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Citations de Alexis Jenni (614)


Le vrai amour est donc l’inabouti, celui où l’on n’est pas ? Celui qui n’a pas lieu, donc rien ? Je suis rangé des voitures dans ce domaine, mais de l’entendre ça m’agace.
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C’est un grand roman d’amour, parce que l’amour le plus beau c’est celui que l’on a manqué de peu, on ne l’oublie jamais. Le grand amour, de toute façon, c’est la première fois. Rien ne remplace la première fois, plus ou moins manquée cela va de soi, mais on y pense toujours. 
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Moi, j’écris sur les tueries des temps passés, ce n’est pas très reluisant mais je crois bêtement à l’art, et puis à l’amour, même je laisse à d’autres plus informés le soin d’en parler précisément. Enfin, jusqu’à cette soirée.
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Dans ses livres l’amour est un naufrage avant même de commencer, le sexe est une obsession qui échoue avant même que de jouir, les relations humaines sont un naufrage triste, et pas même dans une tempête, au moins ça aurait de la gueule, mais dans un accident lamentable sans sortir du port, auquel on assiste sans pouvoir rien faire, sinon observer du quai, et ricaner.
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Mais à quoi peut ressembler l’amour – le vrai, le grand, qui avec la guerre, et peut-être le voyage, est le seul thème de la littérature – passé au hachoir de son clavier ? Parce que ce qu’il montre dans tous ses livres, c’est qu’il ne pense qu’à ça, mais qu’il n’aime pas ça.
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L’auteur c’est personne, le critique c’est personne, la chose écrite flotte dans l’empyrée littéraire, c’est au-delà de nos petits ego ; les critiques cinglantes n’ont rien de personnel, c’est la guerre du goût, c’est la loi d’airain de la République des Lettres. Tout est bidonné bien sûr, c’est un cirque élégant où chacun joue son rôle, le spectacle doit continuer malgré les piqûres d’aiguilles, dont aucune ne tue mais qui toutes blessent.
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C’est un homme très connu, très intelligent et très laid, qui dans sa vie publique accentue ceci et dissimule cela derrière un à-quoi-bonisme narquois qui fait la réputation de ses livres, qu’il distille in vivo par des mots d’esprit blasés, toujours amenés avec talent. Il charme ceux qui l’écoutent parce que l’à-quoi-bonisme dès qu’il est un peu drôle a toujours raison. Rien ne tient en ce monde si on le regarde avec un peu de distance et de dérision, cela passe pour de la lucidité mais ce n’est qu’un jeu de société auquel le Français excelle, auquel on se fait tous prendre le temps du mot d’esprit.
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Je devrais mieux choisir avec qui je parle, ou même ne pas parler du tout, mais on ne choisit pas toujours ; dans le métier que je fais, foutu métier sans règles, travailler c’est parfois passer une soirée à table en compagnie de gens que je ne connais pas, seulement de nom, des noms d’emprunt au bas d’un article ou en gros sur un livre ; et avec eux toute la soirée ne rien faire que bonne figure, briller, comme la lampe de cuivre que l’on astique pour qu’un génie en sorte, au moins le génie de la repartie, mais il y a des soirs où m’astiquer je n’en ai pas l’envie.
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Quand l’amour vacille, craintif, c’est la lumière qui s’éteint et j’hésite à vivre ; je ne vois plus comment.
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Il y eut ça dans ma vie : un long moment où j’eus la certitude sans mots d’aimer et d’être aimé, la joie de l’œuvre et la vie qui lui répondait sur le même ton ; la capacité de tout faire et de tout oser puisque le monde m’était accueillant : il comprenait Felice.
Et puis cette nuit où Felice n’est pas rentrée, une fissure s’est précipitée en zigzags sous mes pieds, fendant le sol, le rendant instable, menaçant de se dérober.
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Quand on écrit, on peut toujours essayer d’expliquer ce que l’on fait, parce que par le verbe on peut comprendre ce que l’on construit par le verbe. C’est illusoire mais cela s’envisage ; en dessin on marmonne, on se contente de faire. Il faudrait une traduction pour comprendre, et si on dessine c’est que l’on ne sait pas traduire. Il est des pensées qui se déploient en toute cohérence sans utiliser un seul mot, et quand un dessin me parle avec cette langue qui n’est pas une langue, cela m’agace que le langage ne suffise pas à tout, moi qui n’ai que ça.
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Nous sommes vivants, nous sommes sensibles, nous réagissons à tout ce qui est nouveau ; mais si ça dure, si la sensation dure, on ne voit plus. Ce qui était vif parce que neuf fait maintenant paresseusement partie de nous, on ne le ressent plus.
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Mon sujet est le cœur paisible de la tempête. Pris dans la valse ils ferment les yeux, ils écoutent le vent d’ouragan, leurs têtes sont alanguies l’une contre l’autre, ils tournent ; au cœur du tourbillon est l’œil du cyclone, un point d’équilibre où les vents sont comme éteints, le temps ne passe plus, c’est ça qu’ils écoutent. S’ils s’arrêtaient de tournoyer, ce lieu où ils sont ensemble disparaîtrait aussitôt. Heureusement, ils dansent. On peut vivre heureux dans ce calme, à condition de continuer de danser.
Panta rhei, tout flue, c’est la loi du monde, mais dans ce flux perpétuel quelque chose tient quand même. Le point d’apaisement du tourbillon, on l’appelle l’être.
Bon, si ça devient cosmique, il faut que j’arrête ; il fait de toute façon trop chaud. Dans ces derniers jours de juin, le soleil fait couler ma cervelle fondue le long de ma nuque, je n’écrirai plus rien.
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Elle sourit encore, je manque perdre la raison. J’aurais été danseur, j’aurais dansé ; je suis dessinateur, je tâtonne autour de moi, je saisis un crayon, je ramasse un cahier empilé sur d’autres, je l’ouvre, le feuillette, trouve une page vierge. Enfin.
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J’hésite à vivre avec quelqu’un enfermé au milieu de chez moi, j’hésite à avoir la patience d’un chat, j’hésite à ne rien dire, à ne rien faire, et que nous sombrions. Quand le jour est bien plein je frappe violemment, j’entre sans attendre, passe devant les dessins pendus en me demandant si je vais les arracher, les froisser et les jeter par terre, je trouve une chaise, je m’assois. Mon peignoir bleu s’ouvre, je ne le referme pas. « Dessine-moi. »
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Elle ouvre son peignoir bleu, apparaît sa poitrine nue, ses deux seins ébauchés trop légers pour tomber, son ventre arrondi plissé par la posture. Elle me regarde en face, de ses yeux intenses, deux galets de lave noire qui gardent le souvenir du volcan dont ils ont jailli.
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Il ne servira de rien de fermer les yeux, de rester allongé, de mimer le sommeil, je me lève. Je n’allume pas, j’aime aller dans le noir, je ne veux rien déranger de l’obscurité qui m’enveloppe, c’est au fond rassurant d’être réduit à seulement soi parce qu’on ne voit pas. La place de Felice est bien en ordre, même seul je reste de mon côté, je n’occupe pas la totalité du lit comme ceux qui se réjouissent, dès qu’ils le peuvent, d’occuper toute la place.
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L’amour est un volcan. Savez-vous ce qu’est un volcan ? Une faille. Par là, tout en bloc, remonte l’âme fondue sous pression, tous sentiments mêlés, l’âme brûlante, sans ordre, violente. Alors je reste au large, je crains de me brûler, écrire me suffit comme source d’eau chaude. Noé vit au-dessous du volcan sans en paraître effrayé ; et Felice je ne sais pas. Sait-on avec les femmes ?
Je suis désuet en parlant des femmes, je tiens des propos d’homme, je suis un cismâle blanc de plus de cinquante ans et on n’échappe pas à ce qui était là quand on a grandi, cela façonne les réflexes de pensée, et parfois d’action. Mais je ne veux de mal à personne ; je vis seul.
Au matin dès 5 heures je ne dors pas, l’insomnie me laisse sur le dos les yeux ouverts, inutile de rester au lit. Quand j’ai entendu à la radio que l’on annonçait quarante-deux degrés pour cette journée de la fin de juin, j’ai texté à Noé pour savoir s’il dormait ; lui non plus.
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Jusque-là, je ne m’approchais guère des sentiments, je m’en méfiais dès que l’on commençait à les nommer, croyant ainsi les faire exister. Je vis seul depuis toujours, je m’occupe d’écrire, ça suffit comme ça. J’ai eu des flambées qui se sont éteintes, je suis capable d’amitié mais l’amour est pour moi un sentiment vestigial, comme on dit de ces organes inutiles dont la présence ne s’explique que par l’histoire de l’espèce : l’appendice qui fait mal, le nombril qui fait sourire, ou le téton des hommes qui plonge dans des abîmes de perplexité.
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J’ai eu des flambées qui se sont éteintes, je suis capable d’amitié mais l’amour est pour moi un sentiment vestigial, comme on dit de ces organes inutiles dont la présence ne s’explique que par l’histoire de l’espèce : l’appendice qui fait mal, le nombril qui fait sourire, ou le téton des hommes qui plonge dans des abîmes de perplexité.
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