Agathe d’Anne Cathrine Bomann est un roman d’une délicatesse absolue.
D’une sobriété infinie. D’une fragilité grandiose.
Subtile, raffiné, éthéré, il a quelque chose de la broderie. Fine, envolée. Chevillée sur la trame soignée de l’étoffe musquée.
Quelque chose de la plume de geai aussi, virevoltante dans les vagues de la brise hivernale.
C’est un roman qui pourtant, ne paye pas de mine.
Il a la blancheur de la neige et la finesse du temps qui passe.
Mais il irradie. D’une lumière opalescente. Terriblement puissante, immaculée.
Cent-soixante pages de psychanalyse. Pas bien vendeur me direz-vous !
Et pourtant. Il y a entre ces lignes plus d’intelligence et de tendresse que dans le regard du merveilleux Vieillard de Ghirlandaio (1490, conservé au Louvre).
Il y a ce je ne sais quoi capable de transformer un roman en chef d’œuvre.
Cette grâce, cet esprit,
comme sculpté pour déplacer des montagnes.
Celles de nos angoisses et de nos peurs.
De nos doutes et de nos incapacités à vivre.
J’ai goûté chaque ligne de cette histoire,
Et aimé chacun des personnages.
Quelle n’a été ma tristesse hier soir, lorsqu’au détour d’une page, j’ai réalisé que déjà, c’était la fin. Que cet homme et cette femme qui m’étaient devenus si intimes, étaient voués à rester accrochés à la blancheur du papier.
Figés dans le marbre du roman.
Je n’ai cessé, une fois le livre terminé, de le rouvrir pour relire une page, m’imprégner d’une ligne, inspirer l’oxygène d’un paragraphe.
Alors j’imagine que s’il m'a été si douloureux de quitter Agathe d’Anne Cathrine Bomann, c’est qu’un moment ou un autre, le jeu en a sacrément valu la chandelle.
Et le fait qu’il ait déjà été traduit en une vingtaine de langues prouve que je ne suis pas la seule à en être convaincue.
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