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Critiques de Aldous Huxley (825)
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Le meilleur des mondes

Ecrit en 1931, "Le meilleur des mondes" est un livre étonnant par la description qu'il fait d'un monde où tous les individus seraient conditionnés pour se sentir heureux, ceci permettant de rendre impossible toute idée de révolte et tout comportement asocial, assurant ainsi la stabilité de cette société universelle. Un des éléments constitutifs de ce monde-là est le bannissement de toute parentalité : les enfants sont conçus par insémination artificielle et clonage. Les embryons se développent dans des tubes à essai et subissent des traitement chimiques qui vont les rendre aptes aux tâches auxquels ils sont destinés. Les mots "père" et "mère" sont tabous. De même, toute religion est bannie et Dieu a été remplacé par "Ford" (ce qui donne lieu à des exclamations comme "Mon Ford" ou "Ford merci,...". Il n'existe pas de vieillards, ni de malades, seulement des hommes et des femmes en pleine santé. Les contrariétés ou les déprimes passagères sont immédiatement traitées par une prise de "soma", une substance qui permet de chasser les idées noires et de retrouver très vite la joie de vivre. Des pilules de soma sont distribuées à chacun en récompense de son travail, travail que chacun, quelque soit la caste à laquelle il appartient (depuis les Alpha, caste supérieure aux Epsilon dévolus aux tâches les plus ingrates) est heureux d'accomplir pour le bien commun.

On peut lire ce livre soit comme un roman d'anticipation qui décrirait l'une des dérives possibles de notre monde, soit comme une critique du monde comme il le devenait déjà en 1930 (avec notamment le travail à la chaîne, initié dans les usines Ford pour la production de la fameuse "Ford T") ou comme il est aujourd'hui avec la mondialisation de la consommation et l'uniformisation des modes de vie et de la culture amplifiés par le réseau internet et le tourisme de masse. On peut donc légitimement penser qu'une partie au moins des prémonitions d'Aldous Huxley est déjà bel et bien réalisée. Toutefois on peut objecter que les utopies scientifiques les plus proches du "meilleur des mondes" d'Huxley qui ont été au moins partiellement mises en oeuvre au XXème siècle, sont le communisme soviétique d'une part et le nazisme d'autre part et que ces deux expériences de sociétés totalitaires ont été fort heureusement stoppées, non sans avoir causé les atrocités que l'on sait. On pourrait donc croire que l'humanité est vaccinée contre les utopies comme celle que nous décrit Huxley. Malheureusement l'oubli est le propre de l'homme...

Si l'intérêt sociologique et philosophique de ce livre me paraît donc indéniable, je serai beaucoup plus réservé sur le côté romanesque du livre. L'auteur nous présente au fil du récit quatre personnages principaux : une femme, Lenina, et trois hommes : Bernard, Helmholtz et "Le sauvage". Ces personnages ont chacun une personnalité qui tranche avec la masse de leurs congénères (quoique de façon modérée pour la "pneumatique" Lenina). Pourtant on a l'impression que l'auteur n'a pas vraiment de scénario pour eux, du moins pour Bernard, Helmoltz et Lenina qui sont "escamotés" de façon très décevante. Quant à la fin du roman, centrée sur "le sauvage", je trouve que c'est une véritable calamité d'un point de vue narratif. Ce roman méritait mieux. On se prend à rêver que la deuxième partie du roman (sinon la totalité) soit réécrite par un romancier à la verve épique tel qu'un John Irving, un Jonathan Coe ou un Jean-Christophe Ruffin par exemple. On peut rêver, non ?
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Le meilleur des mondes

J'ai longtemps hésité avant de me lancer dans Le meilleur des Mondes, par crainte surtout de ne pas réussir à comprendre tous les enjeux du roman. Et finalement, je regrette vraiment de ne pas l'avoir lu plus tôt.

Souvent, à force d'être plongée dans cet univers où tout est conditionné pour n'être que bonheur et paix, j'ai presque fini par accepter tout ce qui s'y déroulait comme étant emprunt d'une certaine normalité. Il faut dire que ce monde anticipé est tellement bien construit qu'on pourrait presque y croire. Il aura fallu l'apparition du Sauvage pour vraiment se rendre compte de tout ce que cela implique.

Ce livre est vraiment une de mes plus belles et plus riches lectures.
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Le meilleur des mondes

Classique incontournable de la SF, « Le meilleur des mondes » a inspiré de nombreux auteurs et cinéastes ! Hélas, je ressors totalement déçue par ma lecture durant laquelle je me suis passablement ennuyée… L’univers était pourtant intéressant, puisqu’il met en scène une société futuriste où tout est modelé selon des normes bien définies : naissances (la reproduction sexuelle est bannie, on fait tout scientifiquement), physiques jeunes et parfaits, arts, religion, bonheur, etc. Quatre castes répartissent les êtres humains : l’élite avec les Alpha et les Bêta dont la fonction est importante, puis les êtres inférieurs les Delta et les Epsilon qui sont assez laids et ont des travaux manuels. Ces groupes m’ont fait songer aux dystopies d’aujourd’hui où les Hommes sont répartis selon leurs capacités et/ou attributs physiques, ce qui entraîne généralement la révolte des groupes inférieurs. Hélas, il n’y a pas vraiment cela qui est mis en avant dans cet ouvrage… Tout est calme et orienté sur les réflexions. Pendant plus de cent-vingt pages, on va découvrir les spécificités de chaque groupe et de quelques personnages, sans qu’il se passe quelque chose. Autant dire que c’est long… Mais le pire à mes yeux, c’est que l’on ne s’attache même pas à Bernard et Lenina, les deux protagonistes principaux… Je suis restée de marbre à leurs plaintes, leurs longs échanges ou leur confrontation à des sous-êtres surnommés « sauvages » qui ont un mode de vie totalement différent du leur… Bien que je trouve pertinent le fait de comparer ce qui s’apparente à notre société à celle du futur, je n’ai pas réussi à balayer mon ennui…



Le scénario finit par enfin bouger un peu avec John, le fils illégitime d’un directeur hautement placé et d’une ancienne Beta déchue malgré elle. John, qui a été éduqué loin du système, va être confronté à cet univers aseptisé si différent du sien. Le choc culturel est important, ce qui conduit à de nombreuses discussions qui perdent le lecteur. S’enchaînent des débats interminables, de la romance inutile avec Lenina ainsi que des réflexions et des scènes peu dynamiques où John devient une véritable bête de foire pour les castes supérieures. Malgré les bonnes idées, j’ai trouvé que l’auteur se répétait et ne parvenait malheureusement pas à éveiller mon intérêt. Que c’était laborieux ! Incapable de faire preuve d’immersion pour ce roman, j’ai finalement lu une bonne partie du livre en diagonale… Ce que je ne regrette absolument pas, car le dénouement était prévisible et assez bâclé ! D’ailleurs, j’estime qu’il y a bien de meilleurs classiques de science-fiction. Ainsi, même si je comprends la critique sociétale, les deux civilisations qui s’affrontent et les dangers de la science ou de la génétique qui sont pointés du doigt, je n’ai pas réussi à apprécier ce récit que j’ai jugé pénible et dont le style ne m’a pas convaincue. Bref, ce n’était pas pour moi, si bien que je suis passée complètement à côté de ce classique que beaucoup considèrent comme un chef d’œuvre…
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Le meilleur des mondes

Bon livre rempli d'idées intéressantes et qui porte à réflexion. Dans ce roman vaguement sur le même thème que ''1984'', ce sont les avancées dans le domaine de la biologie qui ont abouties à ce monde ''parfait''. J'ai un peu moins accroché sur la forme, mais je le considère comme un classique de la science-fiction que j'invite tout le monde à découvrir.



Petite anecdote :

Il y a quelques temps j'ai visionné une conférence de Michio Kaku sur youtube. Ce Dr. Kaku est un physicien qui jouit d'une grande visibilité (auteur de best-sellers, apparitions à la télé, voyez le genre ?). La conférence, qu'il a préparée en interviewant plus de 300 scientifiques chefs de file dans leur domaine, porte sur les nouvelles technologies du futur et s'intitule ''The world in 2030''. À la fin de la conférence, un spectateur lui demande s'il pense qu'on se dirige vers un monde à la ''1984'' de George Orwell. Le Dr. Kaku répond (citation et traduction libres) : «Je ne pense pas que ''1984'' est possible, mais nous devrions nous préoccuper des questions éthiques que soulève ''Le meilleur des mondes'' d'Aldous Huxley, car présentement, nous possédons 80% des connaissances et technologies décrites dans ce livre» !



Sauve qui peut !

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Le meilleur des mondes

Quand j'ai réalisé que ce livre a été écrit en 1932, ça a été un choc. Je m'attendais à une parution plus récente. Tout est tellement moderne dans cette œuvre: la vision, le style, le sujet... Il y a quelques longueurs et on sent bien que le fordisme a laissé son empreinte sur l'imagination de l'auteur mais l'intrigue est bien menée et le discours final de l'administrateur est la clé du livre: c'est culte! Excellent moment de lecture.
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Le meilleur des mondes

Un monde parfait, pas de maladies, pas de guerres, tout le monde à sa place que demande le peuple ! Et oui sauf que ce n’est plus aussi beau dès qu’on creuse un petit peu, et on va creuser, à commencer par le fait que la population est contrôlée grâce à une drogue. Plus le lecteur avance plus la société décrite paraît comme un enfer déguisé en paradis.



Cette dystopie possède beaucoup de points communs avec d’autre livres du même genre, tel Fahrenheit 451, Soleil Vert ou 1984 mais sait rester unique avec son univers et sa vision. Et parlant de ça, c’est toujours intéressant de voir comment notre époque était vue par le passé, et de constater qu’il y a parfois des similitudes troublantes voir inquiétantes, mais que dans chacun de ses livres, un élément suffit à détruire ses « mondes parfaits », rassurant. En un mot : parfait !
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Jouvence

Un roman de science-fiction sur le thème de l'immortalité. Slurp slurp ! Je m'en léchais déjà les babines.

J'avais déjà dû le lire dans les années quatre-vingt dix mais n'en gardais aucun souvenir. Et pour cause, ce roman se perd dans les méandres de son récit, tout y est embrouillé au maximum, beaucoup de blablas pour ne guère avancer. Vous arrivez à la page cent et vous vous demandez ce que vous faites là.

Jérémy Pordage arrive d'Angleterre dans le but de lire et de classer les nombreux livres que Jo Stoyte possède. Stoyte est un milliardaire américain obsédé par l'immortalité. Il possède une luxueuse et démesurée villa sur la côte ouest des Etats-Unis, est entouré de sa gouvernante, la très vibrante Virginia, et de l'énigmatique docteur Obispo.

Rien que pour aller de l'aéroport à la villa, vous avez déjà trente pages de passées avec des réflexions diverses et variées. Par exemple sur les noirs ou plutôt les nègres comme les appelle à plusieurs reprises Aldous Huxley, voici un extrait de l'une de ces phrases : Avec inquiétude, il se prit à se demander si, dans leur démocratique "Far West", on donnait une poignée de main au chauffeur - surtout si celui-ci se trouvait être un homme noir, simplement pour démontrer qu'on n'est pas de la race Elue, quand bien même le pays auquel on appartient se trouve avoir assumé le rôle de protecteur de l'indigène.

Bon je ne vous en raconte pas plus : vous n'aurez qu'à ne pas le lire.

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Le meilleur des mondes

Dans un futur proche, la face de l'humanité aura changé. Les modes de procréation ont changé : l'homme vivipare n'existe plus. La société est divisée en castes plus ou moins évoluées. Celles- ci sont conditionnées dès la naissance grâce à l'hypnopédie : la répétition de phrases pendant le sommeil afin de créer des vérités dans l'esprit des gens. La nouvelle société est basée sur le principe du tout appartient à tout le monde. C'est une société fondée sur le plaisir, où la réflexion n'existe pas.

Bien sûr au sein de cette société il existe des ratés. Ainsi un jeune homme né hors du système découvrira la civilisation. Il tentera de changer les choses mais les gens ne comprendront pas son attitude ce qui le poussera à se suicider.

 

Ecrit au début des années 30, il est impressionnant de voir que certains aspects fictionnels sont devenus plus que réels. L'hypnopédie pourrait être rapproché du matraquage publicitaire qui existe dans nos sociétés d'aujourd'hui. Cette société a pour principe de jeter tout ce qui est usé, de ne pas chercher à réparer quand cela est possible : il faut consommer car cela est bien. Cela est proche de ce qui existe maintenant.

Cependant je regrette que ce qui concerne la direction de cette société mondialisée et abêtie ne soit pas plus abordé. A qui cela profite-t-il ? Il doit y avoir quelqu'un qui profite de cette humanité conditionnée et obéissante. Car on n'a pas transformé l'humanité uniquement dans un souci de paix.
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Le meilleur des mondes

Ce livre est réellement visionnaire, du genre à effrayer gentiment. Quand on le referme, on se pose plein de questions en "Et, si... ?". C'est un livre troublant, presque magique, un peu inquiétant. C'est totalement le genre de livre qu'on aime ou non, en tout cas, il ne laisse pas de glace !

Le meilleur des mondes est totalement le genre de livre de science-fiction abordable par globalement n'importe qui, terriblement réaliste et c'est sans doute pour ça qu'il marque autant ses lecteurs ! C'est typiquement le genre de livre que j'aimerais découvrir plus souvent !







Les personnages ne sont plus vraiment humains, bien qu'ils appartiennent à la même "race" que nous. C'est assez troublant de voir des gens qui nous ressemble mais qui ont une mentalité totalement différente de la notre et se jugent "normaux".

Ils sont contrôlés, surveillés, on leur implante ce qu'ils doivent penser dans leur tête : ils ont atteint la perfection, et quelle perfection ! Personnellement, je suis bien contente de ne pas être parfaite après avoir lu Le meilleur des Mondes !







L'histoire bien que négative à eu un impact positif sur moi. On se rend bien compte des dangers de la manipulation et du clonage, et qu'à souvent vouloir trop bien faire, et bien, on se rate ! Ce n'est pas vraiment le thème du livre mais c'est ce que j'en découle.

C'est un livre qui nous pousse à avoir un œil critique sur notre monde actuel, et ça, ça ne peut pas nous faire de mal !

Lisez Le meilleur des Mondes et vous verrez ;)
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Le meilleur des mondes

Ce célèbre roman dystopique était dans ma PAL depuis une éternité. (dans une édition qui ne date pas d'hier, qui était dans la bibliothèque familiale et appartenait à ma grand-mère il me semble…) Je voulais le lire, mais j'avais sans cesse d'autres romans qui me venaient en priorité et finalement, je ne l'ai pas lu avant cette année.

La perspective du bac de HLP (je serai en plein dedans dans pile deux semaines…) m'a fait sauter le pas avec ce livre.

Alors bon, me voilà à lire cet ouvrage qu'on ne présente même plus !



J'ai été agréablement surprise par la plume de l'auteur, c'est plus accessible que ce que j'imaginais. le premier chapitre a un vocabulaire très ‘médical' et ‘scientifique' étant donné qu'il explique le processus de fabrication (artificiel) des bébés, mais la suite est vite extrêmement prenante.



Ce roman fut écrit il y a 90 ans, ce que je trouve d'autant plus remarquable et impressionnant (le fait d'avoir pu écrire cette oeuvre à cette époque). Beaucoup utilisent le terme de « visionnaire » pour qualifier Aldous Huxley, et je suis bien obligée de le reprendre. C'est vraiment frappant.



Nous voilà immergés dans cette société futuriste et hiérarchisée, divisée en castes et avec ce conditionnement des individus depuis leur plus jeune âge pour garantir la stabilité du système. Il existe une drogue, le soma, consommée de manière obligatoire par toute la population pour « être heureux » et effacer la moindre émotion ou sentiment néfastes.

Une société pouvant sembler utopique, après tout. Mais qui en vérité n'est qu'une illusion. le soma surtout, qui rend tout si faux ; efface les sentiments et empêche de ressentir les choses telles qu'elles sont (bref, de vivre réellement). le ‘bonheur' de ces gens n'a rien d'authentique.



Plus j'avançais dans le roman et plus je trouvais cela intéressant. Et la fin !!… Je ne m'y attendais pas. Il me semblait qu'il restait des pages, alors je ne pensais pas avoir totalement terminé. J'ai tourné la page, et puis je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas de suite. C'était bel et bien la fin.



La fin va me marquer, j'en suis certaine. (Et c'est chose rare, parce que je suis le genre de lectrice à rapidement oublier les fins des livres… - aussi étonnant que cela puisse paraitre)

C'était un livre extrêmement intéressant à découvrir. Une lecture percutante, marquante, sans nul doute. (Que je lis après la bataille, certes, après tout le monde, mais bon, mieux vaut tard que jamais, non ?) Bref, même si ce ne fut pas un coup de cœur (je n'ai pas non plus été passionnée par le récit ou les personnages...), j'ai quand même beaucoup aimé ce roman.
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Le meilleur des mondes

Notre Ford qui êtes aux cieux des buildings, que ton pouvoir d'achat soit sanctifié…



En 1908, Henry Ford, crée un modèle d'organisation et de développement d'entreprise à l'occasion de la sortie d'un nouveau modèle, la Ford T.

Cette nouvelle organisation scientifique du travail permet de rémunérer l'ouvrier en fonction de sa productivité et donc de générer une hausse du pouvoir d'achat.

Et d'acheter une Ford T.

Et d'en racheter si l'on casse la Ford T.

Et donc de consommer. À l'infini.



C'est à partir de ce système de production qu'Aldous Huxley construit sa dystopie.

Ce meilleur des mondes trouve ses origines en l'an O de Notre Ford. A la suite de multiples disparitions (littérature, systèmes de pensée…) et d'une guerre de neuf ans.



Un monde nouveau laisse peu à peu place à l'ancien.

Un monde dans lequel la notion de père et de mère n'existe plus, basé sur l'eugénisme (procréation d'être les plus sains possibles grâce à la science), où les embryons sont sélectionnés, triés puis rangés dans un ordre précis, correspondant aux premières lettres de l'alphabet grec : Les Alphas (dominants), les Bêtas, les Gammas, Les Deltas et enfin les Epsilons (plus laids et plus bêtes).



Impossible dans ce monde d'échapper à ce tri.



Mais possible de se retrouver avec une horde de jumeaux, afin de constituer une seule et même masse informe.



Impossible d'éviter les autres ! Toute volonté de solitude est à bannir, elle révèle au mieux un dysfonctionnement, au pire une volonté de rébellion.



Ni Dieu, ni grand amour, ni science à outrance, ni culture.



Tout est dans la maîtrise.



Un seul adage : faire régner l'ordre.



Et quoi de mieux, lorsque l'ordre social est compromis, que de faire avaler du somma en grosse quantité à la population ?



Et quoi de mieux, pour conditionner au plus tôt que l'hypnopédie ?

Le Meilleur des Mondes regorge de techniques pour créer l'état totalitaire le plus parfait…



Les deux héros Lénina, cette femme si pneumatique et Bernard Marx, cet Alpha dont on dit qu'il a certainement reçu la dose d'alcool des classes inférieures dans son bocal doivent se rendre dans une réserve qui a totalement échappé au conditionnement. Il sera temps alors de confronter deux mondes différents.



Aldous Huxley a écrit cette dystopie en 1932. Rêveur ou visionnaire ? Nous avons, depuis quelques décennies déjà, une partie de la réponse.


Lien : https://litteralfr.webnode.f..
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Le meilleur des mondes

Bien qu’il s’agisse d’une relecture, la première datant des années lycée, je parlerai de redécouverte totale car il ne m’en restait vraiment que des bribes, et encore surtout les images du début du roman (autant dire que j’avais beaucoup oublié, de là à me faire douter de l’avoir fini alors...).

J’ai apprécié la structure de l’ensemble et notamment la présentation de ce monde perçu par les personnages eux-mêmes, que ce soit la visite du centre d’incubation, la réserve des sauvages ou encore le cinéma sentant.

L’intrigue liée à deux personnages en particulier (Bernard et Lenina) est intéressante mais sera effacée au profit d’un troisième personnage, John le Sauvage.

Au cours de ma lecture, mon ressenti était très mitigé car si je mesurais la portée de ce roman, le style ne m’emballait pas plus que cela. Cela est dû, je crois, à ces (trop pour moi) nombreuses explications scientifiques, pourtant nécessaires. Puis je trouve que le narrateur affiche un certain retrait face à ses personnages qui fait qu’on ne s’y attache pas tant que cela. Il m’a manqué une plus grande part d’émotion pour être complètement captivée.

La présence de la littérature, de plus en plus souvent citée vers la fin, a joué un role de friandise.
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Le meilleur des mondes

Les dystopies de George Orwell ( 1984 ), de Ray Bradbury ( Fahreneït 451 ), d'Amélie Nothomb ( Péplum ) ont été à mon sens, des lectures fort intéressantes et fort enrichissantes ; Le Meilleur des Mondes, d'Aldous Huxley, le fut aussi. Tous ces auteurs ne sont pas visionnaires, en ce sens qui regardent juste le présent avec un peu de clairvoyance pour deviner l'avenir ; mais quand même... Quelle capacité à regarder le présent et à deviner ce qui sera bientôt, ce qui se prépare en ce moment-même ! Et quels écrivains, aussi ! Quel envoûtement que ce roman d'Aldous Huxley et quelle clarté dans les idées !

Un roman passionnant, sans temps morts. Et des idées claires et précises sur notre futur probable.

D'une intelligence rarement égalée.
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Le meilleur des mondes

Dans un monde futur, pas si lointain, un État mondial a placé les derniers humains « sauvages » dans des réserves. Les naissances se font désormais grâce à la culture de foetus, où les futurs hommes sont génétiquement conditionnés pour être heureux dans leurs prochains rôles à jouer dans la société. Dans cette société, le bonheur est devenu une obligation, une évidence. Plus de sentiments, donc plus de souffrance. Le meilleur des mondes... vraiment ?



Ce roman d'Huxley est un grand classique, un incontournable. Ce monde qu'il a crée est effrayant tant il est familier : aujourd'hui encore, notre société se rapproche de ce « meilleur des mondes », meilleur en apparence. Fascinant, terrifiant, ce livre est à lire pour tous les amateurs de SF !
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Le meilleur des mondes

Voilà un de ses livres qui m’aurait bien fait manquer mon arrêt de tram pour me rendre au travail – critère infaillible pour évaluer mon degré d’immersion dans un bouquin. Dès les premières pages, je m’exclamais presque à voix haute devant les descriptions de l’implacable usine à fabriquer des humains « stables ».



Publié en 1932, ce roman se présente comme une critique du fordisme, du communisme, et peut-être aussi comme une apologie du christianisme. Il décrit ce meilleur des mondes dans lequel l’homme serait débarrassé de toutes ses angoisses, jouissant d’un bonheur immédiatement omniprésent, où chacun est conditionné à vivre heureusement pour les autres. L’absurde atteint son paroxysme pour mieux trouver sa réponse dans l’art et la littérature. Shakespeare y est mis à l’honneur dans sa dimension la plus tragique et Voltaire n’est pas non plus en reste. Aldous Huxley a le génie de nous faire aimer nos angoisses, savourer nos absurdités comme des marques de notre humanité ô combien précieuse.
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L'art de voir

Pourquoi porter des lunettes seulement lorsqu’on ne voit plus ? Trouvant que la vente de lunettes ne rapportait pas assez, la chaîne « Lunettes pour tous » s’est récemment développée en suggérant que, si vous voyez encore bien, il serait peut-être temps de vous acheter une paire de lunettes afin de préserver votre capital mirettes. Vous voyez bien sans lunettes ? Passez quand même notre test. Comme la vue parfaite n’existe pas, on trouvera bien à vous refiler des verres adaptés pour que vous puissiez voir vos verrues sur le cul comme à travers une loupe. Tout le contraire de ce que préconise Huxley dans son bouquin s’évoquant à constituer un nouvel art de voir débarrassé de toute béquille ophtalmologique.





« Est-ce que les lunettes éliminent la cause du défaut de la vue ? Est-ce que les organes de la vue tendent à récupérer une fonction normale comme résultat du traitement par des lentilles ? La réponse à ces questions est non. Les lentilles neutralisent les symptômes, mais ne suppriment pas les causes de la vision défectueuse. Et loin de s’améliorer, les yeux pourvus de lentilles tendent à s’affaiblir progressivement et à exiger des verres de plus en plus forts pour la correction du vice de réfraction. »





Difficile à croire. Aldous aurait-il cherché à faire le buzz ? Parlerait-il d’un sujet qu’il ne connaît pas ? N’est-ce qu’une spéculation de plus ? La question se pose légitimement mais il faut savoir, avant toute chose, qu’Aldous n’était pas un youtubeur comme un autre, déjà parce que ça n’existait pas à son époque, ensuite parce qu’il n’était pas narcissiquement imbu de ses propos, comme tout youtubeur de base.





« Quasi aveugle à l’âge de seize ans, Aldous Huxley vécut jusqu’en 1939 avec une vision très déficiente. C’est alors qu’il découvrit la méthode du Dr W. H. Bates, une méthode de rééducation visuelle à base psychologique, qui lui permit en quelques mois de lire sans lunettes. »





Cette méthode de rééducation met en jeu des techniques comme celles du palming (faire le noir momentanément en posant ses paumes au-dessus des yeux), du sunning (habituer ses yeux à la luminosité), du flashing (lancer des coups d’œil rapides sans chercher à voir en détail un élément) ou du shifting (réhabituer ses yeux à la mobilité en leur apprenant à changer de direction souvent) dans une attitude qui est celle de la relaxation passive. Observant que les déficits visuels proviennent d’une utilisation non naturelle de l’instrument de l’œil, Aldous accuse le moi conscient d’être responsable d’une fixité du regard qui entraine un surcroît de tension et de fatigue, responsables de la détérioration de l’œil mais aussi du centre de la perception, le cerveau. La méthode de rééducation visuelle de Bates vise donc non seulement l’œil en tant qu’organe pouvant se détendre et adopter de saines conduites de visualisation mais aussi le cerveau en tant que centre de la perception, directeur de conscience et gestionnaire des émotions. On pourrait poursuivre les recherches à ce sujet en incluant quelques éléments de réflexion psychanalytiques sur le désir (défensif) de ne pas voir qui entraîne certains enfants à développer très jeunes une myopie sévère.





Bien entendu, pour idylliques qu’elles soient, ces méthodes semblent peu praticables à une époque où l’œil est sollicité quotidiennement à tous les âges de la vie (école, écrans, boulot, porno). Consacrer plusieurs semaines à la rééducation exclusive des ses yeux est un luxe que seul le chômeur peut s’accorder, lorsqu’il n’est pas obligé de consulter de nouvelles offres d’emplois tous les jours ou de régler ses litiges par mail avec son conseiller à la mémoire lunatique.





Maintenant, procédons à une expérience de pensée. Imaginons qu’Aldous ait été à Lunettes pour tous afin de corriger sa vision. Il serait reparti avec le pack complet d’accessoires pour binoclards. Sa vue aurait continué de baisser, année après année, mais peu importe car Lunettes pour tous lui aurait fourni de nouveaux verres de moins en moins bien remboursés par la sécurité sociale. Il n’aurait pas pu se payer du LSD pour s’ouvrir les portes de la perception. Les Doors se seraient appelés autrement, ils n’auraient peut-être pas eu autant de succès, ils auraient peut-être composé des chansons différentes, je n’aurais pas été à ce concert de reprises des Doors où j’ai roulé une pelle pour la première fois à mon premier copain – bref : ma vie aurait été complètement différente, peut-être même plus merdique qu’elle ne l’est déjà. Moralité de l’histoire : ne gâchez pas la future vie des autres en allant vous acheter des binocles chez Lunettes pour tous. Lisez Aldous à la place, et continuez d’écouter the Doors.

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Le meilleur des mondes

Plus qu'un simple roman de science fiction, j'ai abordé le meilleur des mondes comme un roman philosophique, qui pose des questions au lecteur telles que: quel est le prix du bonheur ? Et par extension qu'est-ce que le bonheur, lui-même ?

Au delà des questions éthiques qui tournent autour de la consommation de masse, du contrôle des populations et du système de castes, c'est surtout le sujet de la condition humaine et individuelle qui est abordé ici. Bien que l'horreur de cette nouvelle société saute aux yeux à première vue, ce n'est qu'au fil du livre que le lecteur se rend compte que le pire, dans tout ça, c'est peut être le caractère infantilisée, neutre, et fade de la vie que mènent ces personnages, malgré leur état de bonheur constant.

Un vrai coup de poing !
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Le meilleur des mondes

L'une des lectures obligatoires du temps où j'allais encore au collège. Évidemment à cet âge on n'y comprend rien et on ne peut en aucun saisir la portée, à mon sens, apocalyptique et politique, de ce roman.





Je l'ai relu cette année et je l'ai trouvé édifiant. Je pense même que tout le monde devrait passer quelques jours à lire ce roman a-fictionnel qui constitue un plaidoyer du Nouvel Ordre Mondial. Il n'est guère étonnant que le roman d'Huxley paraisse si moderne, puisqu'il ne s'agit pas d'une fiction mais d'un programme politique.





Aldous Huxley ne s'en cachait pas, et a même déclaré lors d'un discours : "Si vous pouvez obtenir le consentement de la population sur la situation dans laquelle elle vit, son état de servitude, il me semble que la nature de l'ultime révolution réside dans le développement d'une série de techniques qui permettra à l'oligarchie qui a toujours existé et qui existera toujours vraisemblablement, de faire aimer à la population sa propre servitude, qu'elle ne devrait pas apprécier selon des critères normaux." L'idée selon Huxley est de combiner des méthodes de terreur à des méthodes d'acceptation. Autrement dit, par la science et le progrès technologique, l'idée est de rendre la population aussi malléable et servile que possible pour qu'elle ne constitue plus un frein à l'oligarchie.





Si je me souviens bien, dans "Le Meilleur des mondes", la grossesse n'existe plus, le monde est ultra hiérarchisé en système de caste et chaque caste est satisfaite de sa condition et ne se pose aucune question, les bébés naissent exclusivement en éprouvette et le fait même de s'interroger sur l'ordre établi, est déjà une déviance extrême. C'est pour cette raison que l'homme "sauvage" qui constitue un personnage du roman, né du ventre d'une mère, ayant des sentiments humains réels, et non-formaté, passe pour "Elephant man" aux yeux de cette société occidentale ultra progressiste. On le présente comme un phénomène de foire, le trimbalant de soirée en soirée pour faire sensation. On le présente comme "l'homme de jadis", le monstre d'avant. Très vite, cet individu devient un danger puisqu'il remet en cause le totalitarisme idéologique établi. Pendant toute cette dernière partie, le roman est d'autant plus fascinant qu'il nous renvoie à nous-même, à ce que nous avons encore la chance d'être aujourd'hui, des êtres capables de penser, distincts les uns des autres, et libres de nos actions (dans la limite du possible).





Ce livre est assez effrayant en soi mais donne en 2017 l'impression qu'une très bonne partie du programme a déjà été mis à exécution et qu'il ne reste plus grand chose à faire pour que le succès de cette oligarchie dont parle Huxley, soit totale.
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Le meilleur des mondes

Brave New World

Traduction : Jules Castier



ISBN : 9782266128568





Oui, je sais, il est d'usage, trop souvent, de voir en "Le Meilleur des Mondes" un ouvrage de SF. Personnellement, ayant lu d'autres livres de son auteur, je préfère le placer dans notre rubrique "Littérature anglo-saxonne ..." où vous trouverez d'ailleurs également l'éblouissant "1984" de George Orwell.



Que dire du "Meilleur des Mondes" ? Avant tout que sa construction a quelque chose d'incontestablement foutraque. James Joyce a fait mieux puisque son "Ulysses" est beaucoup plus épais et rebondi et que, pour autant que je sache, l'Irlandais ne se livrait, en le rédigeant, à aucune expérience hallucinogène. Huxley au contraire aimait ce genre de choses, habitude qui, plus tard, lui permettra de devenir l'un des maîtres à penser des premiers hippies. (Nul n'ignore que c'est dans "Les Portes de la Perception", essai fameux d'Huxley sur ses expériences, que Jim Morrison, l'emblématique chanteur des "Doors", trouvera le nom du groupe qu'il avait formé avec Ray Manzanek.)



Foutraque, disais-je. Oui. Diablement foutraque. Parce que, dès le début - très, très lourd, même en anglais, langue plus "directe" et certainement plus pragmatique que le français - le lecteur se demande non seulement s'il aura la force de suivre - cette force, vu la théorie défendue par Huxley, on peut la trouver - mais aussi parce qu'il ne parvient pas à discerner avec netteté qui est un héros potentiel, qui ne l'est pas. Même dans les dystopies, on aime bien savoir à qui l'on a affaire. ;o)



Huxley - et c'est tout à son honneur, car le pari était gros - a choisi d'attaquer en entraînant d'office son lecteur au Centre d'Incubation et de Conditionnement de Londres-Central, dans une visite qu'y font des étudiants sans que leur soit épargné un seul service. Conditionnement : le mot est écrit, dit et répété et là où nous sursautons avec horreur, les personnages de l'auteur anglais se pâment d'émerveillement. Peu à peu, on comprend que le mode de procréation habituel aux mammifères, avec les relations parents-enfants qu'il suppose, a été remplacé par la conception par éprouvettes et le conditionnement des enfants, dès l'éprouvette même, afin qu'ils deviennent des citoyens "heureux".



La société idéale imaginée par Huxley repose sur cinq castes. Tout au haut de la pyramide, les plus beaux, les plus vigoureux et les plus intelligents, ceux qui peuvent prétendre à diriger, les Alpha - il y a aussi des Alpha-moins et des Alpha-plus, voire plus-plus mais, même si vous êtres un Alpha-moins, vous êtes tout de même quelqu'un qui compte. Juste au-dessous, les Bêta, "citoyens" eux aussi d'un niveau assez élevé. Puis viennent les Gamma, équivalent, en quelque sorte, de nos "classes moyennes". Mais après, ma foi, après, c'est la dégringolade des Delta et des Epsilon - parfois des Epsilon-avortons. Sachez que, pour conditionner ces derniers, on mêle, à un certain moment de leur développement en flacons, une dose excessive d'alcool au sang qui alimente leur plasma ...



Parfois, il peut y avoir des erreurs. Ainsi, Bernard Marx, l'un des personnages principaux, un Alpha de très haut niveau, qui est pourtant très peu heureux dans sa peau, passe pour avoir reçu une dose d'alcool alors qu'il était encore dans son flacon. Ce qui expliquerait sa petite taille, sa laideur et peut-être sa façon étrange de se conduire : il a beaucoup de mal à se faire des relations sociales et regarde avec mépris, même s'il s'en défend, la prise régulière de soma, ce "médicament" qui permet à n'importe quel membre de ce monde en théorie parfait de se mettre "en congé" de tout ce qui l'entoure en se plongeant dans une léthargie quasi-absolue pendant un, deux ou trois jours, voire plus.



Bernard n'a qu'un seul "ami", Helmholtz Watson, un Alpha lui aussi mais un Alpha physiquement dans les normes. Intérieurement, par contre, il présente toutes les caractéristiques de l'artiste et même de l'écrivain. Son rêve, d'ailleurs, c'est écrire de la poésie ... Vous imaginez l'horreur ? Côté sentiments, Bernard est amoureux fou de Lenina Crowne, une très jolie Bêta qui, selon les us et coutumes de l'époque, se fait régulièrement "prendre" (sic) par plusieurs hommes. (On notera que l'idée de l'homosexualité, du lesbianisme ou encore de la simple bisexualité est inconnue du Meilleur des Mondes.) Si le sexe a droit de cité, le sentiment exclusif, en revanche, est une déviance. Quant à l'idée de vivre en couple et d'avoir un enfant ... C'est bien simple : le mot "mère" est désormais un mot pornographique et le mot "père" - pour une raison non précisée mais qui m'a personnellement beaucoup amusée - relève pour sa part du domaine de la scatologie. (Oui, vous lisez bien et j'ignore tout des relations entretenues par Huxley avec son propre père. )



Lors de courtes "vacances" avec Lenina, Bernard visite une "réserve de Sauvages". Le couple de brillants Alpha a la stupeur d'y rencontrer John, plus tard surnommé "le Sauvage", et que Bernard tient à ramener à la "civilisation" en compagnie de sa mère, Linda, pour contrer une intrigue montée contre lui par le Directeur du Centre d'Incubation, etc, etc ...



Evidemment, tout cela va mal se terminer. Féru de Shakespeare - le titre anglais du livre est d'ailleurs tiré de "La Tempête" - John est d'abord fasciné, puis épouvanté par la société qu'il découvre. Comme il le dira lui-même, "il y a des choses agréables" mais ...



Le "mais" terrible qu'inspire "Le Meilleur des Mondes" ... Avec toute une foule de questions. Car, l'Administrateur Mustapha Menier, à la toute fin du roman, a beau expliquer (et il est sincère) que, au départ, ce cauchemar a été créé pour rendre les gens heureux et faire taire toutes les guerres - c'est curieux, ça me fait penser à autre chose, ce genre de raisonnements, mais à quoi, déjà ? - il n'en reste pas moins que sont devenus vérités d'Evangile une Génétique en folie qui frôle l'eugénisme pur et dur, un insoutenable contrôle physique et mental des êtres, une dictature qui ne dit pas son nom mais s'impose partout, un pseudo-progrès qui a beaucoup du Grand-Méchant Loup cherchant à dissimuler son sourire hideux sous le bonnet de nuit de la bonne Grand-Mère qu'il vient de dévorer, une mauvaise foi étatique absolue - si la société est si parfaite, pourquoi ses membres doivent-ils, sous peine de "péter les plombs", il n'y a pas d'autres termes, prendre régulièrement les doses de soma que leur distribue l'Etat ? - et bien entendu la mise au ban de la société toutes sortes de question morales et spirituelles.



Mais ce que, faute de mieux, nous nommerons ici "le spirituel" résiste. Ainsi, Linda, pourtant conditionnée dès son flacon pour ne jamais s'occuper d'un enfant, ne peut s'empêcher, malgré tout, d'aimer John. Peut-être pas avec toute l'intensité d'une mère non conditionnée mais n'empêche : l'instinct se réveille. Et cet aspect du récit est d'ailleurs l'un des plus importants. De son côté, même s'il rit sans contrainte de "Roméo et Juliette", Helmholtz ne peut renoncer à la poésie, à la créativité débridée. Jusqu'à Mustapha Menier qui, dans sa jeunesse, s'est vu lui aussi menacer de déportation dans une île parce qu'il aimait un peu trop la physique ... et l'abstraction.



"Le Meilleur des Mondes" est un roman qu'il faut lire. Pourtant, je le répète, il est construit à la va-comme-je-te-pousse, dans un style lourd et donne l'impression fréquente de vouloir bourgeonner dans tous les sens. Le changement de "personnalité" de Bernard après son retour de la "Réserve" ne paraît pas non plus très naturel. Cela dit, je pense que ma lecture de ce livre a souffert du fait que j'ai lu "1984" en premier. Si légitimes que soient les questions soulevées par Huxley dans son "Meilleur des Mondes", sa technique et la forme d'absurdité qu'il a choisie pour traiter son récit, elles ne tiennent pas la route devant la solidité d'Orwell, sa détermination, son aisance dans la construction de son livre ainsi que la grande cohérence qu'il donne au psychisme de ses personnages.



Mais bien sûr, ce n'est là qu'un avis personnel. ;o)
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Le meilleur des mondes

Ma chronique doit forcément être décalée vu que tout a été dit sur ce livre depuis 90 ans. Eh oui, incroyable, ce livre est d'une modernité telle qu'on pourrait le croire fraichement sorti de l'esprit des trompe-la-mort qui nous préparent un avenir… certain ! Lire à ce sujet (en dernier) la préface de 1946 de l'auteur. Un vrai bijou prémonitoire sur nos dictatures modernes.



'Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes', c'est du Voltaire.

'Brave New World' est le titre anglais, tiré d'un vers de Shakespeare.



L'auteur l'a écrit en quatre mois dans le sud de la France. Ca lui donne un style incroyable, pouf, pouf, pouf, direct au but ! On se demande parfois ce que pense l'auteur lui-même et il s'est bien lâché. C'est pourtant un immense penseur et théoricien de l'Utopie.



Dans ce roman, les femmes sont (presque) toutes pneumatiques et c'est génial de pouvoir profiter d'une telle liberté sexuelle. Le soma est le médicament-drogue idéal, sans effets secondaires. Grâce à lui on vit enfin réellement. Car le reste du temps, on ne rêve pas, vu qu'on n'est qu'un numéro.

Ca rue parfois dans les brancards et des flacons de spermatozoïdes se renversent, pas grave.



Nous rigolons bien à la lecture, les situations et idées sont jubilatoires. Le totalitarisme ici ne fait pas de mal, il a compris qu'il fallait endormir les masses par le bonheur et le plaisir. Les quelques déviants sont traités gentiment. Le Sauvage est un personnage central de la deuxième moitié, mais il est fort décevant car il porte toute la culpabilité judéo-chrétienne de notre société. Il est le dernier témoin, sorti de sa Réserve, portant encore des valeurs infâmes comme la famille !



Ah la famille, cet espèce de cloaque malsain ! Le pire des maux. Rien que l'idée d'un père ou d'une mère met tout le monde en émoi. Et la culture, cette perversion et perte de temps ! Il faut forcer les gens à consommer des choses payantes, à aller au cinéma sentant et à prendre les transports.



Vous comprendrez que j'ai été épaté par toutes ces remarques fort bien vues concernant la société. La culture, la science, la religion, le bonheur, les masses laborieuses, tout y passe. Avec du Shakespeare en prime !



'La vie marche vers les utopies' selon Berdiaeff


Lien : https://www.patricedefreminv..
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