Citations de André-Marcel Adamek (69)
LA notion du temps est un privilège des hommes, si parcimonieux de leur séjour terrestre qu'ils en balisent à tout instant la durée. Leur destin se nourrit au carillon des horloges, et des calendriers recensent leurs jours à jamais perdus. (p.67)
p84. Pas loin de nous, on entendait le cantonnier qui engueulait sa femme. Avec sa voix rouillée de vin.....
p47. Le seul remède pour conserver les regrets enlisés en soi, c'est de s'abrutir de travail du matin au soir Et quand la nuit vient, si on n'est pas encore tout à fait recru, il reste la télévision.
Nous avions installé une table au milieu de la cour, sous le feuillage du châtaignier dont les bogues jaunissaient déjà, et nous y prenions le repas du soir, passant tour a tour par des moments de joie et de mélancolie. La lumière qui venait mourir sur les pierres chaulées semblait filtrée par un vitrail aux ors fanés.
Les hommes ont joué dans le ruisseau. Ils ont saisi l'écume entre leur doigts de pieds épais, ils ont remué le lit de pierre douce. Martheline a attendu sur les bords, sans oser se jeter dans le jeu des hommes. Elle aurait bien voulu enlever sa robe et s'étendre sur le dos dans l'eau sans bouger. Mais elle a fait comme toujours. Elle a attendu qu'ils aillent se sécher derrière les buissons avant de tremper son corps nu et ses orteils dans le courant léger.
J'ignore ce qui me pousse à ces interminables séances d'observation. Ce qui n'était au début qu'une forme mesquine de curiosité est en train de devenir un véritable asservissement. Je ne puis plus me passer de les regarder vivre, de mesurer leurs gestes, de surprendre leur moindre déplacement dans le paysage. Leurs journées ont remplacé les miennes et l'écho de leurs voix résonne au fond de mes nuits. J'ai su dès le premier instant qu'une lancinante menace plane sur ce tableau de la jeunesse, de la beauté et du bonheur. Quelque chose va se passer ici, enfin, dont je serai le témoin inéluctable.
... Malek, s'il vous plait, voulez-vous encore me donner une cigarette ?
Malek tendit son paquet.
- Pour le tabac, dit-il, ils n'avaient pas tort. C'est une assuétude qui me pèse depuis trente ans.
- Et alors ? Ne sommes-nous pas de toute manière prédestinés à être esclave de quelqu'un ou de quelque chose ? Nous n'avons jamais eu assez de force pour mériter la liberté. Franchement, je regrette toutes ces années qui m'ont privé de ce qui me faisait profondément envie. L'homme n'aurait jamais dû penser qu'en termes de plaisir. Il aurait vécu moins longtemps mais il aurait évité l'apocalypse. Un homme qui jouit ne déclenche pas une guerre.
Il aspire une épaisse bouffée et changea brusquement de conversation.
Avez-vous jamais entendu un médecin prescrire une lecture ou vous recommander d'aller au théâtre ? Marcher, pédaler, suez, buvez de l'eau, soyez sain ! Et méfiez-vous des plaisirs qui tuent ! Dès que vous éprouvez une impression qui se rapproche de la jouissance, c'est que vous êtes sur une mauvaise pente. Vous allez coûter cher à la société qui va devoir réparer vos errements. Vous devez à tout prix retrouver les vertus du bon citoyen, du bon consommateur qui dépensera jusqu'à son dernier sou de centenaire !
D'habitude, les peintres transportent leur production dans le coffre d'une auto, louent une camionnette ou bien font appel à des messageries. Le plus original avait amené ses aquarelles dans une manne à linge, mais jamais encore on ne s'était présenté avec une charrette bâchée tirée par des bretelles.
Étrange cette histoire. Tout semble simple, presque prévisible, et tout se brouille, devient flou et fou ! Entre réalité et rêve, entre roman et conte, une belle histoire, qui m'a laissé un peu sur ma faim ! Il y avait matière à aller plus loin, plus précis, plus de suspens et d'étrangeté ! Bref! trop court donc juste bien !
Le choix de la guerre est toujours néfaste. La musique, un jour peut-être, libérera nos frères de leurs instincts violents.
Il s'ensuivit alors un silence qui frappe Malek par son intensité. Jamais il n'aurait cru, trois mois plus tôt, que des humains puissent être plongés dans une telle émotion en regardant un chien qui mange.
C'est dangereux le monde, Maïké.D'un côté les biberons, de l'autre les baïonnettes. On peut se faire piéger à chaque coup. Tu ne sais jamais si l'humanité, elle est bonne ou mauvaise. Tu te poses la question toute ta vie, on t'enterre avec... Ils sont capables de tout, absolument de tout! Un jour ils te font des mamours, te chouchoutent, te cajolent. Le lendemain ils te collent au poteau avec un bandeau sur les yeux. Couac! Qu'est-ce qui s'est passé? Tu leur conviens plus, voilà tout! Au mur! À la mitraille! À l'arsenic! Dissolution, putréfaction... Au secours, Maïké! Je veux être identique à vous autres, tu m'entends? Absolument pareil, décalqué. Je demanderai à Lakohé de me peindre en vert. Je vais jeter mon fusil dans la rivière et me fabriquer une sarbacane... Ah! Maïké! Je veux vivre et mourir ici tout nu dans la lumière! J'essaierai d'être un bon mari, un chasseur, un bon indien.
La toile encore humide, de très grand format, exprime la dissolution des carmins dans l'élément liquide, ou inversement l'emprise des fluides inertes sur une énergie virtuelle. Sous certains angles, l'œuvre aurait tendance à provoquer l'incident figuratif, car on pourrait y reconnaître un iceberg incandescent qui sombre dans une mer glaciale, ou bien encore un potage refroidi où flotterait une rondelle de tomate.
Entraîne-moi à ta suite : courons ! Le roi m'a introduite dans ses chambres intérieures ! Soyons joyeux et réjouissons-nous en toi.
Par l'odeur suave,tes huiles sont bonnes.ton nom est comme une huile qui se répand.C'est pourquoi les jeunes filles t'aiment.
qu'il me blesse des élans de sa verge ! Car les témoignages de sa virilité sont meilleurs que le vin.
Et au creux de sa main tendue en offrande pèse le lourd sablier des jours enfuis.
Au fil des siècles,on a fait du forgeron un chevalier,et puis un saint qui parade autour du beffroi,tandis que la foule en liesse réveille les deux syllabes perdues dans la nuit des temps.
Les vignes et les vergers en déserts,brûlant de jour et de nuit le bétail,le gibier des bois et des plainees,les humains qu'elle trouve sur sa route,de sorte qu'aux premère neiges,quand elle disparaît à jamais,elle ne laisse dans son sillage qu'un océan de poudres et de larmes.