Citations de Aldous Huxley (1348)
... Des mutations peuvent être produites artificiellement par le genre de rayonnements associés à la fission nucléaire - et la plupart des mutations, nous l'avons vu, sont nuisibles. Ce serait un châtiment fort équitable de la hubris outrecuidante de l'homme, si le résultat final de ses efforts en vue de dominer la nature était la production d'une race d'imbéciles à bec-de-lièvre et à six doigts.)
L'individu moyen, non-régénéré, aime les pensées, les sentiments et les actes qui empoisonnent la société ; mais il aime aussi, et en même temps, les antidotes spirituels de ce poison. C'est en tant qu'amateur de poison qu'il persécute et tue les visionnaires qui lui disent comment il pourra se rendre "complet" ; et c'est en tant qu'être aspirant nostalgiquement à la vision, qu'il méprise le visionnaire en puissance qui renonce à sa vision en se livrant à une activité erronée et à la poursuite du pouvoir.
L'affaire d'un visionnaire, c'est de voir ; et s'il s'empêtre dans le genre d'activités éclipsant Dieu qui rendent impossible de voir, il trahit non seulement son moi meilleur, mais aussi ses semblables, qui ont droit à sa vision. Les mystiques et les saints théocentriques ne sont pas toujours aimés ni invariablement écoutés : loin de là. Le préjugé et l'aversion à l'égard de ce qui est insolite peuvent rendre leurs contemporains aveugles aux vertus de ces hommes et de ces femmes en marge ; peuvent les faire persécuter comme ennemis de la société.
Le saint théocentrique, en général, ne se contente pas simplement d'être. Il est presque toujours un professeur, et souvent un homme d'action. Par son enseignement, il profite à la société environnante, en multipliant le nombre de ceux qui entreprennent la transformation radicale de leur caractère, et accroît ainsi la quantité d'antiseptiques et d'antidotes dans le corps social chroniquement malade.
... les grands maîtres religieux sont unanimes. Il y a une loi du Karma ; l'on ne se moque point de Dieu ; et selon qu'un homme sème, il récoltera. Parfois la récolte est extrêmement manifeste, comme lorsqu'un ivrogne invétéré récolte des maladies corporelles et la perte de ses pouvoirs mentaux.
... si dans les moments ordinaires, il nous plaisait de tenir une conduite ayant seulement un quart de la qualité de celle que nous tenons dans les moments de crise exceptionnelle, la plupart de ces crises (étant un article strictement "maison", un produit d'innombrables omissions, petites et coutumières, à pratiquer le bien, et de menues mauvaises actions commises) ne se produiraient jamais.
L'"indolence" est la traduction ordinaire de cette acedia, qui compte parmi les sept péchés mortels de notre tradition occidentale. C'est une traduction insuffisante ; car l'acedia est plus que de l'indolence ; c'est aussi une dépression et un apitoiement sur soi-même, c'est aussi cette terne lassitude du monde qui, suivant les paroles de Dante, nous rend 'tristes dans l'air suave qui se réjouit au soleil." Se lamenter, exhaler des plaintes, s'apitoyer sur soi, désespérer - ce sont là des manifestations de la volonté personnelle et de la rébellion à l'encontre de la volonté de Dieu. Et ce découragement spécial et caractéristique que nous éprouvons en raison de la lenteur de notre progrès spirituel, - qu'est-ce, sinon un symptôme de vanité blessée, un tribut payé à la haute opinion que nous avons, de nos propres mérites ?
Selon les paroles de l'Imitation : "Tous les hommes désirent la paix, mais il y en a peu, en vérité, qui désirent les choses qui conduisent à la paix."
... c'est un fait observable empirique que le chemin de l'éternité spirituelle passe par l'éternité animale immédiate du présent spécieux. Nul ne peut parvenir à la vie éternelle, s'il n'a au préalable, appris à vivre, non pas dans le passé ou dans l'avenir, mais maintenant - dans le moment et au moment.
... reculer devant les choses, c'est affirmer implicitement que les choses sont encore fort importantes pour nous. L'introversion qui s'écarte des choses pour l'amour de Dieu peut, en leur attribuant une importance excessive, élever les choses à la place qui devrait être occupée par Dieu. Ce qu'il faut, en conséquence, ce n'est pas une fuite physique ou une introversion s'écartant des choses, mais l'aptitude à entreprendre l'activité nécessaire dans un esprit de détachement, d'anéantissement du moi dans la réalité.
"Un homme, a écrit Maître Eckhart, a en lui des peaux ou cuirs nombreux, recouvrant les profondeurs de son coeur. L'homme connaît tant d'autres choses ; il ne se connaît pas lui-même. Mais trente ou quarante peaux ou cuirs, pareils à ceux d'un boeuf ou d'un ours, tant ils sont épais et durs, recouvrent l'âme. Retirez-vous dans votre propre fondement, et apprenez-y à vous connaître." L'examen sans passion et scientifique des distractions est l'un des meilleurs moyens de connaître les "trente ou quarante peaux" qui constituent notre personnalité, et de découvrir, par-dessous, le Moi, le Dieu immanent, le Royaume des Cieux qui est en nous. De la méditation discursive sur les peaux, on passe alors tout naturellement au "simple regard" dirigé sur le fondement de l'âme.
Tout épanouissement du moi personnel et séparé produit une diminution correspondante de la conscience de la réalité divine. Or, la lutte volontaire contre les distractions rehausse automatiquement le moi personnel et séparé, et réduit, en conséquence, les chances qu'a l'individu de prendre conscience de la réalité. Tandis que nous nous efforçons vigoureusement d'abolir nos imbécillités qui éclipsent Dieu, nous approfondissons simplement les ténèbres de notre ignorance native.
[Les distractions] Jugées d'après les nomes courantes, elles semblent être des choses sans importance. Et pourtant, comme elles sont en soi, comme elles sont par rapport à cette "pure lumière de Dieu", qu'elles sont capables d'éclipser et d'obscurcir, de même que le soleil est assombri par un tourbillon de poussière ou une nuée de sauterelles, ces imperfections insignifiantes ont autant de pouvoir pour le mal, dans l'âme que la colère, ou qu'une avidité hideuse, ou que quelque appréhension obsédante.
L'affirmation des psychanalystes, suivant laquelle toutes les divagations du subconscient emportent une signification passionnelle profonde, ne peut se plier aux faits. Il suffit d'observer soi-même et d'observer les autres pour découvrir que nous ne sommes pas plus exclusivement les serviteurs de nos passions et de nos impulsions biologiques, que nous ne sommes exclusivement rationnels ; nous sommes également des créatures possédant une machine psycho-physiologique fort compliquée qui moud incessamment, et, au cours de sa mouture, lance dans notre conscient des extraits de ce nombre indéfini de permutations et de combinaisons mentales constituées pendant qu'elle fonctionne au hasard. Ces permutations et combinaisons d'éléments mentaux n'ont rien à voir avec nos passions ni avons nos processus mentaux plus rationnels : ce sont simplement des imbécillités, de simples produits de déchet de l'activité psycho-physiologique.
Entre la Réalité et l'Eternité d'une part , et, de l'autre, le monde limité et imparfaitement réel des créatures et du temps, il existe une sorte de "no-man's land" - le monde de ce qui, à défaut d'un nom meilleur a été appelé le monde des phénomènes psychiques. Ce domaine psychique est une extension du monde des créatures - son prolongement, en quelque sorte, dans l'infrarouge ou l'ultraviolet ordinairement invisibles. Certains accident d'hérédité permettent un accès facile au monde psychique ; et il y a un certain nombre de processus psycho-physiques qui permettent même à ceux qui sont peu doués, congénitalement, au point de vue médiumnistique ou oraculaire, d'acquérir une aptitude à y entrer et à en exploiter les forces particulières.
... il serait plus exact de dire que les pratiques de la contemplation mystique sont le moyen par lequel nous pouvons nous préparer à recevoir la grâce d'une intuition directe de la Réalité et de l'Eternité.
La création et le temps sont les résultats de quelque processus cosmique de limitation de la substance spirituelle éternelle, alors que le mal est le nom que nous donnons à un processus secondaire de limitation effectué par les créatures à l'intérieur de l'ordre de la création, - limitation de l'état individuel de créature envers son propre moi, à l'exclusion de toutes les autres créatures, et envers ce qui s'étend au-delà de toutes les créatures.
Le bonheur ne s'obtient pas par la poursuite consciente du bonheur ; il est généralement le sous-produit d'autres activités. Ce "paradoxe hédoniste" peut être généralisé pour s'étendre à notre vie entière dans le temps.
Aldous Huxley le visionnaire... un roman qui m'avait bouleversé à l'époque tellement il était criant de réalité; tout était plausible et tout semble se réaliser... mais quelles sont les limites de la perfection du genre humain? Un bon pamphlet de la condition humaine qui fût raconté en... 1931. De quoi faire réfléchir le lecteur. Cela fait froid dans le dos quand on sait pertinemment qu'il a tapé dans le mille, jusqu'où sommes-nous capable d'aller pour vivre le plus longtemps possible?
Zen est le nom donné à cette branche du bouddhisme, qui se tient éloignée du Bouddha. On l’appelle aussi la branche mystique, parce qu’il n’adhère pas au sens littéral des sutras. C’est pour cette raison que ceux qui suivent aveuglément dans les pas du Bouddha raillent à coup sûr le Zen, tandis que ceux qui n’ont pas de goût pour la lettre sont naturellement portés vers l’abord mystique.
Chiang Chih-chi