La violence devient grotesque. Des citoyens, certains avec des décorations au revers de leur costume, sont mitraillés en pleine rue. Les assassins sont pratiquement des enfants. Leurs actions les rendent malades. On les voit assis dans le caniveau, qui pleurent.
JAMES SALTER
Il est heureux que je sois né à l’ère des objets mécaniques au fonctionnement sensible, la machine à écrire a été pour moi un appareil à résoudre, un détour métallique pour m’aider à sortir du marais organique, un caillebotis, un ponton, une planche de salut. Oser ne suffit sans doute pas à faire de la littérature, et tout ce qui est sorti de cette machine a disparu, tant mieux. Mais elle m’a lancé comme un moteur pétaradant, une mobylette de l’esprit qui m’a emporté là où le travail d’écrire était possible. Maintenant je ne m’en sers plus, je ne sais même plus où elle est, mais je lui suis reconnaissant d’avoir veillé sur mon adolescence, je rends grâce à cette petite Olivetti pimpante comme une secrétaire des sixties, Vespa, robe corolle et choucroute blonde, fraîche comme de la French pop pour danser le jerk, et qui m’aida sans barguigner à sortir de mon marasme.
J’ai été muet, puis bègue, puis embarrassé, et maintenant je parle sans frémir devant cent personnes, mille personnes, comme on voudra, je leur parle sans notes et sans crainte, sans hésiter, mais j’ai déjà plus de cinquante ans ; et je me demande si ce n’est pas un peu tard pour accomplir ce dont je rêvais lorsque j’étais un enfant muet, un adolescent bègue, un jeune adulte embarrassé, un peu tard vraiment pour parvenir à ce libre exercice de la parole que j’ai tant désiré, et eu tant de mal à réaliser.
Du spirituel jamais on ne voit rien, mais penser que là est la preuve que ceci n'existe pas, revient à penser que voir c'est prouver, ce qui est une naïve conception de ce qu'est une preuve, et de ce qu'est le fait de voir. La foi se moque des apparitions et des miracles, elle s'en passe, car son fondement n'est pas là. Mais la science se moque tout autant de ce que l'on voit, car la source de ses connaissances n'est pas là.
Les femmes sont comme les mosquées ottomanes dont on croit de loin qu’elles se ressemblent toutes, Süleymaniye, Rüstem Pacha, Atik Valide, pointes dressées, dômes de pierre du même gris délicat, mais si on s’en approche, mais si on y entre, si on s’y assoit, si on y reste avec cette humilité et cette patience de qui désire entendre, on voit alors que chacune a été dessinée avec le plus grand soin pour atteindre à un équilibre qui n’est que le sien, et on sent alors autour de soi chacune diffuser son harmonie particulière qui ouvre au bonheur d’une présence pleine et parfaite.
...science et foi n'avaient rien à se dire, tant elles vivent en des espaces différents, qu'entre elles aucun dialogue n'était possible, non par hostilité mais faute de langue et d'objet communs.
La foi ? C'est une façon directe de comprendre, cela va droit au sens profond des choses, c'est la révélation des fins dernières de l'Univers. Ce n'est pas contradictoire avec la science, c'est mieux, c'est plus grand : ça va plus vite. Tout est dit dans la Bible, et la science lentement le redécouvre.