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Critiques de Anaïs Llobet (202)
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Des hommes couleur de ciel

EN 15 LIGNES, MAX! (PRÉSENTATION DU LIVRE PAR FRCONSTANT)

Deux frères, en exil, tentent de construire leur vie loin de Tchétchénie natale. Ici, Oumar, libre de ses pulsions, pourra peu à peu oublier qui il est et vivre son homosexualité pour autant qu’il la cache à sa famille, ses frères, son clan. Kirem, son jeune frère, rejette le Monde que l’Europe lui propose. Il préfère suivre son cousin Makhmoud radicalisé. L’intégration ou le change pour la laisser supposer passe par le BAC. Oumar a déjà réussi. Kirem semble plus rétif à l’aide que lui propose Alissa, jeune prof de russe qui, elle aussi, tait bien des choses sur son passé. Les cicatrices de guerre peuvent-elles se partager ? Faut-il dévoiler qui on est vraiment ? Qui peut comprendre ? La Haye vient d’obtenir le statut de Paris, de Bruxelles. Une bombe a explosé à la cantine du lycée. Entre terrorisme, intégration et homosexualité, chacun doit sauver sa vie.



MA CRITIQUE:

En découvrant ce titre, on se prend à croire venu le temps d’une éclaircie. Avec son pistolet et les nuages de poudres qui tachent les nuages blancs, la photo de la couverture laisse tout de suite planer un doute… La liberté revendiquée par les hommes couleurs de ciel, les homosexuels, n’est pas pour aujourd’hui.



« Des hommes couleur de ciel » est le deuxième roman de Anaïs LLOBET. Journaliste ayant été en poste à Moscou, elle connaît bien la persécution des autorités locales de Tchétchénie qui poussent les familles aux meurtres d’honneur et à la négation même des homosexuels. Son livre révèle la puissance destructrice du silence qui pèse sur la question et déstructure les familles où qu’elles vivent dans le monde. Les propos qui se présentent comme une narration relevant de la fiction, sont, en fait, d’une justesse totale et d’une plausibilité effrayante.



Vivre, c’est tout faire pour saisir l’infime chance de trahir sa famille, son peuple et leurs interdits. Est-ce aussi tromper le pays d’accueil et bafouer ses valeurs ? C’est à ce mur que se confrontent les personnages. Jusqu’où faut-il être fidèle à soi-même, aux autres ?



Oumar, Kirem, Alissa sont pris au piège de leurs mensonges, de leur passé, de leurs croyances mais aussi à celui de l’incompréhension des gens d’ici qui lisent leur histoire et celle de leur pays avec des lunettes déformantes de la suffisance européenne. Comment comprendre ? Peut-on se pardonner de n’avoir rien vu venir ? Quant à la recherche de la vérité, doit-on se contenter des apparences, parfois tout autant trompeuses que salvatrices ?



« Des hommes couleurs de ciel ». Ce livre, servi par l’excellente plume d’Anaïs LLOBET, offre aux lecteurs une réflexion profonde sur l’homosexualité, le terrorisme, les valeurs européennes des Droits de l’Homme et la fragilité de ceux qui voudraient pouvoir en vivre. Un livre qui ne peut laisser indifférent. Un livre à partager !



Note importante: Dans ses remerciements, l’autrice écrit: « Merci à O., S., KH., R., sans qui la langue et la culture tchétchène serait rester hermétique. Puisse venir le jour où j’écrirai votre nom en toutes lettres sans vous mettre en danger. » Je ne peux m’empêcher de mesurer, à sa juste valeur, la possibilité que j’ai pouvoir tenir et signer mes propos sans me cacher!
Lien : https://frconstant.com/2019/..
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Des hommes couleur de ciel

La Haye, une bombe explose en plein coeur d'un lycée tuant des enfants et des professeurs.

Ce n'est pas possible de s'attaquer à des enfants, c'est une vraie horreur et un choc pour les Pays-Bas, un pays qui prône la paix.

La police s'intéresse à deux frères Tchétchènes. Adam ou Oumar qui s'est pratiquement intégré à ce nouveau pays et ses traditions qui est d'un caractère enjoué et gai, mais qui se trouvait sur les lieux au moment de l'explosion. Tandis que son frère est taciturne et s'habille toujours en noir, n'a pas renier son pays et ne s'est jamais adapté, mais on ne sait pas où il se trouve.

A ces deux destins vient se mêler celui de Alissa ou Alice, professeur de russe de ce lycée qui a eu les deux frères dans ses cours. Elle va donc se trouver mêler à l'enquête pour aider les policiers en servant de traductrice, elle qui se veut discrète.

Elle trahira les siens et aura du mal à l'accepter. Pendant, ces dix dernières années, elle a tout fait pour s'intégrer dans ce nouveau pays. Tout volera en éclat, suite à cet attentat.

Ce livre parle d'intégration, de déracinement, d'oublier ses origines et pour y arriver faire des efforts chaque jour. D'autre part, il y a ceux qui n'ont pas envie de s'acclimater et se fondre dans la masse, qui sont en quête d'identité.

Alice et Adam sont des personnages sympathiques. Avec ce récit, on en apprend plus sur les atrocités et les persécutions dont sont victimes les tchétchènes par les russes ainsi que sur leurs lois ancestrales et leurs conséquences.

Ce livre est écrit dans un style clair et dont les pages se tournent touts seules. Un roman qui ne peut pas laisser indifférent.

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Au café de la ville perdue

J'avais un très bon souvenir d'Anaïs Llobet et de ma lecture de « Des hommes couleur de ciel ». Elle m'avait chamboulé en racontant la dure réalité de la Tchétchénie, un pays que je ne connaissais que très peu.



Avec « Au café de la ville perdue », elle s'attaque à un sujet qu'elle maîtrise. A l'instar de son précédent roman, elle nous parle d'un endroit dans lequel elle a vécu. Elle pousse même cette fois le vice à ancrer son histoire dans son propre quotidien et à jouer son propre rôle. En parallèle de l'aventure proprement dite, on suit donc tous ses échanges avec les témoins et toutes ses recherches d'informations. Ce travail minutieux lui permet d'offrir au lecteur une expérience d'immersion très réaliste.



J'ai appris beaucoup de choses sur le passé récent de Chypre et sur le drame interne qui a fracturé la population. Grâce aux acteurs de son livre, la petite histoire se mélange à la grande et peut ainsi mettre en lumière l'impact de ces évènements dramatiques sur les petites gens. Ils ne sont que des victimes collatérales mais leurs vies et même leurs avenirs sont complètement bouleversés par les conséquences. La tragédie laisse des traces, de génération en génération.



Pendant la confection de son livre, l'écrivaine s'est rapprochée fortement de ses protagonistes afin d'en brosser un portrait le plus juste possible. Naviguant entre les années 60/70 et aujourd'hui, on découvre des personnages attachants qui doivent vivre avec leurs origines. On comprend alors l'importance de l'héritage laissé par les ancêtres et le besoin d'appartenance qui découle des conflits d'antan. Chacun possède alors sa propre opinion sur le dilemme « Pour vivre sa vie, faut-il tourner la page ou continuer le combat ? ».



Par le prisme de ses habitants, l'autrice nous ouvre les portes d'une région ravagée par son histoire. Cette quête de vérité est un condensé d'émotions contradictoires qui ne vous laissera pas de marbre. Anaïs Llobet continue, avec humanité et bienveillance, à nous éclairer sur les tragédies modernes dont on ne parle jamais. Merci à elle !
Lien : https://youtu.be/_OpmzyLsbuQ
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Des hommes couleur de ciel

Lors d’un mouvement migratoire, il y a deux types de personnes. Tout d’abord, il y a ceux qui continuent de revendiquer leurs origines pour garder les traditions. Même si leur nouvel environnement paraît bienveillant, ils se sentent toujours étrangers. Ils emmènent jusqu’à leurs colères avec eux. Et ensuite, il y a ceux qui renient leur pays maternel en ayant l’impression de mieux s’intégrer à leur nouvel habitat. Ils veulent passer inaperçus, se fondre dans la masse afin d’oublier leurs misères d’autrefois.



Le roman parle de cette dichotomie et est la rencontre de ces deux phénomènes. Les protagonistes de cette histoire vivent leur adaptation chacun à leur manière jusqu’au jour un évènement dramatique remet tout en cause. Le passé refait alors surface et leur condition au sein de leur nouveau pays s’en voit bouleversée.

Les premiers, qui ont voyagé avec leurs combats, peuvent laisser libre court à leur rancœur. Les seconds sont rattrapés par les traditions qu’ils fuyaient et se rendent vite compte que le pays, qui représentait la tolérance à leurs yeux, est capable de tout autre chose. Devant la tragédie, la société délaisse ses intentions d’ouverture d’esprit pour laisser ressurgir les instincts de défense les plus primaires. L’ennemi redevient l’entité différente et les étrangers sont ramenés inexorablement à leurs origines.



Anaïs LLobet implique le lecteur dans son drame. On entre en empathie avec les acteurs. On se prend de plein fouet la violence morale et physique qu’ils subissent. Le récit puise sa force dans le réalisme de son atmosphère et dans la souffrance profonde de ses personnages, victimes de leur passé. Sans prendre parti, il traite de thèmes polémiques tels que l’homosexualité, l’immigration et met en lumière la puissance des préjugés. La plume limpide de l’auteure sert parfaitement un scénario maîtrisé, qui nous réserve quelques surprises. L’atmosphère s’alourdit de page en page, jusqu’au dénouement inéluctable. Gros coup de cœur pour ce roman d’une justesse brutale et d’une humanité folle !


Lien : http://leslivresdek79.com/20..
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Au café de la ville perdue

Un bien beau roman, qui parle d'exil dans son propre pays, de guerre, de secret de famille qui passe de génération en génération.Chypre en est le décor.

Une jeune romancière vient à Chypre, elle veut mieux connaître l'étrange destin que subit Varosha, une station balnéaire devenue ville fantôme à la suite de l'invasion de la ville grecque par les Turcs en 1974.

Ariana, une serveuse du Café de la ville perdue va l'aider à reconstituer ce drame qui a touché sa famille aussi, et en même temps lui reviennent les souvenirs de ses grands-parents, lui ,chypriote grec, elle, chypriote turque, c'était dans les années 60.

Puis elle parle de son père Andreas, et découvre qu'il lui a caché un secret.

Le personnage principal de ce roman est Varosha, qui s'est retrouvée en quelques instants vidée de tous ses habitants, toutes les choses sont restées abandonnées dans cette ville close par des barbelés, et couronnée de miradors. Certains ont essayé de retourner chez eux, ils ne sont pas revenus...

L'histoire contemporaine de Chypre est infiniment émouvante et racontée avec délicatesse par A.Llobet.

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Les mains lâchées

Les mains lâchées" est un récit bouleversant d'une survivante après le déferlement d'un tsunami dévastateur sur l'une des îles de l'archipel philippin.



Alors que Madel, journaliste d'une chaîne télévisée, passe quelques jours dans la maison de son petit ami, chirurgien esthétique, l'île de Leyte est frappée par un typhon tropical d'une force incroyable. On bascule vite d'une vie normale dans une belle maison, qu'on croyait sûre et solide, dans une réalité presque apocalyptique avec la plupart des constructions détruites, des cadavres par centaines et des survivants affamés. Des images d'horreur se suivent dans une narration brute et réaliste livrée par Madel qui, très sollicitée par son employeur, se plonge à corps perdu dans son métier de journaliste. De temps à autre, elle donne la parole aux personnes qu'elle rencontre et son récit est entrecoupé par les témoignages poignants des rescapés.



Ce court roman est un regard sur la fragilité de la vie face à la violence d'un cataclysme naturel et révèle la nature humaine animée par l'instinct de survie dans des situations extrêmes. Ce récit sonne comme un signal d'alarme prévenant des dangers du réchauffement climatique qui est devenu une évidence avec des phénomènes atmosphériques de plus en plus fréquents et de plus en plus violents. C'est enfin une réflexion sur le métier de journaliste, son rôle, ses dangers et sa vocation. Un livre dont les images restent longtemps gravées en mémoire. Un premier roman réussi qui choque et interpelle.
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Au café de la ville perdue

C'est un livre qui ne m'a pas déplu mais quelle tristesse de toujours devoir se battre pour conserver sa maison ou sa terre.

Que de vies gâchées, de villes ou villages détruits. On perd tous ses souvenirs, ses repaires, le pire est de se faire accepter ailleurs et d'essayer de s'adapter...

On assiste à la guerre entre Turcs et Grecs pour l'île de Chypre, mais au niveau des protagonistes il y a aussi de la jalousie, de l'envie, de la méchanceté. Ses mariages mixtes que personne ne veut accepter et qui créent tant de problèmes dans les familles.

Après Varosha, la ville devenue fantôme suite à l'invasion turque de 1974, on peut ajouter à la liste non exhaustive des villes assassinées ou victimes de tentatives d'assassinat :

- Pompéi, détruite par la colère d'un volcan, ensevelie sous les cendres.

- Constantinople, prise d'assaut par cent mille hommes et cent vingt navires de guerre.

- Le Havre, ville la plus détruite de France, pilonnée par les avions allemands.

- Prypiat, recouverte de mousse verte et radioactive, où la nature a repris ses droits.

- Grozny, dont l'armée russe a effacé jusqu'au fondations.

- Alep, au coeur historique transformé en ruines.

- Lukangol, petite ville du Soudan du sud, réduite en poussière par la haine.

- Varosha, principale station balnéaire de Chypre, placée sous cloche par l'armée turque, otage oubliée d'une guerre sans issue. P153

Et maintenant on peut rajouter

- L'invasion de l'Ukraine par la Russie, malheureusement il n'y a pas qu'une ville.

Je vous le conseille. Bonne lecture à tous.

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Des hommes couleur de ciel

Un roman bouleversant par son thème, voire ses thèmes.

On y retrouve le terrorisme, l'exil, la guerre, le pardon, l'identité, l'homosexualité, l'Islam, la manipulation.

Les personnages sont captivants, bien posés.

On ne lâche pas le roman car une sorte d'intrigue, d'incompréhension s'installe. On veut savoir quoi et pourquoi.

Le style d'écriture est accessible. J'ai pu apprendre beaucoup de choses sur le peuple Tchétchène, Russe, et Néerlandais.

Un roman franchement bien écrit pour pouvoir concentrer tous ses sujets délicats.

A lire sans aucun doute.


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Des hommes couleur de ciel

Je pensais m'embarquer dans un livre traitant du terrorisme, j'y ai trouvé bien plus.

Le roman d'Anaïs Llobet est un livre à tiroirs et les thèmes abordés sont nombreux.

L'exil, l'identité, l'intégration, le poids de la culture, l'intolérance et l'homosexualité.



Un lycée au Pays Bas, deux frères immigrés de Tchétchénie, une professeure originaire de cette même région.

Un jour, un attentat frappe le lycée, une bombe explose et c'est l'horreur.

Très vite les soupçons se portent sur le plus jeune des frères.

Pourquoi cette enseignante si proche culturellement de l'élève n'a rien vu venir ?

A-t-il opéré seul ou avec l'aide de son grand frère ?

Aux yeux des Hollandais, un tchétchène est forcément un terroriste mais ce qu'ils ne savent pas c'est qu'il existe un crime bien plus grand dans la culture de ces hommes.



Avec Oumar, Kirem et Alissa, l'auteure nous offre trois facettes de l'exil, trois personnages avec leurs cicatrices et leurs failles, trois tentatives d'intégration.

C'est un livre déchirant, un livre qui prend à la gorge, glaçant.

En tentant d'écrire ces quelques mots, l'émotion remonte alors que j'ai lu ce roman il y a déjà un mois.

J'aimerais poser les bons mots, trouver les arguments qui feront mouche pour vous donner envie de découvrir cette histoire mais ça ne sort pas.

Je peux juste vous promettre que ce bouquin va vous soulever le coeur.
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Des hommes couleur de ciel

Je ne peux pas commencer ce billet sans dire à quel point je suis impressionnée par la maîtrise dont fait preuve Anaïs Llobet pour ce qui n'est que son deuxième roman. Certes, le premier, Les mains lâchées était remarquable et on y trouvait déjà une qualité de regard, une empathie qui annonçaient de belles choses pour la suite. Mais pas au point de découvrir dès celui-ci, un roman quasi parfait. Construit comme un thriller, dans un crescendo implacable, impossible à lâcher.



Anaïs Llobet est journaliste et son expérience du terrain transparait dans ses écrits. C'est l'expérience de celle qui côtoie d'autres vies, d'autres cultures et qui s'attache à les comprendre. De cette matière elle tire ensuite un récit certes totalement fictionnel mais empreint de cette compréhension de l'autre qui me fait penser à ce que parvient à faire de son côté un Pascal Manoukian. On est dans la même veine, avec des ingrédients et des styles différents. Et il faut une sacrée sensibilité pour parvenir à rendre compréhensibles les motivations et la psychologie de chacun des personnages qu'elle met ici en scène, au cœur d'un drame qui va agir comme un révélateur au sein d'une communauté qui se croyait à l'abri des horreurs du monde.



Nous sommes à La Haye, aux Pays-Bas, jolie capitale pimpante, calme et fleurie. C'est ce cadre idyllique que l'auteure a choisi pour situer son intrigue et faire exploser sa bombe : dans le réfectoire d'un lycée, à l'heure du déjeuner. Très vite, les soupçons se portent vers un jeune élève d'origine Tchétchène et son frère qui pourrait être complice. Alissa, leur professeure de russe partage également avec eux cette origine qu'elle fait tout pour oublier et cacher, notamment à son compagnon hollandais, dans un souci d'intégration. Sollicitée par la police en tant qu'interprète, elle se retrouve au cœur de l'enquête et surtout de l'agitation médiatique. Car cet attentat cristallise soudain toutes les peurs qui passent par la stigmatisation des différences culturelles. Alissa devient le pivot, la seule capable de comprendre tous les ressorts psychologiques qui gouvernent Kirem et Oumar alors que les professeurs sont déjà pointés du doigt pour n'avoir rien vu venir et que ses origines pourraient la désigner elle comme doublement coupable.



C'est un véritable engrenage qui se déroule sous la plume habile et précise d'Anaïs Llobet, un engrenage dont le point central est la méconnaissance de l'autre. Un engrenage qui s'appuie sur le drame de l'exil, ce sentiment d'être toujours un étranger, quoi qu'on fasse. Les protagonistes de ce drame sont tous prisonniers, à leur manière, de leur situation et parfois de leur propre culture. Tout en déroulant son intrigue avec une précision machiavélique, Anaïs Llobet parvient à imprégner le récit d'éléments constitutifs de la culture tchétchène sans jamais l'alourdir, bien au contraire, créant ainsi les conditions d'une incroyable proximité avec les personnages. Oumar, Kirem et Alissa sont trois facettes de l'exil, trois exemples de la difficulté d'intégration. Trois maillons d'une même chaîne qui les attache à leur statut d'étranger.



Ce roman a tout d'un grand et pas un poil de graisse. Dense dans le propos, efficace dans la construction avec ce supplément d'âme apporté par le regard de l'auteure. Cette fois c'est sûr, la plume d'Anaïs Llobet est une valeur sûre.
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Au café de la ville perdue

Chypre, son soleil, ses plages, sa ville abandonnée de Varosha.

C’est autour de cette ville située dans un no-mans land que l’auteure situe son nouveau roman.

Je savais que Turques et Grecs se partageaient cette île, mais j’ignorais qu’une ville grecque était retenue en otage par les Turques dans la buffer zone.

Grâce au personnage principal, j’ai découvert cette ville et ses habitants qui ont migré dans d’autres villes de l’île.

J’ai aimé suivre l’amour entre Ioannis chypriote grec et Aridné chypriote turque.

J’ai mis du temps à voir le vrai visage de Giorgos, l’ami d’enfance de Ioannis, le riche bienfaiteur.

J’ai aimé suivre Ariana, la petite-fille d’Aridné et Ioannis, son corps rempli de tatouages de son rêve de retrouver la maison du 14, rue Ilios.

J’ai aimé le Tis Khamenis Polis, littéralement Café de la Ville Perdue où la narratrice vient écrire.

J’ai découvert l’Enosis : la volonté des chypriotes grecs d’être rattachés à l’Etat Grec.

J’ai eu de la peine pour Aridné, cette jeune fille révoltée et militante qui se laisse happée par le quotidien.

J’ai aimé le chat qui trouve à manger des deux côtés de la frontière.

Une lecture éclairante et pleine d’humanité sur un conflit en dormance.

Une citation :

Les lignes et les limites, finalement, n’étaient infranchissables que pour ceux qui les avaient tracées. (p.308)

L’image que je retiendrai :

De part et d’autre de l’île, on mange beaucoup, et les plats cuisinés sont les mêmes, juste un peu plus épicés côté turque.
Lien : https://alexmotamots.fr/au-c..
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Des hommes couleur de ciel

Quand on est Tchétchène et gay, on n'a pas plus d'une alternative : vivre caché ou mourir.

C'est ainsi que pourrait se résumer l'histoire - non pas vraie mais vraisemblable - d'Oumar.



Parti seul de Tchétchènie, il a construit sa vie aux Pays-Bas. Il a patiemment appris cette langue difficile, intégré les codes, fait ses études, trouvé sa place dans la société. Pour mieux s'intégrer, il a changé de prénom : Oumar est devenu Adam. La religion musulmane est reléguée au rang des souvenirs. Reste une certaine culpabilité d'avoir laissé « là-bas », sa mère Taïssa et son frère Kirem. Ainsi que le cousin Makhmoud, pénétré de religion, intolérant, violent.



Alors quand un attentat se produit, le plus lâche des attentats, qui tue des enfants dans leur lycée, Oumar-Adam se retrouve dans une situation intenable. Suspecté, innocenté, menacé, remis aux mains de la police hollandaise, c'est sa vie qui est en jeu. Car si Adam vit un amour qui ne pose aucun problème à la société hollandaise, tous les Makhmoud obscurantistes, haineux, vengeurs, voudront le punir de mort.



Le droit d'aimer qui on veut, le droit de vivre sa sexualité librement, le droit de choisir le pays où l'on veut vivre, la réussite d'une intégration, le poids de la religion, l'obscurantisme et l'extrémisme religieux, les ravages de l'Histoire sur un tout petit peuple du Caucase : tels sont les sujets graves, et d'actualité, abordés de façon vivante et originale par l'auteur Anaïs Llobet.



L'histoire de Oumar-Adam n'est sans doute pas réelle. C'est pire : elle pourrait indiscutablement exister et causer tous les ravages auxquels on assiste ici.

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Les mains lâchées

La principale réussite de ce premier roman, c'est de ne pas être celui qu'on attend. On appréhende un certain voyeurisme, on craint les effets spectaculaires... on récolte un roman touchant, intelligent, une vision marquée d'une belle empathie. Et grâce à cela, on adhère, on est emporté dans le tourbillon de sensations qui assaillent l'héroïne, on comprend ses doutes, ses questionnements et l'on en ressort considérablement enrichi.



Si l'auteure, journaliste présente aux Philippines lorsque le typhon Haiyan a ravagé le pays s'est inspirée de son vécu, elle n'en a pas moins réussi à prendre le recul nécessaire pour bâtir un contenu romanesque très efficace. Son double littéraire s'appelle Madel, présentatrice sur Phil 24, une chaîne d'information locale, et soudainement prise au piège, comme des milliers de personnes lorsqu'une gigantesque vague emporte tout sur son passage. Autour d'elle des morts, mais aucune trace de son compagnon Jan, ni de l'enfant de la voisine, le petit Rodjun dont elle a lâché la main pendant le chaos. Au milieu de la désolation, Madel suit le mouvement, comme anesthésiée, sous le choc, jusqu'à ce que son patron la rappelle à sa condition de journaliste et l'exhorte à faire son travail malgré tout.



Accompagnée d'Irène, reporter de terrain aguerrie, sorte de baroudeuse caméra à l'épaule qui semble froide, blindée, indifférente aux souffrances qui l'entourent, Madel parcourt les îles et les zones dévastées, récolte la parole des survivants et des proches de disparus qui entretiennent l'espoir. Au fil de son récit et des images que les deux femmes rapportent, le désordre apparaît dans toute son immensité, les drames humains sont aussi multiples que le bilan des victimes qui gonfle chaque jour un peu plus. L'aide qui tarde à arriver, l'erreur dans l'avertissement aux habitants qui prévoyait un ouragan et non un tsunami, les hôpitaux de fortune, les ressources réduites à néant, les avis de recherche, les inscriptions au registre des décès...



Madel est déchirée entre ses sentiments personnels, son implication affective dans le drame (Jan, le petit garçon, ses voisins...) et son devoir de journaliste, celui de témoigner et de le faire en conscience et dans le respect des victimes. Elle est rescapée mais pas indemne. Il est fort possible qu'elle ne puisse plus jamais être la même après ça.



Je parlais d'empathie, et c'est certainement ce qui permet à l'auteure de camper de magnifiques personnages, des figures poignantes qui émergent du chaos : David le médecin, Jack le pompier et tous ces enfants qui malgré le drame continuent à s'inventer des mondes et des jeux. Pour que la vie l'emporte par-dessus tout.



Dans ce roman parfaitement mené, on perçoit de bout en bout l'état d'esprit de Madel et la confrontation de ses deux conditions, celle de femme et celle de journaliste, ce qui rend la lecture passionnante au fil des questions auxquelles elle nous renvoie. Quand l'émotion permet de s'interroger sur le monde, c'est la littérature qui y gagne à coup sûr.
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Au café de la ville perdue

On se demande souvent ce qui fait un écrivain. Il me semble que pour Anaïs Llobet la réponse est évidente : l'alliance exceptionnelle de la caresse de son regard et de la sensibilité de sa plume, qui véhicule une émotion profonde, bien loin du sentiment éphémère d'un simple plaisir de lecture. Les personnages créés par l'autrice imprègnent longtemps l'esprit du lecteur. Après le coup de poing Des hommes couleur de ciel dont le crescendo criait l'urgence de l'injustice et la douleur des chocs d'identités, Anaïs Llobet nous offre ici un roman à la portée universelle, à l'échelle d'un territoire meurtri par des conflits sans fin et dont on oublie les histoires de celles et ceux qui y sont pris en otage. Il y est question d'identité, de pouvoir, de transmission, de mémoire, de perte. Mais aussi d'amour.



Et l'on découvre surtout l'incroyable histoire de Varosha, une ville située sur la côte orientale de Chypre, station balnéaire en vogue dans les années 70 avant l'invasion des turcs qui la transformèrent en ville fantôme. Les habitants furent expulsés, leurs maisons abandonnées, la zone entourée de barbelés et d'un no man's land. Une péripétie de plus dans le combat que se livrent Turcs et Grecs depuis la nuit des temps pour le contrôle de cette île, dans l'indifférence générale. Cette ville à l'abandon, une jeune écrivaine française l'observe derrière les barbelés. Son intérêt est renforcé lorsqu'elle fait la connaissance d'Ariana, serveuse au Tis Khamenis Polis (Le café de la ville perdue) où elle s'installe chaque jour pour écrire. Ariana est la fille d'Andreas dont les parents habitaient Varosha. Elle n'a jamais connu la maison du 14 rue Ilios et rêve du jour où la ville sera rouverte pour enfin la découvrir. Mais Andreas décide de vendre ce qui désole Ariana. Pour elle, ce sont bien plus que des pierres. Dans cette maison ont vécu ses grands-parents, Ioannis et Aridné. Un chypriote grec et une chypriote turque, bravant les antagonismes mais pas le destin qui leur fut tragique. Alors l'enquête de l'écrivaine fait peu à peu renaître ce passé, tandis que l'écho avec l'époque contemporaine ressemble à une impossible consolation face à l'absurdité.



Anaïs Llobet compose son roman comme un puzzle, alternant les époques et les points de vue, mêlant petite et grande histoire et ponctuant les chapitres d' interludes étonnants. L'ensemble est captivant, par la profondeur des personnages (inoubliable Aridné...), les éléments qui se glissent de façon fluide pour donner au lecteur un aperçu de la situation politique de l'île sans jamais prendre le pas sur le fil romanesque. Une atmosphère palpable, de soleil et de pleurs mêlés accompagne la lecture, charriant des siècles de tragédies. L'émotion jaillit de maints détails. Une photo accrochée aux barbelés et battue par le vent, le regard tourné en lui-même d'un vieil homme, le tatouage d'une adresse sur la peau, le goût d'un plat tant aimé. "Que restera-t-il de Varosha lorsque ses habitants auront fini de l'oublier ?" se demande la jeune française engagée dans l'écriture de son roman. Que peuvent les mots à part tenter de faire revivre et raconter inlassablement ? Quoi qu'il en soit, ceux d'Anaïs Llobet touchent au cœur, et offrent à Varosha et à Chypre l'écrin magnifique de la littérature. Et pourquoi pas, l'espoir d'une nouvelle vie.
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Des hommes couleur de ciel

Ma seizième lecture pour les 68 premières Fois : Des hommes couleur de ciel d’Anaïs LLobet, un second roman.



Quand je me plonge avec grand intérêt dans la sélection des 68, je suis toujours davantage attirée par les livres qui me dépaysent, au sens propre ou au sens figuré… En effet, je discutais dernièrement avec une autre 68 et nous déplorions de toujours lire un peu la même chose : des crises existentielles, des relations parents enfants, des comptes à régler avec des traumatismes, la vieillesse…

Des Hommes couleur de ciel rompt avec tout cela.



D’abord, le titre, une périphrase métaphorique à la fois poétique et ambiguë, avec son article indéfini, sa détermination volontairement vague et incomplète, m’a interpelée annonçant une sorte de flou, des zones de non-dits et de mystère.

Puis, la répression de l’homosexualité en Tchétchénie est un sujet qui me touche et me révolte particulièrement ; les médias en ont beaucoup parlé puis sont passés à autre chose alors que les exactions continuent.

Anaïs LLobet a construit un véritable thriller sur fond d’exil, d’attentats et de culpabilité. Son roman est terrible au sens tragique du terme, provoquant horreur et pitié, quand quels que soient les choix des protagonistes, ils seront toujours perdants. Elle a admirablement façonné ses personnages, a joué avec la chronologie et avec les nerfs de ses lectrices et lecteurs qui ne sauront le fin mot de toute cette histoire qu’à l’ultime dénouement.

L’écriture est factuelle, précise, captivante.



Du grand art ! Parmi mes préférés de la sélection…

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Des hommes couleur de ciel

C'est clair, "Des hommes couleur de ciel" d'Anais Llobet est un vrai petit bijou dans cette rentrée littéraire d'hiver 2019. C'est l'histoire d'hommes tchétchènes qui cherchent une vie meilleure en partant aux Pays-bas, à La Haye, en particulier le jeune Oumar qui se fait appeler Adam.



Le ton est donné dans le début du roman : un attentat a eu lieu à l'intérieur d'un lycée. Un élève tchétchène serait à l'origine du massacre. Oumar, le personnage principale de ce roman est soudain mêlé à l'impensable...



Un livre fort avec beaucoup de force, de douceur, d'espoir, d'obscurité, de silence. Ce roman résonne dans notre société car il parle de sujet tellement important comme la différence, l'intégration et la désintégration, de notre société, d'intolérance et d'identité.



"Des hommes couleur de ciel" traite en grande partie du sujet de l'homosexualité, d'avoir le courage de pouvoir vivre sa vie comme bon nous semble malgré une culture, un pays, une famille qui ne peut le tolérer. C'est un regard sur la fragilité de la vie face à la violence des actes.



Ce roman dépasse le cadre de la fiction, il est le témoin d'une société, d'une pensée qui malheureusement ne laisse, n'accorde pas les libertés auxquels on pourrait avoir le droit. Quitter son pays pour pouvoir vivre sa vie est d'une brutalité intense.



Anais Llobet écrit un grand roman, un roman important, qui frappe, qui percute, qui fait réfléchir. Un livre marquant en ce début d'année, que beaucoup de monde devrait lire, pour qui sait, peut être charger les conscience. Un grand bravo Anais Llobet.
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Des hommes couleur de ciel

Lorsque Taïssa,se retrouva seule pour élever ses 2 fils : Oumar,Kirem et Makmoud, le cousin,elle sut qu'Oumar n'était pas comme les autres.

Nous sommes en Tchétchénie la guerre fait rage.

Lors d'une émission de télé, Taïssa voit des images des Pays-Bas.Les gens semblent heureux ,c'est décidé, au prix d'efforts surhumains elle enverra Oumar à la Haye pour étudier et avoir son bac pour elle c'est le Graal!Tu nous reviendras ministre!

À son arrivée Oumar va déchanter la chambre qu'il loue lui sera retirée sans autre explication et relouée à un autre émigré ,véritable commerce.Oumar se retrouvera à la rue,mendiant.

In extremis ,vu son âge : 15 ans il sera récupéré par une association caritative et il pourra poursuivre ses études.

Une femme : Alissa ,professeur de russe ,mais qui ,en réalité est tchétchène comme lui ,le prendra " sous son aile".

Mais Oumar n'est pas comme les autres: il est gay.

Au Pays-Bas ,cela est naturel et n'offense personne,en Tchétchénie ,c'est une honte et une insulte à la famille.

Et sa mère l'avait senti et c'est pour le protéger qu'elle l'a envoyé faire des études au Pays-Bas.Hélas, si Oumar s'épanouit pleinement dans son nouveau pays ,sa nouvelle vie , il s'intègre parfaitement ,les ennuis vont commencer lorsque sa mère, son frère et son cousin l'appellent de l'aéroport : ils sont au Pays-Bas.

À ce moment là il vit en couple avec Hector et se fait appeler Adam,il redoute de dévoiler ses origines tchétchènes car si l'un des siens apprend qu'il est homosexuel il signe son arrêt de mort.Il va rompre avec Hector sans lui donner d'explications.

L'arrivée de sa mère ,de son frère et de son cousin va le déstabiliser complètement, et c'est la peur au ventre qu'il se rendra dans un bar gay faire des rencontres,jusqu'au jour ou un attentat dans son ancien lycée est commis .....

La suite à vous de la lire .Un roman bouleversant,intimiste,où chacun jouera un rôle et où il y aura beaucoup de sacrifices.. Mais face aux événements tragiques ,malgré leurs efforts pour s'intégrer ,leur culture tchétchène reprendra ses droits.A recommander.⭐⭐⭐⭐





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Des hommes couleur de ciel

"La haine a consumé le monde."



La Haye, aux Pays-Bas, un attentat dans un lycée. Oumar, jeune tchétchène est le premier suspect. A moins qu'il ne s'agisse de Kirem son frère.



Des hommes couleur de ciel, c'est l'histoire d'un exil, c'est l'histoire de deux frères. Deux frères marqués par la différence. 



"L'exil se vit seul."



Oumar est arrivé de Tchétchénie il y a plusieurs années. Il a passé son bac et il se fait appeler Adam. Il embrasse des hommes le soir, dans des bars ou des boîtes de nuit. Dans son pays, il n'existe de mot pour dire ce qu'il est. Là-bas, on appelle les homosexuels les "hommes couleur de ciel". Car on ne peut pas être tchétchène et homosexuel. Alors Adam vit une double vie, à l'insu de son frère Kirem, de son cousin et de sa mère. Les Pays-Bas étaient pourtant symbole de liberté.



Tour à tour, Anaïs LLobet donne la parole à Oumar, à sa professeure de russe Alice, à Alex le dernier garçon avec lequel il a pris un café. Pour tous, c'est leur conscience qui s'exprime. On ressent leurs incompréhensions du monde qui les entoure, leur détresse aussi. Quels choix vont-ils devoir faire ? Quelles conséquences cela pourrait-il avoir sur leurs vies ?



"Elle n'était coupable de rien.

Sauf de l'avoir condamné au silence."



Des hommes couleur de ciel est un récit finement construit. Tout y est bien amené et décortiqué. Les thèmes abordés sont très forts et Anaïs LLobet les traite avec une grande sensibilité. Sa plume est fluide et délicate, ses mots sont pesés.  Dès les premières lignes, on est touché par le propos, on ne peut pas être indifférent. Pour ma part, j'ai ressenti une grande empathie et une grande peine pour Oumar. Sa personnalité est très touchante.



"Tourner en rond pour ne pas regarder devant soi."



Un texte fort, et terriblement puissant, empreint d'une grande humanité malgré le drame qui se joue. Des hommes couleur de ciel est véritablement un roman poignant sur l'acceptation de soi, sur la quête d'identité et sur l'exil. Une histoire où pour continuer à vivre il faut mentir à soi-même et aux autres. Puisqu'en Tchétchénie, mieux vaut être terroriste qu'homosexuel. Absolument bouleversant.



"Faites qu'Oumar reste là où embrasser des hommes est moins grave que de poser des bombes."






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Des hommes couleur de ciel

Nous sommes à La Haye, au Pays-Bas. Trois personnes se partagent l'histoire : Oumar, un adolescent qui vit prudemment sa vie, explorant son homosexualité. Il y a Kirem, son jeune frère toujours au lycée, et qui renferme une rage terrible. Et il y a Alissa, professeur de russe, qui partage une origine Tchétchène avec les deux garçons.

Un jour, c'est le drame. Un attentat a eu lieu au lycée de Kirem. Et les premières informations rapportent que cela a été effectué par un lycéen tchétchène... Étant donné qu'Alissa a eu comme élève les deux frères, qu'elle parle leur langue et comprend cette culture, elle est vite sollicitée en tant qu'interprète. Oumar va être également interpellé, mis en garde à vue, afin de donner toutes les informations qu'il peut.

Des hommes couleur de ciel, c'est l'histoire d'une petite ville tranquille, qui va être profondément atteinte par ce drame et ces morts, et qui pour tenter de se redresser, va se lancer dans une chasse aux responsables, n'hésitant pas à passer au crible n'importe quelle personne. Les Tchétchènes seront particulièrement visés, qu'ils aient un rapport ou non avec ce drame. Tous sont suspects, tous sont regardés avec suspicion...

Les destins d'Oumar et d'Alissa m'ont particulièrement prise aux tripes. Ainsi, Alissa se retrouve prise entre deux feux : entre l'incompréhension qu'un de ses élèves ait pu commettre cet acte, le désir de protéger Oumar, la police avec laquelle elle est obligée de coopérer, et son désir de se fondre dans la masse. La jeune femme fait tout pour cacher ses origines, se fait passer pour Russe, a une relation avec un homme qui n'a rien à voir avec ses origines... Lorsque l'attentat se produit, Alissa se rend compte que la vie qu'elle s'est bâtie repose sur une couche de glace : fine et craquante, elle a vite fait de se morceler devant le regard de ses voisins, des amalgames et des jugements sans fondements qui pèsent sur elle. De son côté, Oumar cache son homosexualité, étant donné que c'est un tabou – et un crime – en Tchétchénie. Son frère Kirem a beau être celui qui s'est radicalisé, qui a commis un attentat pour disparaître ensuite, le plus grand danger pour sa vie est que sa sexualité soit dévoilée à sa famille...



(Voir mon avis complet sur mon blog.)
Lien : http://chezlechatducheshire...
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Des hommes couleur de ciel

Oumar est parti. Tout recommencer, ailleurs, loin de son pays la Tchétchénie. Loin de la guerre, du sang qui coule, de la peur qui broie en permanence les entrailles. Et loin aussi de ses interdits. Car Oumar est un homme couleur de ciel. Son amour pour les hommes le condamne à mort. Alors il a tout quitté, refait sa vie aux Pays-Bas où il est devenu quelqu’un d’autre. Une identité qu’il dissimule à son entourage.



Car Kirem, son jeune frère, est venu le rejoindre à La Haye. L’adolescent est né et a grandi avec les bombes. Les souvenirs de son pays le hantent. Déraciné, il se terre dans le silence alors qu’au fond de lui la colère gronde, prête à exploser.



Et il y Alissa, professeure de russe d’Oumar et de Kirem. Face au regard des autres, la jeune femme a préféré renier ses origines, oublier sa langue pour mieux s’intégrer.



Un jour, à l’heure du déjeuner, une déflagration retentit dans le réfectoire du lycée. Les victimes sont nombreuses. Les destins d’Oumar, Kirem et Alissa basculent lorsqu’on découvre que l’auteur de l’attentat est un lycéen tchétchène.



Après son excellent roman Les mains lâchées, Anaïs LLobet frappe encore plus fort avec ce nouveau récit. Une construction remarquable, une plume directe et une tension qui monte au fil des pages.



Sans prendre position et de manière percutante, l’auteure bouscule notre vision sur la société d’aujourd’hui par le biais de son regard affûté de journaliste. Une terre d’accueil pas si ouverte d’esprit qu’elle pourrait le laisser penser. La Tchétchénie doit vivre avec son passé, très sombre, qui a laissé des traces profondes en Europe.



Une histoire de choix, avec ses conséquences. Il y a aussi cette culpabilité qui ronge. Et l’incompréhension des autres. Est-il vraiment possible de prendre un nouveau départ en désavouant ses racines? De trouver sa place dans un pays qui n’est pas le sien?



Un roman d’une grande richesse, abordant plusieurs thématiques comme l’intégration, la condition des homosexuels en Tchétchénie ou encore l’intolérance et l’exil.



Une lecture immersive, qui se lit d’une traite. Un engrenage implacable qui se joue sous nos yeux. Un véritable uppercut.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
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