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Citations de Alejandro Zambra (25)


Lire, c'est se cacher le visage. Et écrire, c'est le montrer.
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Pendant que les adultes tuaient et étaient tués, nous dessinions dans un coin. Pendant que le pays s’effondrait par morceaux, nous, nous apprenions à parler, à marcher, à plier les serviettes en forme de bateaux, d’avions.
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Mieux vaut apparaître dans aucun livre
Que les phrases se refusent à abriter
Notre vie sans musique et sans paroles
Notre ciel sans les nuages d'aujourd'hui
Tu ne sais pas s'ils reviennent ou s'en vont
Les nuages quand ils changent si souvent
De forme et que nous croyons continuer
A habiter ce lieu que nous avions quitté
Quand nous ne connaissions pas les noms
Des arbres
Quand nous ne connaissions pas les noms
Des oiseaux
Quand la peur était peur et que n'existaient pas
L'amour de la peur
Ni la peur de la peur
Et que la douleur était un livre interminable
Que nous feuilletions quelquefois au cas où
Nos noms y seraient écrits à la fin.
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Julio esquivait les histoires sérieuses, se cachait non pas des femmes, mais du sérieux, puisqu'il savait que le sérieux était autant sinon plus dangereux que les femmes.
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"Tantalia" est l'histoire de deux amants qui décident d'acheter une petite plante et de la conserver comme un symbole de l'amour qui les unit. L'un et l'autre comprennent trop tard que, si la plante meurt, avec elle mourra aussi l'amour qui les unit. Et que, comme l'amour qui les unit est immense et qu'aucune raison ne saurait les amener à le sacrifier, ils décident d'aller perdre la petite plante au milieu d'une multitude de petites plantes identiques. Vient ensuite le chagrin, le malheur de savoir qu'ils ne pourront plus jamais la retrouver.
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Julio esquivait les histoires sérieuses, se cachait non pas des femmes, mais du sérieux, puisqu'il savait que le sérieux était autant sinon plus dangereux que les femmes.
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Mais je suis contre la nostalgie.
Non, ce n'est pas vrai en fait. J'aimerais être contre la nostalgie. Où que je regarde, il y a quelqu'un qui renouvelle son serment au passé. Nous nous rappelons des chansons qu'en réalité nous n'avons jamais aimées, nous revoyons nos premières petites amies, des camarades de classe avec lesquelles nous ne sympathisions pas. Nous ouvrons les bras à des gens que nous bannissions.
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Au lieu d'écrire, j'ai passé la matinée à boire des bières et à lire Madame Bovary. Aujourd'hui, je me dis que c'est ce que j'ai fait de mieux ces dernières années, boire beaucoup de bière et relire un certain nombre de livres avec dévotion, avec une étrange fidélité, comme s'il y palpitait quelque chose de personnel, une piste pour trouver un destin. D'ailleurs, lire lentement, nonchalamment, rester couché dans son lit pendant des heures, sans jamais laisser se reposer ses yeux qui brûlent, c'est le parfait alibi pour attendre la tombée de la nuit. Et c'est tout ce que j'attends : que la nuit tombe vite.
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Parmi tous ceux qui étaient là, j’étais le seul à venir d’une famille sans morts et cette constatation m’avait rempli d’une étrange amertume : mes amis avaient grandi en lisant les livres que leurs parents ou leurs frères, leurs sœurs morts avaient laissés chez eux. Mais il n’y avait pas de morts dans ma famille, ni de livres.
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A la fin, elle, elle meurt et lui reste seul, même s'il était en réalité resté seul plusieurs années avant sa mort d'Emilia. Mettons qu'elle s'appelle ou s'appelait Emilia et que lui s'appelle, s'appelait et continue à s'appeler Julio Emilia. A la fin, Emilia meurt et Julio ne meurt pas. Tout le reste est littérature.
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"Quand la peur était peur et que n'existaient pas
L'amour de la peur
Ni la peur de la peur
Et que la douleur était un livre interminable
Que nous feuilletions ensemble quelquefois au cas où
Nos noms y seraient écrits à la fin."
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Pourquoi faut-il recueillir les histoires, est-ce que par hasard elles n’existent pas toutes seules?
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- Au Chili, nous avons des supers paysages et du bon vin, mais, pour moi, personnellement, le meilleur, c'est la poésie, dit Pato. C'est le seul truc vraiment bon. C'est le seul truc pour lequel on a gagné le mondial. Deux fois le mondial, deux fois le championnat du monde. On est deux fois champion du monde de poésie, c'est le seul truc pour lequel on a la preuve qu'on est bon.
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[...] il l'avait suppliée de lui donner au moins les six premiers chiffres, ce qu'elle avait trouvé si marrant qu'elle avait fini par lui donner les cinq premiers.
Le lendemain, Gonzalo se posta devant le téléphone jaune au coin de la rue, la poche pleine de pièces de 100 pesos, et procéda par ordre ascendant (du 00 au 04), tout de suite après il décida de changer pour l'ordre descendant (de 99 à 97), puis se laissa porter par ses impulsions (0ç, 67, 75) et s'embrouilla tant et si bien qu'il lui fallut noter les numéros sur le bloc où il ébauchait ses poèmes. L'opération commençait à prendre des allures éternelles, sans compter le gaspillage - le téléphone du coin était devenu une sorte de machine à sous et Gonzalo un ludopathe déchaîné, et un voleur, en plus, car son argent de poche du mois et la monnaie du pain n'y suffisant pas, il devait visiter chaque jour le portefeuille de ses parents. [...]
Alors que pointait la certitude que son entreprise était condamnée à l'échec, Gonzalo tomba juste avec le 59. Lors du premier appel, Carla se montra plutôt réticente, elle avait du mal à comprendre une si grande persévérance, mais ils se parlaient tous les soirs quelques minutes, presque toujours le temps que duraient 200 ou 300 pesos [...]
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Il y a une pulsion quand on écrit sur du papier, un bruit que fait le crayon. Un équilibre étrange entre le coude, la main et le crayon.
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Quand je serai grand, je serai un personnage secondaire, dit un petit garçon à son père.
Pourquoi ?
Pourquoi quoi ?
Pourquoi veux-tu être un personnage secondaire ?
Parce que le roman, c'est ton roman.
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Entre Emilia et Julio s'établit alors une liaison remplie de vérités, de révélations intimes, lesquelles créèrent bientôt une complicité dont ils voulurent penser qu'elle était définitive. C'est donc une histoire légère qui devient pesante. C'est l'histoire de deux étudiants épris de vérité, avide de disperser de ces phrases qui paraissent vraies, de fumer des cigarettes éternelles et de s'enfermer dans la violente satisfaction de ceux qui se croient meilleurs, plus purs que le reste, que ce groupe immense et méprisable qui s'appelle le reste.
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Rapidement ils apprirent à avoir les mêmes lectures, les mêmes pensées, et à dissimuler leurs différences. Très vite, ils façonnèrent une vaniteuse intimité. Au moins pendant cette période-là, Julio et Emilia parvinrent-ils à se fondre ensemble et ne plus former qu'un paquet. Ils furent heureux, en somme. Ça ne fait pas de doute.
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C'est une pensée accablante, une sortie qui conduit vers la nuit la plus noire, vers la plus complète obscurité, mais aussi vers la pénombre et parfois, lentement, vers quelque chose comme la clairière d'une forêt. Ces fantasmes sont normaux, mais ce n'est pas commun pour un parent de l'avouer. Au fil des années j'ai pensé des milliers de fois, par exemple, que si tu n'étais pas né j'aurais eu besoin de moins d'argent, ou que j'aurais pu me perdre des semaines sans me préoccuper de personnes. J'aurais pu dilater ma jeunesse de plusieurs années. Et j'aurais même pu me tuer, je veux dire : la première conséquence de ta naissance fut qu'à partir de cet instant je ne pouvais plus me tuer. Quand un ami sans enfant me parle de ces petites blessures dans lesquelles, à force de farfouiller oisivement, il a trouvé le désespoir et l'angoisse infinis, je ne lui dis pas ce que je pense, qui est ceci : pourquoi est-ce que tu ne te tues par une bonne fois pour toutes.
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Il existait un bien meilleur système, celui de l'annulation, car quand on se sépare ce que l'on veut est croire que l'on n'a jamais été marié, que cette personne avec laquelle on a voulu partager sa vie entière n'a jamais existé. L'annulation était le meilleur moyen d'effacer l'ineffaçable.
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