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Critiques de Alexandre Seurat (349)
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La maladroite

Yeux bleus, cheveux châtain clair, de forte corpulence, vêtue au moment des faits d'un tee-shirt rose à manches longues, d'un jean bleu et de ballerines à pétales de fleurs noires. C'est ce que l'on peut lire sur l'avis de recherche concernant la petite Diana, 8 ans.

L'institutrice a de suite su qu'il était trop tard et que tout ce qu'elle avait tenté de faire n'avait servi à rien, sa grand-mère a à peine reconnu sa petite-fille, tant elle avait changé, la gendarme non plus tant la petite fille avait le visage bouffi. Tous se souviendront de Diana, cette enfant d'abord abandonnée à la naissance, puis reprise. Enfant mal aimée par sa mère, elle commencera à subir toutes formes de violence dès sa plus tendre enfance. Étonnamment, personne ne fait rien...



S'inspirant d'un fait réel sordide, Alexandre Seurat nous happe dès les premières pages tant un sentiment de malaise diffus en émane. L'on sait déjà qu'il est trop tard, que la petite est morte. Certainement sous les coups de ses parents.

L'auteur n'a nul besoin de nous décrire les actes de maltraitance, on les ressent au delà des mots. L'on ressent la douleur de Diana qui cache ses bleus, ses brûlures, ses égratignures. Diana qui se dit maladroite pour expliquer les coups sur son corps.

Dans ce roman choral où la parole est donnée à tour de rôle à la grand-mère, la tante, les institutrices, les gendarmes, le sentiment de culpabilité fait froid dans le dos. Sans dénoncer les uns ou les autres, sans remettre en cause le système éducatif ou l'administration, l'auteur fait intervenir tous ceux qui n'ont pas voulu ou pas pu intervenir, ou alors trop tard, pourtant conscients du drame qui se jouait devant leurs yeux. Il dresse un portrait de parents manipulateurs, calculateurs, pourtant tout sourire et aimant. Sans voyeurisme, pesant chaque mot, l'auteur nous offre un roman sincère, troublant et sensible sur la maltraitance.



Rappelons que deux enfants meurent chaque jour sous les coups de leurs parents, dont la petite Marina Sabatier, alias Diana.
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La maladroite

Comment évoquer ce livre?

Voilà un texte bouleversant, révoltant, intense, superbe, lu d'une traite, le souffle coupé !

Oú comment parler de la petite Diana morte à huit ans sous les coups de ses parents?

Comment l'évoquer sans abîmer sa mémoire?

Sans la tromper?

Alexandre Seurat, faisant preuve à son égard d'un respect sans borne, narre sa courte vie à l'aide de témoins, qui, l'un après l'autre, démontent l'effroyable mécanique. La grand- mére , soudainement, n'a plus de nouvelles, les déménagements servent de parade aux parents ne laissant rien derrière eux.....

La tante, les instituteurs, la première institutrice comprend très vite : Derrière les mots, le discours appris, le sourire de Diana, les mots qui auraient pu la libérer de son secret écrasant, derrière " sa maladresse" se cachait " autre chose".....

Les directeurs , les voisins, l'assistante sociale, les gendarmes assistent, Impuissants, á un drame qui se dérobe à leurs demarches .....

C' est l'échec d'un système, le dysfonctionnement des administrations, une langue sèche et administrative utilisée par ces pouvoirs publics pourtant alertés!

Et toujours , face à eux, des parents " si courtois", si charmants....d'une politesse extrême....

D'autres convocations, d'autres écoles aboutiront à une décision officielle, cela arrivera bien trop tard..

LES TÉMOINS désormais sont condamnés, tant bien que mal, à vivre avec des remords et un fort sentiment de culpabilité....

Sans jamais juger, sans avoir besoin d'écrire un texte accusateur, l'auteur reconstitue sans pathos, sans voyeurisme, sans fioritures, juste la relation des faits, leurs pensées , leurs émotions en une série de monologues intérieurs vibrants, tragiques et glaçants !

L'auteur est tout simplement présent comme un grand frére " en pointillé "

L'institutrice a cessé d'enseigner: Plus Rien Ne sera Jamais Pareil"

Un récit choral "choc", stupéfiant dans sa sobriété, qui nous prend à la gorge, par cette écriture pointue, juste, parfaitement maîtrisée!

La maltraitance des enfants, un sujet douloureux, trés fort qui n'en finira pas de nous hanter!

Une claque!

À lire absolument!











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La maladroite

Comment sortir indemne d’une pareille histoire ?! Bienvenue en enfer ! Bienvenue chez nous, chez eux, bienvenue sur terre.



Une mère parmi tant d’autres accouche un beau jour d’un beau bébé. Cette mère ne le désire pas et décide d’accoucher sous x, on qualifie le bébé d’enfant mort-né. Il n’a juste déjà pas de mère quand il pousse son premier cri. Un mois plus tard, la mère se ravise et avec le père qui reconnaîtra l’enfant prennent en charge leur enfant. Enfant mort-né... Et d’une certaine façon, c’est le sort qui les attend à ces enfants dont leur seul défaut étant d’être né, d’être vivant... Diana, funeste prénom pour cet enfant au destin macabre et tragique.



Roman choral où s’épancheront à tour de rôle, la grand mère de Diana-sa tante-son institutrice-sa directrice-l'assistante sociale-le second instituteur-les gendarmes-le médecin légiste. La liste est longue pour rassembler autour de la fillette un monde où les yeux verront l'impensable : les bleus, les plaies, les brûlures,... Autant d'ecchymoses venant réveiller les consciences. La petite protège, minimise, chaque hématome relève d’une maladresse. La maladroite lui colle comme un mauvais nom trop facile.



La maladresse semble ricocher sur plus d’une tête. Le monde adulte, monde de faux-fuyants pendus comme des marionnettes aux bonnes lois du plus haut. Protection exacerbée des parents.

Quand la conscience pavane dans l’inconscience. Qu’une enfance se brise de plein fouet enchaînée à la barbarie de leurs géniteurs. Une histoire comme tant d’autres et qui me laisse un goût amer en travers de la gorge. Un enfant n’est qu’amour et innocence et le préméditer dans les griffes de bourreaux fous, inadmissible, intolérable. Quand la justice n’émet que doutes, approximations, soutien parental (!), j’en reste bouche bée. Et pourtant... La maltraitance enfantine est un sujet grave et semble évidente à dénoncer pour nous spectateurs, lecteurs, mais pour eux là-bas, le corps enseignant, l’aide à la jeunesse, cela reste un domaine sensible où les parents sont à mon humble avis trop protégés...
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La maladroite

J'ai toujours considéré qu'un enfant venant au monde avait un droit fondamental : celui d'être aimé, choyé, protégé. Devenir maman n'a fait que renforcer ma conviction.

Savoir qu'il y a dans le monde tant d'enfants maltraités me bouleverse, apprendre que deux enfants meurent chaque jour en France sous les coups de leurs parents me donne littéralement la nausée.

Alors, lire un livre sur ce sujet, non merci !

Pourquoi donc La maladroite ? Parce qu'une bibliothécaire me l'a chaudement recommandé, parce qu'elle a su trouver les mots qui m'ont convaincue. Et elle a bien fait.

Pour son premier livre, Alexandre Seurat n'a pas choisi un sujet facile et il s'en est remarquablement bien sorti.

La façon dont il a choisi de raconter, très originale, en fait un texte qui ressemble plus à un compte-rendu de tribunal qu'à un roman, et je trouve que c'est ce qui fait sa force. Alexandre Seurat ne cherche pas à faire d'effets, il expose les faits sans fioritures d'une manière neutre, distanciée.

Il n'accuse personne, ne juge pas : au lecteur de se forger son opinion.

La maladroite n'est pas une lecture facile, mais c'est une lecture nécessaire. Un texte coup de poing pour une prise de conscience, non pas du phénomène de la maltraitance, qui est malheureusement connu, mais des méfaits de la passivité de l'entourage dans ce genre d'affaire.

Alexandre Seurat met en évidence la phrase "on a fait ce qu'on a pu" qui revient dans la bouche de nombreux protagonistes : entourage familial, enseignants, services sociaux. Il montre la pitoyable excuse "c'est la procédure" derrière laquelle l'administration se réfugie pour justifier sa lenteur. Il expose toutes ces personnes qui se renvoient la balle, chacune se disant que ce n'est peut-être pas à elle d'agir, que quelqu'un de mieux placé le fera.

Les parents maltraitants sont coupables, c'est certain, quelles que soient les circonstances : rien, dans le présent ou le passé d'un adulte n'excuse les souffrances infligées à un enfant. Mais ces coupables ne sont pas les seuls responsables, et c'est ce qu'Alexandre Seurat met formidablement en évidence. Dans ce genre d'affaire, les fautifs sont nombreux, à nous d'en prendre conscience : ne rien dire, ne rien faire est criminel. Se réfugier dans la dilution des responsabilités en se disant qu'un autre agira est criminel. Ne rien faire parce qu'on pense que cela ne nous regarde pas est criminel. Attendre est criminel.

Lisez La maladroite. Ce n'est pas un beau livre. C'est même un livre moche, mais c'est un texte nécessaire qu'il faut lire et faire lire.

Et n'oubliez pas le 119, le numéro de téléphone de l'enfance en danger, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept.
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La maladroite

Une enfant perçue par sa mère dès la grossesse comme « une excroissance de quelque chose qui lui était insupportable », prénommée Diana « comme une princesse brûlée vive », abandonnée à la naissance (accouchement sous X) mais annoncée comme mort-née à la famille, et finalement reprise par le couple parental à un mois.

Très tôt la grand-mère et la tante de l'enfant sentent que quelque chose cloche chez/avec cette petite - est-elle handicapée ? maltraitée ? Mais la mère de Diana se rebiffe quand elles essaient d'intervenir, et assure que tout va bien « Hein, ma chérie ? » - « Oui, maman », répond la petite Diana en embrassant sa mère. Bon, parfois elle reçoit des brimades en public quand elle fait des bêtises, les parents se justifient : « Faut bien qu'elle comprenne ! »



La maltraitance a continué, car il s'agissait bien de cela et non de réprimandes 'éducatives', et on pourrait croire que les affreux parents ont vite été confondus, une fois que l'enfant a été scolarisée. Pas si simple, malgré toutes les preuves consignées par l'institutrice, et la coopération de la directrice. La médecin scolaire freinait (par lâcheté ? par peur ? par prudence ?), les parents déménageaient quand ça sentait le roussi...



J'ai longtemps repoussé la lecture de ce roman parce que le thème m'effrayait.

Mais Alexandre Seurat s'empare admirablement de ce sujet brûlant et dérangeant, sans esprit racoleur. Il donne la parole en alternance à quelques proches, témoins du drame vécu par Diana, impuissants malgré leur volonté farouche (pour la plupart) d'y mettre un terme.

Tout au long de la lecture, on s'indigne du comportement de ces parents tortionnaires, doués pour faire bonne figure et manipuler leurs enfants qui apprennent impeccablement leur leçon : Diana est tombée, Diana s'est brûlée, elle est maladroite, Diana, terriblement maladroite.

On se demande pourquoi. Pourquoi elle et seulement elle au sein de cette fratrie de quatre enfants ?

On se révolte contre l'impressionnante inertie administrative. On comprend mieux comment tant d'enfants et de femmes meurent encore de maltraitance répétée, s'il est si difficile pour l'entourage d'intervenir - mais entre non-assistance à personne en danger et ingérence, où se situe la limite ?



Excellent et terrible récit qu'on lit la gorge nouée, la mâchoire et les poings serrés de rage. Coup de grâce avec l'épilogue, triste à hurler...
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La maladroite

Comment mettre des mots sur un drame aussi terrifiant ? Comment révéler les faits et les ratés de différents services pour en arriver au supplice de la petite Diana ? Alexandre Seurat y arrive dans ce court récit ou la parole des différents intervenants montre qu'avec une collaboration, un échange entre différents institutions, la vie de Diana n'aurait pas été un long, trop long supplice. Un immense et intolérable gâchis sans qu'il soit difficile de jeter la responsabilité sur les témoins. Que sous les paroles de ses parents (méritent 'ils ce nom?) qui semblaient concerné, se cachaient deux monstres manipulateurs, menteurs, barbares. Ça vous prend aux tripes, sans être jamais voyeur, les témoignages se suffisent à eux mêmes, Alexandre Seurat nous met KO avec un premier livre bouleversant.
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La maladroite

Âmes insensibles, s'abstenir...

La maladroite est inspiré de l'affaire Marina S.

Bébé née sous X puis récupérée, pour son plus grand malheur, un mois plus tard, par sa mère.

Un récit terrible, sur un sujet auquel je suis particulièrement sensible.

Une façon très originale de raconter cette affaire à travers le témoignage de différents protagonistes, proches, enseignants, médecins, gendarmes, services sociaux. Autant de témoins auxquels ont pourrait avoir des reproches à faire, avec un degré de responsabilité plus ou moins important...

Il y aurait beaucoup à dire...

Chacun se livre, chacun admet, chacun culpabilise mais, tous, n'ont rien fait, ou si peu, pour empêcher le drame.

Les principaux responsables et coupables restant les parents, condamnés certes, mais qu'est ce que la prison à côté de la torture, la souffrance et....la mort d'une enfant....

Vaste débat bien sûr.

Ce roman poignant fait réfléchir, interpelle... Et si nous avions été là , qu'aurions nous fait ?

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La maladroite

Court récit glaçant au goût amer!



Le lourd calvaire d’une petite fille Diana, non désirée et mal aimée par sa mère, dénoncé au travers de témoignages des proches et personnes qui l’ont côtoyée.



Description parfaite de l’impuissance de certains intervenants face à un système administratif français très lent et immobiliste inconcevable.



Alexandre Seurat nous bouleverse par ce roman poignant et percutant qui démontre la dure réalité sur la maltraitance infantile, l’acharnement et comportement excessif et abject des bourreaux d’enfants, l’incompréhension et l'inactivité révoltantes de l’humain.



Une vraie réussite littéraire pour ce premier essai ; Un style fluide d’écriture et une construction de paragraphes qui sort de l’ordinaire....
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Un funambule

Voici un récit pudique, sombre , dense et éprouvant qui plonge le lecteur en apnée dans un monde intérieur "sans repères ", un effondrement........en retenant son souffle!

Celui- ci est toutefois éclairé de l'intérieur par une écriture épurée, poétique, ciselée, travaillée au cordeau, fulgurante , prégnante , un fort bel exercice littéraire , âpre , distillé à chaque ligne ou presque !

Comment décrire l'émotion qui nous étreint à la lecture bouleversante du malaise du narrateur ?



Ce jeune homme fragile , si fragile !

Il se sent persécuté,agressé par les autres et par l'environnement .

Tout ce qui est extérieur lui apparaît comme une menace : sa douleur, sa peur panique, invalidante lui donnent envie de se cacher.......

Il aurait bien voulu tendre les doigts pour s'emparer de sa vie qu'il devinait de l'autre côté de la vitre mais il était possédé par le chagrin et la haine de lui- même , de tout ce qu'il n'arrivait pas à faire .......

C'était comme tomber dans un silence sans fin, comme être suspendu au vide, suffoqué par une angoisse brutale et violente .........

Effondré , sans repères, il y a lui et " les autres " .

Il marche au - dessus du vide, cherche sa place dans sa famille et dans la vie , comme un funambule .

Il se sent agressé , abandonné, écorché, avec un fort sentiment de désespoir , vit , parle, marche en état second .........

Il ne peut communiquer avec sa mère et Soléne son amoureuse l'a quitté .

Nous lecteurs , ressemblons à des voyeurs qui scruteraient à la loupe la situation jusqu'à nous rendre " prisonniers "ou " compréhensifs " en appréhendant avec bienveillance ou agacement son silence de "fantôme " .

L'auteur sait mettre des mots avec son écriture délicate et douloureuse ( comme il avait su le faire avec son premier livre" La maladroite " ), sur les plaies environnementales , sociales et familiales .

Avec simplicité et un travail d'une grande beauté narratrice , un sens de l'épure déchirant et éprouvant pour le lecteur il nous plonge avec un doigté sans pareil dans la désespérance de la maladie psychique , une course à l'abîme à laquelle le narrateur ne peut rien !

J'ai bien conscience d'avoir été trop longue, mais comment exprimer cette douleur qui touche au cœur?

Très déprimé s'abstenir .........
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Petit frère

Avec " La maladroite", qui avait connu un beau succès d'estime en 2015 , Alexandre Seurat nous dressait un portrait terrifiant et fin d'une enfance en grand danger, entre famille maltraitante et administration un peu défaillante.



En cette rentrée littéraire, il nous livre un nouveau roman qui traite de l'enfance malheureuse et des blessures du passé mal cautérisées. enquête familiale sur une jeunesse à la dérive..



Ce roman écrit à la première personne nous conte l'histoire du petit frère du narrateur décédé d'une overdose alors qu'il était encore jeune, et qui décide alors de faire une enquête mélangeant passé et présent, un peu à la manière d'un Olivia Lamberterie mais avec le pouvoir de la fiction en plus pour tenter de percer les mystères de ce frère cadet qui a très vite développé une inaptitude à vivre .



Un peu bipolaire, tantôt extraverti, tantôt effacé, multipliant les addictions et conduites à risque, ce frangin ( qui n'est jamais appelé autre que par " mon frère") est surtout mal dans sa peau depuis toujours, alors même que beau, intelligent, aimé, celui-ci avait toutes les cartes en main pour s'épanouir dans la vie.



Alexandre Seurat livre un portrait âpre et incisif d'un jeune à la dérive dont la construction déroute au départ puis séduit dans son ensemble. Une écriture brute, sans artifice qui contribue pour beaucoup à la réussite de ce texte.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La maladroite

Aucune originalité dans le fait de dire que ce petit livre est révoltant et qu'il met mal à l'aise mais c'est ce qui ressort inexorablement de cette lecture éprouvante.

Que de failles dans notre système pour protéger les enfants ! Ce n'est pas simple, Alexandre Seurat n'accuse personne mais il montre comment il est possible de ne pas réussir à empêcher un drame. La perversion des parents, l'endoctrinement des enfants, la peur, mais aussi les doutes, les petites choses qui rassurent, tout cela entraîne ou peut entraîner des drames et c'est ce qui arrive à Diana.

Les derniers mots de cette petite fille sont un véritable coup de poignard dans le cœur.
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La maladroite

Quelle révélation pour ce premier roman! Âpre et abordant un sujet qui revient hélas trop régulièrement sur les devants médiatiques : la maltraitance des enfants. En l'occurrence ici Diana, petite fille de huit ans.



Alexandre Seurat construit son récit sur la forme chorale. Il permet ainsi à diverses voix de l'entourage de la fillette de s'exprimer. La plus bouleversante pour moi est celle de son institutrice qui, la première, relève les trop nombreuses traces qui parsèment le corps enfantin : ecchymoses, cicatrices plus ou moins anciennes, brûlures, etc. On lui rétorque la maladresse congénitale de Diana, elle la première qui récite chaque histoire de ses plaies et bosses.



Sans se porter en juge ni vilipender, l'auteur démontre la lourdeur administrative face au soupçon de la maltraitance, la crainte des témoins de s'immiscer dans la vie des autres et - peut-être - d'avoir mal estimé et de porter de fausses accusations. La détestation de la délation qui se heurte au besoin de venir au secours d'une petite fille. Chaque voix mise en scène porte ces questions et ces atermoiements en une spirale d'urgence qui s'accroît au fil des pages.



Une petite centaine de pages qui s'inscrivent durablement dans l'esprit du lecteur. Le roman, inspiré d'un tragique fait divers, nous renvoie à notre propre position sur le sujet. Une remarquable entrée dans le monde de la littérature pour Alexandre Seurat. La Maladroite est une lecture éprouvante et douloureuse mais nécessaire car il y a trop de Diana.
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La maladroite

Alexandre Seurat a choisi pour son premier roman, le drame des enfants victimes des violences parentales.

Diana est une fillette maladroite, elle tombe, elle se cogne, elle ne fait jamais attention disent ses parents. La réalité est toute autre, Diana est une fillette maltraitée, mal-aimée, rejetée. L'issue de cette histoire sera fatale, on l'apprend dès le début.

La maltraitance de cette enfant nous est racontée à travers les témoignages des personnes qui l'ont croisée : grand-mère, institutrice, directrice d'école, assistante sociale, médecin. Certains ont senti l'urgence de la situation, d'autres n'en n'ont absolument pas mesuré la gravité. Et l'horreur est arrivée.

L'écriture sobre et maitrisée nous emporte dans une spirale dramatique. Que faire dans une situation aussi sensible, quand les doutes s'insinuent en nous ? Comment savoir à quel moment il faut prévenir, prendre des risques pour sauver un enfant ?

Point de pathos, aucune description malsaine, juste une plume délicate, sensible qui nous embarque. Un livre terriblement humain, qui est d'une justesse incroyable.









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L'administrateur provisoire

Alexandre Seurat avait frappé un grand coup avec « La maladroite », premier livre encensé à juste titre.

Quand on m’a gentiment proposé de lire son nouvel opus « L’administrateur provisoire », je n’ai donc pas hésité un instant.

Le sujet, un jeune homme enquête sur le passé trouble de son arrière-grand-père, nommé administrateur provisoire des biens des juifs sous l’occupation. Un passé que toute la famille, grand-père, père, oncles et leurs conjointes préfèrent ignorer.

Un sujet fort donc.

Mais voilà, force est de constater que je n’ai pas accroché au style de narration de l’auteur. En attendais-je trop ?

Je me suis perdu, dans le labyrinthe des époques et des personnages, au point de ne plus savoir de qui le narrateur (l’arrière-petit-fils, donc) parle.

Mélangeant le passé du temps de l’occupation, celui des souvenirs d’enfance et celui du temps présent dans le même chapitre. Je passe sur le bisaïeul qui n’a pour patronyme qu’une lettre, le « H », et sur le frère, véritable fantôme qui hante le livre et dont je cherche encore aujourd’hui à comprendre la destinée.

Bref, autant le dire tout de suite, ce livre est une déception pour moi.

Mais ce n’est que mon modeste avis, peut-être suis-je simplement passé à côté…..

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L'administrateur provisoire

Après une rencontre intéressante avec l'auteur à la fête du livre de Toulon en novembre 2016, son livre a patienté une quarantaine de mois dans ma bibliothèque, quelquefois il est bon de laisser attendre un livre, comme le vin, pour le déguster au meilleur moment.



Très riche dégustation que celle de l'écriture d'Alexandre Seurat sur un thème difficile, celui des mystères familiaux sur la collaboration de trop de français au génocide des juifs, quand le profit facile et spoliateur passe avant toute humanité, presque pire que la haine raciale des nazis qui, eux, l'assumaient.



La construction originale du livre d'Alexandre Seurat, qui a pu dérouter quelques lecteurs, m'a paru très réussie car, à travers la quête de l'arrière petit-fils de l'administrateur provisoire, c'est toute une progression dans les arcanes d'une famille qui va et vient, tantôt dans la pénombre des salons feutrés emplis de meubles anciens -- sont-ils biens de famille ou "prélevés" par cet homme? --, tantôt dans les cours d'immeubles désertes qui ont vu passer tant de valises remplies à la hâte de semblants d'espérance sur la route inconnue de Drancy, puis d'Auschwitz.



Les recherches de l'arrière petit-fils vont de l'exploration minutieuse des archives à travers le livre vert foncé de l'inventaire du Commissariat général aux questions juives, à la lecture du texte promulgué par un triste maréchal, avide d'un pouvoir illusoire, collaborant pleinement à liquidation des biens et des familles, en passant par le questionnement des oncles qui ont un peu connu ce grand-père austère et sévère, pointilleux dans les comptes des spoliations qu'il a réalisées et dont les crimes restèrent impunis.



L'alternance du propos d'Alexandre Seurat rend tout à fait intéressante cette tragique découverte des missions indignes de cet administrateur provisoire. C'est le genre de livre qu'il faut lire de temps en temps, pour apprendre si besoin, savoir et ne pas oublier.
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La maladroite

"La Maladroite" d'Alexandre Seurat, paru en cette rentrée aux éditions de « La brune au Rouergue » est un premier roman que j'ai lu dans les tous premiers de la rentrée littéraire, bien avant qu'il ne sorte et surtout bien avant qu'il ne connaisse un beau succès public et surtout critique (il est notamment présent dans pas mal de premières listes de la rentrée).



Personnellement si je reconnais volontiers certaines qualités du livre, je suis quand même moins enthousiaste que la grande majorité des lecteurs et des professionnels du livre qui ne cessent d’en chanter les louanges.



Certes, le sujet est très fort (la maltraitance enfantine autour d'une fillette qui a soudainement disparu) et il renvoie forcément à des faits divers connus (avec notamment le récent procès du petit Bastien à qui on ne peut que penser en lisant ce roman) et il est ici traité avec énormément de pudeur et sans aucun pathos qui aurait évidemment posé problème sur un tel thème. La maltraitance y est en effet montrée dans tout ce qu'elle a de plus douloureux et même cruel (l'inertie des services sociaux et de la justice n’est pas occultée) et on ne peut que louer l’ambition de Seurat de s’y être confronté.



Mais en même temps c’est aussi sa façon de traiter la tragique destinée de la petite Diana (comme e un rapport de police où, successivement, les protagonistes de l’histoire viennent expliquer qui était la fillette disparue et tenter de comprendre ce qui lui est arrivé.) qui en fait un peu sa limite.



On a plus l’impression de lire un procès verbal d’un jugement qu’un roman proprement dit. Cette froideur, ce manque de psychologie des personnages, assumé par l’auteur entrave en quelque sorte l’émotion d’affleurer, malgré le côté dramatique de cette situation



Un récit presque exclusivement factuel et sans fioritures qui ne laisse malheureusement que trop peu de place à l’émotion et qui laisse du coup un sentiment un peu mitigé à la lecture, sentiment que visiblement peu de lecteurs ont ressenti.tant mieux pour eux et pour les auteurs de premier roman !!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La maladroite

Voilà un livre éprouvant, épouvantable, nécessaire.

C'est le récit retravaillé du calvaire de la petite Marina S. ,ici rebaptisée Diana, la princesse morte sous les coups, les actes de torture et de barbarie infligés par ses parents. Calvaire envisagé de l'extérieur, par ceux qui ont tout vu, mais n'ont rien pu faire.

Car c'est cela qui est horrible et que l'auteur met en avant. Des gens savaient, et ils ne pouvaient rien faire, empêchés par la loi elle-même, et par l'habileté diabolique du père principalement.

Ce drame a eu lieu en 2009, il faut aussi se replacer dans le contexte post-Outreau, les services sociaux et la police ne veulent sans doute pas aller trop vite en besogne. Mais renverser la vapeur à ce point là, c'est tout aussi criminel de leur part.

Le roman est de type choral, on entend la voix de ceux qui ont connu Diana et la famille au cours de leur fuite en avant pendant huit ans. Cependant, comme dans une tragédie, personne n'est totalement innocent. Quand Diana naît, sa mère l'abandonne. Elle sent qu'elle ne peut pas l'aimer. Et c'est sous la pression de la grand-mère qu'elle va la récupérer avant que le délai définitif ne soit écoulé. La grand-mère n'avait pas compris qu'elle ne contrôlait pas sa fille. Et ainsi de suite pour tous les "personnages", littéralement englués dans une impossibilité complète d'agir. L'institutrice alerte et alerte et alerte et alerte. Le père se défend à chaque fois, met la médecin scolaire dans sa poche. Que peut-elle faire de plus ? Puis un jour Diana déménage, c'est fini. On alerte quand même l'autre école, qui à son tour alerte, alerte, alerte, mais rien ne se passe...Les parents présentent bien, et la petite est souriante, et peut donner une explication à ses dix-neuf blessures, la même que celle de ses parents, alors...Aucune enquête approfondie, rien. Malgré de longs séjours à l'hôpital, Diana est toujours "rendue" à sa famille...Quand l'assistante sociale vient, Diana est là, au milieu de ses frères et sœurs, souriante et heureuse, et de fait elle l'est à cet instant, car normalement...C'est la voix du frère qui nous apprend ce qui arrive à Diana et où elle est normalement...

Le livre montre un enchaînement diabolique et imparable, où la petite est prise au piège. Si la grand-mère ou l'institutrice, les plus lucides, avaient voulu agir véritablement, la seule solution était l'enlèvement...C'est à dire une fausse solution. Ensuite le père...manipulateur, sachant parler à ceux qui ont le pouvoir, notamment les médecins, à qui il parvient à faire admettre l'existence d'une maladie génétique rare expliquant tout chez Diana, ainsi qu'un accident quand elle était petite, qui a causé cette maladresse...Il y a bien un cerveau derrière cette mécanique implacable...Ensuite la police et les services sociaux, des soupçons mais pas de preuves, jusqu'à la catastrophe.

Quant à ce Mal monstrueux qui s'est emparé de ce couple maudit, on ne cherche pas à le comprendre ni à le décrire. C'est trop laid. En cela le roman n'a rien de voyeur. Il est juste glaçant par ce que l'on devine des souffrances de la petite, triste à mourir par ses sourires et sa loyauté inconditionnelle envers ses bourreaux, et désespérant d'impuissance.
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Un funambule

Le narrateur est un jeune-homme sans repères.

Il est effondré, socialement et affectivement.

En état de crise, il marche au-dessus du vide, comme un funambule. Tous ses points d’ancrage disparaissent et il glisse doucement vers le néant.

Il y a lui, et il y a les autres, « dehors », sans points de rencontre.



L’analyse de cette descente vers le vide est très subtile.

L’écriture est belle.

Mais quelle désespérance, quelle solitude, pointent entre les lignes et laissent le lecteur dans un profond malaise.

A ne pas lire en période de déprime.

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La maladroite

« La maladroite » raconte un fait divers sordide : le calvaire de la petite Marina Sabatier.



Dans ce roman inspiré donc de faits réels, Diana n'a quasiment pas la parole. Son calvaire nous est raconté à travers les yeux et la voix des protagonistes qui ont pu la côtoyer.



C'est un roman choral dans lequel successivement vont prendre la parole les membres de sa famille et notamment en premier lieu la grand mère, la tante et le frère ou encore des professionnels de l'éducation nationale, médecins, assistante sociale…



Et c'est là que ce livre est fort…



Il nous démontre que malgré les cris d'alarme, les rapports, les contrôles, un dossier aussi solide où chacun des acteurs, en son âme et conscience sait que la petite subit quotidiennement des actes de maltraitance; ce dossier a été classé sans suite par la justice et a mené malheureusement à la mort de cette fillette.



Diana nous est présentée comme une enfant différente des autres. Un peu retardé. Elle fait donc l'objet de moqueries à l'école. Les enfants entre-eux sont d'une méchanceté sans limite tant que des parents ou enseignants ne leur fixent pas un cadre et qu'on ne leur explique pas la différence entre le bien et le mal. Autant il est possible d'éduquer des enfants mais que faire pour des adultes, qui plus est, des parents qui ne comprennent pas qu'humilier, frapper, torturer un enfant – son propre enfant – ne doit pas exister ?



Ce livre, au delà de dénoncer un fait divers, pousse à nous interroger sur nos propres réactions face à une situation de maltraitance. On ne peut plus regarder, tenter de faire puis en vérité laisser faire !



Des mesures plus draconiennes doivent être prises pour aider ces parents psychologiquement fragiles et ainsi prévenir des actes inhumains envers les enfants mais aussi envers les personnes âgées qui est un sujet qui rejoint celui du livre.



Pour en venir au style de l'auteur, difficile de le juger. Il ne cherche pas à nous toucher avec des mots pointus mais plutôt avec des termes simple que chacun comprendra, et qui aviveront notre sensibilité.



Pour conclure : « La maladroite » est un roman qui se lit vite mais qui au fil des pages ne peut vous laisser indifférent car ce drame médiatisé et dénoncé dans ce livre, n'est en vérité que l'arbre qui cache la forêt.
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La maladroite

J'ai repéré ce roman, inspiré d'un fait divers, sur les blogs où j'aime flâner. Les avis très positifs m'ont convaincue de le découvrir, malgré la gravité du sujet.



Diana est tuée. Par son père? Sa mère? Ses parents? Ses parents ou plutôt ses bourreaux? La petite fille n'est pas tout à fait comme les autres enfants de son âge, elle a un léger retard et est un peu plus agitée aussi. Plusieurs personnes l'ont croisée et connue durant quelques années marquées par les coups. Ils s'expriment à tour de rôle et leur impuissance est saisissante face au système socio-juridico-éducatif qui freine toute tentative de venir en aide à la petite Diana en souffrance.



Quelle tristesse ce roman. Une grande incompréhension aussi; comment peut-on arriver là? Comment peut-on être aussi cruel? Pourquoi? Que des questions et aucune réponse. Un court roman d'une force bouleversante.
Lien : http://edytalectures.blogspo..
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