Relecture de l'oeuvre labyrinthique de David Foster Wallace, dont le regard aigu sur la société américaine nous éclaire plus que jamais. Avec Jakuta Alikavazovic, écrivaine et traductrice des "Considérations sur le homard", et Pierre Ducrozet, écrivain et auteur de la préface de "L'Oubli".
Je me fais du souci pour les jeunes d'aujourd'hui. ils devraient boire des bières, regarder des films, aller voler les culottes des filles, perdre leur virginité, et se trémousser sur de la musique suggestive, et pas écrire des histoires longues, tristes et tarabiscotées.
C'était un garçon qui avait un rapport intime et étrange à ce qui l'entourait, un garçon silencieux aux yeux sombres qui, dés qu'il fut autonome en pensées et en actes, devint le miroir déformant du monde. Pour moi, Vance était un reflet. Il ferait la pluie et du beau temps dans son monde d'enfant.
C'est l'histoire de deux jeunes poissons qui nagent et croisent le chemin d'un poisson plus âgé qui leur fait signe de la tête et leur dit "Salut, les garçons. L'eau est bonne?" Les deux jeunes poissons nagent encore un moment, puis l'un regarde l'autre et fait, "Tu sais ce que c'est, toi, l'eau?"
Veuf. A.S. Latrodectus Mactans Productions. Cosgrove Watt, Ross Reat ; 35 mm ; 34 minutes ; noir & blanc ; parlant. Tourné en extérieur à Tucson, Arizona, parodie de comédie familiale télévisuelle, où un père accro à la cocaïne (Watt) promène son fils (Reat) dans leur propriété déserte en immolant des araignées venimeuses. CELLULOÏD ; RESSORTI SUR CARTOUCHE TÉLÉDIV INTERLACE no 357–75–00 (A.W.P.)
Cage II. A.S. Latrodectus Mactans Productions. Cosgrove Watt, Disney Leith ; 35 mm ; 120 minutes ; noir & blanc ; parlant. Des autorités pénales sadiques enferment un prisonnier aveugle (Watt) et un prisonnier sourd-muet (Leith) en « isolement », et les deux hommes tentent d’inventer des moyens de communiquer. CELLULOÏD, NOMBRE DE COPIES LIMITÉ ; RE
Son seul ami, éloigné, sur le circuit jr est le jeune Mario Incandenza âgé de huit ans, qu’il a rencontré parce que, même si ce sont Disney Leith et un nommé Cantrell, l’un des premiers prorecteurs, qui chapeautent le contingent masculin (comprenant un Orin Incandenza de dix-sept ans, solide mais bloqué sur un plateau qu’il n’arrive plus à dépasser) cet été-là, le Président d’E.T.A., le Dr J. O. Incandenza, vient de temps en temps sur le circuit pour réaliser, avec la bénédiction de l’USTA, un documentaire en deux parties sur le tennis de compétition jr, le stress et la gloire, et que du coup Mario se balade avec des objectifs, des trépieds Tuffy et tout le toutim dans la plupart des confrontations d’importance de cette fin d’été, rencontre donc Clipperton, le trouve bizarre et hilarant au-delà de toute formulation possible, se montre gentil avec lui et recherche sa compagnie, celle de Clipperton, ou du moins le traite comme s’il existait, alors que, dès la fin juillet, tous les autres l’ignoraient superbement avec cette attitude guindée qui accompagne, par ex., les pets dans les réunions officielles.
Vous n'avez que ce mot à la bouche : liberté ! Pour votre pays muré. Toujours à crier 'Liberté ! Liberté !' comme si le sens de ce mot était évident pour tout le monde. Mais je vais vous dire, ce n'est pas aussi simple que ça. Pour vous, être libre, c'est être libéré de, mais personne n'explique à vos précieux individus états-uniens ce qu'ils doivent faire. Vous ne connaissez que cette signification : être libéré de la contrainte, de la peine. Mais être libre de, et non pas seulement libéré de, hein, qu'est ce que vous dites de ça ? Les contraintes ne viennent pas toutes de l'extérieur. Vous faites semblant de ne pas comprendre. La liberté de faire. Comment choisir librement si le choix se limite à des gourmandises infantiles, si vous n'avez pas de père aimant pour vous guider, vous informer, vous apprendre à choisir ? Il n'y a pas de liberté de choix si on n'a pas appris à choisir.
Nous aimons croire que c'est notre génération qui a accompli la révolution sexuelle. Pardonnez mon langage, mais c'est de la connerie. Ce sont ces femmes, celles qui sont vieilles aujourd'hui, qui ont tout inventé. Tout ce dont nous nous gargarisons. Ces femmes qui sont en maison de retraite ont été les premières Américaines à porter les cheveux courts. Les premières à boire. A fumer. A danser en public. Et à voter, avons-nous vraiment besoin de le rappeler? A gagner de l'argent. A devenir des entités économiques. Ces femmes en chaise roulante avec leurs couvertures sur les genoux, elles ont été des pionnières.
TINE : Il est hors de question qu'un terme humanitaire déprimant comme "réfugié" soit employé ici. Je ne saurais trop insister là-dessus. Reproprié : oui. Sacrifié sur l'autel du renouveau de la nation : tout à fait. Des héros, une nouvelle race de pionniers dans une ère nouvelle, partant à la conquête d'un territoire américain déjà conquis mais non souillé : bien sûr.
SEC. PRESSE : Neil, à la direction de la Com., a épluché la documentation. Apparemment, le terme "réfugié" peut être contesté si... je cite directement son mémo :
a) si aucun chariot de fortune contenant des biens mobiliers n'est tracté par des bovins à cornes incurvées,
b) si le nombre d'enfants de moins de six ans nus (a), hurlants (b) ou les deux (c) est inférieur à 20% du nombre total d'enfants de moins de six ans en transit.
Il est vrai que Neil s'appuie sur le Guide totalitaire de la propagande à poigne de Pol et Diang mais, à la Com, ils pensent que ça peut se régler sans difficulté.
TINE : Les équipes de Marty et Jones ont bossé jour et nuit sur des stratégies pour parer à toute forme visible de réfugisme.
SEC. PRESSE : Tout bovin à cornes incurvées sera abattu à vue. Les meilleures agents de l'organisation de Rod se sont postés à des endroits stratégiques dans des camions rutilants pour distribuer des vêtements d'enfants de la ligne "Winnie l'Ourson" fournis gracieusement par Sears, afin d'éradiquer la nudité à la source.
La morale de cette histoire est tout simplement que les réalités les plus évidentes, les plus omniprésentes et les plus importantes, sont souvent les plus difficiles à voir et à exprimer.
Dit comme ça, ce n'est qu'une banale platitude - mais il n'empêche que, dans les tranchées d'une vie d'adulte, les banales platitudes peuvent revêtir des enjeux de vie ou de mort.
« Mais c'est de la merde.
— Et en même temps c'est de l'art. Des œuvres d'art sublimes. C'est extraordinaire au sens propre du terme.
— Non, c'est de la merde au sens propre du terme, c'est tout ce que c'est au sens propre du terme. »