un seul homme et en tout cas jamais les trois.
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Les américains confondaient niveau de vie et qualité de vie, égalité des chances et médiocrité institutionnalisée, bravage et courage, machisme et virilité, libertinage et liberté, verbosité et clarté du langage, amusement et plaisir.
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L’occident est l’avenir, Nikko. Un avenir sinistre et impersonnel, un avenir de technologie et d’automatisme, c’est vrai mais l’avenir malgré tout. Et tu devras y vivre, mon fils. Mépriser les américains ne te sera d’aucune utilité. Tu dois chercher à les comprendre, ne serait-ce que pour te garder d’eux.

Kishikawan-san, le père adoptif japonais de Nicholaï
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"Le docteur Montjean va se charger de rédiger votre ordonnance", disait-il au patient avec un bon sourire. "Vous pouvez avoir toute confiance en lui. Oh, bien sûr, l'encre de son diplôme est à peine sèche, mais il est très versé dans les méthodes de soin les plus modernes, du corps comme de l'esprit !" Cette dernière pique visait ma fascination pour les théories alors nouvelles et largement controversées du Dr Freud et de ses disciples. Le Dr Gros tapotait la main de sa patiente (ses malades étaient toutes des femmes d'un certain âge car il s'était spécialisé dans les "troubles" associés à la ménopause) et l'assurait qu'il était très honoré d'avoir un assistant qui avait fait ses études à Paris. Ses yeux écarquillés et le ton admiratif sur lequel il disait "Paris" étaient destinés à suggérer sur le mode comique qu'un simple médecin de province comme lui devait se faire humble devant un brillant jeune homme venu de la capitale et qui avait tout pour lui - hormis peut-être l'expérience, la compassion, la sagesse , le discernement et le succès.
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un matin d'automne j'eus soudain quarante-cinq ans. C'était le moment de soupeser l'épanouissement de la maturité à côté des ambitions de la jeunesse, car il était certain que j'avais déjà accompli tout ce dont je serais jamais capable.
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Les années se sont ainsi écoulées, discrètes et oubliées, et un matin d'automne j'eus soudain quarante-cinq ans. C'était le moment de soupeser l'épanouissement de la maturité à côtés des ambitions de la jeunesse, car il était certain que j'avais déjà accompli tout ce que je serais jamais capable. Seul, assis devant mon bureau au soir de mon quarante-cinquième anniversaire, je me posai la plus banale des questions à l'heure du bilan : Où était donc passé tout ce qui comptait ? Et puis une question peut-être moins ordinaire : Que s'était-il passé, en fin de compte ?
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C’est au début du mois de mars humide et venteux de la seconde année qu’il fut forcé d’apprendre que, lorsqu’on dîne avec les loups, on n’est jamais certain d’être l’invité ou le plat principal.
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Il ne se passe absolument rien à Twenty-Mile. Et là, je te parle des jours où y se passe quelque chose.
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Il y eut une époque, dans la comédie du genre humain, où le salut reposait sur l'ordre et l'organisation, où tous les grands héros du monde occidental menaient leur adeptes à lutter contre l'ennemi déclaré : le chaos.
Maintenant, nous apprenons que l'ennemi fondamental n'est pas le chaos, mais l'organisation; pas la divergence, mais la similitude. Et le nouveau héros est celui qui s'est donné pour but de s'attaquer à l'organisation, de détruire le système.
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