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Critiques de Alex Schulman (145)
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Les survivants

Ce premier livre traduit en français de l’auteur à succès suédois Alex Schulman est une fiction inspirée d’éléments autobiographiques.



« Les Survivants » débute en compagnie de trois frères venus disperser les cendres de leur mère sur le lac près de la maison de vacances de leur enfance. Un endroit qui rappelle beaucoup de souvenirs, ainsi qu’un terrible drame dont ils ne préfèrent pas parler…



Pourvu d’une construction légèrement déstabilisante qui entremêle deux temporalités, celle du présent relaté à rebours, de 23h59 à 0h00, et celle du passé relatant les souvenirs d’enfance de Benjamin, des vacances dans la maison du lac jusqu’au décès de sa mère, ce roman nous conduit progressivement vers l’endroit où les deux trames se télescopent. Une construction originale qui peut certes déboussoler, mais qui permet également d’entretenir le suspense concernant la tragédie qui a frappé cette famille, tout en apportant un éclairage final bouleversant qui donne tout son sens au récit.



« Les Survivants » est l’histoire d’une famille dysfonctionnelle qui s’est construite sur un drame enfoui. L’histoire de trois frères qui ont, chacun à leur manière, essayé de laisser ce passé derrière eux mais qui, en entreprenant ce voyage vers la maison de vacances de leur enfance, retournent inévitablement vers ce passé qui les lie autant qu’il les sépare. Une époque où trois enfants élevés par des parents démissionnaires étaient abandonnés à leur sort. Trois gamins privés d’amour parental, qui ont eu beaucoup de mal à se (re)construire au fil des années, toujours hantés par cette tragédie…



Dès les premières pages, l’atmosphère pesante et poisseuse installée par l’auteur fait ressentir un malaise au lecteur. Un sentiment qui s’accentue au fil des chapitres, des révélations et des nombreux non-dits sensés taire les secrets de cette famille. Les indices sont pourtant là dès le début, titillant la curiosité du lecteur et l’incitant à tourner les pages jusqu’à cette révélation finale qui apporte soudainement un nouvel éclairage à l’ensemble.



« Les Survivants » est l’histoire bouleversante de trois enfants ayant survécu tant bien que mal à un terrible traumatisme au cœur d’une famille dysfonctionnelle.



Lisez également : le très bon « Ce qu’il faut de nuit » de Laurent Petitmangin, l’excellent « Leurs enfants après eux » de Nicolas Mathieu et mon immense coup de cœur pour « Il est des hommes qui se perdront toujours » de Rebecca Lighieri.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Prochain arrêt

« Le noir est d’une clarté cristalline, comme il l’est peut-être toujours, à l’instant de sa vie où l’on se rencontre soi-même ».



Il me semble que ce roman est précisément noir mais d’une clarté cristalline. C’est exactement comme cela que je ressens ce livre, une noirceur cristalline. Et cette citation du livre résume tellement bien finalement tout le roman, obsidienne triphasée dont les faces s’illuminent alternativement, taillée et polie lentement sous nos yeux jusqu’à la pierre précieuse d’ensemble, à la toute fin. Et depuis ma lecture, le livre désormais refermé, je ne cesse de penser à l’aura et au magnétisme que dégage cette pierre.



« Prochain arrêt », ce livre du suédois Alex Schulman parle d’un train vous l’aurez compris, d’un arrêt dans une gare bien particulière mais également d’un arrêt sur image. Ce train remonte le temps comme peuvent le faire les photographies qui captent et figent le passé. Henriet, Oskar et Yana tels sont les protagonistes principaux qui ont droit alternativement à un chapitre formant une valse à trois temps, trois temps qui se répètent et se rythment. Trois passagers a priori étrangers les uns aux autres, dans un train, à destination de Malma.



Ce livre pourrait faire penser au délicat livre japonais « Au prochain arrêt » de Hiro Harikawa, roman choral lui aussi où focus est fait sur certains passagers d’un train, chaque chapitre étant consacré à un arrêt de la ligne Imazu. Un chapitre, une gare, un personnage dont le lecteur partage les pensées, la vie, les failles intimes, et observe avec lui les personnes croisées dans ce même train. Du moins celles qui attirent justement l'attention.

Ici cependant, au fur et à mesure de l’avancée du train où les chapitres défilent comme les paysages suédois, s’éclairent progressivement les liens qui unissent ces trois protagonistes ainsi que la raison de ce voyage. Les paysages défilent, encadrés par le contour des fenêtres comme autant de clichés sans cesse mouvants, propices à la rêverie, à la remontée des souvenirs, à l’assoupissement, à l’engourdissement. Ce train se dirige vers Malma, c’est surtout un voyage dans le passé, comme si le glissement du train sur les rails permettait de remonter le temps. Destination plus temporelle que géographique donc.

Surtout le livre est plus noir, plus féroce sous ces airs anodins…C’est un huis-clos oppressant qui se joue dans ce train reliant Stockholm à Malma, au sud de la Suède.



Et hasard des lectures, alors que mon livre lu précédemment (Les seize arbres de la Somme du norvégien Lars Mytting) parlait d’un photographe, me voilà embarquée dans un train avec un autre passionné de photographie, façon là encore de figer le passé et de voir la vie sous un autre angle.

« Harriet dirige l’appareil photo vers lui, l’observe dans le rectangle, les couleurs y sont plus intenses, le vert des plantes plus lumineux, le ciel derrière papa plus bleu qu’en réalité, comme si elle regardait à l’intérieur d’un conte. »



C’est mon libraire préféré qui m’avait conseillé ce livre avec son enthousiasme habituel. Il m’avait vanté la subtilité de la trame narrative. « Vous verrez, nous nous demandons quels liens entretiennent ces personnes, si le train est le même à chaque chapitre, si l’époque est la même, c’est flou, l’auteur se joue de nous et peu à peu tout s’éclaire avec brio ». C’est vrai, mais j’avoue avoir vite compris qui était qui, relativement aux autres, il m’aura fallu trois chapitres pour le deviner. J’ai ainsi été surprise, j’imaginais la trame narrative plus subtile, plus fine et plus complexe, même si je reconnais une approche très originale pour raconter une tragique histoire familiale. Alex Shulman dévoile progressivement, au moyen de cette structure à trois temporalités, les différents éléments permettant de comprendre la façon dont les destins se mêlent, s’enlacent, se séparent et ce à travers les époques. C’est tout de même bien vu mais pas si centrale me semble-t-il. Disons que ce n’est pas ce que je retiens avant tout du livre.



Non, ce qui pour moi a été déterminant est la façon dont est abordé un thème délicat, celui de l’enfance broyée par les parents même, du fait de leurs paroles, de leurs actes, de leur irresponsabilité parfois, puis des séquelles de cette enfance laminée sur ses propres enfants. Alex Schulman aborde avec beaucoup de délicatesse et un ton très singulier les thèmes classiques de la transmission, de la mémoire familiale, du poids des secrets.



Si le rôle des parents dans notre construction n’est pas à démontrer, s’ils peuvent être à l’origine de nos maux une fois devenus adultes, toute la question, centrale, est de savoir comment y remédier au risque de tomber dans une certaine forme de plainte éternelle, de nombrilisme ou de ce qui peut être considéré par nos proches de narcissisme, nous coupant d’avec les autres, nous isolant. A l’image de ce mari qui hurle, désespéré, à sa femme dont une grande part est restée figée dans l’enfance à se débattre avec certains fantômes : « Je ne veux pas que tu m’expliques pourquoi tu vas mal ! Je veux que tu fasses quelque chose pour y remédier ! ».



« Comme la vie doit être simple, de cette manière, il y a toujours une réponse, tout a une explication ! On n’est jamais soi-même coupable de rien, on est seulement victime des erreurs ou des manques d’autrui ».



Sauf que la façon d’y remédier est souvent un long chemin de croix. Comment se défaire de nos traumatismes d’enfance, et de ceux des générations passées ? Comment briser une telle chaine, un peu à l’image d’un train, un train familial, dans lequel chaque génération rajouterait un wagon supplémentaire et donc un poids de plus ? Comment éviter que certains éléments traumatiques se répètent ?

Le personnage féminin central du livre, qui n’arrive pas à s’en sortir, m’a émue aux larmes. Il faut dire que l’auteur a une plume très particulière. Il sait distiller ce qu’il faut de malaise pour créer une gêne, une angoisse latente, nous donnant irrésistiblement envie de découvrir ce qui va arriver au prochain arrêt, car nous le sentons, là se cache une clé d’explication de leur mal-être. Alors les chapitres s’enchainent avec rythme telles les images du paysage dans un train à grande vitesse.





Avec une impressionnante finesse et une grande sensibilité, l’auteur suédois, au moyen d’une structure narrative originale, raconte la noirceur de l’âme humaine, son incompréhensible besoin d’obscurité qui le dispute à son insaisissable besoin de sécurité, ses psychoses sous-jacentes et la transmission intergénérationnelle. J’ai été très impressionnée par son analyse de la psychologie des personnages. Ce livre a souvent vibré en moi tant la plume de l’auteur sait utiliser de belles métaphores simples et belles pour dire l’indicible. Un livre fort réussi.





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Les survivants

Une forêt de sapins et de bouleaux, un lac posé dans cet écrin de verdure au milieu de nulle part, nous sommes en juin, bientôt le solstice d'été. Le vent léger ridule l'eau, la fermette rouge, son abris à bateaux, le sauna, le vieux ponton vermoulu. Pour Nils, Benjamin et Pierre ces images sont imprimées dans leurs mémoires. Tous les ans à la même époque la famille prenait quelques jours de vacance dans cette ferme.

Des trois frères Benjamin est le plus posé, deuxième dans la fratrie il est plutôt attentionné, il s'occupe du petit dernier Pierre. L'ainé Nils est du genre solitaire, le chouchou des parents n' en a que faire de cette famille de dingue.

Les trois frères sont devenus des hommes, ils reviennent à la ferme accomplir le vœux de leur mère, répandre ses cendres près du lac.

Voilà en quelques mots la trame de l'histoire d'Alex Schulman " Les survivants".

Le compte à rebours a commencé. Une histoire qui va laisser perplexe par son écriture de nombreux lecteurs. C'est un roman qui nous emprisonne, qui nous malmène jusqu'au denouement. On ne sait pas où le chemin va nous mener mais une chose est sure une certaine lettre ne peut pas nous laisser insensible.

Merci à Ivan_T et son billet qui a réussi à piquer ma curiosité.
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Les survivants

Famille, je vous aime ; famille, je vous haie. Chaque famille a ses secrets, ses non-dits, ses incompréhensions, ses points de vue, sa façon de fonctionner et de communiquer.

Ce roman, c'est l'histoire d'une famille, vue du point de vue de Benjamin, le frère du milieu d'une fratrie de 3 garçons.

La couverture semble promettre une histoire nostalgique et légère.

Le titre semble suggérer un drame dont serait finalement sortis indemnes les 3 garçons de la couverture, la fin de l'enfance et de l'insouciance.

L'écriture est perturbante. Les chapitres se succèdent passant alternativement du présent au passé. Les chapitres du passé se dirigent vers le présent et les chapitres du présent remontent le temps vers ce passé. C'est étrange, mais une fois que le lecteur a pris le rythme de la lecture, l'histoire se déroule comme un visionnage de film, alternant les flash back et les scènes du présent en compte à rebours inversé. J'ai trouvé cette écriture très intelligente. On sent que le point d'impact entre présent et passé nous révèlera le drame pressenti.

Quant à la fin, que je ne veux pas spoiler ici, elle est toute aussi déroutante.

Cette histoire pourrait presque être réécrite mais du point de vu des autres membres de la famille, et cela présenterait une histoire encore différente (en dehors des faits marquants, bien évidemment).

Un roman original.



Merci à Babelio et à cette opération masse critique privée ; merci aux éditions Albin Michel pour l'envoi de ce roman.
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Les survivants

« Les survivants » est l’un des livres de la rentrée littéraire hivernale dont, je suis sûre, on parlera encore beaucoup. Ce livre est tout simplement, selon moi, magistral et je ne pense pas être la seule à le dire ou plutôt, devrais-je dire, à l’écrire.



L’histoire de la famille nous est narrée par Benjamin, le fils du milieu de cette fratrie de trois garçons. On y apprend leur enfance joyeuse d’abord dans leur maison près d’un lac, durant les belles années d’insouciance. Et ensuite, on comprend qu’un drame s’est produit mais sans qu’il ne soit clairement révélé. C’est seulement de fil en aiguille que l’auteur, Alex Schulman, dévoile de petits détails qui – finalement – prendront tout leur sens à la fin de l’intrigue.



L’une des grandes originalités de ce roman est sa trame narrative. Alternant le passé et le présent, on revient sur l’histoire de trois frères : Pierre, Benjamin et Nils, un peu sous la forme de flash-backs. Ensuite, intervient une seconde singularité puisque le présent est découpé selon les heures d’une seule journée, pas forcément originale jusque là, mais sous la forme d’un compte-à-rebours. Bien entendu, cela pourrait dérouter les plus terre-à-terres. Pour ma part, je me suis facilement prise au jeu !



Arrivée vers la fin du livre, comme après une longue balade en compagnie de personnages que nous pensons en définitif connaître, j’ai découvert qu’Alex Schulman offre une interversion spectaculaire que je n’avais absolument pas vu arriver. Déjà que ce récit me plaisait beaucoup mais par cet acte, il m’a littéralement scotchée ! Que celui qui prétend avoir eu connaissance de cette entourloupe se fasse connaître, car je ne le croirai pas un tant soit peu.



Une fois ce retournement arrivé, les différents éléments se remettent alors en ordre utile et on ne peut que constater que l’auteur a réalisé son intrigue d’une façon à la fois déroutante et stupéfiante. À ce moment-là, on se dit qu’Alex Schulman a réussi avec brio de nous avoir tenu en haleine, par une grande dose de suspens, nous pauvres lecteurs, et on se demande si on ne devait pas recommencer notre lecture, tant on a aimé ce jeu.



Encore une fois, je tiens à souligner la qualité extraordinaire du travail de traduction du texte du suédois au français, par Anne Karila. Cela offre une lecture très fluide et vraiment très agréable.



Un premier roman à la fois fort et dérangeant où Alex Schulman décortique de manière réaliste et détaillée les liens de cette fratrie, offrant un livre très prometteur qui me poursuivra encore un sacré bout de temps.
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Prochain arrêt

Plusieurs personnages sont à bord d’un train allant de Stockholm à Malma, une petite ville au sud de la Suède. On comprend que ces personnages sont à bord du même train, mais pas à la même époque. Un père et sa fille voyagent à l’époque de la guerre du Vietnam ; un couple en crise à l’époque de la destruction des tours jumelles du World Trade Center. Peu à peu les liens qui unissent ces personnages vont apparaître. ● Non seulement coexistent ces différents plans temporels, mais au sein de chacun d’eux il y a des retours en arrière, des souvenirs qui se percutent les uns les autres. ● Je dois dire que tout cela est assez nébuleux, je ne suis pas sûr d’avoir tout compris dans le détail. ● Le scénario de base semble assez simple mais l’auteur a pris plaisir à tout compliquer à l’extrême. ● La lecture n’est pas somme toute désagréable mais j’ai été dérangé par le côté gratuit et artificiel de cette complexité. A la fin, qui est assez abrupte, on se dit : tout ça pour ça…
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Les survivants

ce qu'on peut enfouir de non-dits dans les familles après un drame lorsque tous les membres ne le vivent pas de la même manière, voire carrément différemment : "Le deuil n'est pas un processus, c'est un état". Comment le bouleversement peut être en réalité un aveuglement. A travers Benjamin, l'un des trois frères, on va suivre, deux histoires, la plus ancienne, celle qui mène à l'accident, et l'autre contemporaine qui nous amène à la révélation. La construction du roman est réussie. Ce qui excelle c'est davantage encore la pesanteur que l'auteur arrive à y mettre : on sent que quelque chose est sous-jacent et puissant. La surprise finale est à la hauteur de cette tension (et je ne dis pas ça parce que l'électricité a un rôle central !).
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Les survivants

La couverture montre trois jeunes garçons s'apprêtant à sauter dans l'eau. On ressent la joie, l'insouciance.

Je me demande qui choisit la couverture ? est-ce uniquement le service marketing ? en tout cas celle-ci ne reflète aucunement l'atmosphère du livre qui est, au contraire, lourde pesante et un brin angoissante.

Tout d'abord il faut s'habituer à la construction de ce livre qui, non seulement alterne sur deux périodes, ce qui est très courant maintenant, mais aussi on remonte dans le temps.

Je rassure les futurs lecteurs, on s'y retrouv très vite. Les deux périodes sont celles de l'enfance et celle où les enfants, devenus adultes se retrouvent après la mort de leur mère.



Le malaise est omniprésent même si les enfants, Nils Benjamin et Pierre ont eu des petits moments heureux. Les parents boivent beaucoup, le désamour de la mère se fait sentir, les tensions s'enchaînent, les rivalités également. Pourquoi ? on ne le saura véritablement qu'à la fin même si Alex Schulmann nous glisse des informations au cours des pages.

C'est un roman perturbant qui laisse une impression de gâchis, on a envie de revenir à la source et d'aider cette famille. Tout aurait pu être tellement différent si........

Roman fort, puissant, déstabilisant et brillant.
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Les survivants

Nils, Benjamin et Pierre, trois frères, sont en route vers la maison de vacances sur la côte suédoise pour respecter les dernières volontés de leur mère, y répandre ses cendres. Un voyage éprouvant pour la fratrie qui, pour chacun d'entre eux, a vécu différemment un événement traumatisant, quelques vingt cinq ans plus tôt. Le voyage va s'avérer le moment, pour chacun d'exorciser le traumatisme.

Les survivants est un récit alternant le voyage des frères, avec une narration de la journée à rebours et les souvenirs de Benjamin, ses questionnements, ses doutes, les faux-semblants qu'il essaye de comprendre et d'interpréter pour donner un sens à sa vie. La fratrie était laissée seule, avec des parents démissionnaires, buvant beaucoup, la mère préférant l'aîné, les deux autres étant plutôt vus comme gênants et perturbant le monde imaginaire que la mère s'était construit. Le roman explore les difficultés de se construire en tant qu'enfant puis en tant qu'adulte, avec des parents démissionnaires qui s'avèrent toxiques, se dėpreciant mutuellement, alternant le chaud et le froid, figeant Benjamin dans un état de semi-presence au monde, dans l'incapacité d'affronter la réalité et de grandir. Une famille dysfonctionnelle qui ne saura pas aborder un drame familial qui ajoute au malaise de la fratrie.

Un premier roman fort, avec une construction à rebours un peu déstabilisante. Alex Schulman analyse très finement les relations de la fratrie mais j'ai trouvé que la revelation du drame qui explique l'ambiance délétère de la famille, est un peu trop tardive. Ce bémol mis à part, j'ai apprécié l'ambiance du roman, entre drame et introspection.

Je remercie Babelio et les éditions Albin Michel, pour cette masse critique privilégiée.
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Les survivants

S'il y a bien un roman étranger dont on entend parler sur les réseaux sociaux et dans les médias, c'est bien celui-ci : « Les Survivants » d'Alex Shulman qui est paru au début du mois aux Éditions Albin Michel. Ce premier roman nous immerge dans une demeure familiale au coeur de la forêt suédoise, au bord d'un lac. Les premières pages sont troublantes et provoquent même le malaise. Les trois frères, Nils l'aîné, Benjamin, le second et Pierre le petit dernier, sont appelés par leur père pour faire une course de natation dans le lac. Les enfants doivent atteindre la bouée et revenir. La course démarre mais arrivé à la bouée, l'un des trois frères pressent qu'il n'arrivera pas à revenir. Il souffre, l'eau est froide, il parvient finalement à rejoindre la rive aidé par ses frères et il découvre abasourdi que le père n'est plus là, sûrement parti boire une bouteille de Vodka. Cet épisode donne le ton du roman. Cette famille dysfonctionnelle pathologique est prise en étau entre un père tantôt tendre ou bien violent, avec sa femme et ses enfants, lorsqu'il a trop bu ; et une mère, caractérielle, à l'humeur des plus fluctuante, qui peine à exprimer ses sentiments à ses enfants, en manque d'amour maternel. L'alcoolisme des parents est un marqueur fondamental et puis il y a les préférences pour l'aîné des trois garçons, Nils, le plus doué à l'école et à qui on passe tout. Benjamin et Pierre ressentent cela de façon criante. C'est un roman envoûtant, et mélancolique sur les traumatismes de l'enfance et leurs répercussions dans nos vies d'adultes. Servi par un style d'écriture remarquable, cette plongée dans la psyché de trois frères, qui chacun à leur façon, cherchent à échapper au poids de l'héritage familial, ne laisse pas indifférente. On sent cette famille se déliter peu à peu, pour quelles raisons ? Des évènements refoulés, des secrets familiaux, le récit se déroule, lancinant, sombre, troublant, l'auteur suédois Alex Shulman, construit une ambiance angoissante autour des thématiques du refoulement d'évènements traumatisant sur le plan psychologique. Nils, Benjamin et Pierre reviennent dans la propriété familiale où vingt ans plus tôt, un drame s'est noué qui a tout fait basculer. Ils veulent répandre les cendres de leur mère dans le lac bordant leur maison d'enfance. Benjamin, le second, est le plus sensible des trois frères. Cette sensibilité exacerbée lui fait appréhender les conflits nombreux au sein de sa famille. Il cherche à comprendre l'indicible. Nils, Benjamin, Pierre, trois êtres qui font comme ils le peuvent, avec les moyens du bord pour surmonter tout cela. La réussite de ce roman « Les Survivants » c'est ce final auquel on ne s'attend pas et qui m'a marqué. J'ai aimé ce roman mais sans en faire un coup de coeur pour ma part. J'ai trouvé la trame narrative un peu répétitive et cette plongée sombre au coeur de cette famille manque d'un petit rayon de soleil dans ce chaos ambiant. Je recommande, malgré tout, la lecture de ce roman qui est à découvrir en cette rentrée littéraire 2022.
Lien : https://thedude524.com/2022/..
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Les survivants

Lorsque Babelio et les éditions Albin Michel m'ont proposé ce livre, j'ai dit oui aussitôt, la présentation qui en était faite m'attirait déjà. C'est le premier roman de cet auteur suédois, blogueur et animateur, journaliste.



Dérangeant et poignant, il prend comme point de départ la voiture de police appelée par Benjamin pour mettre fin à la bagarre violente de ses deux frères, puis nous plonge dans une alternance passé /présent à travers son regard. La construction est originale, un compte à rebours d'heures pour le présent, et des souvenirs d'enfance qui s'échelonnent de ses neuf ans jusqu' à la mort de sa mère.



Dès le départ, le lecteur ressent un malaise et comprend que la famille de Benjamin est dysfonctionnelle. Alors qu'il n'est encore qu'un enfant, il observe avec inquiétude les réactions de ses parents, de ses deux frères, Nils, plus âgé, à l'écart déjà, Pierre , plus jeune, à l'agressivitė sous-jacente. Il semble toujours sur le qui-vive. Et peu à peu, les détails donnés mettent à jour une forme de maltraitance, de négligence de la part des parents, une cruauté mentale aussi.



Lors de ces étés familiaux au bord d'un lac, dans un chalet isolé, les parents boivent beaucoup, s'énervent vite, et laissent souvent leurs enfants à la dérive. J'ai beaucoup aimé Benjamin, qui essaie de préserver un semblant d'unité dans sa famille, personnage fragile et sensible.



Un drame lié au fait que Benjamin est entré dans la cabine d'un transformateur , faisant fi du danger, va rompre définitivement le précaire équilibré familial. Mais là où l'auteur nous surprend vraiment, c'est quand nous est révélée la vérité finale, jetant un éclairage différent sur les comportements des uns et des autres, n'excusant cependant en rien les manquements parentaux.



Nils , Pierre et Benjamin sont vraiment des survivants, le titre est bien choisi. Un roman réussi, prenant, qui hante longtemps l'imaginaire du lecteur.







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Les survivants

3 frères se retrouvent le temps d’une journée pour aller disperser les cendres de leur mère décédée depuis peu. C’est l’occasion de retourner dans la maison du lac qu’ils ont quitté depuis de nombreuses années, après un événement qu’aucun n’a oublié. Leurs retrouvailles sont l’occasion de s’expliquer…

Un roman, entre passé et présent, à l’atmosphère plutôt poisseuse , aux personnages troubles et au suspense parfaitement dosé. La narration (à rebours) est originale, le ton contemplatif, les pages se tournent vite.

En somme, le livre idéal pour débuter l’année 😉
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Les survivants

Voici un roman dont la première de couverture fait penser à une lecture douce de fin d’été et pourtant ! .



Une forêt de bouleaux , de grands sapins, un lac lisse et calme , comme posé dans un écrin de verdure au milieu et une simple maison de bois, isolée sur la pointe, bizarrement proportionnée.

La peinture blanche des angles est écaillée et la façade sud est brûlée par le soleil …

Je ne reviendrai pas longuement sur l’histoire vu le nombre de critiques mais j’ai éprouvé une sorte de malaise au tout début de cet ouvrage .



Trois frères reviennent accomplir les dernières volontés de leur mère : répandre ses cendres dans le lac bordant la maison …..Nils ,l’aîné , Benjamin , le fils du milieu à l’enfance joyeuse durant certaines années d’insouciance ,Benjamin, ses questionnements sans fin, ses doutes, ses faux - semblants , et Pierre le plus jeune à l’agressivité latente et toujours sur le qui vive …..



Ce qui me parait le plus intéressant , passionnant , je dirai, c’est la construction ambitieuse , la trame narrative comme un compte à rebours qui commence alternant présent et passé, j’ai été longtemps perplexe……



Des parents démissionnaires , plutôt toxiques , dysfonctionnels , entre maltraitance , négligence , alcoolisme plus ou moins prononcé, une enfance des plus ambiguës entre tension, chagrins , non - dits , incommunicabilité, amour, querelles , solitude ….



L’auteure décortique avec talent l’histoire émouvante de cette fratrie entre cruauté et amour, tendresse et violence , attention et négligence coupable de la part des parents .

Sa plume sombre et lumineuse ,intelligente , décrit ces frères à la fois ennemis et solidaires à la fois ! .

Ce premier roman addictif , au final puissant , intense , entre culpabilité et pardon , à la fois dur et touchant nous emprisonne , nous malmène jusqu’au dénouement ! .

On le lit d’une traite , du moins , on essaie ….



Excellent sur les secrets, les drames , les douleurs de l’enfance alliant beauté de la narration littéraire à un sens magistral du suspense !



Un livre formidable que je ne suis pas prête d’oublier à la très jolie première de couverture, il était en exposition à la médiathèque.

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Les survivants

Le grand air est ici tout autant étouffant que vivifiant. L'enfance des trois héros, entre lac et forêt suédoise, semble heureuse mais des indices sont disséminés ici et là, alourdissent l'atmosphère. L'alternance entre âge adulte, relaté à rebours, et jeunes années accentue elle-aussi cette tension latente qui imprègne le récit. Le narrateur, le cadet de la fratrie, est non-fiable, ce qui permet à Alex Schulman de faire éclater la vérité à la toute fin, soulignant les mécanismes de défense de l'esprit humain et les failles de notre mémoire (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/01/17/les-survivants-alex-schulman/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Les survivants

J'ai reçu ce livre juste avant Noël. Mille mercis à l'éditeur, Albin Michel. Quel joli cadeau !

Le fait est que malheureusement, je n'ai pas accroché. J'aurais tellement aimé vous dire combien ce livre m'avait plu, mais voilà ce n'est pas le cas. Je ne peux que vous inviter à lire les autres critiques, toutes enthousiastes.... Moi je ne sais pas pourquoi mais je n'ai pas eu l'empathie nécessaire pour m'intéresser à ces 3 "survivants", 3 garçons d'une famille dysfonctionnelle (pour utiliser les termes à la mode).

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Le texte se découpe en deux périodes : l'enfance et aujourd'hui après la mort de la mère. La partie "aujourd'hui" a un découpage des plus étranges puisqu'on commence à 20h, puis 18h, 16h.... On a donc un flashback qui avance dans le temps et un temps présent qui lui, recule.

Je pense que ce découpage est ce qui m'a en fait le plus irritée, me laissant de ce fait un peu à côté de l'histoire.

.

Pourtant cette histoire de famille avait beaucoup d'attraits, mais ils m'ont malheureusement glissé entre les doigts....

A noter quelque chose qui me paraît déroutant voire choquant, une fois la fin connue, le petit chat (je ne dirai rien de plus pour ne pas divulgâcher). .

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Les survivants

Nils, Benjamin et Pierre sont trois frères qui ont passé leur enfance dans une fermette isolée au bord d'un lac.

Ils se retrouvent, adultes, pour accomplir la dernière volonté de leur mère, disperser ses cendres au bord du lac.

Ils n'y étaient jamais retourné, et les souvenirs affluent.

C'est Benjamin, qui semble le plus sensible, qui raconte.

Ils ont subi une éducation déstabilisante.

Une mère bipolaire souvent alcoolisée, comme le père d'ailleurs.

Ils sont élevés soit dans une tendresse débordante, soit avec une sévérité excessive.

Ils bénéficient d'une liberté inconséquente pour des enfants dans cet endroit isolé.

D'ailleurs, un drame a eu lieu, sous-entendu tout au long du roman.

C'est un roman complètement addictif.

L'histoire est racontée soit dans le passé, soit le jour de la dispersion des cendres, mais en comptant les heures à rebours, de 23h59 à 0h.

Si cette particularité impose une petite gymnastique de l'esprit, je ne sais pas si elle apporte au récit, mais peut-être après tout.

C'est une belle histoire de fratrie, émouvante et captivante.

L'impact de l'éducation sur le devenir des enfants est parfaitement ressenti.

De plus l'écriture est fluide, maîtrisée, très agréable.

C'est d'autant plus intense que le suspense est mené jusqu'au bout.

C'est un excellent premier roman sur les secrets et les drames de l'enfance et je suis vraiment ravie d'avoir eu la possibilité de le lire grâce à un masse critique privilège.
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Les survivants

Un roman envoutant.

Trois frères se retrouvent pour l'incinération de leur mère et les souvenirs d'enfance affluent.

En alternance entre le passé et le présent, on devine un événement terrible, un traumatisme d'enfance sans vraiment comprendre lequel.

On entre dans l'intimité d'une famille, on ressent les conflits mais aussi la solidarité d'une fratrie vis-à-vis de parents mal-aimants.

Il y a de la tension, du chagrin, des non-dits et de la solitude dans ce récit.

D'une plume précise et poétique, l'auteur fait monter crescendo le suspense.

L'auteur signe un premier roman formidable.

Merci à Babélio et aux éditions Albin Michel pour cette découverte.
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Prochain arrêt

Les trois héros traversent la Suède à bord du même train, de Stockholm à Malma, à plusieurs années d'intervalle. Les wagons symbolisent le voyage temporel, bercent les protagonistes et les mènent à se souvenir, les chaos des rails les ramenant parfois brutalement à la réalité. Les traumatismes d'hier influent sur aujourd'hui et demain, comme le suggère l'auteur avec beaucoup de finesse, s’appesantissant brillamment sur la psychologie troublée de ses héros (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2024/01/04/prochain-arret-alex-schulman/)
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Les survivants

Étrange, ce livre.La mise en place des personnages s'éternise .

La moitié du roman y est consacrée. Nous assistons aux chamailleries de 3 jeunes frères en vacances, à leurs éternels ricochets sur le lac .Ils sont le plus souvent livrés à eux mêmes.



Le père, sort parfois de sa torpeur pour suggérer des activités et, peut être y participer ..Une sorte d'animateur de colo irresponsable.



l'auteur pense donner du relief en découpant son roman dans le temps. ..Peine perdue, il amplifie la sensation de patauger dans ce quotidien estival sans grand intérêt.



L' interrogation concernant les parents reste sans réelle réponse. Qui sont ils ces alcoolos?

Pourquoi leurs engueulos à répétition?

Ces surdiplomés, qu'attendent ils de leurs enfants?



L'histoire est vécue et narrée à hauteur d'enfants.

Le non dit est est le personnage principal

Je n'ai pas trouvé d'accroche durant cette lecture
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Les survivants

"C'est là qu'un jour tout a commencé, et c'est là que tout a fini."

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Nils, Benjamin et Pierre retournent dans leur ancienne maison d'été pour y répandre les cendres de leur mère. Un lieu chargé de souvenirs pour ces trois frères qui, un jour fatidique, ont quitté brutalement le monde de l'enfance. Mais il est parfois vital de se souvenir pour retrouver sa liberté, effacer le traumatisme.

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Dans la quiétude d'une nuit d'été, nous assistons à une violente bagarre entre frères. Cela arrive les bagarres entre frères. Après tout, ils sont en deuil. Leur mère est décédée et ils se retrouvent dans cet endroit qui, aussi beau soit-il, symbolise la fracture. Une maudite fracture, toujours là, irréparable. Car ces frères ne sont pas aussi soudés qu'ils devraient l'être. Comme un révélateur, l'endroit agit sur leur mémoire, surtout sur celle de Benjamin, le cadet. Peu à peu, il se souvient de ce qui s'est passé vingt ans auparavant. de ces souvenirs naît l'émotion.

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Je me suis prise d'affection pour ces frères, mais finalement surtout pour Benjamin. Dans une fratrie, il n'est pas toujours facile d'être celui du milieu. Ce garçon semblait vouloir attirer l'attention et regorgeait d'idées pas toujours très bonnes. D'un côté, il y avait Benjamin et Pierre, souvent ensemble, un peu comme les deux doigts de la main. de l'autre, il y avait Nils, un peu plus âgé, un peu plus posé, un peu à l'écart de cette "maison de fous". Une fratrie comme il en existe tant d'autres, avec ses rivalités et ses alliances. Et puis, il y avait les parents, souvent "absents", de passage entre deux siestes ou deux verres d'alcool. Une famille quelque peu dysfonctionnelle. Une mère lunatique, extrême dans ses attitudes, perturbante. Un père tantôt chaleureux, passif ou coléreux.

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On ressent combien il est difficile pour Benjamin d'extirper ces souvenirs de sa mémoire, de s'obliger à les revivre. Parfois le temps se distend, lui faisant perdre ses repères. Un malaise à la fois physique et sensoriel, qui nous oppresse. Dans ce récit, la joie, éphémère et vaporeuse, ne nous étreint pas longtemps, et laisse rapidement place à des sentiments plus étouffants. Alors on espère le salut, pour eux tous, pour continuer.

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Dans cette narration originale qui débute par la fin de l'histoire, Alex Schulman mélange avec brio les temporalités. Une construction qui dessine avec acuité le drame qui se profile. Un récit à la fois lent et douloureux, qui nous plonge dans un suspense angoissant. Quand vient la chute, c'est le drame, littéralement. Il faut enregistrer l'information, l'accepter. Une fois la surprise du dénouement passée, je n'ai pu m'empêcher de vouloir revenir sur le livre, de relire une nouvelle fois certains passages, tel un petit poucet avec ses cailloux.

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Les survivants est un roman admirablement bien écrit et construit, d'une intensité saisissante. Une histoire qui laissera son empreinte dans ma mémoire.

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Je remercie Babelio et la maison d'édition pour l'envoi de ce roman.

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La chronique complète est sur le blog.
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