C'est dangereux le monde, Maïké.D'un côté les biberons, de l'autre les baïonnettes. On peut se faire piéger à chaque coup. Tu ne sais jamais si l'humanité, elle est bonne ou mauvaise. Tu te poses la question toute ta vie, on t'enterre avec... Ils sont capables de tout, absolument de tout! Un jour ils te font des mamours, te chouchoutent, te cajolent. Le lendemain ils te collent au poteau avec un bandeau sur les yeux. Couac! Qu'est-ce qui s'est passé? Tu leur conviens plus, voilà tout! Au mur! À la mitraille! À l'arsenic! Dissolution, putréfaction... Au secours, Maïké! Je veux être identique à vous autres, tu m'entends? Absolument pareil, décalqué. Je demanderai à Lakohé de me peindre en vert. Je vais jeter mon fusil dans la rivière et me fabriquer une sarbacane... Ah! Maïké! Je veux vivre et mourir ici tout nu dans la lumière! J'essaierai d'être un bon mari, un chasseur, un bon indien.
La rue principale qui monte vers l'église est pavée à l'ancienne et bordée de trottoirs coquets en grandes dalles de pierre bleue, les meilleurs qui soient pour se tordre les chevilles.
D'habitude, les peintres transportent leur production dans le coffre d'une auto, louent une camionnette ou bien font appel à des messageries. Le plus original avait amené ses aquarelles dans une manne à linge, mais jamais encore on ne s'était présenté avec une charrette bâchée tirée par des bretelles.
La toile encore humide, de très grand format, exprime la dissolution des carmins dans l'élément liquide, ou inversement l'emprise des fluides inertes sur une énergie virtuelle. Sous certains angles, l'œuvre aurait tendance à provoquer l'incident figuratif, car on pourrait y reconnaître un iceberg incandescent qui sombre dans une mer glaciale, ou bien encore un potage refroidi où flotterait une rondelle de tomate.
Alors que l'hiver approche, tout le village de Marselane attend l'arrivée des saltimbanques pour la traditionnelle fête de la Saint-Luc. Sadim, le montreur d'ours, arrive quelques jours avant l'ouverture de la fête et meurt en pleine représentation. La rumeur circule que les villageois de Marselane l'ont tué. de cette méprise va découler une terrible malédiction que les forains vont prononcer à l'encontre des habitants de Marselane. Les villageois, privés de la fête qui clôture la belle saison, envoient alors deux émissaires pour parlementer avec le prévôt des forains. Alban et Lauric partent pour un périple chargé d'aventures, d'amour et de morts.
Les romans d'André-Marcel Adamek (1946-2011) ont remporté de nombreux prix et ont été largement traduits : "Le Fusil à pétales" (Prix Rossel), "Un imbécile au soleil" (Prix Jean Macé), "Le Maître des jardins noirs", "Le Plus Grand Sous-Marin du monde" (Prix du Parlement de la Communauté française), "Retour au village d'hiver", "La Fête interdite" ou encore "La Grande Nuit" (Prix des Lycéens).
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