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Citations de Andrés Neuman (39)


Le vieillard de la rue Tacuarí empruntait-il les transports en commun ? Demetrio tenta d’imaginer à quoi pouvait ressembler une vie toujours à pied, toujours sans chez-soi. Quoique, d’un autre côté, réfléchit-il, s’il est vrai que le vieux mangeait dans les poubelles, jamais il n’avait été obligé d’en ramasser pour les mettre ailleurs. Comment serait-ce, de vivre au milieu des déchets, d’en être soi-même un ?
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La prudence des médecins m'exaspère. Parler avec eux, c'est comme quand on téléphone avec un portable et que tout-à-coup il n'y a plus de réseau. On se retrouve à parler tout seul. Ils vous laissent déverser votre trop-plein, poser des questions dont vous redoutez la réponse, afin de vous faire accepter la situation petit à petit tout en vous délivrant le minimum d'information.
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La mort et l'enfance sont rarement envisagées ensemble. Les adultes, pour ne pas dire les mères, préfèrent que l'enfance soit naïve, agréable et tendre. Bref, qu'elle soit le contraire de la vie. Je me demande si à force de leur éviter tout contact avec la douleur nous ne multiplions pas leurs souffrances futures.
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"Une peine trop visible n'inspire pas la pitié", je lis et confirme dans un essai de Philippe Ariès, "mais une répugnance". Nous tolérons, et même nous apprécions que les autres souffrent, mais pas au point qu'ils nous éclaboussent, ce qui devient "un signe de dérangement mental ou de mauvaise éducation".
"A l'intérieur du cercle familial, on hésite encore à se laisser aller, de peur d'impressionner les enfants", quoique si nous savions les éduquer, les enfants devraient être choqués du contraire, de l'absence d'une douleur manifeste suite à la perte d'un être aimé. "Nous n'avons le droit que de pleurer", nous nous octroyons un tel droit seulement "si personne ne nous voit ni ne nous entend", claquemurés dans notre chambre, doublement enfermés, "le deuil solitaire et honteux est l'unique recours, comme la masturbation", outre la honte, y a-t-il du plaisir là-dedans ? "la comparaison est de Goger", je ne sais pas qui est ce monsieur, mais je veux bien le rencontrer.
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La prudence des médecins m'exaspère. Parler avec eux, c'est comme quand on téléphone avec un portable et que tout à coup il n'y a plus de réseau. On se retrouve à parler tout seul. Ils vous laissent déverser votre trop-plein, poser des questions dont vous redoutez la réponse, afin de vous faire accepter la situation petit à petit tout en vous délivrant le minimum d'information.
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"Les effets durent bien plus longtemps que la patience de ceux qui se montrent disposés à m'écouter", qui m'appellent, me demandent comment je vais, et quand je leur dis la vérité, ils sont déçus ou tentent de me persuader du contraire, comme s'il était injuste de continuer à aller mal avec de si bons amis, une famille aussi fidèle. "Tout malheur a une date de péremption sociale, nul n'est fait pour la contemplation du chagrin", pas plus que du bonheur, d'ailleurs : nous ne supportons chez les autres que la monotonie, la tendance à ne pas exister, "ce spectacle est tolérable un temps, tant qu'il y a encore de l'émotion et la possibilité pour ceux qui regardent de jouer un rôle, de se sentir indispensables, sauveurs, utiles".
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Il n'était pas question de sortir dans la rue sans un livre, savait-on jamais, on n'aurait pas commis cette imprudence.
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je me souviens de la fois, où, au cours d'un dîner,un type à demandé à ma sœur si elle vivait seule. DAns un mouvement d'humeur plutôt rare chez elle, elle a répondu : oui, je suis mariée
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"C'est l'idée répandue selon laquelle ce qui a déjà eu lieu doit nous faire moins mal que ce qui est en train d'avoir lieu", lis-je en protestant dans un roman de Javier Marias, "ou que les choses sont plus supportables une fois passées", alors que c'est tout le contraire ; pendant que les choses arrivent, nous devons nous en occuper, et cet affairement est notre anesthésie. "Cela revient à croire qu'une personne morte, c'est moins grave qu'une personne en train de mourir", une personne en train de mourir peut te demander de l'aide, au moins, elle justifie ta douleur. "Certains me disent : conserve les bons souvenirs, pas les derniers., qu'est-ce que c'est ce conseil ? Est-ce qu'on ne se souvient pas aussi des livres, des films, des amours pour leur fin, surtout pour leur fin ? Quelle est cette forme d'amnésie qui conduit se rappeler des débuts et non des dénouements ? "Ce sont des gens bien intentionnés", ce sont des imbéciles "qui n'arrivent pas à comprendre que tous les souvenirs sont contaminés", le deuil se propage à travers la mémoire comme une catastrophe écologique.
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la mort et l'enfance sont rarement envisagées ensemble. les adultes, pour ne pas dire les mères, préfèrent que l'enfance soit naïve, agréable et tendre. Bref, qu'elle soit le contraire de la vie.
Je me demande si à force de leur éviter tout contact avec la douleur nous ne multiplions pas leurs souffrances futures.
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D'après certaines théorie, on tombe malade pour vérifier qu'on nous aime.
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D'après certaines théories, m'a t-il dit, on tombe malade pour vérifier qu'on nous aime.
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Depuis que je sais que vais mourir, je l'aime encore plus, j'ai découvert l'amour en tombant malade, c'est comme si j'avais cent vint ans, et tu veux que je dise. Je ne mérite pas cet amour, parce qu'avant de savoir que j'allais mourir je n'ai pas su le ressentir, parfois je me dis que la maladie est une punition, et plus ta mère prend soin de moi, plus je me sens une dette, une dette que je ne pourrai pas rembourser, elle me dit que non, quelle horreur, que ces choses-là, on les fait par amour, mais les dettes d'amour existent aussi, celui qui affirme le contraire se ment à lui-même, et ces ardoises-là ne s'effacent jamais, au mieux elle se camouflent comme je suis en train de le faire aujourd'hui.
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J'ai une définition différente de la vieillesse. Tant que je ne dépends de personne pour faire mes courses ou aller aux toilettes, je me fous royalement de l'âge que j'ai. Si ça se gâté trop, il y a toujours des solutions. Je préfère ne pas trop y penser. En attendant, mes adorables neveu et nièces me rendent visite et sont aux petits soins avec moi. J'essaie de ne pas leur montrer à quel point j'ai hâte qu'ils viennent, parce que alors ils viendraient moins volontiers.
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Je ne sais pas pourquoi diable on apprend à nos enfants à faire comme nous alors qu'on sait qu'on n'est pas heureux, je te jure parfois, quand j'y pense, ça me tue.
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On ne vous apprend pas à tomber malade, soigner, condamner, dire adieu, veiller, enterrer, incinérer. Je me demande ce qu'on nous apprend, bon sang de merde.
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"Qu'a voulu dire Malarmé quand il a écrit que la chair était triste et qu'il avait lu tous les livres ? Qu'il avait lu et baisé tout son soûl ? Qu'à partir d'un certain moment, toute lecture et tout acte charnel deviennent répétition ?", ça m'étonnerait, ce moment ne pourrait correspondre qu'au mariage, "je crois que Mallarmé parle de la maladie, du combat que livre la maladie à la santé, deux états ou deux puissances totalitaires", non seulement la maladie s'empare de tout, mais elle refait une lecture de tout, s'arrange pour que tout nous ramène à elle. "L'image qu'élabore Mallarmé parle de la maladie comme résignation de la vie. Et pour empêcher la défaite, il lui oppose en vain lecture et sexe". Que pourrions nous lui opposer d'autre ?
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L'amour n'entre pas chez les personnes inhabitées. Ou alors il entre et ne trouve rien.
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Tandis qu'il faisait rire M. Gottlieb, Hans entendit l'éventail de Sophie se déployer comme s'il commençait à brasser le hasard.
L'éventail s'ouvrait, pendulait. Il se contractait, frottait. Ondoyait un instant, s'arrêtait net. Il accomplissait de petites rotations, laissait apparaître la bouche de Sophie pour l'escamoter aussitôt. Hans ne tarda pas à s'apercevoir que, certes elle se taisait, mais son éventail réagissait à chacune des phrases qu'il prononçait. Tout en tâchant de ne pas perdre le fil de sa conversation avec M. Gottlieb, Hans était surtout soucieux d'interpréter du coin de l'oeil les mouvements de l'éventail.
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On n'aime vraiment ses parents qu'après leur mort
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