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Critiques de Anaïs Llobet (202)
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Des hommes couleur de ciel

Ce roman est un bijou. C'est l'histoire de deux frères Tchétchènes qui cherchent une vie meilleure à La Haye, en Hollande. Le roman explore l'intégration et le terrorisme, mais aussi le sujet des origines et de l'homosexualité en Tchétchénie, qui pèsent sur le personnage principal comme un gros fardeau. Je n'en dirai pas plus, mais je n'arrivai pas à poser le livre, parce que j'avais trop envie de savoir comment cette histoire allait finir. Je l'ai lu en deux jours et je prévois beaucoup de succès pour ce roman, qui est seulement le deuxième livre de cette auteure.
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Les mains lâchées

Joli roman qui raconte avec pudeur et sensibilité, le passage d'un tsunami sur les Philippines. La narratrice est une journaliste présentatrice de télé, elle vivait avec Jan un médecin philippin. Le tsunami a pris tout le monde au dépourvu , les gens s'attendant seulement à un cyclone. L'île dévastée, libère peu à peu ses morts et révèle le désastre humain et matériel. Les paroles des différents survivants nous racontent les drames, la souffrance et la vie qui malgré tout s'incruste, s'accroche et reprend ses droits.
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Des hommes couleur de ciel

Un attentat dans le lycée de La Haye ou étudie Oumar Akhmaïev, jeune lycéen d'origine Tchétchène, fait 20 morts. La police, les politiques, dont le premier ministre, les personnalités arrivent et tout accuse les jeunes d'origine Tchétchènes étudiant dans le lycée, dont Oumar.

Cet attentat était conçu pour tuer, tuer le plus possible de gamins...Il a été commis dans le réfectoire au moment ou les gamins déjeunaient.

Oumar est arrêté, et pourtant il n'a pas le profil d'un terroriste : il porte un jean bien trop moulant à 200 €, un tee-shirt violet presque rose, et du fond de teint couvre son visage....la tenue qu'il porte lorsqu'il écume les boites de nuit en se faisant appeler Adam. Oui, Oumar est homosexuel..."crime" puni de mort en Tchétchénie.

Alissa, la professeur de russe, également d'origine tchétchène devient interprète et traduit les interrogatoires de Oumar, que tout accuse. Si ce n'est lui c'est Kirem, son frère qui a disparu.

Adam/ Oumar cache à ses proches ses désirs, sa vie cachée...il sait ce qu'il risque, surtout si son frère découvre le fond de sa personnalité....deux frères aux comportements totalement différents, l'un est parfaitement intégré et ouvert aux autres, l'autre est violent, renfermé, difficile à cerner, et à apprécier.

Le roman sert de prétexte à l'auteure pour aborder plusieurs thématiques, parmi lesquelles l'exil, la confrontation des cultures, la tolérance et l'intégration, les discriminations.

Intégration à plusieurs niveaux, depuis l'enseignante qui souhaite cacher ses origines à ses élèves, en passant par ceux qui ont émigré vers l'Occident sans jamais abandonner leur religion, leurs traditions, les codes d'honneur dans lesquels ils ont été élevés et qui s'élèvent contre cet Occident qui autorise toutes les "déviances", et qui permet aux mécréants de tout poil de s'exprimer, de réprimer et de vivre sans contrainte.

Oui être homme bleu, être "stigal basakh vol nakh" être "un homme couleur de ciel", peut être une condamnation à mort y compris sous nos cieux

Une thématique qui, ne concerne pas seulement les personnes d'origine tchétchène. Malheureusement.
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Des hommes couleur de ciel

Puissant, magnétique, sociétal, ce roman plausible est un ciel zébré d'éclairs. « Un homme couleur de ciel » Un voile déchiré en pleine nuit tourmentée. Ecrit avec brio, souplesse, paré d'un style clair, aérien, un drame va advenir subrepticement. Ces lignes modernes sont un cri à la face du monde. Deux jeunes adultes Tchéchènes Oumar et Kirem se ressemblant métaphoriquement ont l'apparence floutée par les diktats religieux, politiques, éducatifs de leur pays d'origine. Oumar a réussi à trouver sa voie en France. Installé sur le fronton de la République, il étudie, aime en secret les garçons. Alissa sa jeune professeur à peine plus âgée que lui est Tchéchène également mais le cache à tous. A contrario elle se prétend Russe. Ce qui sous-tend l'embrigadement de ce dernier sur sa pensée et un faux conformisme. De ce fait, cette dernière a une relation des plus ambiguë avec Oumar. Kirem est une bombe à retardement. Lisse, secret, révolté il va servir de bouc émissaire à Makhmoud leur cousin. Les évènements montent crescendo. Oumar va se trouver piégé. (Ne rien dire d'autre). La force langagière est à son summum. L'idiosyncrasie Tchéchène étend sa toile dans cette teneur digne d'un roman noir. L'habileté de l'auteure Anaïs Llobet, sa maîtrise parfaite des personnages renforce la contemporanéité en ouragan dévastateur. Qui est Oumar ? Kirem ? Alissa ? le reflet de ce pays dévasté par les oppressions, les injustices, les brimades et violences faites aux homosexuels ont enclenché l'ultime recours. Oumar, homosexuel paiera le prix fort, tel le Rocher de Sisyphe en tragédie annoncée. Majeur, empreint d'une manichéenne posture, d'une beauté verbale à couper le souffle, ce roman est un sanglot. Un doigt pointé sur la souffrance des homosexuels Tchéchènes où l'issue n'est que leur propre mort ou l'amour caché en écoute trop lourde d'une ombre intolérante derrière la porte. Ce roman est né dans un antre littéraire magnifié, à savoir La Villa Marguerite Yourcenar, résidence littéraire. Anaïs Llobet a puisé dans ce puits de lumière des mots forts alloués à la Cause Tchéchène tout en gardant la distance nécessaire pour faire de l'encre un reportage explicite. Publié par les majeures Editions de L'Observatoire ce roman est CULTE.
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Des hommes couleur de ciel

L’intrigue d’abord, à La Haye une bombe vient d’exploser dans une école, blessant et tuant un grand nombre d’élèves. Très rapidement, on devine que le coupable doit être un élève tchétchène de cette école.



Alissa est professeur de russe dans cette école. Elle est originaire de Tchétchénie, mais n’a jamais avoué sa véritable origine, par peur de ce que son pays d’accueil allait penser d’elle. Dans sa classe, elle a eu successivement pour élèves deux frères, Oumar et Kirem. Si Oumar est brillant et a parfaitement réussi à s’intégrer, ce n’est pas le cas de Kirem. Arrivé quelques années après Oumar, il refuse de s’intégrer.



Alissa tente depuis des années d’oublier son pays d’origine, de gommer son accent si prononcé, de faire oublier qu’elle est musulmane, elle boit du vin et tente de vivre comme les hollandais qui l’entourent. Mais le drame lui rappelle cruellement que l’intégration n’est pas le seul fait du migrant qui arrive dans un pays, elle doit être aussi voulue par ceux qui accueillent. Soupçonnée, puis utilisée comme traductrice par la police, Alissa voit la suspicion peser sur elle et tous ses efforts d’intégration anéantis en quelques jours…



Peu à peu le voile se lève sur la condition d’Oumar. Ce jeune homme a trouvé sa liberté aux Pays-Bas, à la Haye il peut enfin vivre comme il le souhaite. Oumar est homosexuel. Un mot qui n’existe même pas dans sa langue, un mot qui le condamne à mort. Là-bas, les parents peuvent t’assassiner pour laver l’honneur de la famille si le moindre soupçon venait à poindre. Là, le pouvoir en place persécute, arrête, exécute, les hommes couleur de ciel.

C’est intense, émouvant, le lecteur est terriblement touché par les personnages, leurs vies brisées. L’écriture est maitrisée et subtile. Les évènements déploient toute leur puissance en gardant une véracité qui touche, en particulier par le regard acéré et bienveillant que porte l’auteur sur les hommes et les femmes qu’elle dépeint.

Forte d’une expérience de journaliste pendant cinq ans en Russie, où elle a eu l’occasion de faire des reportages en Tchétchénie, puis de ses amitiés avec de jeunes homosexuels tchétchènes, Anaïs LLobet dépeint un double drame terriblement actuel. Le rejet de la différence, au point d’être condamné à mort par les siens, et le drame qui secoue nos pays touchés par des attentats terroristes qui frappent aveuglément enfants, hommes et femmes, dans toutes les régions du monde, au nom d’un Dieu qui pourtant n’a rien demandé…



Lire a chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2019/02/05/des-hommes-couleur-de-ciel-anais-llobet/
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Au café de la ville perdue

Avant 1974, Varosha était une station balnéaire florissante avec ses plages idylliques qui faisaient la fierté de Chypre. Mais aujourd'hui, de cette renommée d'antan, il ne reste que des hôtels abandonnés, des rues silencieuses et des maisons délabrées.



Le temps s'est arrêté cette année-là lorsque les Turcs ont envahi la ville, obligeant les Chypriotes grecs à fuir en laissant tout derrière eux. Car la guerre a divisé l'île en deux, opposant les Grecs aux Turcs. Varosha est désormais un no man's land entourée de barbelés depuis bientôt cinquante ans.



Au Tis Khamenis Polis (le café de la ville perdue), une écrivaine française tente en vain de tisser l'histoire de cette ville désertée qui l'intrigue fortement mais celle-ci demeure insaisissable. Grâce à l'aide d'Ariana, la serveuse, dont les grands-parents ont vécu à Varosha, elle va enfin parvenir à entrevoir la véritable âme de la ville ainsi que ses secrets enfouis.



Je suis Anaïs Llobet depuis son premier roman et, à chacune de ses parutions, elle ne cesse de me surprendre avec ses histoires percutantes et sa plume d'une grande sensibilité.



La grande Histoire de Chypre s'entremêle ici à la petite par le biais d'une construction remarquable sous forme de patchwork. Malgré l'alternance des points de vue et des époques, le récit reste parfaitement fluide et captivant de bout en bout. L'identité, la transmission mais aussi l'amour sont au cœur de cette histoire poignante et je ne suis pas prête d'oublier l'impétueuse Aridné, la grand-mère d'Ariana.



Anaïs Llobet ressuscite Varosha avec un talent incroyable. À travers ses lignes, on ressent toute la douleur de ses habitants, arrachés brutalement à leurs terres en 1974. Dépossédés de leurs biens, de leurs souvenirs, les Chypriotes tentent de vivre avec l'ombre de cette ville fantôme qui plane désormais au-dessus d'eux, tout en gardant l'espoir de pouvoir un jour fouler à nouveau le sol de Varosha.



Une magnifique lecture, forte et dramatique. Anaïs Llobet a réussi son pari car je n'oublierai pas Varosha.
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Des hommes couleur de ciel

La Haye 2017, Adam a rendez-vous avec Alex dans un café où il travaille. On apprend qu'un attentat a eu lieu dans un lycée, celui où Kirem son frère se trouve.



Adam essaye de joindre son frère, il a peur. Combien de morts ? Une vingtaine. Impossible de le joindre. État d'urgence, tout le monde rentre dans le bistrot , on s'enferme. Les rumeurs vont bon train.



Soudain, les policiers fracturent la porte, obligent les clients à se coucher par terre. On crie un autre nom ; Oumar. Les policiers le saisissent et le menottent.



C'est la première page que je viens de vous raconter, elle plante le décor.



C'est un roman à tiroirs abordant plusieurs thèmes que nous propose Anaïs LLobet dans son deuxième roman. Il nous parle d'intégration, de différences, de déracinement, d'exil, d'identité culturelle, d'homosexualité, du poids des traditions.



Tout commence par un attentat dans une école, une bombe explose , 20 vies emportées. On soupçonne très vite Kirem, le frère d'Oumar de part ses origines Tchètchènes.



Plusieurs personnages.



Oumar, un ancien élève brillant, arrivé seul aux Pays-Bas quelques années plus tôt. Il est homosexuel et c'est sous le nom d'Adam qu'il se réalise. Il est intégré et a découvert la liberté d'être lui-même en arrivant dans ce pays. Il a connu la guerre, la peur et sa différence, oui il aime les hommes ce qui est interdit dans son pays. Il est plus fragile, différent c'est ce que sa mère Taïssa avait compris et une des raisons pour lesquelles elle l'a envoyé ici aux Pays-Bas à la conquête d'un diplôme et de sa liberté.



Kirem son frère et Makhmoud son cousin sont arrivés plus tard avec Taïssa.



Alissa est prof de russe, c'est l'autre tchètchène du lycée, elle préfère cacher ses origines dont elle a honte et dire qu'elle est russe, même à son petit ami Hendrik. Que d'effort pour s'intégrer depuis 10 ans, mais la peur, le poids des traditions, les souvenirs de la guerre la poursuivent. Avec les attentats, la peur l'envahit à nouveau, elle se sent traquée et va collaborer avec la police.



Kirem est son élève, il est différent d'Oumar, plus taciturne, rebelle, on pense qu'il est radicalisé.



Un roman qui sur base de l'attentat nous rappelle ce que les tchètchènes ont enduré et fuis, qui nous donne une autre image de celle de terroriste qui vient en premier en général.



Un livre poignant dont l'écriture est splendide, sensible et juste, qui nous parle magnifiquement de l'exil et de la difficulté de l'intégration et de la perception des autres.



Elle nous parle de la difficulté voire de l'impossibilité d'assumer l'homosexualité, mais aussi d'intolérance, des codes de l'honneur très puissants, de la religion et de son poids ainsi que des différents niveaux d'intégration dans le nouveau pays. Elle nous parle aussi de la liberté qui s'exerce différemment pour chacun.



Un roman coup de poing que j'ai trop tardé à découvrir.



C'est un coup de ♥




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Des hommes couleur de ciel

J ai lu ce livre quasiment d une traite. Sa force réside dans ses personnages qui sont presque des personnes tellement leurs comportements, leurs émotions, sonnent vraies.

Oumar, originaire de Tchétchénie qui c est bien adapté à la culture des Pays-Bas. Kirem son jeune frère plein de colère et de révolte intérieure. Et Alice la prof de russe qui est l exemple même de l intégration réussie mais qui vacille entre ses deux identités ( être Alice ou Alissa).

Les thèmes abordés ( l immigration, l intégration, la tolérance, la religion, la culpabilite, les attentats ) sont forts et difficiles à traiter mais l auteur s en tire avec brio. Et maîtrise aussi bien sont écriture que son sujet.
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Les mains lâchées

Madel est journaliste à Manille, amoureuse de Jan, elle le suit dans sa ville des Philippines.. Un ouragan est annoncé, dans ces pays-là on a plutôt l’habitude et l'on connait un certain nombre de gestes à accomplir pour se protéger, protéger ses biens, se mettre à l’abri. Chacun s’exécute, et attend que la tempête passe. Mais Haiyan / Yolanda n’est pas un ouragan comme les autres, c’est le typhon le plus terrible qu’aient connu les Philippines jusqu’à présent… 10 morts ? 100 morts ? 7000 morts au moins…impossible d’imaginer, de visualiser ce que représente un tel cataclysme. Les dégâts sont énormes, mais surtout, on trouvera des corps encore pendant des mois après le passage du typhon.

Madel prend Yolanda, comme on l’appelle là-bas, de plein fouet, dans la belle et solide maison de Jan, qui ne résiste pas au tsunami qui suit le typhon. Jan, l'enfant qu'il lui avait confié, et tant d’autres, disparaissent. Madel doit continuer à vivre, à chercher les survivants, à aider les médecins dépassés par la catastrophe, et avant tout, à faire son métier de journaliste dans le feu de l‘action, devenant à la fois voyeur et acteur du drame.

Le livre est construit en alternance de récits, celui de Madel, son expérience, ses doutes, ses atermoiements, ses questionnements.. et celui des Philippins dont elle recueille les témoignages, tous plus terribles les uns que les autres, sur cette fatalité devant un drame qui aurait pu être minimisé si les autorités avaient pris la juste mesure de ce qu’il se passait et protégé les populations dans les zones adaptées. Il se lit comme un récit journalistique, précis, concret sans être morbide, réaliste et parfois dur mais tellement juste, dans la description des sentiments aussi, de ceux qui ont subi et de ceux qui les assistent ensuite.. et comment ne pas craquer, ne pas lâcher, devenir fou, devant les morts qui s'amoncellent, les blessés, les ruines… Premier roman sur un sujet difficile, mais roman indispensable que je vous recommande vivement de lire !


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Au café de la ville perdue

Petite île dont on entend peu parler, Chypre n’a pourtant pas été épargnée par l’Histoire. En juillet et août 1974, elle est envahie par la Turquie. Cet acte marque le début de la division de l’île et de la rupture entre Chypriotes turques et Chypriotes grecs. C’est dans ce contexte que la famille d’Ariana a perdu leur maison au cœur de Varosha, ville côtière et station balnéaire désormais fantôme. Alors qu’elle travaille au café de son père, elle rencontre une jeune femme qui, jour après jour, vient ici pour écrire. Bien que son père ne semble chercher qu’à oublier ses origines, Ariana, elle, n’a de cesse de ressasser le passé. Le 14 rue Ilios est l’unique héritage familial tangible face à cette histoire tragique. Ainsi, le jour où elle apprend que son père est désireux de la vendre, Ariana ne peut contenir sa colère. C’est donc avec une idée bien précise en tête qu’elle propose un marché à la jeune écrivaine : si elle est prête à écrire sur le 14 rue Ilios, alors Ariana l’aidera à découvrir les secrets les mieux gardés de Varosha. Commence alors un récit où s’entremêlent passé et présent et où la petite histoire se fait le miroir de la grande avec tous ses enjeux politiques, idéologiques et sociaux.



Anais Llobet dresse le portrait d’une île déchirée par son passé, qui tente encore de panser ses plaies presque 50 ans après les faits. En soulevant le voile sur cette famille chypriote divisé par ses origines, elle éclaire les tenants et aboutissants d’un conflit toujours brûlant et d’une ville qui, encore aujourd’hui, porte les stigmates de l’intolérance des Hommes et de leur folie.



Un roman initiatique qui nous plonge dans l’horreur d’un conflit oublié dans une ville désormais abandonnée, qui portait pourtant en elle tous les espoirs du développement économique d’un pays.
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Des hommes couleur de ciel

Je n'ai pu lâcher ce roman, une fois commencé. J'ai été saisie par cette histoire, où Alice-Alissia professeure de russe, et Kirem, son élève, ainsi qu'Oumar-Adam le frère de Kirem, sont les protagonistes d'un drame qui coute la vie à 24 personnes dans leur pays d'accueil, les Pays Bas. Anaïs LLobet a construit des personnages à l'origine tchétchène commune, et dont l'expérience de la guerre, de l'homophobie et du code d'honneur, de l'exil et de la recherche identitaire, nous happent et nous questionnent.
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Des hommes couleur de ciel

Un attentat est commis dans un lycée de La Haye... 24 morts...

Tous les tchétchènes deviennent suspects...

Des hommes couleur de ciel, c'est un roman où l'intégration vole en éclats, en même temps que les bombes...

un roman où pour se sentir accepté, il faut taire une partie de notre histoire, une partie de soi...

un roman où il arrive le moment où il faut choisir lequel de ses deux pays on trahit : celui de ses racines ou celui de son renouveau ?

un roman où la culture empêche d'être soi-même...

un roman où la famille est à la fois la plus belle et la pire des choses...

un roman où être terroriste n'est pas le pire qui puisse arriver...

un roman où les pages se tournent faisant fi de notre fatigue...

un roman ébranlant ! Un coup de cœur !



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Des hommes couleur de ciel

La Haye, Pays-Bas, juin 2017 : un attentat vient d'être perpétré, à l'heure du déjeuner, dans la cantine d'un établissement scolaire, le lycée où travaille Alissa Zoubaïeva, professeur de russe originaire de Tchétchénie.

Très vite, les informations tombent : c'est un gamin de l'école qui a posé la bombe, un Tchétchène. Alissa pense à Kirem Akhmaïev : comment a-t-elle pu ne rien voir, ne rien deviner ? Le frère de Kirem a été arrêté : il s'appelle Oumar et au moment de l'attentat, il se trouvait avec un ami dans un café où, après avoir passé son bac, il a trouvé du travail. Oumar vit une double vie et porte deux noms : pour sa famille, qui l'a rejoint aux Pays-Bas, il est Oumar le Tchétchène mais pour les autres, il est Adam, le Jordanien, celui qui aime les hommes. Si sa famille apprenait quoi que ce soit de cette double vie, ce serait pour lui la mort : être homosexuel en Tchétchénie est une honte absolue et vaut la mort. D'ailleurs, dans ce pays, il n'existe aucun mot pour désigner l'homosexualité sinon une périphrase : stigal basakh vol stag « homme couleur de ciel ». C'est pourquoi Oumar se fait le plus discret possible.

Il est arrêté car la police se demande dans quelle mesure il est impliqué dans cette affaire…

Nous suivons alternativement le point de vue d'Alissa et celui d'Oumar, ce qui nous permet de comprendre de quelle façon ils vivent de l'intérieur les événements : j'ai trouvé assez intéressante la réaction d'Alissa lorsqu'elle apprend que son ancien élève Oumar est homosexuel. En effet, cette femme qui vit depuis plusieurs années à La Haye a encore du mal à accepter ce fait. On sent chez elle tout le poids des traditions qui l'empêchent encore de penser librement.

De même, on perçoit assez précisément la façon dont Oumar comprend que s'il sort de prison, il sera assassiné : finalement, dans son cas, la prison est un lieu terrible mais dans lequel paradoxalement, il se sent protégé.

Le roman met bien en évidence le fait qu'il est difficile d'échapper à sa culture d'origine, bien compliqué de s'intégrer dans un nouveau pays, quasiment impossible, au fond, d'être soi-même dans un pays comme la Hollande qui se veut pourtant libre et ouvert.

L'auteur (actuellement journaliste à Chypre pour l'AFP) a travaillé cinq ans en Russie et a séjourné en Tchétchénie où elle s'est intéressée aux persécutions que vivent les homosexuels. Elle connaît donc très bien le sujet et on le sent à la lecture de ce texte.

Si j'ai lu ce roman avec intérêt, j'avoue avoir eu du mal à « entrer dedans ». J'ai trouvé en effet que certaines situations sonnaient faux ou n'étaient pas crédibles, par exemple la réaction des enseignants au moment de l'attentat : je n'imagine pas une seule seconde des professeurs qui , après un attentat dans leur établissement, seraient « au meilleur de leur forme, galvanisés par les circonstances exceptionnelles, grisés d'être au coeur de l'actualité internationale. » J'avoue même avoir été un peu choquée par ces phrases ! Je m'étonne aussi de la naïveté d'une remarque comme celle-ci, toujours au sujet des enseignants : « La liste des élèves tués fut commentée abondamment. Certains regards s'embuèrent de larmes, quand bien même ils s'étaient plaints à chaque cours de l'élève trop bavard, paresseux, insolent, bruyant... »

Par ailleurs, la réaction de l'ami d'Alissa, Hendrik , me paraît tellement stupéfiante que j'ai vraiment eu beaucoup de mal à y croire, même en partant du postulat que cet homme est un abruti complet : immédiatement après avoir annoncé l'attentat à son amie, il lui dit : « N'y pense pas trop… Essaie de te reposer. Fais-toi un thé. » (!) avant de lui rappeler qu'ils doivent se retrouver tous les deux le soir même au restaurant ! (Ben voyons!) Et il l'attend toute une soirée dans ledit restaurant, visiblement sans bien comprendre pourquoi elle ne vient pas... Elle va même jusqu'à devoir s'excuser « Pardon, c'était compliqué hier. » (Ah bon pourquoi ? - Quel bel euphémisme, s'il en est!!!) Le même personnage, Hendrik, arrive et découvre la porte de l'appartement de son amie complètement pulvérisée par la police (je devrais dire l'absence de porte d'ailleurs) et le voilà demandant à Alissa « -Tu t'es fait cambrioler ? » Je rêve ! (Si la situation n'était pas tragique, on aurait envie de rire) Et le même individu, après avoir dégusté une tarte, interroge la jeune femme : « Qui de ses élèves était mort ? Étaient-ce ses préférés ? » J'ai du mal à croire à de telles réactions. Vous me direz que ce sont des détails mais ils m'ont vraiment empêchée d'entrer pleinement dans ce texte.

Je m'interroge aussi beaucoup sur le jugement final : Alissa écope « d'un an avec sursis, avec interdiction à vie d'enseigner »… MAIS POURQUOI ??? QU'A-T-ELLE FAIT ??? QUI PEUT M'EXPLIQUER ??? « La cour avait estimé que la dernière rédaction de Kirem, si Alissa l'avait lue à temps, aurait pu éviter le massacre. » (????) Promis, je corrigerai mes copies dans les temps dorénavant ! Trêve de plaisanterie, expliquez-moi, je n'ai peut-être pas tout compris, mais de quelle faute s'est-elle rendue coupable ? De n'avoir pas vu un de ses élèves se radicaliser ? Est-ce si simple ?

Encore une fois, ces éléments et d'autres me paraissent tellement invraisemblables qu'ils m'ont empêchée d'adhérer pleinement à cette histoire.

Je n'ai pas non plus senti vraiment l'émotion (et dans une telle situation elle doit forcément être immense!) des personnages principaux ou secondaires ou du moins, pas suffisamment.

Bon, serait-ce que l'enseignante que je suis ne s'y est pas vraiment retrouvée ? En tout cas, mon impression reste un peu mitigée sur ce roman. Pour être honnête, je pensais qu'avec la matière dont disposait l'auteur, sa connaissance de la Tchétchénie et des persécutions que subit la population homosexuelle, ce texte allait me toucher, m'émouvoir davantage... Du reste, ce n'est que mon petit avis parmi une foule de chroniques unanimement élogieuses...
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Des hommes couleur de ciel

C’est un roman où il est question des difficultés de vivre la vie rêvée que pourrait offrir l’exil… Mais l’éducation, la culture, le poids de la culpabilité semblent rattraper les deux personnages Adam et Alissa qui se sont crus libres et libérés du poids de la tradition et du regard de leur communauté. En cela, j’ai été passionnée par les passages concernant ces moments de doutes et de scrupules d'Alissa mais également de totale libération d'Adam. J’ai totalement embarqué avec ces personnages à la double identité : celle qu’ils construisent et s’imposent pour donner le change à leurs amis, leurs proches, leurs collègues et à toute la société néerlandaise, et celle qu'ils portent en eux. Pour Alissa, cela passe par le contrôle et la dissimulation. Et pourtant « depuis dix ans, son intégration n’avait souffert d’aucun angle mort. Elle était néerlandaise, de passeport et de volonté. « Vous qui êtes russe », avait dit le professeur, n’accordant aucun crédit aux dix dernières années qu’elle avait vécues ici, aux Pays-Bas, chez lui. Ces années ne valaient rien : elles étaient balayées par son accent, ses origines. Elle était prisonnière de son déguisement à double étage, ni Russe, ni Néerlandaise, à jamais Tchétchène et incapable de défendre son peuple lorsqu’il était attaqué par une chronologie simpliste et à charge. »

Ces passages qui relatent ces questions de l’intégration dans une nouvelle société, du choix (ou pas) et des raisons de l’exil, du poids du déterminisme font que la majeure partie du roman est prenant.

Cependant, une fois passée l’acmé de l’intrigue, j’ai trouvé la dernière partie du roman plus maladroite : les explications fournies et la manière de démêler le récit jusqu’au procès étaient longs et incertains. Je n’y ai pas cru. J’ai été déçue par le dernier tiers du roman.
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Au café de la ville perdue

De Chypre, je ne sais rien. Cette île n'ouvre en moi aucun imaginaire. Je ne visualise pas sa géographie, ses paysages. Et alors, je ne parle même pas du climat politique. Je sais que l'île est coupée en deux, un côté grec, un côté turc. Et voilà.

Sans @manonlit_et_vadrouilleaussi aucune raison que j'achète ce roman. Sans @b.a.books et @point.a.laligne aucune raison que je le lise. Mais les planètes s'alignent parfois. Et me voilà embarquée dans cette lecture.



J'ai au départ un peu de mal avec les personnages. Je ne cerne pas leurs contours, ils passent entre les lignes et je n'accroche pas. L'écrivaine française notamment, cette narratrice qui est là en passeuse mais dont je me serais bien passée. Plus ma lecture avance et plus je me rends compte que j'aurais aimé que le texte soit resserré autour de la partie non-contemporaine, autour d'Aridné, de Ioannis et de Giorgos. Ce trio m'intéresse, m'interroge. Et il porte en lui la complexité du conflit. C'est par lui que je commence à comprendre ce qui se joue, bien plus que par le biais de l'ecrivaine française qui pourtant m'est plus proche.



La lecture du roman est fluide malgré tout, mes camarades enthousiastes (plus que moi) alors je continue. Je m'accroche à Aridné. Cette femme libre qui par amour pour Ioannis accepte de baisser la tête. Qui par amour pour lui va vivre l'inacceptable. Je m'accroche aussi à cette maison, comme tous les personnages. Ce 14 rue Illios dans le no man's land, lieu de tous les souvenirs, de tous les fantasmes. C'est rare mais l'histoire d'amour qui se noue dans une soirée chypriote ne m'émeut pas. Je veux juste savoir ce qu'il advient d'Aridné. Et la fin est surprenante et finalement assez bouleversante. Donc réussie.



J'aurais aimé aimer plus ce roman. Il rejoindra la liste déjà longue des lectures mitigés de ce début d'année.



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Au café de la ville perdue

Pour débuter 2022, premier coup de coeur pour le nouveau roman d'Anais Llobet (souvenez-vous "Des hommes couleur de ciel"). Cependant, il y a des romans difficiles à résumer comme "Au café de la ville perdue" ; tout simplement car ce livre se vit, se ressent, s'imagine, se déchiffrer, fait vibrer, fait réfléchir, fait grandir..



Un roman comme un rubik's cube, où tout s'emboite à merveille. Le personnage principal est Chypre, et en particulier Varosha. Un pays divisé entre Grecs et Turcs, où tout s'impose la grande comme la petite histoire, la politique, l'amour, les liens familiaux. Une plongée dans la tragédie d'une île aux sangs mêlés.



Anais Llobet avait déjà montré ses talents de conteuse mais dans ce nouveau roman, elle arrive a un haut niveau. Elle embarque le lecteur dans l'histoire d'aujourd'hui et d'autrefois d'une île peu connue, dans les ressemblances et les divergences de Chypre, entre anciennes et nouvelles générations.



La construction du roman est très intelligente et originale car l'auteure mêle sa propre histoire d'écrivaine qui s'installe dans ce café perdu Tis Khamenis Polis, où elle va trouver l'histoire et l'inspiration de son roman grâce ou pour Ariana, qui apprend a ce moment là que la maison familiale va être vendue.



Anais Llobet trouve le fil rouge de son histoire dans le 14 rue Illios à Varosha, ville détruite, ville fantôme, mais fantômes qu'elle va faire revivre a travers un figuier généalogique qui rend ce roman grand, beau et plein de secret.



L'histoire de Chypre se dévoile au fil des pages, à travers des personnages attachants, à travers une construction romanesque originale, à travers des thèmes forts (l'exil, les racines, l'amour, l'Histoire..). Bref, il y aurait tellement à dire sur ce nouveau roman qu'il est impossible de tout vous raconter ici mais juste une chose : lisez ce roman et rencontrer le talent d'Anais !
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Des hommes couleur de ciel

Le premier roman d’Anaïs Llobet, "Les mains lâchées", paru en 2016 m’avait enthousiasmée. Celui-ci, "Des hommes couleur de ciel", bien que totalement différent, m’a de la même façon emportée. L’écriture simple mais belle de l’auteur se transforme en un récit profond et bouleversant.



2017, La Haye, un grand lycée, un attentat terroriste, plus de trente morts, élèves et professeurs. Deux bombes avaient été placées à la cantine. Très vite deux suspects, deux frères : Kirem et Oumar, deux Tchétchènes exilés dans la ville avec leur mère. Et puis on découvre un troisième personnage, une femme, Alissa, elle est professeure de Russe, leur professeure. Oui, mais elle aussi est Tchétchène et n’a eu de cesse de le cacher, tout comme elle a dissimulé sa religion musulmane… "On ne peut pas entrer dans une nouvelle maison tout en gardant un pied dans l’autre. Les portes laissées ouvertes suscitent des courants d’air. Et personne n’aime les courants d’air."

Construit comme un thriller, le récit est mené de main de maître. Et si je vous ai dévoilé quelques bribes de l’histoire c’est qu’elles ne sont que le point de départ. Anaïs Llobet connaît son sujet. Correspondante AFP en Russie pendant plusieurs années, elle met ses connaissances, ses compétences de journaliste au service d’un roman sublime. Elle signe un portrait de notre société sans concession, sans pitié, sans pleurs ni jugement. Elle établit le constat précis des forces en présence, dresse la liste minutieuse des difficultés d’intégration, explique le regard des autres porté sur la différence. Il y est question de géopolitique mais aussi de culture. Et si Oumar est arrivé là, dans cette ville, c’est bien parce que sa mère a vu en lui un enfant différent, un jeune homme "couleur de ciel", selon l’expression utilisée en Tchétchénie pour désigner les homosexuels. Homosexuel, caché ou mort dans ce pays… Oumar, devenu Adam, un personnage tiraillé entre deux cultures, condamné dans son pays d’origine pour aimer les hommes, condamné pour vivre, même dans son pays d’accueil, à être coupable.



La simplicité de l’écriture abordée plus haut rend la lecture aisée, sans cacher à aucun moment le sérieux, l’intensité du sujet abordé, sa profondeur. Elle traduit à merveille la peur, le questionnement sur les culpabilités, la douleur, la différence entre apparences et réalité. Elle parle d’une Tchétchénie à feu et à sang, de Pays-Bas ouverts, apparemment bienveillants, accueillants, tolérants mais... Elle n’oublie pas, pour autant, de parsemer le texte d’instants légers et poétiques nécessaires à la respiration "Un petit moineau s’était posé sur la rambarde de la fenêtre pour grignoter une miette de pain invisible. C’était possible, finalement, d’oublier." Voilà, le temps d’un instant la vie "normale" reprend son cours…



Si la perfection existait en ce bas monde, je citerais ce livre en exemple. Je n’y ai trouvé ni temps morts, ni surcharge de détails, ni informations inutiles.



En un mot, ce roman est remarquable.


Lien : https://memo-emoi.fr
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Les mains lâchées

Merci à Plon !

Madel est une journaliste française travaillant aux Philippines, et passe quelques jours à Tacloban, la ville natale de son petit ami Jan. Mais malheureusement, c'est à ce moment que s'invite un typhon... Une vague dévaste toute l'ile sur son passage, emportant et tuant des centaines de personnes. De son côté, Madel se pensait relativement en sécurité dans la maison de son petit ami, mais l'eau l'a séparé de Jan, lui a arraché l'enfant qui avait été confié à sa garde : elle seule reste sauve dans la maison. Malgré toute sa peur et sa douleur, elle doit faire face et continuer à assumer son rôle de journaliste, retranscrivant les dommages.

Les mains lâchées est une alternance de points de vue, majoritairement celui de Madel bien sûr, mais aussi tous ceux des personnes dont elle a recueilli les témoignages. Malgré les images – souvent choquantes –, malgré tous ces destins meurtris, nous sommes loin de nous représenter l'horreur d'une telle situation...

(Mon avis complet sur mon blog.)
Lien : http://chezlechatducheshire...
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Les mains lâchées

Certains livres retiennent votre attention tout simplement par le thème qu’ils abordent. C’est le cas de ce premier roman qui raconte le typhon Yolanda qui a frappé les Philippines en 2013 et ses conséquences. S’il m’a autant touché, c’est parce que la fameuse loi journalistique du nombre de morts en fonction de la distance de l’événement n’a pas cours pour moi. En effet, une amie était sur place pour un reportage touristique à ce moment et a partagé l’expérience d’Anaïs Llobet. Tout au long du livre, j’ai retrouvé beaucoup de son témoignage – oui, elle s’en est également sortie – mais surtout cette formidable tension que de tels événements engendrent et combien ils finissent par modifier la perception que l’on pouvait alors avoir de la vie, de la façon dont on gère son quotidien.

Car c’est bien là le vrai sujet de ce livre, au-delà de l’émotion, des images fortes et du bilan très lourd : sept mille personnes tuées, des milliers de blessés, des dizaines de milliers d’habitants ayant tout perdu et un avenir des plus incertains.

Anaïs Llobet a aujourd’hui la distance nécessaire pour éviter les pièges du sensationnalisme ou plus exactement pour nous plonger dans le dilemme de Madel, la journaliste de télévision touchée jusqu’au cœur par ce drame avec, entre autres, la perte de son mari et d’un enfant qu’on lui avait confié, et d’autre part les demandes de sa chaîne de filmer l’horreur, de faire pleurer dans les chaumières.

Car toutes les télévisions n’ont pas cette «chance» d’avoir un reporter d’images sur place et de pouvoir montrer Yolanda, «le typhon le plus puissant ayant jamais touché terre», d’offrir des témoignages de première main, de plonger au cœur du drame. «Pas d’eau, rien à manger, mais du wifi : bienvenue à l’ère moderne des catastrophes.»

À Tacloban, où les vagues successives ont quasiment tout rasé, Madel va se plonger dans le travail comme dans une thérapie. Elle essaie de faire passer sa douleur au second rang, elle tente de partager son malheur avec les autres victimes pour se persuader qu’elle n’est pas la plus malheureuse. Sans oublier l’enquête sur les mesures de prévention, sur la mauvaise évaluation, sur la désorganisation des secours, sur l’administration des morts, sur l’efficacité des secours et le travail de déblaiement et de reconstruction. Sur le temps qui passe et qui est censé refermer les plaies.

Voilà la grande force du roman : il dépasse le cadre du reportage pour décortiquer les états d’âme, pour nous expliquer combien il est difficile de ne pas sombrer dans le voyeurisme et, à l’opposé, combien les fantômes de Tacloban continuent de hanter les nuits de Madel.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Des hommes couleur de ciel

Un attentat. Endeuillant la ville de la Haye. Horreur de la violence aveugle frappant des lycéens. Effroi causé par un autre lycéen. 



Un lycéen taiseux, vêtu de noir, refusant les cours de sports mixtes. Kirem Akhmaïev. Un jeune tchétchène.



Sa professeure de russe, tchétchène elle-aussi, Alissa, se demande ce qu’elle aurait pu faire pour éviter ce drame.



Quand à Oumar, frère de Kirem, celui-ci est vite arrêté, malgré son alibi : un rendez-vous avec un autre homme. Oumar, qui se fait appeler aussi Adam, lorsqu’il met du fond de teint et va draguer les hommes dans les clubs. 



Ce point de départ, celui de l’attentat, permet de traiter de l’identité. 



Alissa, la professeure, qui n’assume pas ses origines tchétchènes, préférant se dire russe. Le cœur et l’âme encore heurtés par la guerre mais s’efforçant de s’intégrer, au mieux, comme si cela pouvait changer son passé.



Oumar, dont l’homosexualité équivaut à une condamnation à mort auprès des siens, oscille entre moments de liberté lorsqu’il est Adam et culpabilité. Lui le tchétchène, dont la langue natale n’a même pas d’équivalent pour le mot « homosexuel ». 



Ce roman se lit très vite et offre une belle réflexion sur l’identité, ce que l’on tente de fuir en vain, ce passé que l’on ne peut changer et le poids des traditions.



La plume est vive et alerte, les pages défilant à toute vitesse, réussissant à faire monter un suspens crescendo. Une lecture qui montre encore l’impossibilité d’être soi et de se détacher de son passé.



Une lecture qui me donne encore plus envie de découvrir le nouveau roman d’Anaïs Llobet.
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