EN 15 LIGNES, MAX! (PRÉSENTATION DU LIVRE PAR FRCONSTANT)
Deux frères, en exil, tentent de construire leur vie loin de Tchétchénie natale. Ici, Oumar, libre de ses pulsions, pourra peu à peu oublier qui il est et vivre son homosexualité pour autant qu’il la cache à sa famille, ses frères, son clan. Kirem, son jeune frère, rejette le Monde que l’Europe lui propose. Il préfère suivre son cousin Makhmoud radicalisé. L’intégration ou le change pour la laisser supposer passe par le BAC. Oumar a déjà réussi. Kirem semble plus rétif à l’aide que lui propose Alissa, jeune prof de russe qui, elle aussi, tait bien des choses sur son passé. Les cicatrices de guerre peuvent-elles se partager ? Faut-il dévoiler qui on est vraiment ? Qui peut comprendre ? La Haye vient d’obtenir le statut de Paris, de Bruxelles. Une bombe a explosé à la cantine du lycée. Entre terrorisme, intégration et homosexualité, chacun doit sauver sa vie.
MA CRITIQUE:
En découvrant ce titre, on se prend à croire venu le temps d’une éclaircie. Avec son pistolet et les nuages de poudres qui tachent les nuages blancs, la photo de la couverture laisse tout de suite planer un doute… La liberté revendiquée par les hommes couleurs de ciel, les homosexuels, n’est pas pour aujourd’hui.
« Des hommes couleur de ciel » est le deuxième roman de Anaïs LLOBET. Journaliste ayant été en poste à Moscou, elle connaît bien la persécution des autorités locales de Tchétchénie qui poussent les familles aux meurtres d’honneur et à la négation même des homosexuels. Son livre révèle la puissance destructrice du silence qui pèse sur la question et déstructure les familles où qu’elles vivent dans le monde. Les propos qui se présentent comme une narration relevant de la fiction, sont, en fait, d’une justesse totale et d’une plausibilité effrayante.
Vivre, c’est tout faire pour saisir l’infime chance de trahir sa famille, son peuple et leurs interdits. Est-ce aussi tromper le pays d’accueil et bafouer ses valeurs ? C’est à ce mur que se confrontent les personnages. Jusqu’où faut-il être fidèle à soi-même, aux autres ?
Oumar, Kirem, Alissa sont pris au piège de leurs mensonges, de leur passé, de leurs croyances mais aussi à celui de l’incompréhension des gens d’ici qui lisent leur histoire et celle de leur pays avec des lunettes déformantes de la suffisance européenne. Comment comprendre ? Peut-on se pardonner de n’avoir rien vu venir ? Quant à la recherche de la vérité, doit-on se contenter des apparences, parfois tout autant trompeuses que salvatrices ?
« Des hommes couleurs de ciel ». Ce livre, servi par l’excellente plume d’Anaïs LLOBET, offre aux lecteurs une réflexion profonde sur l’homosexualité, le terrorisme, les valeurs européennes des Droits de l’Homme et la fragilité de ceux qui voudraient pouvoir en vivre. Un livre qui ne peut laisser indifférent. Un livre à partager !
Note importante: Dans ses remerciements, l’autrice écrit: « Merci à O., S., KH., R., sans qui la langue et la culture tchétchène serait rester hermétique. Puisse venir le jour où j’écrirai votre nom en toutes lettres sans vous mettre en danger. » Je ne peux m’empêcher de mesurer, à sa juste valeur, la possibilité que j’ai pouvoir tenir et signer mes propos sans me cacher!
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