Bande annonce officielle de Requiem
"Durant plusieurs siècles, Hadès cessa donc de vouloir aimer. Il demeura sombre, silencieux et renfermé. Son apparence continua de changer. Deux cornes apparurent à travers sa longue chevelure brune et ses yeux s'assombrirent davantage. Son visage se creusa et ses lèvres pâles perdirent leur sourire pour n'afficher qu'un rictus malsain."
Encadré d’un bois sombre décoré de volutes rappelant les motifs floraux d’une saison aujourd’hui disparue, le portrait de la jeune femme demeurait une énigme. Qui était-elle? D’où venait-elle? Et pourquoi tant de mélancolie dans son regard? Sur la toile, pas de date, mais quelque chose était gravé sur le châssis: Princesse Céleste. Un nom autrefois destiné à rayonner dans un royaume inconnu. Dans les cendres d’un salon en ruine, ce tableau était l’unique témoin d’une autre vie, d’un autre lieu… d’un autre temps…
Le livre portait toujours les stigmates de son martyre : les pages humides, parfois déjà putréfiées, faisaient enfler tout l’objet dont la tranche, brûlée ici et là, rouillait aux abords des renforts de fer cassés. Le cuir lacéré de la couverture béait comme une plaie : la lame l’avait dépossédé de son nom…
Qui suis-je? Cela n’a aucune importance. Que souhaité-je? Rendre à Hadès ses lettres de noblesse et son honneur. Pour quelles raisons? Pour que les Hommes comprennent que l’Amour a toujours fait battre le coeur des hommes, de tous temps, de toutes les espèces, dans tous les mondes.
Entrons ensemble dans la véritable histoire d’Hadès, l’Âme de l’Enfer.
« La jeune femme était grande – mais plus petite cependant que le dieu lui-même – et élancée. Ses longs cheveux blonds retombaient dans une légère ondulation au creux de ses reins. Sa poitrine, lourde et ferme, se mouvait gracieusement à chacune de ses inspirations. Mais ce qui frappa Hadès fut son regard Il était hypnotisant. Aussi bleu que le plus beau des océans, aussi vif que le plus intellectuel des Hommes et aussi innocent que celui d’un enfant qui vient de naître. Hadès en eut le souffle coupé et du s’agenouiller pour se rependre.
Il ne la lâcha pas du regard et se surprit à sourire béatement en la voyant rire avec ses amies. Elle était là, à quelques pas de lui, cueillant des narcisses, riant aux éclats, le vent dans ses longs cheveux. Sa peau claire que le soleil faisait scintiller comme tant de diamants qui en aurait fait rougir Héra.
— Oh, que vous êtes belle, souffla Hadès dans un murmure qu’il était le seul à pouvoir entendre.
Il lui avait suffit d’un regard pour tomber éperdument amoureux de la jeune femme. »
C'était une époque bénie. Paisible.
Elyseum était le genre d'endroit que l'on ne trouve que dans les contes, baigné d'une lumière douce et en floraison perpétuelle, un monde d'abondance où la souffrance n'existait pas. Mille parfums légers flottaient dans l'air, enivrant les sens du promeneur et gravant
à jamais dans sa mémoire le souvenir d'une félicité presque divine.
C'était un silence plus compact que l'oubli.
Les choses ont leur secrets, les choses ont leurs légendes,
Mais les choses nous parlent si nous savons entendre.
Elle aimait un fantôme, et la vue de son royaume dépérissant lui rappelait la tragédie qui avait brisé ses idéaux. Mais l'oublier était inconcevable, même si cela devait entraîner sa propre destruction...
Car toujours, la magie pour perdurer doit servir. Partout dans le monde, ceux qui souffrent ont besoin de secours. Et pour tous, un seul mot d’ordre ici-bas : s’entraider ou s’éteindre.