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EAN : 9782743622909
91 pages
Payot et Rivages (09/11/2011)
2.98/5   20 notes
Résumé :

Julio tombe amoureux d'Emilia. Leur histoire est belle, faite de plus d'omissions que de mensonges et de moins d'omissions que de vérités. Mais leur amour finit et Emilia disparaît. Des années plus tard, son amie Anita part la chercher à Madrid. Pendant ce temps, Julio décide de se consacrer à la culture du bonsaï. Des personnages qui se croisent sans jamais se rencontrer, telle est la trame de Bonsaï. Alejandr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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« bonsaï » est le premier roman (2006) de l'écrivain chilien Alejandro Zambra, traduit par Denise Laroutis (2015, Payot & Rivages, 108 p.).
« A la fin, elle, elle meurt et lui reste seul, même s'il était en réalité resté seul plusieurs années avant sa mort à elle, la mort d'Emilia ». Voilà que cela commence bien, il y aura moins de dialogues. A moins que dans un long retour arrière, on ne reparle des liens entre Julio et Emilia. « A La fin, Emilia meurt et Julio ne meurt pas. Tout le reste est littérature ». Hélas… Mais il est vrai que c'est son premier roman, et qu'il est chilien, donc comparé à Roberto Bolaño.
Donc, un petit livre, en cinq parties « Un Paquet », « Tantalia », « Emprunts », « Restes », et « Deux Dessins ». Avec les pages de garde, cela fait moins de 100 pages de 24 lignes chacune, à une quarantaine de signes par ligne, soit moins de 100 000 signes en tout. Deux heures de lecture en tout. Avec peu de mots difficiles, sauf « follar ». Car « au Chili, si on ne fait pas l'amour, on ne peut que niquer ou forniquer ». Zambra préfère le mot « follar », classé comme vulgaire, pour désigner l'occupation, dont son protagoniste pratique assidument. Quoique, à lire attentivement la suite, on a plutôt l'impression que c'est du touche pipi que d'un érotisme débridé, désignée d'ailleurs par « découverte des affinités émotives ». Par contre, je ne sais si c'est un lapsus de traduction ou non, mais lire qu'Emilia part vivre à Madrid, « ville où elle allait « follar » pas mal, non plus avec Julio, mais ; fondamentalement, avec Javier Martinez, et avec Angel Grarcia Atienza, et avec Julian Albuquerque », je me pose des questions sur la signification et positionnement de l'adverbe, plus que sur sa quantification.
S'ailleurs, dans la page suivante, on apprend que « le premier petit copain d'Emilia était maladroit ». Mais « sa maladresse ne manquait pas d'authenticité ». Deux énoncés qui me laissent tout autant dubitatif quant à la traduction de « follar ». Tout en étant vulgaire, mais est-ce une caractéristique de l'Amérique du Sud, le terme de « culear » eût été plus idoine.
Pour revenir aux fondamentaux, on passe au chapitre « Tantalia ». Quoi est-ce ? Un texte de Macedonio Fenandez (1874-1952) écrivain et poète, et surtout directeur de la revue « Martin Fierro ». Nous y revoilà. le grand mythe sud-américain. « Tantalia » un opuscule publié en 1930, réédité (1973, Ediciones Anzilotti, Buenos Aires, 20 p.), en sept couleurs sous coffret, mais traduit, allez savoir pourquoi, en thai (2016, พันหนึ่งราตรี, 64 p.) avec un ISBN pour les amateurs (9786168051009).
Bref, une histoire (de 1930) entre un jeune homme et une jeune femme, Ella. « Une très longue histoire que personne ne connaît bien, une histoire commune, dont la seule particularité est que personne ne sait bien la raconter ». Ou un très court roman d'une centaine de pages, mais c'est « une histoire simple qui se complique ».

Histoire dans laquelle du trèfle offert par la femme représente leur amour. On n'est pas loin de Io et Zeus. S'il mourait (le trèfle), non seulement leur amour serait brisé. Mais cela signifierait aussi la vie de l'une ou l'autre des parties. « Je l'ai imité jusqu'à transcrire. Au point d'être voué et fou au plagiat. Je sens que Macedonio est métaphysique. Il est littérature » ou plus prosaïquement « bête à manger du foin ». de fait « « Je nie la Mort, il n'y a pas de Mort même en tant que dissimulation d'un être pour un autre, quand pour eux il n'y avait que de l'amour ; et je ne le nie pas seulement comme mort à lui-même. S'il n'y a pas de mort de celui qui a ressenti une fois, pourquoi n'y aurait-il pas la cessation totale, l'anéantissement du Tout ? ». C'est beau comme de l'aède antique ». Quasiment un hymne au trèfle « Tout ce qu'un trèfle veut et tout ce qu'un homme veut est donné et refusé ». Et le dilemme atroce qui s'ensuit « Sa pensée connaissait l'égale possibilité du Néant et de l'Être, et croyait intelligible et possible une substitution du Tout-Être au Tout-Rien ». Mais vient la fin, belle comme un coucher de soleil chilien. « Un jour, le Sauveur-de-l'Être viendrait… ». « Mais elle est venue un jour ». Et la chute (du texte). « Alors la Cessation est potentiellement causée ; nous pouvons l'attendre Mais la recréation miraculeuse de l'amour conçue en même temps par l'auteur luttera peut-être avec celui-là ou triomphera plus tard après la réalisation du Non-Être. En vérité, le continuum psychologique conscientiel est une série de cessations et de recréations plutôt qu'un continuum. je les ai vus s'aimer encore; mais je ne puis le regarder ni l'écouter sans une soudaine horreur. J'aurais aimé qu'il ne m'ait jamais fait sa terrible confession ».
Retour à Emilia et Julio. Ce dernier qui ment en disant qu'il a lu Marcel Proust. Ce qui illustre niveau de la drague au Chili…. L'histoire de deux personnes qui se mentent. Afin de pouvoir créer leur propre vérité, étrangère et lointaine, ce qui finit par les rendre lointains et étrangers. L'histoire de deux personnages, destinés à se perdre depuis qu'ils se sont trouvés. C'est, comme le dit le narrateur « une histoire légère qui devient lourde ». Un roman qui, comme un bonsaï n'est pas un arbre, un roman plus qu'un court roman ou bien une longue histoire qui serait un résumé de roman ou, précisément, un roman-bonsaï. Pour un premier roman, c'est une histoire courte qui narre un tas de choses. D'ailleurs, tout y et résumé dans le premier paragraphe. Plus ou moins, une théorie de l'écriture et de la littérature qui va avec. « A quoi ça sert d'être avec quelqu'un si ça ne va pas changer ta vie ? ». Et pour définir son livre-bonsaï. « À la fin, elle meurt et il reste seul, bien qu'en réalité, il ait été seul plusieurs années avant sa mort ».
Enfin, le début devenu fin, ou la fin qui n'est qu'un début. « Une fois sorti de son pot de fleurs, l'arbre cesse d'être un bonsaï ». Des personnages qui ne le sont pas, et s'ils le sont, ils n'ont pas d'importance. En fait, le livre est résumé dans son premier paragraphe. Une sorte de théorie de l'écriture et de la littérature. « A quoi ça sert d'être avec quelqu'un si ça ne va pas changer ta vie ? C'est ce qu'il a dit, et Julio était présent quand il l'a dit : cette vie n'avait de sens que si tu trouvais quelqu'un qui la changerait pour toi, qui détruirait ta vie ».
La vie continue alors pour Julio. Il a besoin d'argent, donc il vend ses livres, plutôt bien.et il se met à écrire. Il a déjà le titre. Ce sera « bonsaï ». « Un bonsaï est une réplique artistique d'un arbre, en miniature. Il se compose de deux éléments : l'arbre vivant et le contenant. Les deux éléments doivent être en harmonie et la sélection du pot approprié pour un arbre est presque une forme d'art en soi ». En plus du titre, il y trouve la matière. « Soigner un bonsaï, c'est comme écrire, pense Julio. Écrire, c'est comme soigner un bonsaï, pense Julio ».
On en arrive à la fin du court roman, ou de la longue nouvelle. Un roman bonsaï lui aussi, ce qui ne va pas de soi lorsque l'on écrit un premier roman. Il faut dire que les incipits donnaient déjà la tonalité de la suite. Deux pour faire joli. « Les années ont passé et la seule personne qui n'a pas changé était la jeune femme du livre ». Elle est de Yasunari Kawabata. La seconde est de Gonzalo Millan « La douleur est mesurée et détaillée ».
On retrouve cette obsession de l'arbre qui pousse dns un autre de ses livres « No Leer » (Ne pas lire) publié plus tard (2010, Anagrama, Editorial S.A, 320 p.). C'est sous la forme de « l'histoire d'un homme qui, au lieu d'écrire – de vivre – a préféré rester chez lui à observer la croissance d'un arbre ». Et de fait, Alejandro Zambra écrit, comme le lui a conseillé Jorge Luis Borges « d'écrire comme s'il écrivait un résumé d'un texte déjà écrit ».

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bonsaï premier roman du chilien Alejandro Zambra...Incertitude est la maitre mot de ce roman. Un mirage caresse les mots, le temps n'existe pas, les personnages deviennent irréels, tout devient un songe, Alejandro aspire ses souvenirs dans une nébuleuse mélopée amoureuse, une recherche du temps qui passe comme Proust dans son chef-oeuvre .Ce court roman est une étoile filante où le flou s'habille dans le vaporeux voyage des souvenirs.Fallor unit deux adolescents dans une passion charnel intense, la littérature devient un rituel érotique, la page 373 d'un amour de Swann sera la rupture, l'oscillation s'amuse joliment de nos émotions perdues ou bien retrouvées.
L'amour erre comme fantôme dans les veloutes de ce Chili lointain, une femme meurt réveillant les prémisses amoureux, toujours immuable dans le coeur de cet homme encore vivant. Puis Tantalia de Macedonio Fernandez cristallise cette aventure d'un plante unifiant le couple à la vie de cette plante, comme un ersatz lointain notre amoureux sculpte un bonsaï, mémorial de son amour ancien, où d'une aventure actuelle....Venez vous perdre dans ce songe d'Alejandro Zambra .
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Une histoire banale à souhait. Un homme, une femme, ils s'aiment, puis ne s'aiment plus.

Zambra choisit toujours des personnages secondaires, dont personne n'aurait parlé, s'il ne les avaient placés en protagonistes de ses romans.

Et voilà, j'ai préféré, de loin, son aussi court roman intitulé "Personnages secondaires", qui présentait cette dimension supplémentaire de personnes qui, dans leur banalité, avaient subi la dictature et l'avaient acceptée ou non.

Ici, il n'y a rien de plus que l'histoire d'amour sauf qu'elle est, joliment, présentée comme un cycle, que l'on devine infini.

Ce livre s'inscrit certainement dans l'imaginaire de cet auteur mais il faudrait en lire davantage pour mieux le cerner.
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Chose que je fais & que je devrais pas faire : quand j'entends parler d'un tout nouveau livre d'un auteur que je connais pas (dans ce cas-ci : Alejandro Zambra & 'La vie privée des arbres'), je m'empresse de me pitcher sur le catalogue du réseau des bibliothèques de Québec pour voir s'il aurait pas écrit autre chose avant ce nouveau livre que j'ai vraiment envie de lire, & c'est ces efforts précédents, s'il y en a, que j'emprunte. (Je pense que ma justification intérieure c'est quelque chose comme : « aaah, comme ça je vais pouvoir lire toute son oeuvre & SUIVRE SA PROGRESSION!! »)

D'où 'Bonsaï'.

Petit roman frêle qui n'atteint même pas les cent pages (donc plus une novella, je pense?), le premier livre d'Alejandro Zambra parle d'un jeune homme & d'une jeune fille, Julio & Emilia -- mais pas tellement. Il parle aussi de littérature -- mais pas directement. Il parle même de la culture des bonsaïs -- mais pas exactement. En fait, c'est un livre qui aborde beaucoup de choses sans jamais faire autre chose que les frôler. Je crois que c'est endurable parce que le roman est aussi court, & aussi parce que l'auteur, je sais pas trop comment, réussit à faire couler le semblant de récit, malgré toutes les choses qu'il évite & fait mine d'oublier, le faire couler & nous entourbilloner dedans, jusqu'à atteindre, on se demande comment, l'émotion.

Petite lecture étrange & pas désagréable. J'ai encore envie de lire 'La vie privée des arbres'. Mais ne pas lire 'Bonsaï' n'aurait pas été une catastrophe, je pense.
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Voici le premier livre d'un auteur chilien né en 1975, assez original.

Il nous livre sous forme d'un très court roman (à l'origine 40 pages en word !), l'histoire de Julio et Emilia, deux jeunes étudiants amoureux, mais surtout amoureux de la littérature. Ils vivront leur aventure amoureuse comme des gens de leur époque et la vie va les séparer.
Puis Julio (probablement l'alter ego de Zambra) apprendra qu'elle est morte et saura qu'il l'aime encore , qu'il ne l'a pas oublié et il voudra écrire leur histoire en élaguant de plus en plus le récit, comme s'il élaguait un bonsai, en gardant le minimum afin que le lecteur se raconte lui même cette histoire, selon comme il la voit.
Il paraît que les romans de cet écrivain comportent beaucoup d'autobiographique. J'ignore la qualité de la traduction française car j'ai la chance de pouvoir le lire dans sa langue vernaculaire, qui est assez coloquiale d'ailleurs, comportant des mots orduriers à la façon des jeunes.

Ce roman aérien est le royaume de la litote ! Dire le moins pour signifier le plus. Aussi il y a là dedans des histoires symétriques et des effets de boîtes chinoises assez intéressants.
Je pense que cet ouvrage offre plusieurs niveaux de lecture et cela est plaisant et donne envie de lui lire d'autres publications.

Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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critiques presse (1)
Telerama
04 novembre 2015
A la fois poétique et déstabilisant, le récit refuse les effets de style, préférant une narration mystérieuse et contemplative qui rappelle Roberto Bolaño.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
"Tantalia" est l'histoire de deux amants qui décident d'acheter une petite plante et de la conserver comme un symbole de l'amour qui les unit. L'un et l'autre comprennent trop tard que, si la plante meurt, avec elle mourra aussi l'amour qui les unit. Et que, comme l'amour qui les unit est immense et qu'aucune raison ne saurait les amener à le sacrifier, ils décident d'aller perdre la petite plante au milieu d'une multitude de petites plantes identiques. Vient ensuite le chagrin, le malheur de savoir qu'ils ne pourront plus jamais la retrouver.
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Entre Emilia et Julio s'établit alors une liaison remplie de vérités, de révélations intimes, lesquelles créèrent bientôt une complicité dont ils voulurent penser qu'elle était définitive. C'est donc une histoire légère qui devient pesante. C'est l'histoire de deux étudiants épris de vérité, avide de disperser de ces phrases qui paraissent vraies, de fumer des cigarettes éternelles et de s'enfermer dans la violente satisfaction de ceux qui se croient meilleurs, plus purs que le reste, que ce groupe immense et méprisable qui s'appelle le reste.
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A la fin, elle, elle meurt et lui reste seul, même s'il était en réalité resté seul plusieurs années avant sa mort d'Emilia. Mettons qu'elle s'appelle ou s'appelait Emilia et que lui s'appelle, s'appelait et continue à s'appeler Julio Emilia. A la fin, Emilia meurt et Julio ne meurt pas. Tout le reste est littérature.
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Julio esquivait les histoires sérieuses, se cachait non pas des femmes, mais du sérieux, puisqu'il savait que le sérieux était autant sinon plus dangereux que les femmes.
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Julio esquivait les histoires sérieuses, se cachait non pas des femmes, mais du sérieux, puisqu'il savait que le sérieux était autant sinon plus dangereux que les femmes.
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