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EAN : 9782283027820
216 pages
Buchet-Chastel (06/03/2014)
3.4/5   21 notes
Résumé :
Lito, dix ans, est persuadé que s'il se concentre très fort, il peut faire varier la météo. Son père Mario, se sachant très malade, est persuadé qu'il doit laisser à cet enfant des souvenirs mémorables, Il emmène alors son fils, qui ignore tout de la situation, parcourir les routes en camion.

Ensemble, père et fils embarquent pour un voyage à travers des paysages étranges, aux frontières du monde hispano-américain.

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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Cette lecture m'a totalement bouleversée, j'avais hâte de la retrouver chaque soir, comme une éclaircie dans des jours parfois obscurcis d'idées noires...

Et pourtant, ce roman parle de maladie, de mort mais avec délicatesse et sincérité.
L'auteur nous fait partager tour à tour les idées de trois personnages et nous dévoile leurs intimités en proie à la perte, au désir.

Trois voix, trois voyages : le premier de Lito, le dernier de son père. Et celui, intérieur, torturé et violemment érotique d'Elena. Alors que l'enfant pense, que la mère écrit et que le père dit, tous parlent seuls.
Entre récit d'apprentissage et derniers instants, découverte du monde et deuil de soi, entre puissance salvatrice des mots et exigences des corps, Neuman livre un texte remarquable sur ce qui unit au-delà du dicible.
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Trois personnes: le père, malade d'un cancer, son fils de dix ans, qu'il emmène pour un dernier voyage professionnel à bord de Pedro, le camion familial, et sa femme, Elena, la mère de Lito, qui doit affronter la mort prochaine de son mari.
L'un parle, le deuxième pense, la troisième écrit. Chacun est seul.
Bien sûr, ce roman à trois voix parle d'un sujet bouleversant, avec habileté: trois voix qui s'entremêlent, sans forcément être simultanées dans le temps, mais c'est ce qui permettra à l'émotion de naître.
Pourtant, surtout au début, ces phrases courtes, sèches, abruptes et parfois naïves ou violemment érotiques m'ont tour à tour perturbée et gênée. J'ai dû insister pour continuer à lire et je n'ai pas particulièrement apprécié ni la naïveté travaillée de Lito ni le ton à la fois érudit et vulgaire de la mère. Finalement, c'est la voix du père, mourant et entrecoupée - puisque apparemment il s'est enregistré - qui m'a le plus émue.
C'est un roman réfléchi et travaillé, mais qui n'a pas marché avec moi.
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"Quand un livre me dit ce que je voulais dire, je me sens le droit de m'approprier ses mots, comme si un jour ils m'avaient appartenu et que venais de les récupérer." Cette pensée d'Elena comme tant d'autres trouvera un écho chez tous les lecteurs. Chez ceux qui ont puisé dans les livres de la force, un baume et qui les accompagnés durant des périodes peu faciles de la vie. Elena toujours qui confie cette remarque superbe, si juste " Je me demande si, sans forcément sans en avoir conscience, on ne va pas vers les livres dont a besoin. Ou si les livres eux-mêmes, qui sont des êtres intelligents, ne détectent pas leurs lecteurs et ne se font pas remarquer d'eux".
Lito âgé de dix ans a obtenu d'accompagner son père pour un voyage de quelques jours sur les routes d'Argentine en camion. Un accord entre sa mère Elena et son père Mario gravement malade. Car tous deux savent que ce sera l'unique et dernier voyage entre père et fils. Lito, lui, n'est pas au courant de la gravité de l'état de santé de son père.

Avant qu'il ne partent, Elena fait promettre à Mario de ne pas se fatiguer, de bien prendre ses médicaments mais Mario veut seulement laisser des souvenirs heureux à son fils. Tant pis s'il dépasse ses propres limites, l'essentiel est que Lito n'oublie jamais ce voyage. Pendant ce temps, Elena restée seule lit et cherche dans ses lectures du réconfort (Virginia Woolf, Christian Bobin, Lorrie Moore, Roberto Bolaño et tant d'autres avec autant de passages superbes de ses lectures qui l'interpellent ou lui apportent du soutien). Sa colère légitime contre la maladie, la mort qui s'annonce la conduisent à une relation adultérine. Lito sait que son père a été très malade ( une très mauvais grippe selon ses parents) mais pas plus. Pour lui, ce voyage est une marque de confiance de la part de ses parents, la preuve qu'il met un pied dans la vie des adultes.

la suite sur :
http://fibromaman.blogspot.fr/2014/03/andres-neuman-parler-seul.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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"Parler seul"... c'est ce que font, à tour de rôle, les trois narrateurs de ce roman, qui prennent la parole pour de longs monologues qui presque jamais ne s'entrecroisent.

Mario -le père-, est malade. Gravement. Malade au point qu'il va mourir bientôt.
Lito, son fils de dix ans, ignore tout de cette tragique et prochaine issue.
Elena -la mère- aime Mario, sincèrement, tendrement. Mais son corps, tel que la maladie l'a laidement transformé, la dégoûte. Sa liaison avec le médecin de son mari, faite de sexe violent et bestial, est pour elle à la fois culpabilisante et salvatrice.

Nous entamons le récit en suivant le fil des pensées de Lito. Il est heureux : Mario l'a convié à un périple sur les routes argentines, à bord de Pedro, le camion "mascotte" de l'entreprise de son oncle.
Sa naïveté enfantine lui permet d'occulter le pressentiment confus qui s'empare de lui lorsqu'il constate que son papa, lorsqu'il fait la course, est bien vite fatigué, ou qu'il s'enferme parfois un peu trop longtemps dans les toilettes.
Riche de ses ressources imaginatives, de sa faculté d'apprécier sans arrière-pensées ces moments de bonheur complice, il savoure le voyage, faisant sourire le lecteur en évoquant ses croyances fantaisistes.

Elena, elle, écrit. Son fils et son mari partis, elle se ronge d'angoisse. Chaque indice d'un affaiblissement de Mario lorsqu'elle les a, brièvement, au téléphone, nourrit de sombres pensées qui la torturent des heures durant. En plus de la relation qu'elle entretient avec le médecin de Mario, qui lui permet de sentir son corps vivant et désirable, elle lit. Relevant dans les textes qu'elle parcourt les passages qui semblent lui parler d'elle-même, et de la situation qu'elle est en train de vivre. Constatant la rareté avec laquelle la littérature s'aventure à traiter de la maladie...

Mario, quant à lui, parle dans un dictaphone, à l'attention de Lito. Il dit sa peine, à l'idée de ne pas voir son fils devenir un homme, à l'idée de tout ce qu'il ne feront jamais ensemble. Il évoque cette solitude dans laquelle l'enferme sa maladie, qui dresse entre lui et les autres un mur d'incompréhension. Il lui confie ses pensées et ses espoirs, tentant ainsi de construire, pour la lui léguer, une image de père.

"Parler seul" est un roman touchant et d'une grande justesse, qui abordent ces thèmes difficiles que sont la maladie et la mort sans sensiblerie.
Ses personnages, lucides quant à leurs faiblesses et leurs limites, s'expriment sans détour sur la complexité de leurs émotions, la sincérité -y compris avec eux-mêmes- étant leur principale préoccupation. Les passages "écrits" par Elena sont particulièrement beaux, empreints d'une poésie douloureuse.

Je recommande, évidemment !
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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Ce roman est porté par 3 voix :
- la mère, Elena. Par le biais de ses lectures et de ses constantes citations (c'est un peu pénible, à force, en tout cas cela m'a gênée), elle nous offre un aperçu de ce qu'elle vit : la maladie de son mari et la mort qui approche à grands pas, l'isolement, l'envie de vivre malgré tout et cette sorte de"descente aux enfers" avec son amant, le médecin de famille, qui paradoxalement lui permet de se sentir vivante, l'envie ou le devoir de protéger son fils de ce qui arrive, toute une palette d'émotions qui sont marquées par leurs extrêmes contradictions.
- le fils, Lito, ravi de l'aventure proposée par son papa, qui veut être fidèle à sa promesse et emmène son fils dans un grand voyage à bord de Pedro, le camion. Ils partent donc tous les deux et Lito raconte, avec les croyances et l'innocence d'un petit garçon de 10 ans qui trouve son père fatigué mais ne se doute pas qu'il va bientôt mourir.
- et le père, donc, Mario, qui ne tient debout que pour assumer une promesse ancienne et fabrique une palette de souvenirs à son fils pour quand il ne sera plus là.
Les voix s'entremêlent et chaque personnage a vraiment la sienne, son style, et on peut suivre les méandres de leurs tumultes intérieurs dans cette situation qui n'a rien de facile. le livre est intéressant et bien écrit, certaines formulations sont super bien trouvées. Mais ce n'est pas une lecture réjouissante, ça c'est sûr, à ne pas lire si on n'a pas le moral ;-)
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
"Une peine trop visible n'inspire pas la pitié", je lis et confirme dans un essai de Philippe Ariès, "mais une répugnance". Nous tolérons, et même nous apprécions que les autres souffrent, mais pas au point qu'ils nous éclaboussent, ce qui devient "un signe de dérangement mental ou de mauvaise éducation".
"A l'intérieur du cercle familial, on hésite encore à se laisser aller, de peur d'impressionner les enfants", quoique si nous savions les éduquer, les enfants devraient être choqués du contraire, de l'absence d'une douleur manifeste suite à la perte d'un être aimé. "Nous n'avons le droit que de pleurer", nous nous octroyons un tel droit seulement "si personne ne nous voit ni ne nous entend", claquemurés dans notre chambre, doublement enfermés, "le deuil solitaire et honteux est l'unique recours, comme la masturbation", outre la honte, y a-t-il du plaisir là-dedans ? "la comparaison est de Goger", je ne sais pas qui est ce monsieur, mais je veux bien le rencontrer.
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"C'est l'idée répandue selon laquelle ce qui a déjà eu lieu doit nous faire moins mal que ce qui est en train d'avoir lieu", lis-je en protestant dans un roman de Javier Marias, "ou que les choses sont plus supportables une fois passées", alors que c'est tout le contraire ; pendant que les choses arrivent, nous devons nous en occuper, et cet affairement est notre anesthésie. "Cela revient à croire qu'une personne morte, c'est moins grave qu'une personne en train de mourir", une personne en train de mourir peut te demander de l'aide, au moins, elle justifie ta douleur. "Certains me disent : conserve les bons souvenirs, pas les derniers., qu'est-ce que c'est ce conseil ? Est-ce qu'on ne se souvient pas aussi des livres, des films, des amours pour leur fin, surtout pour leur fin ? Quelle est cette forme d'amnésie qui conduit se rappeler des débuts et non des dénouements ? "Ce sont des gens bien intentionnés", ce sont des imbéciles "qui n'arrivent pas à comprendre que tous les souvenirs sont contaminés", le deuil se propage à travers la mémoire comme une catastrophe écologique.
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"Les effets durent bien plus longtemps que la patience de ceux qui se montrent disposés à m'écouter", qui m'appellent, me demandent comment je vais, et quand je leur dis la vérité, ils sont déçus ou tentent de me persuader du contraire, comme s'il était injuste de continuer à aller mal avec de si bons amis, une famille aussi fidèle. "Tout malheur a une date de péremption sociale, nul n'est fait pour la contemplation du chagrin", pas plus que du bonheur, d'ailleurs : nous ne supportons chez les autres que la monotonie, la tendance à ne pas exister, "ce spectacle est tolérable un temps, tant qu'il y a encore de l'émotion et la possibilité pour ceux qui regardent de jouer un rôle, de se sentir indispensables, sauveurs, utiles".
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La prudence des médecins m'exaspère. Parler avec eux, c'est comme quand on téléphone avec un portable et que tout-à-coup il n'y a plus de réseau. On se retrouve à parler tout seul. Ils vous laissent déverser votre trop-plein, poser des questions dont vous redoutez la réponse, afin de vous faire accepter la situation petit à petit tout en vous délivrant le minimum d'information.
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La mort et l'enfance sont rarement envisagées ensemble. Les adultes, pour ne pas dire les mères, préfèrent que l'enfance soit naïve, agréable et tendre. Bref, qu'elle soit le contraire de la vie. Je me demande si à force de leur éviter tout contact avec la douleur nous ne multiplions pas leurs souffrances futures.
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