De ce livre, je n’ai toujours entendu que des louanges. Très bien écrit, attachant, sortant de l’ordinaire, une histoire hors du commun avec des personnages complexes. Fabuleuse histoire, donc. J’ai rêvé de le dévorer dès l’instant où j’ai vu sa couverture (et pourtant, je n’aime pas les gâteaux au citron). J’ai voulu savoir pourquoi une telle gourmandise pouvait nous rendre si triste. Ce qu’il y avait derrière. Mon libraire m’a alors confié un secret : cette petite fille, en mangeant, ressent les émotions du cuisinier. Je me suis immédiatement dit : c’est génial, il faut absolument que je lise ce livre ! J’ai attendu sa version poche (éditions Points), puis il m’a attendu un peu sur une étagère. Le temps de s’appréhender, j’imagine. Le temps de faire connaissance.
Quand j’ai enfin décidé de le lire, ce livre m’intriguait déjà un peu moins. J’avais l’impression de déjà savoir ce que j’allais lire, comme si l’attente m’avait transporté dans cet univers particulier où un gâteau peut nous rendre triste. Un univers où en mangeant un gâteau, nous ressentons le vide qui remplit le cuisinier. Mais je me suis lancée. J’ai voulu savoir.
Première chose : oui, ce livre est très bien écrit. Les phrases sont belles, le style est léger, le texte est fluide. C’est un peu comme de l’eau, on se laisse transporter par les mots, la ponctuation nous mène là où l’on ne s’y attend pas tel un courant surprenant. J’ai aimé la plume d’Aimee Bender. Voici un point primordial. En effet, je constate une nouvelle fois qu’aimer l’écriture d’un écrivain ne veut pas forcément dire aimer ses écrits. Une petite nuance qu’il ne faut pas prendre à la légère.
Oui car, étonnement, je n’ai pas aimé ce livre. Pour être même tout à fait sincère avec vous, je ne suis pas parvenue à le terminer. J’ai abandonné à la fin du neuvième chapitre (oui, vous avez bien lu). Et ce pour deux raisons :
Tout d’abord, j’ai eu cette étrange impression de tourner en rond. 9 chapitres, 76 pages, et j’ai cru avoir tout lu. Je n’apprenais plus, j’avais déjà tout lu. La nourriture a un goût d’émotions. Partout. Personne ne comprend, personne ne cherche à savoir. La nourriture à un goût d’émotions, point.
Ensuite, et c’est surtout ça qui a gêné ma lecture, l’histoire est écrite à la première personne. Nous devenons donc une petite fille de 9 ans, qui fête d’ailleurs son anniversaire au début du livre et qui, avec son gâteau au citron, s’aperçoit que sa mère est malheureuse. Nous sommes une petite fille de 9 ans, mais rien dans sa façon de penser, de décrire, de raconter, ou de parler, n’est cohérent avec l’âge du personnage. Elle pense trop bien : les phrases sont compliquées, elle comprend parfaitement chaque émotion que ressent les personnes qui l’entourent. En soit, ce n’est pas plausible. J’ai trouvé tout ça improbable, pas du tout crédible. Comment une petite fille de 9 ans pourrait penser comme ça ? Un exemple : quelle petite fille penserait : « Joseph communiquait parfois avec moi, de la même façon que le désert produit une fleur de temps en temps » ? Alors encore une fois je le dis, c’est une belle phrase, c’est très bien écrit. Mais ce n’est pas crédible.
Alors peut-être que j’y accorde beaucoup trop d’importance. Sans doute d’ailleurs. Mais je ne sais pas apprécier une lecture qui n’est pas plausible. Lire du heroic fantasy ou du fantastique ne me dérange en rien (j’adore ça même !) mais il faut une certaine cohérence au livre. De même, un livre de Musso ou de Lévy avec quelques rebondissements qui sortent de l’ordinaire, ça ne me dérange pas. Tout est cohérent, tout est écrit de manière à ce que ça s’intègre à l’histoire et aux personnages. Ici, si la façon d’écrire pourrait s’intégrer à l’histoire, elle ne colle pas avec le personnage.
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