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Critiques de Anaïs Llobet (202)
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Au café de la ville perdue

beaucoup aime son premier roman et egalement son second.....jusqu a la page, 175 ou dans la liste des villes assassinees elle cite" le havre, ville la plus detruite de france, pilonnee par les avions allemands!

commennt ecrire une telle enormite!

oui en 1940 il y eut quelques bombardements , mais la ville , iabandonnee par l armee allemande fut rasee par deux bombardements, au mois de septembre 1944, de la RAF!

pour plus d info , voir" le havre table rase"et lire par amour de valerie tong cuong.

inutile d avouer que cette contre verite emise par une journaliste m a perturbe jusqu a la derniere page du roman.
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Des hommes couleur de ciel

Après avoir refermé le roman de Karine Tuil "La décision" c'est sûr les conseils de ma belle-mère que je me suis retrouvée en possession de ce roman d'Anais Llobet que je ne connaissais pas du tout. Et je dois dire que ça a été une véritable claque. Impossible de m'en séparer je l'ai lu en trois jours seulement. L'histoire d'Alissa, d'Oumar et de Kirem m'a totalement bouleversée. Ce roman nous plonge directement dans la culture Tchétchène que je ne connaissais absolument pas ainsi que les principes qui régissent la vie de ce peuple. J'ai apprécié l'écriture d'Anais Llobet. Ce roman mériterait si ce n'est pas déjà fait une adaptation cinématographique. Je vous le recommande vivement ! Bonne lecture !
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Au café de la ville perdue

J’ai mis 70 pages avant de rentrer dans l’histoire et de comprendre qui étaient les personnages, heureusement il y a ce magnifique arbre généalogique fait de figues pour m’aider. Donc le début de ma lecture a été un peu perturbée par les allers-retours dans le passé mais ensuite j’ai très vite accroché à l’histoire et aux personnages.

Le personnage principal est une ville, plus précisément une ville fantôme, Varosha. Elle a été détruite en 1974, lors de l’invasion par l’armée turque et interdite d’entrée. Totalement barricadée, elle est devenue un terrain militaire entourée d’un no man’s land. Les Chypriotes grecs et turcs ont dû fuir et abandonner leur maison.

Et puis il y a Ioannis, Chypriote grec, qui tombe amoureux d’Aridné, une Chypriote turque, sur la plage de Varosha en 1962. Une histoire d’amour mal vue par les familles des deux jeunes gens. On ressent la haine entre Chypriote grecs et turcs.

Autre personnage important de l’histoire, Giorgos, le meilleur ami de Ioannis. Il est riche et fait un peu la pluie et le beau temps autour de lui. Ioannis lui fait une confiance aveugle.

De l’union d’Ioannis et d’Aridné naîtra un enfant, Andreas, qui a son tour aura une fille Ariana.

Dans l’époque la plus récente du roman on suit Ariana sur les traces du passé de sa famille. Elle s’est faite tatouer l’adresse de la maison de famille à Varosha, « 14, rue Ilios ». Elle se bat pour retourner dans cette maison qu’elle n’a pas connue, alors que son père veut tout faire pour l’oublier. Ariana et Andreas tiennent un café ensemble, le Tis Khamenis Polis, ou le café de la Ville perdue. C’est là que se retrouvent quelques anciens de Varosha et une jeune femme française, une écrivaine qui est la narratrice du roman. Elle raconte en parallèle l’écriture de son livre à partir de l’histoire de la famille d’Ariana. Le roman avance au rythme de l’écriture de la jeune écrivaine.

Il y a aussi de charmantes « listes non exhaustives » intercalées entre les chapitres, par exemple : « Liste des souvenirs d’Andreas concernant Varosha (mais rien ne dit que la plupart ne sont pas inventés) » ou « Petits détails anodins qu’Ioannis a notés lorsqu’il est venu demander la main d’Aridné ».

Ce roman repose donc sur un fait historique réel et assez incroyable, cette ville à l’abandon existe. Beaucoup de thèmes sont abordés : l’identité, la mémoire, la transmission, la guerre, les mensonges, l’amitié, l’amour, la liberté.

Une histoire captivante et poignante une fois la construction du roman intégrée ou le puzzle en place, qui donne à comprendre le contexte géopolitique d'un pays.

Ce roman fait partie de la sélection du Prix Orange du Livre 2022 !
Lien : https://joellebooks.fr/2022/..
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Au café de la ville perdue



Coup de cœur pour ce roman passionnant.



J'avoue, je ne connaissais pas suffisamment l'histoire de Chypre.

L'île est divisée en deux : une partie turque et une partie grecque.

En 1974, Varosha devient une ville fantôme, entourée de barbelés, frontière de cette division...... elle a été envahie par l'armée turque, forçant de nombreuses familles à partir.

Pas facile de parler de ce beau roman.



Ariana travaille au café de son père, dans la partie grecque de l'île avec l'espoir de retrouver et de rénover la maison familiale au 14 rue Ilios après des années de conflits. Elle rêve d'une île réunifiée.

Une étrangère passe ses journées à écrire dans leur café.

Telle n'est pas la colère d'Ariana quand elle apprend que son père a vendu la maison familiale et brisé ses rêves de reconstruction.

Cette maison, elle l'a dans la peau, tatoué sur son corps, dans la tête et dans le cœur !

C'est décidé, l'étrangère écrira l'histoire de sa famille !

Histoire, politique, saga familiale, amour, trahison, argent, amitié......

Inutile d'en dire davantage, l'histoire est tellement prenante, riche et passionnante !

Un beau coup de cœur !!!!!

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Des hommes couleur de ciel

C'est curieux que ce très beau roman qui traite de la difficile assimilation et de l'impossible abandon de sa culture d'origine m'ait poussé, la dernière page tournée, à me demander: mais alors, que cherchiez-vous ici? Tous ces codes d'honneur donnent la nausée.
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Des hommes couleur de ciel

Une sacrée surprise que ce roman d’Anaïs LLobet, un véritable coup de poing même !

« Faites qu’Oumar reste là ou embrasser des hommes est moins grave que des poser des bombes » … cette phrase me hante encore et est à l’image du livre : percutante.

Oumar est un jeune Tchétchène immigré au Pays Bas et bien intégré. Ici il se fait appeler Adam, il a passé son baccalauréat dans un lycée de La Haye, fait des extras en tant que serveur, boit des vodka-orange et embrasse des garçons dans des boîtes de nuit. Un matin de juin, à l’heure du déjeuner, une bombe explose dans un lycée de La Haye : 24 morts ! C’est la stupéfaction.

Kirem, le frère d’Oumar est de suite soupçonné de cet acte terroriste. Ce frère presque jumeau physiquement et si différent moralement. Ce frère à l’âme sombre, à la colère ancrée et au regard perpétuellement rempli de haine. Dès lors qu’il est désigné coupable, c’est tout le peuple Tchétchène qui est visé. Oumar et Alissa la jeune professeur de russe elle aussi d'origine Tchétchène qui a enseigné aux deux garçons voient tous leurs efforts d’intégrations s’écrouler ...

Il y a beaucoup d’humanité dans ce livre au style efficace (journalistique presque mais cela permet d'aller droit au but avec un réalisme glaçant) qu’on ne peut pas lâcher une fois entamé. C’est un roman à tiroirs, multiples sujets y sont abordés : le reniement de ses origines pour vivre en exil, le fardeau de notre culture, l’homosexualité, l’intégration (et la désintégration), l’intolérance, le racisme, le déracinement ... De chapitres en chapitres je me suis laissée surprendre. Rien n'est simple dans cette histoire et Anaïs Llobet réussit à traiter ce sujet sans jamais tomber dans la facilité. Elle est ici le témoin des fractures de notre société actuelle et déroule cette histoire avec beaucoup d’humanité, sans jugement et sans le moindre cliché. Elle fait vaciller nos certitudes et bouscule nos préjugés.

Ce livre finement construit est un appel à la tolérance, à lire absolument !!
Lien : http://www.instantanesfutile..
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Des hommes couleur de ciel

C'est un roman de douleurs et de secrets vitaux. un roman dans lequel les personnages usent de multiples masques, pour survivre tout simplement. un roman qui laisse une trace fulgurante et poignante. un roman qu'il faut lire absolument pour ce qu'il est, pour ce qu'il dit, pour ce qu'il nous apprend.

Un attentat meurtrier dans un lycée de La Haye et, très vite, les soupçons se focalisent sur un jeune Tchétchène. Adam ou Kirem, son jeune frère ? Le premier semble avoir un alibi indiscutable, mais refuse obstinément de parler. Kirem, lui, a disparu. Alissa, la professeure de russe, est chargée de traduire les interrogatoires d'Adam, qui fut son élève, mais aussi les rédactions que Kirem s'obstinait à écrire en tchétchène et que pour cette raison elle n'a jamais voulu lire. Mais pourquoi Adam garde-t-il le silence alors qu'il pourrait se disculper ?

C'est que rien, ni personne, n'est vraiment ce qu'il paraît être. Les identités sont brouillées pour ces exilés d'un pays, lui-même mal déterminé pour la plupart des gens. Ainsi Adam n'est Adam que dans la nuit de La Haye, lorsqu'il participe à des fêtes et fréquente clandestinement des garçons. Le reste du temps, pour sa famille surtout, il est Oumar et il sait que son homosexualité, si elle est découverte, sera synonyme de mort "pour venger l'honneur". Une peur similaire conduit Alissa à cacher ses origines et sa religion, même à son compagnon hollandais, pour ne pas risquer d'être amalgamée à ses compatriotes religieux fanatiques.

Cette peur viscérale imprègne l'intrigue et Anaïs Llobet parvient à nous la planter au creux du ventre, comme à ses personnages se débattant dans des nasses culturelles, religieuses, linguistiques et sociales qui progressivement se referment et étouffent tout espoir, toute identité, tout libre-arbitre et toute insouciance. Son roman s'appuie sur une parfaite connaissance de la culture tchétchène, des mécanismes de la radicalisation mais aussi de l'exil et des paradoxes de l'intégration. La narration reconstitue les histoires singulières de chacun et met en perspective chaque point de vue, donnant ainsi une vision panoramique des motivations et des trajectoires, sans qu'un jugement moral vienne jamais interférer.

Et les remerciements déchirants de la fin du livre donnent à celui-ci la portée d'un témoignage et, en faisant se rejoindre réel et fiction, conduisent à la prise de conscience et à la révolte.

Oui, ce second roman d'Anaïs Llobet est, j'en suis convaincue, à lire impérativement, ne serait-ce que pour rendre hommage à tous ces hommes couleur de ciel, menacés de mort à chaque instant.



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Les mains lâchées

En plongeant ses lecteurs dans les eaux glaciales du chaos, Anaïs Llobet tente peut-être d’exorciser ses propres démons. Une immersion assez violente, au coeur d’un typhon devenu tsunami qui a coûté la vie à de très nombreuses personnes et en a plongé des milliers d’autres dans le dénuement le plus total. Les mains lâchées redonne une voix à ces âmes, à leur souffrance, leurs incompréhensions et donne corps à leur courage. Un récit d’impuissance sur fond de critique des médias, vus comme un miroir à sensation de nos sociétés qui, lointaines spectatrices, ne rechercheraient que le sensationnel pour se souvenir. Car c’est bien là que se situe tout le paradoxe de ce roman pris au piège d’une confrontation entre le fait de rapporter l’information et celui de faire de l’audience. Un parti pris assumé par l’auteure qui démontre s’il en était besoin, l’absurdité de certaines prises d’informations face à l’urgence.

Un récit sombre et poignant, campé par des personnages à la fois héroïques et lâches, défaits et résistants. Un regard parfois froid sur une catastrophe sans précédent, caché par un filtre journalistique qui protège le récit d’une certaine forme de pathos mais qui pourrait créer une distance parfois trop importante. Une oeuvre néanmoins éloquente, qui nous entraîne, spectateurs lointains de cette odieuse catastrophe, au coeur de vies brisées et de destins broyés.
Lien : https://leblogdeyuko.wordpre..
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Les mains lâchées

Et si Madel n'avait pas lâchait la main de cet enfant.

Et si les autorités avaient annoncer clairement que Yolanda (quel doux nom pour un ouragan qui a emporté tant de vies) serait si violente

Et si Madel n'avait pas été journaliste, qui aurait raconté à sa place?

Mais ce n'est pas la journaliste qui parle, c'est une rescapée, qui a vécu la même horreur que ceux autour d'elle même si elle habitait une tour d'ivoire lors du drame.

Elle ne décrit pas, elle vit et supporte la découverte des corps éparses dans les rues inondées. Elle les évite mais les compte. Elle les compare aux chiffres minimisés par les autorités et complètement en dehors de la réalité. Mais comment réaliser, comment accepter qu'une vague puisse tuer autant de personnes en si peu de temps.

Ce témoignage, simple, parfois dur, à fleur de peau est juste, sans grandiloquence, sans excès ou emphase journalistique.

Parce que Madel a le même visage tiré que les philippins qui souffrent de la famine, l'absence d'eau potable, de denrées, d'électricité, de soins, de contact avec leurs proches et avec l’extérieur. Le même visage que ceux qui ont perdu un ou plusieurs être chers.

Un joli récit d'un événement qui brisa les Philippines. (SP)

3.5/5
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Les mains lâchées

C'est partit pour la rentrée littéraire 2016!

Et l'on commence avec un premier roman, et un coup de coeur!



Et pourtant, un thème particulièrement tragique, je craignais au départ un trop plein d'émotions, mais non, tout est parfaitement bien dosé, très équilibré, pour décrire la tragédie au plus près sans tomber dans le pathos.

Tout commence dans le décor enchanteur des îles des Philippines et sombre en quelques instants dans le cauchemar avec le passage du typhon Yolanda, ouragan et tsunami qui causera aux environs de 7000 morts et dévastera totalement la ville Tacloban où se situe l'intrigue.



L'impuissance de l'homme face à la nature, les choix tragiques, les lâchetés... les mains lâchées... en quelques personnages clés , l'auteure nous plonge au cœur du drame.

Une région coupée du monde, un bilan de la catastrophe d'abord minimisé, le rôle des médias... et ce terrible manquement au moment de l'alerte... des pages essentielles pour ne pas oublier ce drame.



Au delà de ces faits, il y a la trajectoire de l'héroïne, ses doutes, ses actes, le rôle de la journaliste, le désarroi de la femme... comme pour les pompiers, les médecins, des survivants en première ligne, pour qui tout bascule, et qui doivent s'oublier pour faire front.



En partie auto-biographique, ce premier roman est un témoignage marquant de ce drame, à la distanciation très juste.
Lien : http://lecture-spectacle.blo..
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Au café de la ville perdue

Au café de la ville perdue d'Anaïs Llobet se passe à Chypre de 1962 à 2020. L'éditeur a placé en 1ère page une carte de Chypre pour permettre à ceux qui ignoreraient sa situation de mieux comprendre ce roman très intéressant.

Varosha, c'est la banlieue de Famagouste où ont dû s'installer les chypriotes grecs chassés par les turcs. Ils ont su en tirer parti et y construire des hôtels de luxe fréquentés par les plus grandes stars de l'époque. Mais tout a pris fin le 15 août 1974 quand touristes et chypriotes grecs ont été contraints de s'enfuir sous les bombardements turcs en abandonnant tout. Depuis Varosha est entourée de barbelés et tombe en ruine .

C'est la trame historique de ce roman qui conte les relations entre un chypriote grec et une jeune chypriote turque qui se rencontrent au début des années 1960.

c'est un roman très prenant malgré un début un peu difficile que j'ai d'ailleurs relu à la fin. L'auteure restitue bien l'ambiance poignante de Nicosie et plus généralement des abords de la ligne de séparation.

Ce qui m'a particulièrement touchée c'est l'analyse des sentiments des différents personnages même si certaines situations sont sans surprise.

L'écriture est très fluide, on entend les protagonistes parler, on voit les décors...

Je conseille vivement ce roman plein de charme qui ne peut pas laisser indifférent.
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Au café de la ville perdue

Un des personnages principaux de ce livre est la ville de Varosha, ancienne cité balnéaire chypriote réputée devenue ville fantôme depuis l'invasion turque de 1974 et qui est sous contrôle des turcs.

Ce roman, intéressant sur le plan historique, l'est nettement moins sur le plan de l'intrigue. Je ne suis pas arrivé à m’intéresser à la vie des chypriotes grecs expilsés de Varoshe...

Dommage

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Au café de la ville perdue

"Au café de la ville perdue" nous raconte la vie pleine de douleurs, d’espoir, d’attentes mais aussi d’amour et de haine entre ces habitants chypriotes, déracinés de leur ville.

Je me suis fortement attachée à chacun des personnages, tous très travaillés et dont les caractères trempés pour certains reflètent la dureté de la vie dans ce no man’s land.

Autrefois principale station balnéaire de Chypre, ouverte au tourisme international (comme en témoigne la couverture), Varosha est, aujourd’hui, une ville fantôme, « otage oubliée d’une guerre sans issue » où le temps semble figé, interdite de séjour pour tous ces Chypriotes dessaisis de leurs biens en 1974 suite à l'invasion turque, qui espèrent encore pouvoir s’y rendre à nouveau.

Une histoire qui demeure douloureuse…"Varosha n’est plus qu’un mot bordé de barbelés". Une ville impénétrable…



Anaïs Llobet a construit son roman avec une double temporalité, avec une alternance des époques, des personnages, de leurs parcours, des « intermèdes » captivants et troublants notamment celui présentant « la liste non exhaustive des villes assassinées ou victimes de tentatives d’assassinat » qui nous fait prendre conscience de la totale absurdité de ce monde parfois.

Chaque chapitre s'imbrique parfaitement et de façon incroyable, j'ai adoré cette fluidité et cette construction.

J'ai adoré le rôle de la jeune écrivaine française qui cherche et vient trouver son inspiration à la table du "Tis Khamenis Polis", qui y construit et déconstruit son roman, qui fait prendre vie à ses personnages. Doit-on y voir l'auteure ?



En résumé, la découverte d’une belle écriture, d’une belle histoire, de l’Histoire tout simplement. Un beau coup de coeur !
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Au café de la ville perdue

Après Les hommes couleur de ciel, le précédent roman d'Anaïs Llobet, j'étais ravie de me plonger dans celui-ci. J'ai beaucoup aimé pour plusieurs raisons : la découverte du contexte géopolitique de Chypre, la ville perdue moteur de l'histoire, l'impact du passé sur les jeunes générations. Je regrette seulement d'avoir peiné à reconnaître et suivre plusieurs personnages, pendant un bon premier tiers. Mais cette difficulté a été compensée par un choix narratif judicieux : l'intégration du personnage de l'écrivain lui-même, double de l'autrice, qui souhaite écrire à partir des secrets qu'elle découvre, nous permet de plonger dans le processus de création de la romancière-journaliste.
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Au café de la ville perdue

Un roman puzzle avec en toile de fond la magnifique île de Chypre que les peuples se disputent sans fin. Avec un immense talent de conteuse, Anaïs mêle la grande et la petite histoire.



De nos jours, une jeune autrice française enquête sur la zone frontière qui sépare l’île de Chypre en deux. Cette zone tampon, "no man's land", est aujourd’hui encore le symbole tragique des années de guerre qui ont déchiré l’île méditerranéenne. En 1974, suite à l’invasion par les turcs, le village de Varosha a été déserté par les familles grecques dont celle d’Andréas. C’est dans le café de ce dernier que la française a pris pour habitude d’écrire. Elle y rencontre Ariana, la fille d’Andréas, petite fille d’Aridné et Ioannis qui vivaient au 14 de la rue Ilios et dont la vie a explosé en 1974 … Aujourd’hui, de la station balnéaire fleuron de l’île, il ne reste que des immeubles éventrés, des maisons effondrées et des rues désertes. Peut-on faire revivre une ville fantôme ?

Ce livre, je brûlais d’envie de le lire tant j’avais aimé « Des hommes couleur de ciel » mais aussi parce qu’il y a quelques années, j’ai adoré cette île. Nous n’avions visité que la partie grecque qui est magnifique. La position stratégique de cette île que les peuples se disputent depuis la nuit des temps (hier les Perses et les Grecs, et aujourd’hui les Turcs et les Grecs) et la frontière qui coupait la ville de Nicosie en deux sont toujours restées présentes dans ma mémoire.

Anaïs Lloret avec un immense talent de conteuse a fait de cette actualité somme toute récente un roman puzzle fascinant. Alternant présent et passé (années 1960-70) elle nous raconte l’histoire de cette famille, n’hésitant pas à faire parler les fantômes pour faire surgir les secrets. Ce récit à la construction complexe mais parfaitement maîtrisée, faisant la part belle à l’amour se dévore comme un polar.



Avec ce nouveau livre, Anaïs Llobet explore de nouveau le domaine de l'exil et de l’attachement (ou l’arrachement) des hommes à leur terre natale, c’est à lire absolument.



Si vous aimez l’histoire (la petite et la grande), les traditions, les tragédies, les secrets de famille, les trahisons, lire et écrire … ce livre aborde tous ces sujets avec une extrême habileté. Anaïs Llobet brosse de beaux portraits de personnages, sans jugement … et je ne suis pas prête d’oublier Varosha, la ville perdue.
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Au café de la ville perdue

Le temps s’est arrêté dans l’ancienne cité balnéaire de Varosha sur la côte orientale chypriote. Autrefois prisée des touristes étrangers, elle est devenu un vaste no man’s land suite à l’invasion turque de 74 qui a signé la partition de l’île. Dans la ville fantôme la nature a repris ses droits, et les bâtiments délabré et les maisons éventrées ne sont plus habitées que par des chats faméliques. Tout près, à portée de vue des barbelés, les habitués du café Tis Khaménis Polis vivent dans la nostalgie, la rancœur, et l’attente. Il y a le vieux Giorgios, hableur, beau parleur est un peu menteur, il y a Ariana la belle et rebelle serveuse qui n’a jamais connu Varosha mais qui rêve d’y revenir et de la reconstruire, il y a Andreas son père, qui a fui la ville a l’âge de 7 ans et qui sème la discorde en décidant de vendre la maison familiale du 14 rue Ilios, scellant ainsi un impossible retour dans un acte de renoncement et de capitulation intolérable pour les habitués du petit café.

Alors quand une écrivaine française s’attable pour écrire l’histoire de l’île, c’est l’occasion pour Ariana de faire revivre la petite maison, mais aussi de lever le voile sur les lourds secrets qu’elle abrite.

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J’ai eu un coup de cœur pour ce récit. C’est une plongée dans l’histoire contemporaine et dans les stigmates d’une plaie à vif laissée au cœur de cette île, « une île disloquée, percluse d’interdits et de paradoxes », à jamais meurtrie. C’est aussi une fresque familiale poignante, le récit d’un amour interdit, un amour maudit entre Ioannis et Aridné, nés chacun d’un côté de cette île, et qui pensaient «  que leur amour, peut être sutureraient les plaies de l’île divisée ». C’est une ambiance aussi dans cette ville morte, écrasée de soleil, en proie à la torpeur, silencieuse et noyée sous les effluves sucrées et entêtantes des figuiers. C’est une histoire d’exil, de deuil et de rancoeur, une tragédie grecque et turque captivante et romanesque, baignée d’une nostalgie écrasante qui alourdit les cœurs, étouffés par le poids des souvenirs. C’est surtout enfin superbement écrit et la construction complexe qui alterne les temporalités, les croise, les entremêle sert superbement le récit, livrant par touches successives les paradoxes de cette famille, ses secrets, ses non dits. C’est âpre et beau. A découvrir sans tarder.

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Au café de la ville perdue

Varosha. Autrefois semblable à la couverture de ce roman. Un paysage idyllique où les stars internationales de l’époque venaient se prélasser ou tourner un film. Varosha,le joyau de la côte Est chypriote. Mais que reste-t-il de Varosha à présent ? Des bâtiments déserts et délabrés. Une ville fantôme tombée aux mains des Turcs en 1974. Près de 50 ans que les Chypriotes grecs ont abandonné leurs maisons et la terre de leurs ancêtres sans jamais pouvoir y retourner. Ils ne sont qu’à quelques kilomètres d’elle. L’exil au sein même de son île. N’est-ce pas finalement ce qu’il y a de plus terrible ?



Parmi eux il y a la famille d’Ariana. Serveuse au bar de son père le « Tis Khamenis Polis », elle a grandi avec le poids du 14 rue Ilios. Son père Andréas est le fruit de l’union d’une chypriote turque et d’un chypriote grec. Ses parents se sont rencontrés dans les années 60 une époque où la tension est déjà palpable sur l’île. Aridné, sa mère, est une fervente militante de la paix entre les chypriotes. N’existe-t-il pas qu’un seul peuple chypriote après tout ? D’un côté comme de l’autre, les choses ne sont pas aussi simples. Mais envers et contre tout Aridné et Ioannis s’aimeront faisant fi des préjugés jusqu’à ce que la guerre vienne s’en mêler…Aridné serait partie avec un soldat turc et Ioannis finit par abandonner son fils à sa sœur Eleni. Mais l’histoire familiale ne renferme-t-elle pas d’autres secrets ?

 

N’y allons pas par quatre chemins: j’ai A.D.O.R.É !! Et comme souvent quand une lecture nous marque, il est difficile de trouver les bon mots.

J’ai aimé le cadre, l’intrigue, l’alternance passé/présent, la complexité humaine et de ses sentiments, l’histoire familiale qui nous émeut et nous bouscule, le tout sous fond de conflit géopolitique et historique. Bien que connaissant dans les grandes lignes l’histoire chypriote, je ne connaissais rien de l’histoire de Varosha.

J’ai eu, comme souvent, une petite préférence pour la partie « passé », que l’on lit comme un thriller. On sent qu’il s’est passé quelque chose au sein de la famille, mais nous sommes bien loin d’imaginer ce que l’on finit par découvrir. Une fin tout aussi complexe que les habitants, où j’ai été partagée entre l’impossibilité de la situation et toute son horreur.



Une tragédie où l’amour en est le cœur, et qui restera longtemps gravée en moi.

Une découverte de l’autrice Anaïs Llobet
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Au café de la ville perdue

Au café de la ville perdue, c’est l’histoire…

De l’île de Chypre, séparée en deux… les chypriotes grecs d’un côté et les chypriotes turcs de l’autre…

De cette île en guerre depuis des années, dont les conflits perdurent au-delà des générations, presque malgré elles…

C’est l’histoire d’amours d’interdites qui se répètent au fil des générations… de ces amours répréhensibles socialement… de ces amours entre chypriotes grecs et chypriotes turcs…

Et avec ces amours, c’est aussi l’histoire de cette question sans fin : l’amour peut-il triompher de tout ?

C’est l’histoire de Varosha… cette ville que les turcs ont envahi en 1974 condamnant de fait les grecs à la fuir dans l’urgence et la peur, en emportant rien ou presque avec eux…

C’est l’histoire de ces fuites, de ces abandons qui eux aussi se répètent au fil des générations…

C’est l’histoire de ces personnes à qui on donnerait le Bon Dieu sans confession du fait de leur vieillesse ou de leur maladie… ces gentils petits papis qu’on dit adorables mème s’ils frôlent la sénilité et qui pourtant ont été des moins fréquentables il y a quelques années en arrière et capables des pires cruautés…

C’est l’histoire d’une quête de soi, de ses racines…

C’est l’histoire de la peur de voir le passé, son passé, disparaître à jamais…

C’est l’histoire de générations…

C’est l’histoire d’une romancière prise dans l’Histoire…

C’est l’histoire d’Ariana, d’Andreas, de Mélina, de Ioannis, d’Aridné, d’Eleni, de Giorgos… et de tant d’autres…

C’est l’histoire du 14 rue Ilios…

C’est l’histoire d’un coup de cœur 💛

Merci @editionsdelobservatoire pour cette nouvelle lecture qui confirme mon coup de cœur pour Anais Lobet 💛💛

Coup de cœur également pour les illustrations en débit de roman. L’arbre généalogique sur des feuilles de figuier 💛💛💛
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Des hommes couleur de ciel

Si les thématiques évoquées - l'homosexualité et l'intégration - sont des sujets de réflexion fondamentaux m'ayant incité à lire ce livre, je n'ai malheureusement pas trouver la profondeur ou la justesse escomptée. Le fait est qu'on en apprend peu sur la communauté tchétchène en soi, pas plus que sur l'intégration aux Pays-Bas. En ce sens, j'ai eu le sentiment de rester à la superficie des thématiques, confirmant simplement nos a priori sur ses sujets épineux avec leurs schémas déjà connus, presque binaire.



Néanmoins, c'est un récit bien écrit et plutôt dynamique grâce au jeu du narrateur qui suit de très près les quelques personnages qui incarnent chacun une manière de s'intégrer et d'être soi. Le style, notamment lorsqu'il relate les pensées d'Adam, est précis, rendant le roman réaliste.
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Des hommes couleur de ciel

Il faudra attendre presque la fin du roman pour que nous soit dévoilé le sens de son titre: une image pour désigner les homosexuels, un mal si honteux qu'on peut les tuer en Tchétchénie. Un attentat éclate dans un lycée à La Haye. Kirem, un des élèves d'Alissa, est soupçonné. Elle le savait Tchéthène, tout comme elle, qui a fui un pays en guerre pour se réfugier en Hollande. Alissa ne dit à personne qu'elle est musulmane, pas même à son petit ami; elle se fait appeler Alice et dit qu'elle est Russe: s'intégrer, devenir invisible et oublier un passé traumatisant sont ses buts. Elle seule peut comprendre peut-être son élève accusé de l'attentat. Tout se mélange: qui est coupable? Kirem, à qui on voit de la haine dans les yeux, Oumar, devenu Adam, obligé de cacher qui il est vraiment? Alex participe aussi au récit, car il avait rencontré Adam, dont il était tombé amoureux et il a remarqué son comportement étrange le jour de l'attentat. dire qu'il existe des peuples où il est pire d'être un homosexuel qu'un tueur...
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