Citations de Alice Munro (298)
Parce qu’une fille qui dit certaines choses, c’est pas comme si c’était un homme qui les disait. Pareil pour une femme ivre. Une femme qui se soûle ou qui dit des choses sales, elle a tôt fait d’avoir des problèmes.
Les gens évoluent de façon importante, sans pour autant changer autant qu’ils l’imaginent.
Le chagrin, ça se garde pour des raisons sérieuses, des pertes importantes. Elle le savait. Elle n’aurait pas troqué une heure de la vie de ses enfants pour entendre sonner le téléphone à dix heures du soir la veille et que Maya lui dise : « Écoute, Georgia, il est désespéré. Il est navré de ce qui s’est passé. Il t’aime beaucoup, tu sais. »
Les ennuis commencèrent dès qu’ils se dirent qu’ils s’aimaient. Pourquoi éprouvèrent-ils le besoin de se l’avouer, définissant, boursouflant, assombrissant ainsi ce qu’ils pouvaient ressentir ? Cela semblait faire partie du jeu, c’est tout, comme dans l’acte d’amour lui-même les changements, les variations, les préliminaires peuvent faire partie du jeu. C’était une façon d’aller plus loin.
À l’entendre, rien ni personne ne le forcera à faire ce qu’il ne veut pas faire. Il n’a pas le ton d’un fils parlant à sa mère, plutôt celui d’un homme parlant à une femme. Un homme qui sait mieux qu’elle et qui est prêt à déjouer toutes les ruses qu’elle emploiera pour le faire céder.
Les gens charmants peuvent vous mener par le bout du nez.
En outre, une jeune femme peut être une compagne des plus frustrantes pour un homme plus âgé qu’elle. La jeunesse peut être ennuyeuse. Oh oui ! Avec une compagne plus âgée, un homme peut se détendre.
On dirait que mon fils s’inquiète de l’état de mes finances et que ma fille, elle, s’inquiète de l’état de ma tête ! Façon typiquement féminine et façon typiquement masculine d’exprimer son inquiétude… Si on gratte un peu, c’est du pareil au même. Les vieux s’en vont, place aux jeunes !
La vie vous réserve toujours des tas de surprises dans son sac à malices.
À mon avis, soit vous faites confiance aux gens, soit vous ne leur faites pas confiance. Une fois que vous avez décidé de leur faire confiance, vous devez oublier le reste.
Vous n’irez jamais loin dans la vie sans rencontrer des tentations.
On restaure les vieilles maisons, on en construit de neuves dotées de vérandas à l’ancienne. Il est rare de rencontrer quelqu’un qui ne regrette pas ces arbres qui donnent de l’ombre, les bazars, ces bonnes vieilles pompes de village, les granges, les coins et les recoins.
C’étaient des bonnes femmes coincées, rigides, sans humour, et qui, de surcroît, n’avaient rien d’attirant. Beatrice avait un teint rosé, on aurait dit que la chair était à vif. Ses cheveux ternes et grisonnants étaient coupés sans chic. Elle ne mettait pas de rouge à lèvres, excentricité qui, chez une femme de cette époque, passait pour une déclaration publique de piété ou d’arrogante négligence.
On aurait dit la statue d’un prince dans une histoire dont Murray se souvenait. Un conte pour enfants. Le prince se fait arracher ses yeux en pierres précieuses pour les vendre et soulager les miséreux, à qui il donnera même sa peau de feuilles d’or. La petite hirondelle qui lui vient en aide quand il est aveugle restera sa seule amie.
Déjà lorsqu’il était lycéen, on avait pu noter chez lui sa propension au culte passionné, qui allait de pair avec sa gentillesse et certaine tendance à se lier d’amitié avec les défavorisés. Mais il était assez fort – ou plutôt il avait assez d’atouts de son côté – pour que cela ne lui ait jamais valu de se faire vigoureusement river le clou et, tant que l’attaque n’était pas trop violente, il était à même d’y faire face.
C’est un idiot, mais pour faire main basse il est doué.
Qu’elle soit douce, subtile ou déterminée, la subversion est l’une des choses les plus difficiles à extirper d’une classe…
Certaines écoles étaient intraitables quant aux cheveux longs (pour les garçons), d’autres préféraient fermer les yeux et se concentrer sur des choses plus sérieuses. Vous n’aviez qu’à les attacher avec un élastique, c’était tout ce qu’on demandait.
On célébrait toujours la naissance d’un premier bébé par une débauche de layette, rubans, toutes choses qu’il fallait laver délicatement à la main, dans de l’eau douce.
Le truc, c’est d’être heureux. Quoi qu’il arrive. Essaye, c’est tout. Tu en es capable. Ça devient de plus en plus facile. Ça n’a rien à voir avec les circonstances. Tu n’arriverais pas à croire le bien que ça fait. Il suffit de tout accepter et la tragédie disparaît. Ou s’atténue, en tout cas, et toi t’es là, tu fais ton chemin tranquille dans le monde.