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Citations de Angelo Pellegrino (15)


Pour elle, il n'y avait qu'une unité de mesure du temps : la journée. À l'intérieur de celle-ci, il fallait accomplir tout ce qui pouvait rendre la vie digne d'être vécue.
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Quelquefois, pas souvent, et surtout jamais gratuitement, elle était portée à la mélancolie, quand elle pensait à la façon dont la vie peut être détruite, même si elle renaît ensuite.
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Sauvegarder sa santé et son intelligence, voilà la première nécessité, face aux attentats continuels que n'importe quel système, y compris le système démocratique, perpètre toujours contre l'individu.
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Le soir, si elle pouvait, elle sortait presque toujours : comme je l'ai dit, sa sociabilité était légendaire, son intérêt pour les êtres humains n'avait pas de limites. On aurait même pu dire que c'était excessif, mais il en était ainsi. Elle savait parler avec tout le monde, sans jamais changer sa façon d'être, qui restait la même avec toutes les classes sociales. C'était une expérience fascinante de la voir discuter avec un simple ouvrier de la même façon qu'avec un riche bourgeois, l'un des traits les plus renversants de son caractère. (p. 28)
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Goliarda regretta d’avoir dû quitter si vite la prison, et pas seulement pour l’occasion manquée de faire scandale autour de – L’Art de la joie- . Elle avait le sentiment d’avoir été séparée trop vite de la vie carcérale et de ses camarades. En prison, Goliarda était redevenue elle-même. Elle était sortie de la dépression en y retrouvant, d’une certaine manière, ses ruelles de San Berillo à Catane, une agora, une société réelle. Elle y découvrit amitié et sororité, la réalité du combat pour survivre, et aussi des formes de courage et de solidarité dont elle ressentait le manque depuis longtemps. (p. 41)
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Il n'est pas exagéré de dire que la noble figure de révolutionnaire de Maria Giudice transmit à Goliarda des devoirs moraux et des idéaux qui pesèrent sur une bonne partie de sa vie, du fait , aussi, de l'amour et de l'admiration que Goliarda ne cessa de lui porter. Par sa mère, Goliarda découvrit toute la littérature politique et philosophique anarchiste et socialiste, d'avant et d'après le marxisme. (p; 19)
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Ce fut pour briser le silence et l'omertà imposés par la figure tutélaire de ce monde que Goliarda commit un vol symbolique qui l'amena à la prison de femmes de Rebibbia. Le scandale fut énorme dans la Gauche italienne, qui comprit tout de suite le caractère provocateur de son geste et chercha à l'occulter par tous les moyens. La fille de Maria Giudice, cette figure du socialisme et ce modèle d'intégrité, qui n'avait jusque-là pas même dérobé un simple biscuit, était désormais obligée de voler une poignée de bijoux pour pouvoir vivre, quand tous les intellectuels et artistes de sa génération évoluant autour de PCI avaient fait carrière et vivaient, en ex-révolutionnaires, dans un luxe bourgeois. (p. 35)
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Elle gardait, mêlée à une gaieté infinie, l'état d'esprit d'une opprimée politique. Contradictoire ? Peut-être, mais qui s'entendait mieux qu'elle en contradictions ? Elle n'oublia jamais les durs entraînements suivis avec ses frères aînés, qui voulaient faire d'elle un Partisan, le temps passé à tirer ou à s'exercer à la boxe (...) (p. 31)
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- L' Art de la joie...ce livre me ramène à l'époque où, après que Goliarda m'eut fait une confiance totale pour revoir le texte, malgré les vingt ans qui nous séparaient, nous vécûmes une grande solitude à cause du refus des principaux éditeurs italiens. (...)
à deux, on fait déjà un syndicat, disait Maria Giudice, mère de Goliarda et femme magnifique. Mais une fois seul, avec -L'Art de la joie- qui moisissait au fond d'un coffre, à la douleur pour la brusque perte de Goliarda s'ajoutait celle de la mort définitive d'une oeuvre qui avait cimenté notre vie commune. (p. 9)
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2. « Il y avait dans son geste une volonté qui allait au-delà de l'acte [le vol des bijoux]. En fait, elle voulait aller en prison.
Je crois même que l'expérience carcérale marqua sa renaissance. Dans sa famille, la prison avait toujours représenté le lieu obligé pour connaître la fièvre qui se répand dans le corps social et qu'on refoule, enferme, entre ses murs. Pour eux, on ne connaissait pas une société si l'on ne connaissait pas ses prisons, ses hôpitaux et ses asiles. Les parents de Goliarda furent souvent l'un et l'autre emprisonnés pour des raisons politiques, surtout Maria Giudice » (p. 39)
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Autant le dire, nous vivions fort pauvrement, à l'affût de petits boulots occasionnels. C'était déjà un paradoxe dans un pays qui traversait une époque de bien-être généralisé. Mais nous avions fait des choix de vie radicaux et nous ne pouvions plus revenir en arrière. Nous nous étions placés en dehors du système productif, comme on dit. (...)
Elle avait une capacité de transfiguration de la réalité qui transcendait toute pauvreté. où que ce fût, et peu importe les conditions matérielles, avec elle, on se sentait toujours riche; ce n'est pas une exagération. Les journées se passaient dans une continuelle effervescence émotionnelle et intellectuelle. A la limite, le seul risque était que nous nous enfermions dans une bulle qui nous aurait dangereusement isolés. (p. 33)
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De 1967 à 1976, pour pouvoir travailler toutes ces années à L'Art de la joie-, elle avait dû vendre tout ce qu'elle possédait, y compris les tableaux et autres objets d'art de nombreux amis artistes qui, de temps en temps, l'aidaient en lui donnant une de leurs oeuvres. (...) mais , malgré tout cela, la vie continuait. Les jours se suivaient, toujours merveilleux, de ce genre de merveilleux que seul un écrivain, peut-être , peut apprécier dans toutes ses nuances. (p. 25)
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Tout aussi importante que celle de son père fut l'influence de sa mère, qui transporta depuis l'Italie du Nord jusqu'en Sicile l'écho de ces grandes luttes socialistes et de l'ultime résistance à l'expansion du fascisme qui ont marqué- on peut le dire-tout le XXe siècle italien. A cause de ses opinions, Maria Giudice resta assignée à résidence à Catane pendant vingt ans. (p. 16)
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(...) née dans une famille de militants socialistes, elle fut précocement obligée de quitter l'école quand celle-ci tomba sous l'emprise du fascisme. Ainsi, Goliarda se forma autrement. A douze ans, en plus d'avoir déjà appris à tirer et boxer, elle avait lu tout Dostoïevski, tout Tolstoï et Les Misérables. (...)
La vraie formation de Goliarda se déroula pourtant ailleurs qu'à la maison, dans les ruelles de San Berillo. Dans ce quartier populaire de la vieille ville de Catane, où se trouvait la demeure familiale et où son père avait son cabinet d'avocat (...)
A San Berillo, elle apprit aussi à saler les anchois, à empailler les chaises , à jouer dans les théâtres populaires, toujours en suivant les convictions socialistes de son père qui prescrivaient l'apprentissage de nombreux métiers. (p. 13-14)
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1. « […] à un certain moment, Goliarda s'était sentie complètement abandonnée de son milieu. Elle, qui avait été une actrice importante dans l'après-guerre, qui travailla plusieurs fois avec Luchino Visconti, elle qui était restée en lien à travers son compagnon Maselli avec ce monde intellectuel composite qui gravitait alors autour du PCI et qui continuait à avoir une grande emprise sur le cinéma, l'édition, le théâtre et le milieu des arts de l'époque (monde envers lequel, cela dit, Goliarda fut toujours critique, même si c'était en termes contenus, car elle en redoutait le pouvoir objectif), elle s'était retrouvée seule.
Ce fut pour briser le silence et l'omertà imposés par la figure tutélaire de ce monde que Goliarda commit un vol symbolique qui l'amena à la prison de femmes de Rebibbia. Le scandale fut énorme dans la Gauche italienne, qui comprit tout de suite le caractère provocateur de son geste et chercha à l'occulter par tous les moyens. La fille de Maria Giudice, cette figure du socialisme et ce modèle d'intégrité, qui n'avait jusque-là pas même dérobé un simple biscuit, était désormais obligée de voler une poignée de bijoux pour pouvoir vivre, quand tous les intellectuels et artistes de sa génération évoluant autour du PCI avaient fait carrière et vivaient, en ex-révolutionnaires, dans un luxe bourgeois... Il y a un film, de Maselli justement, qui représente très bien cette régression, _Lettera aperta a un giornale della sera (Lettre ouverte à un journal du soir)_. On y retrouve les contradictions de cette Gauche italienne issue de la Résistance qui, d'une part, déclarait non sans ambiguïté accepter le jeu démocratique, et de l'autre continuait à croire en la révolution alors même qu'un accord tacite des Soviétiques avec les Américains – les équilibres de Yalta – rendait objectivement cet horizon impossible. » (pp. 34-35)
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