« Elle a dit que le soleil reviendrait, que les arbustes pousseraient et deviendraient encore plus grands que le goyavier tombé. »
C’est fou ce qu’on peut dire parfois. C’est fou ce qu’on peut dire quand nous sommes persuadés que le jour d’après sera identique à celui d’avant…Or la vie est ainsi, elle efface les mots plein de certitudes. Le soleil n’est pas revenu. Leur père non plus. Le ciel leur est tombé dessus et leur a laissé l’absence. Il est vrai que les arbres ont continué de pousser, mais l’odeur de pourriture des fruits gâtés est resté dans l’air. Le chagrin a dû se partager en 6. Six façons de s’habituer au deuil. De la mère qui s’efforce de nier la douleur, aux frères qui sombrent dans une addiction ou une autre, ou de la grande sœur qui se bat pour rétablir un peu d’ordre dans ce chaos: chacun gère comme il peut, le traumatisme. Et pourtant, ils s’efforcent d’avancer…Maladroitement, de travers, lentement, avec courage. Et dans ces graines de souvenirs que l’autrice nous offre, des fleurs s’épanouissent, des arbres s’enracinent, des forêts naissent…Tout est beau dans cette résilience. Cette famille a dû faire face à une perte dévastatrice mais cette enfant, avec son rire et son amour, maintient le foyer…Autant qu’elle peut, autant qu’elle le pourra…Mais le chagrin est comme une balle lancée au vent, on ne peut prévoir les dommages collatéraux….
« Tu vois, le temps est relatif. Le temps existe seulement parce que nous l’inventons. »
C’est certainement la phrase qui m’a le plus percutée. Tout dans ce livre est bouleversant. La tendresse, l’amour, le deuil, les trajectoires brisées. Mais ce temps existe. Il existe dans ces pages, dans le cœur de Sara, dans cette famille endeuillée. Il existe dans le jardin, dans les confidences aux orchidées, entre les murs de cette maison. Il existe parce que lorsqu’il vient en nos mains. À chaque page tournée, lue, appréciée, il se réinvente en nos imaginaires. Je voyais le goyavier, les fourmis,
le lapin, les chauves-souris, les colibris. Je voyais la nuit, le manque, la douleur. J’imaginais la confiture, le sirop, la pâte de goyave…Je m’en délectais. Tout existait, et si vous grattiez, autour de ce titre énigmatique -Comment j’ai tué mon père- il se pourrait que les graines d’amour laissées par l’autrice, se remettent à fleurir par vos yeux humides…
« Si le bonheur existait, il ressemblait à cet instant. »
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