Anita Conti pionnière de l'océanographie.
Pourrais-tu ignorer
Que chaque jour, pour Toi
un ciel entier s'éclaire?
A tous les pas de cet élan
qu'est notre vie
A tous les jeux de cette rage
J'ai ouvert les bras
Et gémi
Et sur le grand vent refermé
Au long des temps
Mes bras heureux brûlent encore
De leur désir.
4 janvier 1994, à Fécamp.
La vie aime les masques, l'entêtement aveugle, les conventions, la tenue. Et moi aussi: je suis une brute correcte, savonnée, briquée, peignée! C'est un masque; sous le masque mon esprit est noyé d'incertitudes; il s'élance, se reprends, essaie de comprendre, s'avoue incapable. dessus, le masque tient bon.
année 1952:
L'océanographie est une science nouveau née qui n'a pu se développer qu'après toutes les autres puisqu'elle a recours à toutes les autres pour son outillage, mais l'océan ne peut plus se défendre, il tient 70% de notre surface planétaire et en altitude il remplit de ses fosses extrêmes plus de 10 Km d'épaisseur: pourtant dans le formidable volume de cet élément inhumain, quelques hommes sont entrés; ils ont suivis la lumière, son étrange modification à travers des couches d'eau qui sont comme autant de filtres et ils sont revenus à notre existence quotidienne avec des regards de songe et la nostalgie d'un corps déliée des lois aérienne de la pesanteur. Le Prieur, Jean Painlevé, Philippe Taillez, Jean-Yves Cousteau et tous les garçons et les filles qui les suivent...
Parfois l'épreuve de l'absence tourmente les équipages. On espère des nouvelles, en même temps on les craint.
Je me sens moi-même envahie de cette sourde effervescence. Toute une province à la fois ancestrale ment maritime et solidement paysanne est venue d'imposer à nous, et à chaque évocation de la famille et du port fait croire à a stabilité des choses. Ce courrier qui vient de nous être apporté, c'est la terre, la seule, la vraie : la terre qui porte la maison.
La mer nous a pris. Elle est verte, grise, noire, crêtée de blanc, elle nous ramasse sur son dos d'un coup de rein comme une bête habituée à ses parasites et nous jaillissons à sa cadence. C'est elle qui choisit son allure. Si elle rue, on se cramponne et ça repart.
Au long de nos infinies fragilités, se heurtent les géantes puissances des fluides. Les déferlements qui s'écrasent ont le grondement des éternités.
L'impression d’être devenu le centre du monde nait ici ; le cercle marche avec notre marche. L'horizon devant nous recule et, derrière nous, l'horizon avance ; au centre de ce cercle impitoyable, Viking hache la mer comme une lourde bête. Par temps sombre, le cercle se rétrécit ; dans la brume, ses bornes rapprochées sont floues et le danger peut sortir de ses murailles floconneuses, toujours et partout.
ils ont suivi la lumière, son étrange modification à travers des couches d'eau qui sont comme autant de filtres, et ils sont revenus à notre existence quotidienne avec des regards de songe et la nostalgie d'un corps délié des lois aériennes de la pesanteur.
Au-dessus de nous, l'espace ; au-dessous, un miroir ; la surface des eaux est pareille au regard de beaux yeux ouverts ; on s'y perd sans comprendre. La surface des eaux demeure l'éternel miroir, elle réfléchit le ciel et garde son intégrité.
En se penchant vers l'épaisseur des eaux, chacun n'y verra que le reflet de lui-même ; en se relevant, son regard se perdra dans le cercle d'horizon.
L'exaltation physique réduit l'hésitation de l'esprit. L'activité musculaire nettoie les regrets. Je ne pense plus, j'agis.
L'harmonie? un grondement énorme et cadencé, d'où jaillissent les ultra-sons des mélodies éternelles...que nos oreilles ne peuvent entendre; alors chacun en soi les invente...
7 h 30 – Chalut déchiré, cul crevé, poisson parti. Les hommes saisissent les aiguilles et le couteau entre les dents, ils commencent le ramendage.
Cette continuité de lutte crée une sensation d’épuisante fatigue. Ce n’est pas la lassitude du soir après un jour de labeur, c’est la sensation d’un effort ininterrompu sans juste récompense, compensation comparable au travail des champs soumis aux hasards météorologiques.
L’industrie des grandes pêches est une profession qui mène à concevoir la nécessité de l’effort sans envisager comme due l’immédiate compensation.
Froid, vent, pluie, neige, brise fraîche, à nouveau cul crevé, ventre parti. Sur le pont : une tonne de vase et ses détritus. Les hommes ? Vannés ! Mais sans perdre un instant il faut réaffaler.
La longueur et la dureté de manœuvre d’un enfin de 41,5 mètres d’ouverture, alourdi de 1 600 kilos de panneaux, et de 18 mètres de diabolo, rendent extrêmement décevantes les mauvaises pêches.