Bulgarie 1944-1952 puis Bulgarie années 90.
Albert (Berto pour ses amis) Cohen revient en Bulgarie où il a vécu de sa naissance jusqu’à ses 13 ans. De retour dans son pays natal après 40 ans en Israël, il ne reconnaît que peu de lieux mais est vite submergé par les souvenirs qui remontent.
Il rencontre Araxi Vartanian, l’amie avec qui il faisait l’école buissonnière. C’est l’occasion pour lui de nous faire partager son enfance.
En filigrane, Angel Wagenstein nous brosse un portrait émouvant de la Bulgarie de 1944 à 1952 . Les parents de Berto ont été tués en 44 du fait de leur engagement communiste et il est élevé par sa grand mère et Abraham le grand père fer-blantier, alcoolique et athée.
Les personnages, le pope Isaïe , le rabbin Menaché, le mollah Ibrahim, et bien sûr Abraham l’athée sont savoureux. Ils se chamaillent pour des détails mais restent unis dans l’adversité. Une veuve turque mènent les quatre hommes en bateau. Abraham le poivrot qui n’a peur de personne, surtout pas de Dieu mais un peu (beaucoup) de son épouse aidera le jeune Berto à grandir.
Albert retrouve en Araxi sa compagne de jeux, broyée par le destin de l’Europe de l’est dans les années 50 et les suivantes (reconstruction, communisme, émigration vers Israël puis pour Araxi la catastrophe de Tchernobyl pas si lointaine….). Costa, le photographe grec ressort les photos de leur enfance et tous trois se rémémorent ses temps à la fois difficiles et chaleureux.
Plovdiv, la ville où a grandi Berto était pauvre mais les populations vivaient en bonne cohabitation (il est fait référence au fait que, bien que la Bulgarie soit un allié du troisième Reich jusqu’en 1944, sa population juive n’a pas été déportée dans les camps de la mort du fait d’une forte mobilisation de la population). Berto nous raconte le jour aussi où tout changea pour lui ( à moins que rien n’est changé mais que Berto ait juste mûri et ouvert les yeux).
Un très bon moment de lecture, beaucoup d’humour, un peu de nostalgie et un style qui m’a beaucoup plu, tendre et sincère.
Le sous titre "loin de Tolède" retrace l’exil des ancêtres d’Abraham d’Espagne, en 1492 et explique le dialecte espagnol parlé par nombre des voisins de Berto en Bulgarie.
Il s’agit du deuxième tome d’une trilogie (je n’ai pas lu le tome 1 mais cela ne gêne en rien la compréhension)
Je vous recommande cette lecture d’un livre pris presque au hasard à la bibliothèque, juste parce que Chagall est mon peintre préféré et que la couverture de l’édition 10-18 m’a plu : Un livre que je n’aurais jamais pris avec la couverture originale.
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