AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Anne Brunswic (17)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Les eaux glacées du Belomorkanal

Le Belomorkanal est situé dans le grand Nord Russe, il débute à la mer Blanche près de Belomorsk au sud de Kem et termine sa course dans la Baltique, près de Saint Péterbourg, après avoir traversé les lacs Onega et Ladoga. Long 225km le canal fut construit en 1933 par les Zeks des camps de Carélie et des Solovki sous l'initiative de Staline.

Entre 2007 et 2008 Anne Brunswic part en Carélie recueillir l'histoire du canal à travers la mémoire et les témoignages des anciens. Sa première rencontre va la plonger dans un livre rare, un livre propagande illustré, racontant la construction du canal. Des écrivains comme Gorki, Aragon et bien d'autres « applaudissent sans réserve la science prodigieuse de la rééducation de l'homme » ; Ce livre a largement « contribué à tromper l'opinion publique tout en préparant le terrain pour de nouvelles vagues d'arrestations ». Mais la construction du canal a aussi été dénoncée comme une entreprise inhumaine et surtout inutile d'ailleurs la profondeur du canal n'étant pas suffisante ne permettra pas la navigation des bateaux de fort tonnage.

L'histoire-reportage de ce chantier colossal par le biais de ces rencontres donne un récit fort et prenant. le regard d'Anne Brunswic reste discret et pudique, il est dénué de tout jugement, elle campe simplement, les habitats sommaires et les portraits très réalistes. Ces récits sont poignants : familles décimées, hommes et femmes traqués, brisés par le travail et menant une vie dure dans une totale résignation ou impuissance.

Anna Brunswic rencontre des gens de toutes origines : médecins, infirmière, institutrice, bibliothécaire … tous ont perdu un membre de leur famille au canal, certains y ont travaillé, tous se souviennent. C'était la promesse d'une prospérité pour la Carélie !

Enfin le récit se termine par le réquisitoire : « J'accuse … » de Ivan Ivanovitch Tchoukhine « qui n'avait pas peur de penser ni de s'exprimer » il a fait un travail colossal pour identifier les corps. (J'ai mis une partie du « j'accuse » dans les citations)

Ce magnifique témoignage vaut la peine qu'on le lise ne serait-ce que pour rendre hommage aux disparus.

Ce livre a laissé en moi une forte empreinte et suscité de profondes réflexions pourtant ce n'est pas le première fois que je lis sur ce thème ... mais j'ai récemment voyagé aux îles Solovki et en Carélie.

Commenter  J’apprécie          182
Les eaux glacées du Belomorkanal

L’histoire contrastée et la trace actuelle du canal Baltique – Mer Blanche, exhumée depuis le terrain, en Carélie.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2016/04/29/note-de-lecture-les-eaux-glacees-du-belomorkanal-anne-brunswic/


Lien : http://charybde2.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          60
Les eaux glacées du Belomorkanal

« Au début, le voyageur étranger s'étonne de rencontrer des Russes qui, directement ou à travers leurs parents, ont subi la répression stalinienne, et pour autant ne sont nullement devenus des adversaires du régime. Le cas est banal. Beaucoup même ont pu gravir les échelons au sein du Parti et s'y sentir à l'aise jusqu'à l'effondrement du régime. Le visiteur doit se rendre à l'évidence : il n'a pas toutes les clés  Il essaie de comprendre quelles réalités vécues recouvrent pour son interlocuteur « communisme », « stalinisme », « Parti », tâtonne, échafaude des hypothèses, va chercher des réponses chez les historiens, les philosophes... Et plus il apprend, moins il sait. »



Ne cherchez pas ici des renseignements exhaustifs (techniques économiques ou historiques) sur ce canal, qui unit le lac Onega à la mer Blanche, chantier pharaonique conçu par Staline qui y attela 150 000 zeks dans des conditions atroces. Un canal aux archives interdites, et tenu secret pour de vagues raisons stratégiques.



« Pierre le Grand en a rêvé, Staline l'a fait. Le sort des moujiks entre temps a peu varié. »



Ou alors lisez un autre livre que celui d'Anne Brunswic. Car elle annonce d'emblée sa façon de procéder.



« La vérité est que tu aimes bien frapper à la porte d'un ou d'une inconnu(e), sans projet arrêté, sans nécessairement chercher de réponse à une question qui préexisterait. Il serait prétentieux d'ériger ce tâtonnement en méthode mais c'est bien de propos délibéré que tu joues à te perdre. »



Les eaux glacées du Belomorkanal est donc plutôt un livre d'humanité transmise, qu'un document objectif. C'est un livre sans idées préconçues, sans cases toutes prêtes, sans jugement. On y suit le cheminement géographique de l'auteur, ses rencontres dans les villes avoisinantes, dans des musées, des bibliothèques, des établissements scolaires. Mais aussi chez l'habitant commun, à ce qui reste de l’hôpital psychiatrique, au sanatorium. Là, elle va à la rencontre des hommes ou surtout des femmes, instaure une confiance, recueille des témoignages. C'est au fil de ceux-ci que sont tranquillement distillées les informations factuelles sur le canal. Et la vie aujourd'hui, si elle semble sans rapport, ne serait pas ce qu'elle est sans le canal (son empreinte dramatique mais aussi joyeuse dans les mémoires puisque certains s'y sont baignés enfants dans l'insouciance) , et les industries (scieries, usines d'aluminium ou de cellulose fabriquant des sacs de papier Kraft) qui en on découlé. Et surtout sans l'Histoire sombre qu'il véhicule, car pour chacun émerge qui un père, qui un frère arrêté, accusé, emprisonné, des vies sous l'emprise de la terreur. Ainsi se tisse peu à peu un regard nouveau sur la répression stalinienne, refoulée ou exprimée, mais toujours inscrite au cœur des Russes.
Commenter  J’apprécie          40
Bienvenue en Palestine

Chroniques d'un séjour à Ramallah, ce livre nous fait partager, en toute liberté, le regard subjectif mais ouvert de l'auteur sur ses rencontres avec Palestiniens et Israéliens pacifistes. Anne Brunswic, que l'on ne peut décidément réduire à son origine juive, nous permet de vivre avec elle pendant quatre mois les réalités de la vie quotidienne en Palestine, de Ramallah ) Tulkaren, de checkpoint en barrage, à l'ombre grandissante du mur en construction.



Je conseille vraiment cette lecture. Comme vous le remarquerez très vite, je suis surtout lectrice de romans. Généralement, je traine des pieds pour les documents ou essais. Mais là je suis contente d'avoir franchi le pas. Nous nous faisons tous une idée de la vie sur place, nous avons tous un avis sur ce qui se passe là-bas et l'auteur ne revient pas là-dessus, elle ne cherche d'ailleurs pas à nous imposer sa lecture du conflit. Non, Anne Brunswic nous ouvre le quotidien de cette région, celui qu'elle a partagé avec les habitants, tout en étant consciente des privilèges de sa situation: elle n'est pas Palestinienne et mène donc pendant quatre mois une existence de privilégiée à l'échelle de bien des Palestiniens. J'ai été convaincue par son regard, vraiment.

Commenter  J’apprécie          40
Sibérie, un voyage au pays des femmes

L'auteure rapporte ici des témoignages de femmes, vieilles et jeunes, vivant en Sibérie. Le souvenir du goulag est bien présent dans ce livre, de la manière la plus objective possible. La Sibérie actuelle et ses habitants sont décrits avec réalisme et précision.
Commenter  J’apprécie          30
Voyages avec l'absente

Anne Brunswic voyage « avec » sa mère Françoise, l'éternelle absente, absente de l'enfance de ses cinq enfants car distante et occupée d'autres affaires et d'un frénétique besoin d'action , absente parce que morte quand Anne avait huit ans, et désormais enfouie sous un invincible silence familial. Anne ne sait pas trop si elle l'aime ou s'étonne simplement, ce qu'elle sait, c'est qu'elle est un manque inscrit en creux en elle-même, qui ne l'a jamais quittée et a contribué à la former. Et que, sans juger, elle veut savoir, tout savoir.



S'adressant à elle par-delà la mort par lettres à la fois distantes et touchées, Anne Brunswic voyage dans les différents lieux de sa mère, interroge, s'imprègne, imagine, complétant les données des écrits familiaux (texte de sa grand-mère, lettres de sa mère, Mémoires de son père), des photos, et de vagues impressions d'enfance conservées.



Au-delà de cette histoire intime dont on aura la clé dans le déchirant dernier chapitre, c'est l'histoire du siècle, puisque les grands-parents de Françoise ont émigré de Lituanie fuyant les pogroms, qu'elle et sa mère on fuit le nazisme depuis Bruxelles, à travers la France, le Portugal et l'Angleterre, que sa mère a fini par émigrer en Palestine. Destins tragiquement banaux, mais toujours poignants dans leur singularité.



C'est une fois de plus une histoire de femmes, dans cette famille grandement matriarcale, ou en tout cas vécue comme telle, à travers des témoignages souvent féminins. Anna Brunswic fait preuve d'une implication têtue, à la fois profonde et dépourvue d'affectivité, qui donne un point de vue intime et personnel.
Commenter  J’apprécie          20
Voyageuses

Qu’est ce qui différencie une femme qui voyage d’un homme qui voyage ? Sédentaires ou nomades les femmes doivent se confronter à des systèmes sociaux et politiques qui ne les considèrent pas comme les égales de l’homme. Dans les systèmes phallocrates, un voyageur est un aventurier, une voyageuse une fille perdue, au propre comme au figuré ! « Mille et une fois on promit de prier pour mon salut : c’est à dire que je trouve un bon mari. » écrit Caroline Riegel. On pourrait dire, en paraphrasant Orwell, que les voyageuses et les voyageurs sont égaux mais les voyageurs sont tout de même un peu plus égaux que les voyageuses ! On peut donc affirmer que voyager est plus difficile et plus dangereux pour une femme que pour un homme.

En lisant ce livre on constate très vite que ces voyageuses sont toutes des écrivaines. Chacune a pour traiter son sujet une manière personnelle, un style spécifique, une tonalité originale. Narration romanesque, style journalistique, récit d’aventure, envolées lyriques, dialogue théâtralisé, interview, vibrations poétiques, pensées philosophiques, avec diverses variantes, incises, nuances et déclinaisons. Aucune de ces voyageuses ne se borne à l’évènementiel, à l’anecdotique ou à l’exotique, tous les événements relatés sont porteurs de sens, ils éveillent notre curiosité et font souvent naître en nous une profonde émotion. Quand l’écriture de voyage est une écriture sur le voyage on peut parler de littérature de voyage. Ce qui caractérise la littérature c’est sa capacité à dépasser son objet, quel qu’il soit, tout en faisant corps avec lui. En littérature, matière et manière sont liées l’une à l’autre. Dans la littérature de voyage, littérature et voyage n’échappent pas à cette règle.

Voici les thèmes principaux qui traversent l’ensemble de ces douze textes.



Le voyage n’est pas une somme de kilomètres ni un inventaire de destinations lointaines. Voici ce qu’en dit Clara Arnaud : « Il est des bergers qui voyagent plus dans leurs pâtures que les touristes boulimiques. » Cela nous rapproche de Franck Michel qui nous dit que « le voyage commence au bout de sa chaussure. »

Bouger c’est faire bouger quelque chose en soi. Tous les voyageurs savent que le voyage les transforme sans qu’ils puissent forcément identifier, et encore moins maitriser, les forces qui agissent sur eux. Aude Créquy écrit : « En voyage, rien ne se maitrise et c’est le propre du voyage que de se laisser façonner par ce qui nous entoure. » Nicolas Bouvier l’avait bien compris : « On croit qu’on va faire un voyage mais bientôt c’est le voyage qui vous fait ou vous défait. » Un voyage imprévu ? C’est un pléonasme !

La voyageuse, pour découvrir le monde, est disponible et attentive. Pour pouvoir se nourrir de l’imprévu la voyageuse est curieuse de tout et réceptive à tout. Gaële de La Brosse cite Éluard : « Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous. » C’est le « laisser advenir » des bouddhistes, qui n’est pas passivité mais disponibilité.

Pour comprendre le monde il faut l’aimer, pour aimer le monde il faut le comprendre. Toutes les voyageuses le savent et le vivent. Yanna Byls l’exprime de la manière suivante : « Je dédierai ma vie à glaner les fabuleuses histoires des peuplades de la terre afin d’offrir une mosaïque étincelante des visages du monde. Et pour une lanterne d’espoir dans le cœur des gens… » La passion du voyage c’est la passion amoureuse. Pourtant Caroline Riegel écrit : « l’amour peine à trouver sa place dans un tel emploi du temps. » Il faut rappeler ici qu’il existe trois sortes d’amour, l’amour érotique (éros), la tendresse (philia) et le don de soi (agapè). Éros et philia exigent (ou du moins espèrent) une contrepartie alors qu’agapè est un amour sans attente de retour. Voyager n’est-il pas synonyme de donner ? La voyageuse est une amoureuse qui certes n’a pas à faire l’impasse du sexe et de la tendresse mais qui fondamentalement accepte d’offrir aux autres le don de son voyage sans forcément recevoir une rétribution affective en retour. L’absence de contrepartie est ce cadeau précieux qu’on nomme détachement et aussi humilité.

Voyager c’est avoir un regard neuf sur toute chose. Le cinéaste Mitzoguchi dit qu’il faut se laver les yeux entre chaque regard. Chaque pas dans le voyage doit être un premier pas, chaque regard un regard neuf, chaque regard un regard d’enfant.

Lire la littérature de voyage c’est commencer le voyage et l’écrire c’est le continuer. Karen Guillorel cite Alexandra David-Néel qui, parlant des récits de Jules Verne, écrit : « Leurs héros peuplaient de leurs exploits mes rêveries enfantines (…) Ma résolution était prise… Comme eux et mieux encore si possible, je voyagerais. » Cette phrase tous les voyageurs peuvent la dire en parlant d’eux-mêmes. Ingrid Thobois résume parfaitement bien ce qu’est le triptyque voyager - écrire - lire : »La lecture, le voyage, l’écriture, c’est l’histoire d’une passion en boucle. » Chez ces voyageuses, l’écriture est étroitement liée au voyage. Pour certaines c’est la cause, pour d’autres la conséquence, pour d’autres enfin les deux à la fois. Clara Arnaud : « J’ai mis des mots sur mes petits chevaux de voyage pour ne pas oublier le rythme de leurs pas chaloupés. »

Le retour a une durée : se « retrouver » chez soi et avec soi peut prendre des années. Tout attachement se solde par un arrachement. Alice Plane écrit : « Je suis de ces gens qui s’attachent vite et très fort à toute amitié nouvelle et qui ont tant migré qu’ils savent qu’il ne faut pas attendre le dernier moment pour se livre à l’autre. » Le retour est aussi un voyage.

Aucune des voyageuses ne sait pourquoi on contracte le « virus » du voyage. Elles savent qu’elles doivent partir mais ne savent pas pourquoi. Elles peuvent identifier le déclic – souvent comparable à un coup de foudre amoureux – mais pas la cause profonde. À cette question récurrente du pourquoi, bien peu trouve une réponse. Aude Créquy ne trouve pas plus de raison à son amour du grand Nord qu’à son amour du voyage. « L’arctique est une évidence. Ne me demandez pas pourquoi, je n’en ai aucune idée. » Elle exprime bien ce que toutes ressentent et disent d’une manière ou d’une autre : elles ne savent pas pourquoi elles partent ; c’est ce qui fait la beauté des départs !

Voyager est-ce fuir ? Aude Seigne : « Ce n’est pas parce qu’il est fuite que le voyage n’est pas merveilleux. » On peut comprendre que la fuite soit l’élément déclencheur mais un voyage ne devrait jamais être un voyage par défaut. Fuir n’est pas voyager. Un fuyard n’a pas le temps de s’émerveiller. Ou alors il doit transformer sa fuite en voyage.

Voyager est un acte politique. La réalité du monde c’est sa beauté et sa laideur. On ne peut pas rendre compte des beautés du monde sans rendre compte de ses laideurs. On ne peut pas profiter de ce qui va bien et occulter ce qui va mal. On trouve cette phrase chez Anne Brunswic : « À Ramallah j’ai tout de suite découvert ce que cela faisait de vivre sous l’occupation (…) À Ramallah j’ai perdu cette innocence de principe j’ai appris à penser et je l’espère plus juste. » Voyager est un acte politique. La voyageuse ne peut pas échapper à l’Histoire qui s’écrit sous ses yeux, d’autant qu’en tant que femme elle est bien placée pour savoir ce qu’endurent les opprimés. « On écrit parfois simplement (…) pour rendre justice. Aux morts jetés à la fosse commune, aux vivants qu’on piétine. Mais on ne le sait qu’après. » (Anne Brunswic) Voyager fait découvrir de « terribles pays des merveilles. » (Alice Plane) Issues de sociétés démocratiques les voyageuses ont à adapter leur comportement aux régimes dictatoriaux qu’elles parcourent. De même qu’étant issues de pays riches elles doivent savoir se comporter dans les pays pauvres.

Voyager c’est se détacher de ses certitudes. Gaële de La Brosse écrit : « Un pèlerin part avec des certitudes et revient avec des questions. » Ce qui vaut pour les pèlerins qui ont un but spirituel vaut aussi pour tous les voyageurs humanistes.

Voyager c’est apprendre à vivre ensemble. Karen Guillorel parle du « désir très fort d’apprendre à vivre ensemble, justement. » Sylvie Lasserre : « Ma vie allait devenir un véritable kaléidoscope, s’enrichissant à chaque nouveau voyage. » Évelyne Jousset : « Voyager c’est aussi accepter d’être bousculée par les cultures. » Voyager c’est comprendre les autres et les comprenant à apprendre à mieux vivre avec eux.

Ne plus voyager ? Clara Arnaud nous dit : « Un jour sans doute, je n’aurai plus besoin de voyager. »Peut-être faut-il rapprocher cette cessation des voyages de la cessation des transmigrations bouddhistes ? Quand l’être vivant a éteint en lui tout désir, toute activité, toute passion, il triomphe du cycle incessant des renaissances (le karma) Il sort du cercle des changements de vie pour entrer dans la vie et la paix éternelles. Est-ce possible pour une voyageuse ? Et est-ce souhaitable ?

Pour bien voyager il faut être en bonne santé aussi bien physiquement qu’intellectuellement et psychiquement. La fatigue est l’ennemi du voyageur. Il faut voyager reposé. Mais il faut bien comprendre que le voyage est une sorte d’investissement énergétique. Le voyageur revient fatigué mais chargé en énergie. Le voyage a une fonction dynamisante.



Littérature féminine de voyage ou littérature de voyage au féminin : c’est comme on voudra. En tout cas il s’agit bien ici de littérature de voyage. Les régions du monde que les douze voyageuses ont parcourues sonnent comme les mots d’un poème parfois doux, parfois rocailleux, parfois pacifiques, parfois dangereux… Afghanistan, Azerbaïdjan, Kazakhstan, Iran, Tadjikistan, Himalaya, Soudan, Zanskar, Inde, Groenland, Sibérie, Moldavie, Palestine, Bénin, Tibet et d’autres encore… La lumière que le récit de l’expérience des voyageuses apporte sur le voyage est plus importante que le récit du voyage lui-même. Un récit montre un chemin et c’est bien ; la lumière sur le récit montre un foisonnement de chemins et c’est mieux. Non seulement ce livre nous parle des voyages de douze voyageuses mais il nous interroge sur les voyages que nous lecteurs nous devons entreprendre. Il est urgent de lire ce beau livre écrit par ces grandes voyageuses qui sont toutes de belles personnes.



Voyageuses. Partir avec…

Ouvrage collectif. Les auteures : Clara Arnaud, Anne Brunswic, YannaByls, Aude Créquy, Karen Guillorel, Évelyne Jousset, Gaële de la Brosse, Sylvie Lasserre, Alice Plane, Caroline Riegel, Aude Seigne, Ingrid Thobois.

Éditions Livres du Monde 2012. G. B. le 26-07-2012
Commenter  J’apprécie          20
Les eaux glacées du Belomorkanal

    Anne Brunswic nous offre un reportage sur le Canal de la Mer Blanche. Plus exactement, au cours d'un long séjour réalisé en 2006-2007, elle rencontre de nombreux Russes peu ou prou impliqués dans la vie de ce canal de sinistre mémoire puisque construit sous Staline en vingt mois à grand renfort de prisonniers politiques et de droit commun. Cela nous offre l'occasion de mieux nous rendre compte dans quel état (conditions de vie, opinions) se trouvaient il y a moins de quinze ans les habitants d’une partie de la Carélie, région de Russie limitrophe de la Finlande. L'auteure nous dresse une série de portraits d’individus en ne cherchant ni à les expliquer ni à les juger. Elle nous fait partager son empathie pour des personnes souvent modestes qu'elle interroge sur leur vie.



    Le plus frappant pour nous autres dans ce récit-reportage est l'omniprésence de la mémoire des années noires. Le nombre de familles dont un ou plusieurs membres ont été éliminés en 1937-1938 est très impressionnant ; il est, toutes proportions gardées, similaire à celui des tués de la Grande Guerre chez nous mais s'accompagne là-bas des traces de la grande peur que le Goulag a durablement inoculée dans la population. Certains comportements contemporains sont encore influencés par la terreur de cette époque. Un autre aspect fort troublant est celui de la pauvreté générale des ménages et de leurs conditions de logement. En contrepartie de ce sombre tableau, l'hospitalité offerte en toute simplicité à l'écrivaine d'origine juive démontre la bonne volonté des femmes et hommes rencontrés. On note également la relative ouverture du régime qui ne s'oppose plus (du moins en 2007) à la réhabilitation des fusillés et disparus sous Staline ni à la recherche des charniers qui entourent le tracé du canal d'ineffaçables taches noires.



      En ces temps perturbés par la guerre en Ukraine, il n'est pas inutile d'essayer de mieux connaître la Russie telle qu'elle était vers 2006-2007, c'est à dire plus de quinze ans après l'effondrement de l'URSS, de huit ans après la crise financière de 1998 (PIB divisé par deux) et de cinq ans après l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine. Il est troublant de mesurer sur cet "échantillon" de la Russie la profondeur de la marque laissée dans les familles et les esprits par l'ère stalinienne.



    Prétendre connaître la Russie à partir de ce seul livre serait bien évidemment faux. Mais, même si l'aire géographique et la période d'observation concernées sont limitées, le simple fait d'entrer chez l'habitant et de partager pendant plusieurs jours sa vie quotidienne aide le lecteur à moins mal mesurer l'écart qui le sépare du peuple russe. Ce livre est tout à la fois une leçon d'histoire contemporaine et un petit bijou anthropologique.
Commenter  J’apprécie          10
Les eaux glacées du Belomorkanal

Grand moment d’émotion. L’histoire tragique des crimes communistes et surtout de beaux portraits sur fond de déliquescence post-soviétique.
Commenter  J’apprécie          10
Voyages avec l'absente

Ce livre consacré à l'évocation d'une mère trop tôt disparue est profondément soporifique. Après une pompeuse et longue citation de Shakespeare ( excusez du peu...) , l'auteur s'adresse à sa mère morte quand elle était très jeune sous forme de lettres qui font remonter au lecteur le cours d'un roman familial touffu et encombré de détails. On s'ennuie ferme. Totalement dispensable.
Commenter  J’apprécie          10
Sibérie, un voyage au pays des femmes



"Il m'a demandé pourquoi je voyageais. J'ai dit que j'écrivais. Il a voulu savoir quoi. « Juste ce que je vois, ce que je comprends, ce qui m'étonne. - Ah, a-t-il fait, chez nous, il n'y a rien d'intéressant. » Ensuite il m'a raconté un grand bout de sa vie »



Un voyage en Sibérie. Un de plus. Qu'allons nous appendre sur cette terre aux ressources naturelles colossales, où la nature est chaque jour plus hostile, que le pouvoir oublie, « dans cette région à l'abandon où tout est exigu, déglingué et lamentablement rafistolé » ? Et bien, c'est une fois de plus un regard personnel qui va nous mener main dans le main à la découverte des habitants,autochtones ou descendants de victimes et de bourreaux, « les deux faces d'un même peuple,[dont les] histoires s'entremêlent aux sein des familles, souvent au cœur des individus eux-mêmes », où la religion tente de renaître sous de multiples formes, « par réaction contre cet athéisme absurde qu'on nous a inculqué de force ». Anne Brunswick, ancienne communiste d'origine juive, fait sienne la citation de François Maspero, qu'elle met en tête de son 3e chapitre :



«  La plus belle récompense d'un voyage extraordinaire est bien de rencontrer des gens ordinaires, disons comme vous et moi. Des gens qui ont traversé comme ils l'ont pu, sans faire d'histoire et sans faire forcément l'histoire, des événements pas ordinaires. Qui nous rappellent que ces événements auraient pu aussi bien nous arriver à nous, en leur lieu et place. Et vraiment, on ferait bien, avant toute chose, de se demander ce qu'on aurait fait en leur lieu et place. Le sentiment de se retrouver partout au milieu de la grande famille de l'espèce humaine n'a pas de prix – ne serait-ce que parce qu'il confirme que celle-ci existe. Ce qui n'est pas toujours évident. C'est peut-être cela le pari du voyage : au-delà de tous les dépaysements, des émerveillements et des angoisses de l'inconnu, au-delà de toutes les différences, retrouver soudain, chez certains, le sentiment d'être de la même famille. D'être, les uns et les autres, des êtres humains. Parfois ça rate. Parfois même, ça tourne mal. Mais le pari vaut d'être fait, non ? »







Anne Brunswic va à la rencontre des habitants, écartelés entre peur, haine et ferveur pour leur pays, des journalistes et professeurs, défendant avec ardeur le français, mais aussi un jeune militaire bizuté, des chauffeurs de bus, des compagnons de voyage, des logeuses.... Des femmes surtout, dans ce pays où, depuis les guerres et les déportations, et maintenant de par l'alcoolisme et la violence intrinsèque du pays, les hommes semblent perpétuellement absents. Des personnalités ordinaires ou sortant du commun, comme cette fille adoptive d' Iéjov, bras droit de Staline dans les grandes purges, discrédité, exécuté puis réhabilité, père merveilleux toujours adoré...



Que ses interlocuteurs soient désespérés ou battants, confiants en Poutine ou effrayés par lui (on est en 2004/2005...), il ressort, sous l'unanimité patriotique, une impression de désolation.





« C'était beau de la beauté terrible des grosses machines puissantes, compliquées, insatiables, cette beauté qui a ébloui Zola. »





À côté des habitudes scènes de bureaucratie, du pèlerinage au pays des zeks , de la description d'un pays de misère et de corruption où certains s'accrochent encore à la culture et à l'hospitalité, auxquelles la sensibilité d'Anne Brunswic donne sa touche personnelle, on relèvera un chapitre consacré à Birobidjan, où survit, voire renaît, une communauté juive issue des tentatives de Staline pour créer une Région Autonome Juive, ainsi que la visite d'une mine d'or.



Sans oublier un petit album photo encarté entre les pages.
Commenter  J’apprécie          10
Voyages avec l'absente

Anne Brunswic voyage sur les traces d’une mère rayée de la carte, quand elle avait 8 ans.
Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
Commenter  J’apprécie          10
Voyages avec l'absente

Malgré l'absence de ce livre dans l'actualité littéraire , j'ai voulu tenter la lecture de "Voyages avec l'absente" prêté par une amie qui avait été très déçue. Les livres que les écrivains consacrent à leur mère sont souvent passionnants, qu'elle soit présente, trop présente, ou absente, c'est souvent l'occasion pour un auteur de nous livrer son récit intime le plus riche, le plus profond. Ici, impossible d'en venir à bout. Quel ennui. Quel nombrilisme, quel égotisme vide! L'auteur nous assomme d'une enquête quasiment journalistique, interminable, pour faire en définitive un voyage autour de son nombril mais sans jamais laisser une place au lecteur. Nous étouffons dans ce récit replié sur lui même, sans même l'originalité d'un style pour nous captiver. Perdus dans les dates, les détails, nous essayons de trouver dans cette convocation de l'Histoire un petit quelque chose qui tendrait vers l'universel, en vain. Pas pu finir. C'est en ce moment le centenaire de la naissance de Romain Gary. relire "La promesse de l'aube" , vite!
Commenter  J’apprécie          10
Voyages avec l'absente

C’est un récit particulier que nous livre Anne Brunswic, celui d’une tentative d’explication, d’éclairage de la vie de sa mère Françoise Tuchband, disparue en 1959 lorsque la narratrice avait huit ans.



Le récit est articulé autour de lettres, imaginaires , écrites à cette mère absente , et s’appuie également sur des archives familiales , celles de son père Henri Brunswic .Pourtant , le cadre purement familial est loin d’être l’unique thème de ce récit .Pendant la Seconde guerre mondiale, L’histoire de la famille d’Anne Brunswic passe en effet par Bruxelles, un séjour à Paris, puis en Bretagne .Le franchissement de la ligne de démarcation précède l’embarquement vers le Portugal , puis Londres comme destination finale .



Anne Brunswic évoque aussi les origines de sa famille maternelle en Lituanie, ce qui est prétexte à un examen de l’histoire de cette partie de l’Europe, si souvent sujette à des changements de frontière, de nom, d’appartenance politique.

Elle rappelle également sa situation d’enfant, le « numéro 3 », dans une famille aux résidences multiples. La lecture du chapitre relatant le transit de sa famille à Caldas da Rainha nous apporte quelques éclairages sur le rôle du Portugal pendant la guerre : « Sur un point, tous les réfugiés qui fuyaient l’Europe occupée par les Nazis , le Portugal était un paradis !(…) Et un havre de sûreté car, malgré des demandes pressantes, les autorités portugaises-sur ce point et sur beaucoup d’autres infiniment plus clémentes que le régime de Vichy- n’ont jamais livré personne aux nazis . »

Anne Brunswic pointe également la volonté d’ascension sociale de sa mère, le désir de la reconnaissance de la réussite par ses acquisitions immobilières prestigieuses: « En dix ans, tu seras passée de la porte de Champerret à la Place Malesherbes , la distance de trois stations de métro et d’à peine un kilomètre mais une véritable frontière sociale .(…) Ou bien cherchais-tu à combler , à devancer même, les appétits-de standing, de respectabilité, d’honneurs, d’argent - de ton insatiable mari ? » On y découvre aussi l’une des sources de la souffrance de l’auteure : l’absence , la distance affective : «Tu étais déjà une mère absente. Absente à l’heure des câlins. Absente pendant les vacances d’été que tu passais en général seule avec papa, confiant tes rejetons aux parents , aux amis , ou, à défaut à des homes d’enfants . »



Le prologue et l’épilogue de ce récit, un dialogue posthume avec son père, sont marqués par l’omniprésence de la douleur, de l’amertume. Pourtant, Anne Brunswic parvient à éviter l’écueil, toujours possible dans ce genre de récit, du jugement définitif, en reliant son histoire personnelle à celle du monde, à l’histoire contemporaine, au rapport à la judéité, à la sincérité personnelle.

Commenter  J’apprécie          10
Voyageuses

Pas toujours évident d'être une voyageuse, de se confronter, seule, à des cultures différentes, à une autre image de la femme. A chacune sa façon de voyager, si c'est souvent en solo, c'est rarement sans but, le dépassement de soi, la découverte, ou bien la rencontre de l'autre. Voici 12 portraits, 12 voyages ou plus, mais surtout 12 écritures. Car au delà des séjours au long cours, toutes ces femmes ont en commun d'écrire, c'est aussi cela qu'elles racontent. Comment devient-on « voyageuses » ? Mais surtout, comment le raconte-t-on ? Est-ce le déclencheur ou bien le résultat du voyage ? Voyagent pour écrire, ou bien cela vient-il plus tard ? Pas de longueurs ni de répétitions, elles ont chacune leur personnalité, leur vécu et donc leurs mots, ainsi nous lisons la rêveuse et poétique Yanna Byls, influencée par son goût de l'art et du théâtre dans ses textes comme dans sa vision du voyage. Mais il y a aussi Anne Brunswick, plus professionnelle, plus terre à terre, mais tout aussi captivante. Une foule d’expérience qui nous touche par sa force et sa simplicité, c'est un peu de douceur dans le monde des rudes aventuriers !
Commenter  J’apprécie          10
Sibérie, un voyage au pays des femmes

Un voyage-enquête au ceur de la Sibérie. Anne Brunswic recueille des témoignages de femmes sibériennes sur la dureté de la vie quotidienne, les perspectives pour la population et l'économie.

L'avenir de la région ne semble pas évident lorsqu'on examine les chiffres de l'espérance de vie: pour l'espérance de vie masculine, la Russie se place au 138 ème rang mondial entre le Pakistan et le Bengladesh! Les Russes vivent 15,4 ans de moins que les Américains, 17 ans de moins que les Français..Le taux de mortalité des hommes y est 4 fois supérieur à celui des femmes..Pour celles-ci, la solitude va donc faire partie du paysage commun..

Une enquête très intéressante et bien documentée..
Commenter  J’apprécie          10
Les eaux glacées du Belomorkanal

Enquête historique et récit de voyage, ce livre écrit par une journaliste, qui fut communiste dans ses jeunes années, nous invite à travers documents et témoignages, à découvrir l’histoire du Belomorkanal.

Quelques indices ont été le point de départ de sa recherche. Le premier est le paquet de cigarettes qui portent le nom de Belomorkanal qui « est aux russes ce qu’est la Gauloise aux français. »

Son deuxième indice sera un livre que lui montre une amie russe, livre de propagande préfacé par Maxime Gorki qui « sans en avoir le titre, tient le rôle de Ministre de la Culture » et qui chante les louanges d’une réalisation soviétique le Belomorkanal, véritable chef-d’oeuvre initié par Staline. Ironie de l’histoire, une partie des auteurs de ce livre seront eux mêmes victimes des purges staliniennes quelques années plus tard.



Inauguré en 1933, ce canal qui comporte 19 écluses répondait à des besoins stratégiques et militaires, il relie le lac Onega à la mer Blanche et permet à la navigation d’éviter le contournement de la Scandinavie.

Maxime Gorki croyait, ou faisait semblant de croire, à la rééducation nécessaire des prisonniers, la rédemption par le travail. Cet avis est partagé par Louis Aragon qui « applaudit sans réserve la science prodigieuse de la rééducation de l’homme »

La réalité sera très noire, ce canal déjà rêvé par Pierre le Grand, a été réalisé en 18 mois, ce sont 150.000 prisonniers qui vont travailler sur ce chantier pharaonique.

La création du chantier se confond avec l’organisation du Goulag, le nombre de prisonniers variera en fonction des besoins le NKVD n’hésitant pas à arrêter des personnes sans motif aucun, mais possédant les compétences techniques nécessaires : menuisier, électricien. Le Goulag devient « le premier entrepreneur du pays ».



Les prisonniers koulaks ou prisonniers politiques vont mourir d’accidents, de famine, d’épuisement, de froid. Au moins 20.000 d’entre eux trouveront la mort sur Belomorkanal en particulier au début des travaux où rien n’était prêt pour les accueillir et à la fin où le travail s’accélérait pour tenir les délais imposés par Staline «Cet été là, des cadavres remontaient à la surface, ceux des cimetières engloutis sous les lacs du barrage, ceux qu’on avait pas eu le temps d’enterrer pendant le chantier. »



Anne Brunswic a sillonné la Carélie durant l’hiver 2007 car dit-elle dans une interview « pour comprendre la vérité de la Russie il faut la visiter l’hiver, la civilisation russe s’est construite pour résister à l’hiver »



Ce qui rend son livre passionnant c’est qu’au delà de son enquête sur le canal, elle a choisi de séjourner chez l’habitant, elle a sillonné les villages qui bordent le canal, elle a recueilli un grand nombre de témoignages sur la période du chantier mais aussi sur les années terribles de 1937/1938.

Ce sont souvent des femmes, bibliothécaires, médecins, institutrices, qui témoignent de l’histoire de cette région pendant la guerre, sous le stalinisme, mais aussi aujourd’hui. De nombreuses familles ont eu un membre déporté, fusillé, ou tout simplement disparu.



Elle rend hommage à deux hommes Yvan Tchoukhine et Youri Dimitriev créateurs de l’association Mémorial en Carélie, Tchoukhine auteur d’un « j’accuse » mettant ouvertement en cause Staline, car aucunes considérations ne « peuvent justifier le principe du travail forcé, qui contredit radicalement les idéaux socialistes » affirme t-il dans son brûlot et le même Tchoukhine exigeant que « l’affaire soit portée devant le tribunal de l’histoire ». Cet appel lancé dans les années 90 est resté lettre morte et aujourd’hui Dimitriev poursuit seul un travail d’investigation sur les charniers de Carélie sans recevoir aucune aide.


Lien : http://asautsetagambades.hau..
Commenter  J’apprécie          10


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Anne Brunswic (60)Voir plus

Quiz Voir plus

My hero academia

Comment s'appelle le personnage principal

Bakugo
Izuku
Ochaco
Shoto

7 questions
256 lecteurs ont répondu
Thème : My Hero Academia - Intégrale 01 de Kôhei HorikoshiCréer un quiz sur cet auteur

{* *}