AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Aimee Bender (65)


(...) la conversation était heurtée comme si on venait juste de se rencontrer, et quand ma mère m'a posé une autre question sur le vol, je lui ai donné tous les détails qui me sont passés par la tête, me raccrochant à des fragments d'informations comme s'ils étaient des pierres de gué entre nous (...)
Commenter  J’apprécie          20
(la mère crochète)
Je dormais à poings fermés et quand je me réveillais le lendemain matin, la maison avait donné naissance à une nouvelle couverture.
Commenter  J’apprécie          20
Nous vivons dans des mondes séparés, les objets et nous. Je ne cherche pas à enfoncer des portes ouvertes, j'essaye seulement de m'expliquer l'immensité de cet acte de foi. Le papillon que j'ai trouvé dans le verre d'eau avait dû se douter d'organes internes et d'une enveloppe, il avait dû surgir d'une tout autre dimension pour prendre forme ici et, je ne sais comment, il y était parvenu, et quand je l'ai vu dans le verre d'eau, il avait un corps, des pattes, il était bien réel, était devenu réel. Il était une psychose active. j'ai avalé une psychose.
Commenter  J’apprécie          00
"Don't change a hair for me" chantait ma mère en y mettant de l'émotion. La musique suivait une gamme montante et, quand le piano a émis un bruit sourd à la place de la note manquante, ma mère a émis un ré parfait, et la dissonance entre les deux a offert une bonne analogie de son état qui semblait condamné à tourner autour de deux notes, l'une juste l'autre fausse, pour les siècles des siècles, amen.
Commenter  J’apprécie          10
Je ne peux pas être avec elle. Il y a quelque chose en elle. Elle est habitée par une bestiole. Je ne me fais pas confiance quand elle est là ! Tu m’écoutes ?

Oui. Je vais envoyer Stan. Dès qu’il rentrera. Par le vol du matin.

Pas Stan ! Toi !

Je ne peux pas prendre l’avion. Qu’est-ce que tu entends par bestiole ?

Une bestiole. Quelque chose qui rampe à l’intérieur d’elle. »
Commenter  J’apprécie          80
A sa manière, le scarabée était apparu avant le papillon. Je l'avais vu la première fois sur une feuille de papier tombée sur la pelouse de l'école primaire alors que mon oncle et moi attendions que le baby sitter finisse de préparer la salle de classe pour la semaine suivante.
Commenter  J’apprécie          30
Je suis allée prendre un balai pour nettoyer le balcon en me disant que j'adorais avoir l'idée d'un lieu où les souvenirs pourraient émerger, comme s'ils appartenaient naturellement à l'état gazeux et que la tente leur éviterait de s'évaporer.
Commenter  J’apprécie          30
Plus tard, seule occupée à revisser le verrou sur la porte, je réalise soudain que si je me fais enfermer, c'est peut-être parce que j'ai besoin que quelqu'un me libère.
Commenter  J’apprécie          100
J'ai planté mon regard dans celui de ma grand-mère comme une simple affirmation de ma volonté. Je pouvais tenir très longtemps sans ciller. Ce n'était pas un regard de colère, pas du tout. Il avait cette placidité qui accompagne la certitude absolue de gagner la partie.
Commenter  J’apprécie          80
J'avais vécu dans une cellule familiale qui avait connu un profond bouleversement longtemps auparavant, et j'en connaissais la sensation, je pouvais sentir la transition de loin, son odeur de concombres et d'ordures.
Commenter  J’apprécie          80
J'ai ouvert les yeux. Sa peau dégageait une impression de pesanteur, comme avant, comme si plus d'heures s'étaient accumulées dans les traits de son visage qu'il n'était envisageable, comme s'il était une version vivante de la relativité, pris entre le temps des horloges et celui de l'espace.
Commenter  J’apprécie          20
(...) tout ce manque dans le sandwich au beurre de cacahuète - m'avait laissé divers degrés d'angoisse dans la bouche.
Commenter  J’apprécie          00
Tout ce que j’ai comprenais , c’est qu’il n’avait pas inséré le pied de la chaise dans sa jambe , mais que, je ne sais comment, sa jambe était devenue le pied de la chaise , tout en gardant sa chaussette qui rentrait dans sa chaussure. La chair était invisible, ou plutôt, il ne restait qu’un reflet de jambe que je distinguais vaguement. S’était-il coupé la jambe ? Non. Encore une fois : pas de sang, rien. À la place, il n’y avait que ce reflet de jambe humaine autour du pied de la chaise, un halo tamisé d’humanité qui tendait à disparaître autour du solide pied en métal, un changement de texture qui, d’une certaine façon, faisait sens. On aurait dit que la chaise prenait naturellement l’avantage sur lui, comme si elle le dissipait ou l’absorbait avec une simplicité qui ferait croire qu’elle avait cet effet sur tout le monde. Et puis il avait le pied de la chaise, le bout en caoutchouc qui entrait dans la chaussure, chaussures qui ne paraissait plus contenir de pied humain.
Commenter  J’apprécie          20
Aimee Bender
J'ai mordu dans le cookie aux pépites. Lentement.
Au bout d'une semaine, j'étais capable de démêler un peu plus vite les impressions qui m'assaillaient. Les pépites étaient industrielles, donc elles avaient ce goût légèrement métallique et absent, le beurre avait été fait à partir d'un lait peu riche parce que les vaches venaient d'une exploitation où elles vivaient entassées. Les oeufs dégageaient un soupçon de grande distance et de plastique. Tous ces éléments vrombissaient en arrière-fond, et plus près, il y avait le pâtissier qui avait mélangé les ingrédients et préparé la pâte et qui était en colère. Une colère rentrée dans le cookie lui-même
Commenter  J’apprécie          120
J'ai attrapé la main de George. Et immédiatement ses doigts se sont refermés sur les miens. Le soleil. Toujours plus de grappes de bougainvilliers drapant les fenêtres en bouquet de rose foncé. Sa paume chaude. Un matou orange qui se prélassait sur le trottoir. Les gens en t-shirts déchirés qui fumaient assis sur les marches. La ville qui se déployait.
Nous avons atteint le trottoir d'en face, il m'a lâché la main. Comme j'aurais voulu, à cet instant, que le monde entier soit une rue.
Commenter  J’apprécie          00
j'ai reposé le gâteau sur le plan de travail dès la première bouchée. Beurk, me suis-je à moitié étouffée avant de me jeter sur un verre d'eau. Comment t'es trop dépressive ! ai-je dit. Elle a posé la tête sur la table et a fondu en larmes. T'as raison, a -t-elle reconnu. J'arrive à peine à sortir du lit le matin, a-t-elle sangloté.
Commenter  J’apprécie          10
Quelle exaltation chaque fois qu’il prononçait mon nom.
C’était comme d’entendire mon numéro appelé dans une tombola.
Commenter  J’apprécie          30
Georges m'a déposé un baiser sur la joue, m'a serré la main en me remerciant, m'a donné tout ce qu'il pouvait en cet instant, jusqu'à ce que le temps et le progrès l'arrachent à moi et qu'il retourne à sa femme qui l'a pris dans ses bras comme s'il avait passé des semaines en mer.
Commenter  J’apprécie          60
J'ai fait face au téléphone. J'ai fouillé dans ma poche à la recherche d'un peu de monnaie. Les boutons argentés de forme carrée du téléphone étaient la seule corde de sécurité qui me reliait aux autres. Ces boutons gardaient le souvenir d'une personne qui, un jour, autrefois, avait travaillé dans une mine pour trouver du fer, avait sué sang et eau, des heures durant, pour remonter à la surface le minerai exigé par la compagnie qui fabriquait ces téléphones, et avait produit un alliage ensuite fondu en petits cubes avec des chiffres et des lettres gravés dessus qui encodaient une séquence qui, à son tour, reliée à des fils électriques, fuserait à travers des poteaux et des lignes enrobés de caoutchouc pour contacter la résidence de la seule personne au monde à qui je supportais de parler.
Commenter  J’apprécie          60

Voir arriver quelqu'un que l'on aime, les jours où tout va mal, est l'un des grands baromètres de la gratitude.
Commenter  J’apprécie          100



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Aimee Bender (704)Voir plus

Quiz Voir plus

Printemps des poètes (facile)

Homme libre, toujours

tu pleureras ta mère !
du chocolat amer !
tu finiras amer !
tu chériras la mer !

12 questions
647 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie française , poésieCréer un quiz sur cet auteur

{* *}