Bande-annonce du roman "Ludovic et le voleur de regard".
Le rythme, la cadence, le mouvement supposent la modulation de la force et son contrôle. La danse est aspiration à sculpter. On pourrait la rapprocher de la parade nuptiale, mais qui atteindrait au sublime, à l'air, à l'éther, au partage...
Le contenu de son existence lui semble passé à la lessiveuse du temps ; il en ressort délavé, rétréci, fripé, comparé à cette force inconnue qui grandit et s'empare d'elle crescendo.
J’écris pour réparer le monde, dit-elle en souriant.
À cette heure-ci, les rues sont bondées. Les taxis, les voitures de toutes sortes se déversent dans les artères rectilignes comme le flux sanguin sans cesse renouvelé, abreuvant le cœur de cette mégapole, qui bat au rythme du jazz. John aime New York et pour rien au monde ne voudrait vivre ailleurs. D’origine irlandaise par sa mère et canadienne par son père, il se sent à l’aise dans ce melting-pot qui le rassure.
- Selon vous, pourquoi le suicide a tant décrédibilisé l'oeuvre de Virginia Woolf ?
- Parce que le suicide est assimilé à la folie lorsqu'il s'agit des femmes ! Une manière d'écarter une écrivaine majeure et contestataire qui dérangeait le pouvoir. Virginia l'avait bien compris : écrire servirait à quoi sinon ? Elle n'a cessé d'exercer son esprit critique, de restituer la complexité du monde là où les dominants s'efforcent de la simplifier. Son engagement féministe et pacifiste non violent était mal vu en ces temps de guerre parmi cette intelligentsia d'hommes.
Pour la petite histoire, elle m'a conseillé de rester vigilante et critique quoi qu'il arrive, d'affûter mon esprit en lisant beaucoup, ce que j'ai fait, et de choisir de préférence de grands écrivains, si possible androgynes, comme Shakespeare, Sterne, Keats, Coleridge, Proust et bien d'autres qui faisaient un usage égal des deux aspects masculin et féminin en eux. (p206)
Son père cultivé qui lui permettait l'accès total à sa bibliothèque, ce qui était rare à l'époque pour les femmes - mais qui contrairement à ses fils n'autorisa jamais ses filles à aller étudier à l'université. Beaucoup trop pingre, il n'avait jamais voulu dépenser un penny pour leur éducation. Ce fut une frustration immense pour Virginia qui désirait tant apprendre. (....) Virginia était une femme gaie qui aimait la vie. Elle ne montrait jamais qu'elle était malade ou alors, si c'était le cas, elle surmontait ses crises avec humour. Elle possédait l'art de décrire les situations les plus ordinaires. Elle s'en servait pour mettre en évidence l'inacceptable rejet des femmes. Elle savait si bien déminer la bombe des apparences, dénoncer l'absurdité des hommes à se vouloir supérieurs à l'autre moitié de la population. Elle savait si bien évoquer le talent féminin annulé.....(p191)
Elle a envie de hurler sa douleur, mais pour Stessie et Kim, elle doit se montrer forte, elle n’a pas le choix. La jeune veuve regrette soudain d’avoir fait appel à ce journaliste à la retraite qui n’est plus dans le coup.
Il aime se faire une opinion des gens qu’il côtoie en quelques secondes. L’homme est assez fort à ce jeu, mais ces derniers temps l’entraînement lui fait défaut. À la retraite depuis deux ans, son métier lui manque. Et sa femme aussi. Elle l’a quitté pour son meilleur ami et il ne s’en remet pas. Grâce au Ciel, il est resté en bons termes avec son ex-directeur qui lui donne toujours quelques articles à écrire dans le Concord Journal. Le retraité a l’impression de servir encore à quelque chose. Il se sent seul et regrette de n’avoir pas eu d’enfants.
Son rêve érotique aux allures de cauchemar semble loin désormais, lorsqu’il se gare devant un immeuble de verre qui reflète les nuages et le ciel de cette fin de matinée du mois de mars. Il se dépêche de sortir de sa voiture, remonte le col de son manteau pour se protéger d’un petit vent frisquet et s’engouffre dans le bâtiment à la suite d’une dame qui plaque sa jupe sur ses cuisses afin que celle-ci ne s’envole pas.