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Critiques de Anne Cathrine Bomann (68)
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Agathe



Elle insiste c’est à lui qu’elle veut parler elle a choisi elle est là et " aimerait pouvoir fonctionner"

Elle inventerait un bouton reset pour "gommer son visage s’effacer"

La tristesse roule sur un chemisier rouge et un thérapeute derrière un arbre d'imaginer d’autres vies que la sienne

Des parents ont rendu invisible la petite fille à elle-même

La douleur des fleurs s'amasse et l’aplomb de se briser

les psaumes chiffonnés capitulent

Finalement les mots capturent et le gâteau de paix chuchote :

"Tu existes (...) j’écoute quand tu joues, juste de l’autre côté du mur."

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Agathe

Paris, 1948. Le narrateur est un psychanalyste en fin de carrière. Il a soixante-douze ans et il compte, inlassablement. Il compte le nombre d’entretiens qu’il lui reste à faire avant de partir à la retraite. Quatre-vingt-huit séances. Lorsqu’il a commencé, il était enjoué, plein d’illusions et persuadé de pouvoir faire une différence. Aujourd’hui, les patients se succèdent et lui, il décompte. Il s’ennuie et n’écoute que d’une oreille distraite, tout en pensant à l’après… quand il sera retraité, que les douleurs due à son arthrose s’amplifieront au point de l’empêcher de se déplacer avec sa simple canne, quand il sera seul, reclus dans sa maison.



Lorsqu’Agathe apparaît dans son cabinet, il est furieux. Une nouvelle patiente, quelques mois avant son départ ? C’est impensable ! Il n’aura jamais le temps de l’aider, quant à la guérir, n’y pensez même pas ! Pourtant, Agathe arrive et avec son attitude froide et distante et, pourtant, beaucoup de grâce, c’est tout le monde de ce psychanalyste au bout de rouleau qui est chamboulé. Et alors qu’elle se dévoile, expose ses émotions et ses failles au grand jour, mais toujours avec beaucoup de pudeur, ce sont toutes les certitudes du psychanalyste qui volent en éclat. Soudainement, il ne s’agit plus d’un médecin et de sa patiente qui se retrouvent dans ce cabinet parisien, mais deux êtres humains qui, au fil de leurs échanges, s’aident mutuellement.



La relation de soin peut-elle s’inverser ? Un patient peut-il, même malgré lui, aider un praticien à avancer, à panser ses blessures ? On dit que la thérapie et la vraie vie ne doivent jamais se mélanger… mais sont-elles réellement dissociables ?



Ce court récit soulève de nombreuses questions qui, en tant que patiente et en tant que soignante, me questionnent et me fascinent depuis des années… et nous montre que rien n’est figé et que tout est possible, lorsque l’on touche à l’humain.



Le premier roman d’Anne Cathrine Bomann est aussi doux et poétique qu’il est intelligent et profond, tout en oscillant délicieusement entre onirisme et réalité grâce à une prose délicate et maitrisée.

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Agathe

Agathe d’Anne Cathrine Bomann est un roman d’une délicatesse absolue.

D’une sobriété infinie. D’une fragilité grandiose.

Subtile, raffiné, éthéré, il a quelque chose de la broderie. Fine, envolée. Chevillée sur la trame soignée de l’étoffe musquée.

Quelque chose de la plume de geai aussi, virevoltante dans les vagues de la brise hivernale.





C’est un roman qui pourtant, ne paye pas de mine.

Il a la blancheur de la neige et la finesse du temps qui passe.

Mais il irradie. D’une lumière opalescente. Terriblement puissante, immaculée.





Cent-soixante pages de psychanalyse. Pas bien vendeur me direz-vous !

Et pourtant. Il y a entre ces lignes plus d’intelligence et de tendresse que dans le regard du merveilleux Vieillard de Ghirlandaio (1490, conservé au Louvre).

Il y a ce je ne sais quoi capable de transformer un roman en chef d’œuvre.

Cette grâce, cet esprit,

comme sculpté pour déplacer des montagnes.

Celles de nos angoisses et de nos peurs.

De nos doutes et de nos incapacités à vivre.





J’ai goûté chaque ligne de cette histoire,

Et aimé chacun des personnages.

Quelle n’a été ma tristesse hier soir, lorsqu’au détour d’une page, j’ai réalisé que déjà, c’était la fin. Que cet homme et cette femme qui m’étaient devenus si intimes, étaient voués à rester accrochés à la blancheur du papier.

Figés dans le marbre du roman.

Je n’ai cessé, une fois le livre terminé, de le rouvrir pour relire une page, m’imprégner d’une ligne, inspirer l’oxygène d’un paragraphe.





Alors j’imagine que s’il m'a été si douloureux de quitter Agathe d’Anne Cathrine Bomann, c’est qu’un moment ou un autre, le jeu en a sacrément valu la chandelle.

Et le fait qu’il ait déjà été traduit en une vingtaine de langues prouve que je ne suis pas la seule à en être convaincue.
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Agathe

Ce livre, c’est un peu comme si on suivait une psychanalyse, mais pas comme patient, plutôt comme observateur. Comme si on entrait chez un psychanalyste et qu’on s’installait, écoutant et observant tout avec attention. Le narrateur de ce livre a l’air tellement détaché de ses semblables qu’on peut le trouver antipathique. Mais si ce n’était qu’une carapace ? Il suffira d’une seule patiente pour changer les choses.
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Agathe

Ils sont trois:



– le narrateur, psychanalyste désabusé, qui fait un triste décompte des consultations qui lui restent avant de prendre la retraite.



– Mme Surrugue, secrétaire du psychanalyste un peu têtue et désobéissante.



– Agathe, ultime patiente du psychanalyste, qu’il accepte de recevoir à contrecœur, sous pression de Mme Surrugue.



Trois âmes seules, trois corps perdus, trois êtres prisonniers de leurs peurs, à une époque où l’on parle peu, où les angoisses sont tues.



Agathe ne sait pas vivre, perd son temps, s’en veut, se déteste et se fait mal; Mme Surrugue regarde mourir l’amour de sa vie; le psychanalyste a passé un demi-siècle à écouter les cerveaux torturés, les caprices futiles, les malheurs des autres, n’aspirant qu’à une retraite tranquille, trop tranquille.



À leur manière, sans vraiment le vouloir, ces trois êtres vont s’aider, rendre leur solitude moins lourde et atténuer leurs peurs en redonnant un peu de sens à leur vie.



____



C’est un roman de la lenteur, du savoir écouter, qui demande de peser chaque phrase et d’être un brin perspicace pour comprendre la psychologie des personnages, esquissée par la plume subtile et humaine d’Anne Catherine Bomann.



J’ai aimé ces trois personnages et l’intelligence de ce premier roman.



Encore une découverte agréable grâce au challenge « Varions les éditions ».



____



Traduit du danois pas Inès Jorgensen.
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Agathe

Anne Cathrine Bomann, Agathe - 2019 - ⭐️⭐️⭐️⭐️



Traduit du danois, ce roman aux courts chapitres présente un psy en fin de carrière. On se demande après quelques dizaines de pages où cette histoire nous mène, puis on s’abandonne et c’est là que tout commence : une rencontre avec les êtres et un personnage qui se rencontre lui-même peut-être pour la première fois. Pas de suspense, juste la vie que l’on questionne et qui répond quelquefois. Le style est fluide, les instants sont petits et révélateurs. Un homme ordinaire, une histoire ordinaire. Mais d’où nous vient donc cet attachement au monde de Bomann ? Il n’y a peut-être que notre propre vie qui sait...
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Agathe

Agathe c’est l’histoire d’un psychanalyste dans les années 40, qui à 72 ans passés, n’attend plus que la retraite. Il n’accepte plus aucun patient et compte les jours qui le séparent de la fermeture de son cabinet. Jusqu’à l’arrivée d’une jeune femme, Agathe qui a perdu toute envie de vivre mais qui va cependant le convaincre de la prendre en thérapie. Qui est-elle ? Quel est son parcours ? Pourquoi veut-elle le voir avec tant d’insistance ? Un magnifique roman, émouvant et bien écrit . A découvrir!

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Agathe

Lorsqu'un psychanalyste se met à décompter le nombres d'entretiens qu'il lui reste à faire avant sa retraite, je me dis qu'il ne sera guère réceptif aux récits de ses patients. De surcroît, une nouvelle patiente réussit à s'imposer pour un suivi alors même que lui n'en voulait pas. Cette Agathe semble être un caillou dans la chaussure de notre personnage.

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Anne Cathrine Bomann décrit de façon froide et factuelle la vie personnelle et le travail de ce psychanalyste. Point d'effusion, de sentiments. Cohérence avec sa profession. Seul petit sursaut sur cette ligne droite : sa curiosité. Mais ce discret pic n'entrave pas la linéarité de sa vie et de ce que le texte dégage. Je me demande où l'auteur va nous mener car si je suis consciente que quelque chose flotte au-dessus de cette ambiance, quand cela retombera-t-il ? Cela retombe toujours de façon inattendue. Pic élevé à la page 142. Je découvre en même temps que notre thérapeute l'histoire d'Agathe. Aussi surprise que lui, visiblement. La droiture que dégageait le texte devient courbe grâce au trouble. A ce moment, j'aime encore plus cette histoire et ses personnages.

Le sursaut que j'escomptais est arrivé et je me plais à penser que celle qui semblait plomber la vie et la fin de la carrière du psychanalyste pourrait la transformer comme elle l'a fait pour moi en octroyant au roman un aboutissement tant dans la forme que le fond.

Une belle lecture.
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Agathe

Empreint de gravité, d'une authenticité hors norme, « Agathe » de Cathrine Bomann est une étoile de mer. On voudrait garder ce récit en soi, à l'éternel dédié. Un premier roman dites -vous ! Quelle force ! Quel poids ! Un levier magnétique s'enclenche dès l'incipit. « Je regardais par la fenêtre, assis dans mon salon, lorsque c'est arrivé » Voici une invitation à l'universelle alliance des rencontres hédonistes. Tout est beau dans cette écriture aérienne, sans ce trop-plein qui déborde et qui pourrait lasser. Ici, se dévoile, un hymne d'intelligence et de criante vérité. Pas de pathos, d'ennui, ce récit à double lecture écarte les poussières sous le tapis avec brio. le narrateur de 72 ans est un psychanalyste qui compte les jours restants à effectuer dans son cabinet en nombres d'heures de séances. « Les seules choses que je pouvais être certain, n'étaient-ce l'angoisse et la solitude ? Pathétique. Je suis exactement comme eux, pensai-je… » Dans ce personnage il y a le protagoniste de « Mes amis » de Bove. Glissant sur la vie comme sur une savonnette, encerclé de souffrances, d'un habitus où l'essence même n'est plus. Agathe Zimmerman, allemande, souffrante va frapper à la porte du cabinet. Forcer cette dernière paraboliquement. Un roseau frêle, pétri de douleurs. Une jeune femme très malade, belle si belle. Il ne sait plus le Dire, ne croit plus en lui, ses doutes sont vifs et tragiques. Et pourtant ! Cette jeune Agathe dont l'aura crayonne des notes salvatrices en douce pour son psychanalyste va créer un prodige. Nous sommes dans cette dimension où la fusion des manques est régénératrice. Tout se passe dans un silence et des non-dits, dans l'attente fiévreuse d'une guérison pour Agathe. Sortira t'elle du sombre de son puits ? Et lui « Lorsque le réveil sonna, j'en fus réduit à une série de routines accomplies avec balourdise. » Va-t-il rejoindre la rive d'une vie réalisée ? Il y a la teneur d' « Amélie Poulain » dans ce récit. le gris est une fusion de couleurs qui va éclore en invisibilité. Subséquemment, à l'instar d'une analyse métaphorique, la magnificence verbale de l'auteure posée, si posée va oeuvrer à « L'Ere des Petits Riens ». Une tarte aux pommes, (je n'en dirai pas plus) va transformer les chenilles en papillons de lumière. Un lieu, un café pourtant si anonyme, échappé du terne, sera la caverne des retrouvailles intérieures. La sincérité de l'instant, l'apothéose des gestes en épiphanie allouée. Publié par les Editions La Peuplade, ce roman culte est à lire tous les temps.
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Agathe

Agathe est un livre aussi curieux que court. Un psychanalyste est à 5 mois, soit 688 consultations de la retraite. Son carnet de rendez-vous est plein et le compte à rebours a commencé. Il n’est pas follement sympathique ce praticien. Sa vie est sans surprise, voire carrément ennuyeuse mais c’est sans compter sur l’insistance d’Agathe, une patiente déterminée qu’il accepte sur le fil et qui va rompre son quotidien si bien réglé.



Je ne sais plus comment ce livre est arrivé dans ma PAL et je ne saurais dire si j’ai aimé ou pas. J’ai été décontenancée et même agacée par cet homme solitaire, ses douleurs articulaires, ses incertitudes et l’oreille peu attentive qu’il prête à ses patients. Je me suis presque ennuyée et parallèlement j’ai été charmée par l’atmosphère surannée qui se dégage de ce court roman.



L’écriture est sobre et l’autrice aborde le thème de la solitude avec intelligence. Un livre plus profond qu’il n’y parait, étrange rencontre entre un vieil homme emmuré dans sa solitude et une jeune femme dépressive. Un premier roman d’une autrice danoise non dénué de charme.
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En dehors de la gamme

S’il y a bien une maison d’édition qui a le vent en poupe ces dernières années, c’est La Peuplade. Je n’ai pas lu beaucoup de leurs parutions mais en cette rentrée littéraire j’ai eu envie de découvrir En dehors de la gamme d’Anne Cathrine Bomann et j’ai eu raison !

Les polars « scientifiques » ne sont pas ma tasse de thé mais celui-ci est différent.

Tout d’abord les personnages principaux sont deux étudiantes ainsi que leur mentor. Ils travaillent sur un protocole de validation d’un médicament qui permettrait aux personnes devant faire face à la perte d’un être cher de moins ressentir les douleurs du deuil. Ils vont se rendre compte que les effets indésirables du médicament en question pourraient être pire encore que la pathologie qu’il est censé combattre…

On pourrait retenir deux choses dans ce texte.

Tout d’abord le fait que l’homme ou la femme ont une fâcheuse tendance à tirer profit du malheur des autres sans aucun scrupule. Même si le but est noble, tenter de rendre les étapes du deuil moins difficiles, est-ce que cela vaut d’ignorer aussi l’utilité ou la légitimité de cette douleur avant d’être en mesure d’accepter ?

Ensuite, et surtout dans ce roman, n’est-il pas dangereux d’ignorer volontairement les ravages que peuvent provoquer les effets dits indésirables des médicaments ou des vaccins ? Quels sont les dangers d’un médicament (ou d’un vaccin) qui serait lancé sur le marché sans tous les tests et études nécessaires pour s’assurer qu’il ne sera pas plus néfaste, voir mortel, que la maladie qu’il est sensé combattre….

Vu ce que nous venons tous de vivre, je vous laisserai seuls juges.

Une lecture nécessaire et quelque part très anxiogène. Un excellent roman avec un fond et une forme que j’ai beaucoup aimés.



Une traduction de Christine Berlioz et Laila Flink Thullesen.


Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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En dehors de la gamme

C'est un roman très agréable qui se lit rapidement. Un vrai page-turner basé sur un récit dynamique, une alternance des chapitres entre les différents personnages et donc les angles, un dévoilement progressif de divers éléments clés ce qui entretient l'attention du lecteur. Tout y est pour passer un bon moment; idéal pour une lecture de vacances, sur la plage.

En plus, l'histoire traite de l'industrie pharmaceutique qui élabore et veut commercialiser un nouveau médicament contre le deuil pathologique. De nombreuses question éthiques et morales sont donc posées dans ce roman que, vous l'aurez compris, je recommande vivement.
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Agathe

Agathe ou la rencontre entre Agathe et un vieil homme qui n’a même pas de nom.

Agathe, une jeune femme née au début du XXe siècle, atteinte d’une drôle de maladie qui la rend triste et lui donne des idées suicidaires … soignée par l’éther !

Le narrateur, un vieillard qui compte les jours pour terminer sa carrière de psy, qui n’a d’autre but dans sa vie que d’aller au bout de ses rencontres avec des inconnus qu’il ne supporte plus et qu’il n’écoute plus … pour faire quoi de ce qui lui reste à vivre ? … il ne le sait pas !

Un curieux psychanalyste qui voit ces derniers mois d’activités comme une vie qui doit être vidée par le décompte des dernières consultations.

Une jeune femme à la recherche d’une oreille pour lui confier ce que personne n’a j’allais voulu entendre.

Ce livre est l’histoire de la rencontre entre deux individus qui ont en commun le vide de leur existence et qui peut être trouveront ensemble comment lui donner enfin une consistance.

Un roman étonnant, sobre, à l’écriture limpide qui nous invite à la réflexion.
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Agathe

Le narrateur est un psychiatre de 72 ans qui compte chaque jour le nombre de rendez-vous qu’il devra encore honorer avant de prendre sa retraite. La retraite ?

Chaque jour, des patients névrosés arrivent à convaincre Mme Sirrugue la secrétaire que seul son patron peut les sauver. Parmi eux, Agathe, hospitalisée n’en peut plus de cette camisole qui l’emprisonne. Elle est tellement convaincue que le Docteur va la guérir.

Ce roman, structuré par de courts chapitres comportant un titre, offre au lecteur, à partir ou au prétexte de parler de personnes névrosées ou porteuses de handicap, une narration conduite et organisée par le psychiatre, autour de la communication, des échanges verbaux ou des non-dits, de tout ce qui peut devenir le vecteur de relations.

Les personnages interpellent par leur étrangeté ou simplement par leur normalité. Malgré un intérêt assez relatif, je n’ai pu lâcher ce livre avant la fin, et sans émotion vive à la lecture, je l’ai refermé avec un sentiment d’apaisement.


Lien : https://mireille.brochotnean..
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Agathe

Psychologue et romancière danoise, Anne Cathrine Bomann raconte avec délicatesse dans ce premier roman paru en 2017, et traduit du danois par Inès Jorgensen pour les éditions La Peuplade (2019), l'histoire du retour graduel vers l'existence de deux êtres, un psychanalyste vieillissant et l'une de ses patientes.



Le narrateur, un praticien contemplatif usé par l'âge et la pratique, sent que « le temps s'écoule en lui comme l'eau au travers d'un filtre rouillé que personne ne se décide à changer » ; il rêve de partir en retraite et calcule le nombre d'entretiens avec ses patients, fardeau fastidieux, qui lui reste à mener dans cette expectative. Et pourtant l'on pressent que sa retraite n'aura d'autre contenu que le vide, le corps qui déraille et l'angoisse de la mort qui approche.



« Vieillir, pensai-je, pendant que l'amertume se déversait, consistait surtout à observer comment la différence entre son moi et son corps grandissait et grandissait jusqu'à ce qu'un jour on soit complètement étranger à soi-même. Qu'y avait-il là de beau ou de naturel ? »



Il accepte à contrecoeur de prendre en consultation une nouvelle patiente, Agathe, petit nuage qui se mue subtilement en un miracle intime.



« – Je suis venue, dit-elle alors avec son accent distinct et une application qui faisait nettement ressortir chaque syllabe, parce que j'ai de nouveau perdu l'envie de vivre. Je ne nourris aucune illusion d'aller bien, j'aimerais simplement pouvoir fonctionner. »



Jeune femme allemande, Agathe Zimmermann évolue sur la corde raide, risquant de chuter en dehors de la vie. Et pourtant sa volonté pour obtenir un rendez-vous avec le psychanalyste est inflexible, révélant une force intérieure qui contraste avec l'extrême pâleur de son teint et avec son incapacité à poursuivre son existence. Les séances avec Agathe entraînent des modifications infimes dans la vie du thérapeute, comme si le monde distant qui l'entourait reprenait vie tandis qu'Agathe parle, s'ouvre et laisse derrière elle un parfum de pommes.



Le roman se déroule en France dans les années 1940 mais sa portée est universelle. Anne Cathrine Bomann réussit par la voix du thérapeute à dire les changements minuscules qui sont l'essence de l'existence-même, à évoquer la question de la mort, des angoisses de deux êtres qui se côtoient et du tabou auquel le psychanalyste se retrouve confronté, sa préférence pour cette malade.



Tout avance doucement dans ce petit livre, poids léger de la littérature en apparence, et qui porte en lui avec tendresse les sujets les plus profonds, de la solitude, du désespoir, de la condition humaine et de la manière de renouer le fil de l'existence.



Retrouvez cette note de lecture et et beaucoup d'autres sur le blog de Charybde ici : https://charybde2.wordpress.com/2019/09/22/note-de-lecture-agathe-anne-cathrine-bomann/
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Agathe

Un roman court. Un roman qui interroge, qui s’interroge. Un roman qui prend son temps. Un roman qui comble. « Agathe » est un roman surprenant par son personnage, ce psychanalyste qui a voué sa vie à son métier, et par Agathe, l’autre personnage de ce roman, cette jeune femme au passé déjà perturbé vu son jeune âge. L’auteure, Anne Cathrine Bomann, a mis beaucoup de sensibilité dans son roman et plonge son lecteur dans le questionnement de lui-même, des autres, des rapports avec les autres, de ce qu’il peut attendre des autres. Mais cette réflexion n’est pas brutale, bien au contraire. Il y a beaucoup de douceur, de pudeur, de tendresse, d’amour, de patience.



Dès le début du roman, j’ai ressenti que le psychanalyste était en panne: panne de motivation, panne de vouloir « aider » ses patients, panne tout court. Il avait des gestes routiniers, robotisés et son obsession était devenu le décompte des séances qui lui restait avant d’enfin prendre sa retraite. Mais Agathe va le réveiller, l’intriguer, le faire avancer. Elle va, de part sa venue dans son cabinet, son passé, sa demande particulière, l’intriguer et va le mener à se questionner. « Agathe » est une jolie réflexion sur nos angoisses, nos peurs, nos actions, sur la regard que nous posons sur autrui. Il y est également question de vieillir: vieillir fait peur, vieillir inquiète… « Agathe » interroge aussi sur le désir, ce désir enfouit, ce désir qui se réveille, se désir qu’il faut ou pas assouvir. « Agathe » est un roman avec lequel il faut prendre son temps, où la tendresse est dans la plume de l’auteur, où la couverture donne envie de s’y plonger. « Agathe » est un joli premier roman.
Lien : https://unbrindesyboulette.w..
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Agathe

Elle me regarde sans me voir. La femme en couverture d'Agathe, roman qui tient dans la main, paré de couleurs pastels. L'auteure est danoise. Je ne lis même pas qu'elle est psychologue et championne de tennis de table. Je cherche le propos du livre sis sur un rabat intérieur de la couverture. Ça me botte, même si j'ai un goût de déjà vu, familier suis-je de Yalom et de ses entretiens sur le divan. L'écriture d' Anne Catherine Bomann est plus subtile, plus sensuelle que celle du célèbre thérapeute. Elle nous fait sentir et ressentir les humeurs d'un psychanalyste proche de la séance finale. C'est l'heure des bilans, de l'interrogation sur le sens de l'existence, sur l'utilité de ce que l'on a fait, sur les regrets de ce que l'on a négligé. Et cette phrase angoissante, de celui qui décompte et recompte le nombre de patients restant : je n'avais plus que 448 fois à parler à ces gens que peu à peu je n'essayais même plus de comprendre.

Agathe, une dernière nouvelle patiente ajoutée à l'agenda par une secrétaire fine mouche, va redonner de l'élan au septuagénaire anxieux. Et de s'empêtrer dans l'éternelle confusion entre vie vraie et thérapie.

La succession de tranches de vie construit crescendo une mélodie alerte avec juste assez de soupirs pour reprendre haleine et continuer à humer la beauté de la vie à pleins poumons. Merci aux éditeurs de La Peuplade d'avoir serti cette perle dans l'océan de la rentrée.
Lien : https://cinemoitheque.eklabl..
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Agathe

Un psychologue prêt de la retraite se voit obligé de prendre une nouvelle patiente, Agathe, dans son cabinet. S'il n'attend que le jour de son départ, son angoisse sur sa vie solitaire d'après ne va faire que gagner en intensité au fil du temps.

Le livre est court, et c'est le seul point positif que je lui ai trouvé. Je n'ai pas réussi à bien entrer dans la psyché des personnages ni à les comprendre ni à comprendre vraiment le motif du changement opéré. C'est dommage car le sujet aurait pu être intéressant.
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Agathe

Le narrateur, psychanalyste de 72 ans, a enclenché le compte à rebours, celui le rapprochant d'une retraite bien méritée. Quelques jours. Quelques consultations. Quelques dossiers. Tout est réglé comme du papier à musique. Il n'a qu'à se laisser porter. C'était sans compter sur Agathe, femme dépressive, ne tenant guère à sa vie. N'ayant pas envie de s'engager avec une nouvelle patiente, notre homme refuse de prendre en charge ce dossier fort complexe. Et puis, pour qui, pour quoi, il finit par accepter de la recevoir. S'en suit de nombreuses séances et une question ‘Qui écoute qui ?'.



Ah la complexité de l'être humain! Il y a tellement de choses à en dire, ce petit roman en est un condensé. De nombreux thèmes y sont abordés tels que la solitude, la peur, l'isolement, la mort, le commun des mortels. Bien des personnes peuvent se retrouver dans ces pages, dans ces confidences sur le divan. Je ne dis pas que nous sommes tous des sujets psychiatriques mais cela interroge sur les relations humaines que nous avons, sur ce qui ressort de chacun de nous.

Agathe est surprenant. Ce qui devait être une simple lecture amène finalement à des questionnements intérieurs et à une réflexion sur le rapport aux autres. Très réussi.



http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2023/05/04/39898172.html
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Agathe

J'ai découvert la littérature danoise avec ce petit roman. Son format avait tout pour me plaire avec ses 150 pages, moi qui aime les formats courts.



Et pour le coup, le roman est trop court pour être profond. Les personnages sont à peine survolés, aucun d'eux n'est véritablement creusé, pas même Agathe, qui devait a priori être au centre de cette relation psy-patiente. Il en est de même pour les troubles, les angoisses et les fêlures des personnages... L'ensemble est à peine survolé, et j'ai eu finalement la sensation de lire une sorte de brouillon...



Enfin (mais c'est de ma faute, j'aurais dû me renseigner davantage ! ;-)), je souhaitais être imprégnée d'une ambiance danoise contemporaine, mais il se trouve que l'histoire se déroule en fait en France dans les années 1940...



Je poursuis donc ma recherche d'un bon roman danois (si vous avez des conseils, je suis preneuse) ! :-)
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