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Citations de Alessandro Perissinotto (22)


Non moins faméliques et féroces que ces chiens, cette fois les assaillants étaient des hommes et des femmes de Chiomonte et des villages voisins et, à la place du chat, acculé contre le mur de l'église, Colombano.
— Assassin ! Brigand ! À mort ! À la potence !
La foule débitait son répertoire habituel.
Colombano avait réussi à agripper l'anneau de salut scellé entre les pierres de l'église, et le serrait des deux mains, regardant autour de lui sans comprendre. La masse hurlante s'était arrêtée à quelques pas de lui, les plus excités au premier rang avec fourches et bâtons : lequel parmi eux aurait le courage de violer le droit d'asile sacré que conférait l'anneau à celui qui l'avait entre les doigts ? Personne, probablement, bien que l'espace vide devant Romean se réduisît peu à peu, la foule devenant toujours plus compacte. Ippolito commença à la fendre en traversant la place. Au début, il lui suffit d'avancer avec décision, mais à mesure qu'il progressait, l'entrelacs de corps devenait de plus en plus difficile à déchirer ; il devait se plier, jouer des coudes, se mettre de biais, subir des bourrades dans le dos et se protéger estomac et bas-ventre de coups plus ou moins involontaires. À la fin, à peu de pas maintenant de l'objet de la fureur collective, il fut obligé de déplacer de tout leur poids les personnes qui lui faisaient obstacle.
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- Un Russe.
- Tu aurais pu le dire tout de suite. Un Russe mort, c'est toujours une bonne nouvelle.
- Ne plaisante pas. Un Russe mort, c'est un bordel diplomatique pas possible. Surtout en ce moment.
- Rapport à l'Ukraine ?
- Entre autres. Tu vois bien que ces mecs-là ne lâchent rien. Pour eux, l'Empire soviétique existe toujours. En tout cas, il vaut mieux se dépêcher de découvrir comment ça s'est passé. (p. 14)
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De toutes les villes d'Estonie, Narva lui paraissait la plus sombre : une motte de terre de Russie soviétique abandonnée derrière la frontière. Autrefois, à la télévision, il avait entendu un comique dire : "Les Soviétiques ont rasé Narva en 1944, l'ennui c'est qu'ensuite ils l'ont reconstuite." (p. 71)
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Kurismaa le regard, contrit:
Docteur, vous voyez les séries américaines où la scène du crime reste intacte jusqu'à l'arrivée de la Scientifique?
L'autre acquiesça d'un sourire, imaginant la suite.
- Ici, chez nous, nous sommes plus créatifs: non seulement nous n'avons pas laissé la crime zone intacte, mais nous l'avons même expédiée en Russie. Dit autrement, nous n'avons pas la bouteille.
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Colombano l'étranger, Colombano le voyageur, Colombano l'assassin, Colombano le sorcier, Colombano était de plus en plus rejeté par tous les autres.

Quatrième strophe, p. 123
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C’est ainsi que, à l’aube du quatrième jour ayant suivi la découverte des cadavres, Ippolito convoqua en sa présence, sur la place, les deux syndics de Chiomonte, le curé et le forgeron, ce dernier accompagné de son apprenti. Le petit comité ainsi constitué se dirigea vers le clocher, dont la cime pointue et élancée par rapport à la masse se découpait sur un ciel passant tout juste du bleu sombre de la nuit à l’azur d’une journée qui s’annonçait claire. Au pied du clocher se trouvait une porte étroite, mais si solide que le bélier des assauts d’antan n’aurait pu l’abattre. Pour la débloquer, les syndics ouvrirent un coffret que renfermait une niche abritée dans le mur de l’abside. Le forgeron, aidé par son apprenti, y prit une clef en fer si lourde que les deux avaient du mal à la porter ; ils la tournèrent péniblement dans le trou de la serrure pour en déplacer avec son panneton les innombrables verrous.
S’étant acquittés de cette tâche, le forgeron et le prieur s’en allèrent, chacun retournant à ses occupations ; Leonardo Beaudia, l’un des syndics, allait les imiter.
- Leonardo, le rappela le juge, il s’agit encore d’ouvrir les armoires.
Sans avoir jamais eu accès aux archives, Ippolito savait que les documents les plus importnts étaient enfermés dans des placards recouverts de lames métalliques pour protéger de la vermine le patrimoine diplomatique. Ces placards étaient munis d’une double serrure que seuls les deux syndics ensemble, chacun avec sa clef, pourraient ouvrir. Comme on le lui avait expliqué, en avait décidé ainsi, deux siècles auparavant, le judicieux Prévôt Fioccardo Berard, protecteur des arts et de la culture, qui avait attiré vers lui des bibliothécaires des abbayes les plus prestigieuses du marquisat de Saluces.
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Tôt ou tard, ça devait arriver ; il était inévitable qu'à un moment donné de la conversation Pärn laisserait le sarcasme prendre le dessus. Ce n'était pas une faute de goût, mais une stratégie de survie : rire de tout, y compris de la mort, surtout de la mort, c'était le seul moyen de continuer à faire triompher la vie là aussi, à la morgue, trois mètres sous terre. (p. 43)
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Quand on inventera un réseau asocial, je serai le premier à m'y inscrire et, naturellement, j'espère y être le seul
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A une certaine heure, tout de suite après le crépuscule, la neige s'illumine et devient beaucoup plus claire que dans la journée. C'est une magie transitoire, éphémère comme une aurore boréale, mais qui offre au conducteur des moments de grâce. Dans cette blancheur, même une Lada d'avant la perestroïka prenait des allures de vaisseau spatial.
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La vengeance ne punit pas les vrais coupables, la vengeance ne punit personne, elle apaise la douleur de quelqu'un et verse du sel sur les plaies des autres.
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Il comprenait que le nombre ne mesurait pas le désespoir : cinq cents victimes ou une seule, cela ne changeait rien, non pas que le malheur de beaucoup réduisît celui de chacun, mais parce que au contraire la douleur de chacun était déjà aussi vaste que l'univers, et qu'ajouter l'infini à l'infini ne modifiait en rien la tragédie.
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Quelle belle expression ! Lieux-du-crime : à la lire dans le journal, elle résonnait dans votre tête comme un seul mot au ton technique, bureaucratique, dénué de nuances et d'émotions. Mais, être sur place, c'était différent, poser les pieds à l'endroit même où l'on avait tranché le foie à quelqu'un d'autre, c'était différent, être là, devant ce sang qui tachait le plâtre, c'était tout autre chose. Or c'était étrange, car au maquis, là-haut, ils en avaient vu, des morts coupés en deux par les mitrailleuses allemandes ; mais là, vraiment, c'était différent.
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Envoyé le : jeudi 29 avril 23h12
De : angelo@nirvana.it
A : monjuge@nirvana.it
Objet : Pourquoi j'ai tué

Tout le monde a parlé d'un crime inexplicable, on a dit que la victime n'avait pas d'ennemis. C'est faux et je tiens à le justifier, car un meurtre gratuit me paraît plus horrible encore que celui que j'ai commis. Moi je n'ai pas tué à l'aveuglette. Je dis simplement que derrière ce crâne fendu sur le pare-chocs de ma Renault 4, il y a une historie qui commence il y a trois ans et qui va jusqu'au prochain crime, celui que je m'apprête à commettre.
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J'ignore pourquoi, j'ai pensé à l'orchestre du Titanic. On dit qu'il avait joué jusqu'au dernier moment, dans une atmosphère de sérénité irréelle, tandis que tout autour le monde flottant du navire se disloquait. Autour de nous, au-delà des murs du Village, au-delà de la loge de la sécurité, un monde se délabrait. Il y avait ces maisons de torchis, ces enfants sans avenir, la cuisine de Karima avec l'aggloméré des meubles qui s'émiettait, les chaises dépareillées de la terrasse du café, un magasin où l'on vendait de l'essence en même temps que le pain. Et il y avait cette jeune fille, confinée dans sa chambre d'hôpital, enfermée dans le vide d'un souvenir manquant, obsédée à jamais par l'impossibilité de retrouver le seul moment qui avait bouleversé sa vie. Le monde s'écroulait, il ne flottait plus, mais l'orchestre du Titanic jouait les succès des fabuleuses années 1960.
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blague estonienne: en 1944, les russes ont tout détruit, mais le pire restait à venir, ensuite ils ont reconstruit!
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- Chaud ou pas, un monsieur ne sort pas en bras de chemise et sans chapeau.
- Nous ne sommes plus des messieurs, nous ne l'avons jamais été. Et après tout ce que nous avons vécu, nous le sommes moins que jamais.
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Description de la Vieille-Ville de Tallinn:
"Cependant, comme chaque fois qu'il essayait de les ignorer, les façades des maisons, le cours sinueux des ruelles, l’absence de voitures et de bruit, s'emparèrent de lui et l'obligèrent à ralentir le pas. Non, Vanalinn, la Vieille-Ville, n'était en rien un parc à thème, en rien un piège à touristes: c'était la beauté à l'état pur, l'élégance, l'âme balte. Et elle était toujours vivante, même durant les jours, comme aujourd'hui, où les passants étaient rares, et même surtout ces jours là, quand les toits étaient blancs, quand la neige qui n'avait pas encore était déblayée gisait en tas contre les murs, quand Tallinn recommençait à appartenir exclusivement à ses habitants."
p.127
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"Il conduisait depuis quarante minutes et il était quatre heures de l'après-midi. La route, à peine saupoudrée de neige, s'éclairait, de même que la forêt tout autour à une certaine heure, tout de suite après le crépuscule, la neige s'illumine et devient beaucoup plus claire que dans la journée. C'est une magie transitoire, éphémère comme une aurore boréale, mais qui offre au conducteur des instants de grâce.p.51
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« Tu as été ma femme comme un instant de ta vie et, lorsqu’elle est revenue, elle n’était plus la femme de personne. » Léonard Cohen
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- Excuse-moi, je ne voulais pas t'offenser...
- Tu ne m'offenses pas, tu offenses sa mémoire.
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