Joséphine de Lavalette de
Anne-Sophie Silvestre
La France était envahie. Des soldats russes et prussiens
circulaient dans les rues de Paris. Nos vainqueurs, le
tsar Alexandre et le roi de Prusse, choisirent notre nouveau
gouvernement. Ils voulaient le retour de la monarchie. Ils
appelèrent Louis XVIII, le frère de l’ancien roi Louis XVI, qui
se trouvait alors quelque part en Angleterre.
Nous, les Français, nous assistions à ce chamboulement sur
lequel nous n’avions pas notre mot à dire. Les sentiments
étaient embrouillés, nous étions soulagés d’avoir la paix – on
avait entendu le canon jusqu’aux portes de Paris – mais, pour
beaucoup d’entre nous, voir finir l’Empire était une grande
douleur.
Chez nous, les Lavalette, le chagrin prenait en plus une
dimension personnelle. Mon père était un compagnon de la
première heure de Napoléon, maman était la nièce de
Joséphine, et moi, Joséphine de Lavalette, âgée de douze ans,
comme tous les enfants nés sous l’Empire, j’avais l’impression
de posséder une part de gloire à titre personnel.
Oui, je portais le même prénom que l’impératrice, et pour
cause, elle était ma marraine.
Mon père était le ministre des Postes de Napoléon; c’était
une immense responsabilité qui témoignait de la confiance
absolue de l’Empereur.
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