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Citations de Anne Wiazemsky (177)


Malagar conservait intact le parfum des jours heureux; mes grands-parents étaient là, vivants, à leur place habituelle dans le salon, au détour d'une allée, lui lisant, elle occupée à un ouvrage de broderie. Leurs doux et bienveillants fantômes m'accueillirent encore pendant trois années puis ce fut pour de bon terminé : ma famille avait choisi de se séparer de la propriété en en faisant don à la Région Aquitaine.
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La propriété et la maison ne changeaient pas. Elles palpitaient de cette même vie secrète qui m'avait tant séduite jadis.
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Le charme puissant de cette propriété dont personne ne se souciait et qu'il avait été le seul à percevoir avait eu la force d'un coup de foudre : comme si elle lui était de tout temps destinée. Ceux qui connaissent son oeuvre savent qu'il s'agit de Malagar.
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Les équipes du 96 Kurfürstendam continuent à se rendre dans les gares, dans les camps soviétiques, plus loin encore dès que quelqu'un leur signale une possible présence française (...) Parmi eux se trouvent des Juifs qui ont miraculeusement survécu, des Allemands qui ont fui le régime d'Hitler mais aussi d'anciens volontaires français qui ont servi dans les armées nazies et qui cherchent à se faire passer pour d'anciens prisonniers où des Alsaciens, des "malgré -nous". Tous, aussitôt débarqués, sont conduits dans le camp de rassemblement de Zehlendorf, entièrement sous le contrôle des Américains (...) une cinquantaine d'autres camps de transit a été improvisée à la hâte.
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De la bouche de Jeanne Moreau jaillissaient des perles et des pierres précieuses. J'étais subjuguée par son autorité et la séduction qui se dégageait de sa voix, de ses sourires et du moindre de ses gestes. Une séduction principalement destinée à Jean-Luc, mais comment pouvait-il en être autrement? Je l'avais vue maquillée et perruquée sur le plateau de la mariée était en noir et j'étais touchée par ce visage nu où apparaissaient quelques rides, par son large front que ses cheveux tirés en arrière ne dissimulaient plus.
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Depuis l'intervention de Francis Jeanson, mes grands-parents avaient cessé de nous critiquer ma mère et moi, et une paix relative régnait à la maison. Si je sortais souvent le soir, je m'efforçais de rentrer vers minuit. Ma mère continuait de protester, mais avec moins de conviction. Depuis que je lui avais déclaré que j'aimais Jean-Luc, elle évitait d'en parler, comme si les mots rendaient les choses trop concrètes, trop crues. Maman, depuis fort longtemps, se protégeait par le silence en espérant que ce qui ne se disait pas n'avait pas d'existence.
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Notre entretien était sur le point de se terminer, mon grand-père conclut, les yeux pétillants de malice:
_ Puisque tu me sembles définitivement perdue pour l'Eglise catholique et la foi chrétienne, autant que tu aies pour maître à penser quelqu'un d'aussi intègre et moral que Jeanson. Finalement, tu choisis assez bien tes amis...
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Au sortir du métro Trocadéro, je m'arrête pour marquer une pause. Un brouillard humide et poisseux estompe les bâtiments du palais de Chaillot, l'esplanade, la tour Eiffel, un peu plus loin. Ce brouillard d'octobre accentue l'étrangeté de mon retour à la vie normale : la maison et ma famille, la veille, le collège de Sainte-Marie, maintenant. Depuis que je suis rentrée chez moi, j'ai le sentiment d'être une étrangère en visite. Ma vie n'est pas vraiment là. Ni auprès de Robert Bresson ni au sein de l'équipe du film, comme je l'avais cru durant l'été : cela aussi est terminé. Je l'avais compris en les voyant retrouver leur femme ou leur petite amie. Ma vie, ce serait encore autre chose. Le brouillard soudain se dissipe, la tour Eiffel surgit bien nette et, derrière elle, les jardins du Champs-de-Mars, Paris. Face à ce paysage nettoyé, il me semble que je la pressens ma vie, fugitivement mais à perte de vue.
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Il faut dire aux gens qu'on aime qu'on les aime!Entendez ces mots,Anne,qui veulent,bien maladroitement,vous redire la tendresse que j'ai toujours eue pour vous.
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Dans son dos, Bichette pleurait toujours. Nathalie se détacha de la porte-fenêtre et lui fit face.
– Nicolas et toi n'avez rien à vous reprocher, dit-elle sur un ton neutre. Pour nous tous, pour moi, pour sa famille, Adichka était invulnérable. Vous n'êtes pour rien dans sa mort.
Et pour bien signifier que le sujet était clos :
– Tu as des nouvelles de Nicolas ?
– Rien depuis dix jours.
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Dehors la pluie avait cessé et la brume lentement se dissipait. Mais le vent du nord-est et le ciel obstinément gris ne laissaient espérer aucune amélioration. Depuis quarante-huit heures la météo était devenue la préoccupation majeure. L'embarquement de la colonie russe à bord des navires de la flotte anglaise réclamait une organisation complexe qu'une mer calme aurait facilitée. « Nous allons vers une vraie tempête ! », pensa Nathalie. Mais l'indifférence, ce sentiment qu'elle connaissait si bien, mit un terme à ses appréhensions. Peu lui importaient désormais les difficultés d'un voyage, sa destination et, plus généralement, ce qu'il adviendrait ensuite de sa vie.
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Adichka et Nicolas se connaissaient depuis l'enfance et leur domaine, dont ils avaient depuis la mort de leur père l'un et l'autre la charge, étaient très proches. Des relations de voisinage, fréquentes et agréables, s'établirent entre les deux jeunes couples. En 1916, la vie à la campagne, dans cette partie de la Russie centrale, semblait encore protégée des troubles et des émeutes qui déjà désorganisaient les grandes villes. Il en fut tout autrement dès le printemps 1917, jusqu'à l'assassinat d'Adichka, le 15 août. Le 13, une foule immense avait envahi le domaine des Belgorodsky. Conduite par des agitateurs étrangers à la région, cette foule jusque-là pacifique avait exigé l'arrestation et le jugement immédiat des maîtres. Malmenés puis emprisonnés, Nathalie et Adichka assistèrent impuissants au déferlement de haine et de violence. Des paysans qui leur étaient demeurés fidèles voulurent les faire évader. Il leur fallait pour cela des armes et des chevaux et ils allèrent demander l'aide de Nicolas Lovsky. Mais celui-ci jugea l'entreprise trop risquée. « Nous serons tous pris et massacrés », dit-il comme ce fut noté dans un rapport de police dont Nathalie eut connaissance un mois après. En refusant d'agir, Nicolas avait sincèrement cru protéger sa femme, ses amis et leurs alliés paysans. Qui pouvait alors prévoir que quelques heures plus tard Adichka serait assassiné par des soldats mutins venus on ne savait d'où ? Le pillage des autres grands domaines de la région ? Le lynchage des propriétaires terriens qui ne surent s'enfuir à temps ? Adichka Belgorodsky avait péri le premier, victime innocente s'il en fut de ce que la veille encore, incrédule, il appelait la « folie des hommes ».
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Elle avait rencontré Bichette trois ans auparavant lors de son mariage avec Adichka Belgorodsky. Bichette, elle, venait d'épouser Nicolas Lovsky.
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Nathalie Belgorodsky, âgée de vingt-deux ans, était plus grande et plus mince, avec des cheveux châtains coupés court. Depuis la mort de son mari Adichka, assassiné par des soldats mutins, le 15 août 1917, une souffrance diffuse brouillait son visage et son regard jadis joyeux et énergique.
– Nathalie, aujourd'hui encore je voudrais te dire...
– Non, ne dis rien... Je sais.
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Bichette Lovsky était de taille moyenne, ronde, avec d'épais cheveux blonds ramenés en une seule natte qui descendait le long du dos jusqu'à la taille et lui donnait, à vingt-cinq ans, des allures de collégienne.
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Par le biais des enfants, les deux jeunes femmes abordaient enfin le pourquoi de leur rencontre, ce départ pour l'exil si souvent évoqué ces dernières semaines et que maintenant, trop émues, elles n'osaient plus nommer.
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Les deux jeunes femmes étaient ensemble pour la dernière fois. Le lendemain, l'une quitterait peut-être pour toujours la Russie et l'autre s'enfuirait vers le Caucase. Pareillement émues, elles tentaient de rester calmes, de dissimuler leur trouble, leur chagrin. Cela les rendait raides et maladroites et quand l'une, en se reculant, heurta un livre, ce fut comme un soulagement. Presque au même moment retentirent des cris et des rires, les bruits d'une course, dehors, sur le gravier. Une porte claqua à trois reprises, quelque part au rez-de-chaussée, et des voix aiguës d'enfants se mêlèrent aux remontrances d'une autre voix, anglaise et féminine : « Children don't run, don't scream. »
– Miss Lucy va avoir du mal à les envoyer se coucher...
– Pourtant, elle leur a fait faire une longue promenade pour les fatiguer...
– Mais la perspective du départ les surexcite...
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Deux jeunes femmes se tenaient devant la porte-fenêtre et contemplaient en silence le paysage noyé de pluie ; la mer, la ligne d'horizon qui devenait imprécise. Elles distinguaient mal les terrasses, les cyprès, le grand escalier qui descendait à la plage et les six lions en marbre blanc qui l'encadraient. Seuls les palmiers en pot, au premier plan, et un ballon d'enfant oublié se détachaient avec précision. Aucun son ne parvenait jusqu'au salon chinois du rez-de-chaussée où elles se trouvaient. Comme si les nombreux occupants de la grande demeure avaient mystérieusement choisi de se taire en même temps. Mais dans le vestibule d'apparat, leurs bagages s'entassaient et témoignaient du remue-ménage qui avait eu heu toute la journée.
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P.-S. : Daphné s'est complètement remise de la terrible grippe espagnole. Nos enfants sont magnifiques de santé et de joie de vivre. Ils se joignent à moi, à maman et aux autres membres de la famille pour t'embrasser très fort.
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Mais t'écrire m'a fait du bien. Je me sens un peu plus courageuse, avec plus de foi dans l'avenir et je veux croire de toutes mes forces que nous serons bientôt réunis, que nous reviendrons chez nous, en Russie. Si le départ de demain ne m'arrache pas le cœur, c'est que je pense, je crois, que les nôtres finiront par l'emporter et bien plus vite qu'on ne l'imagine ! Que Dieu te garde et te ramène vite auprès de nous, mon tendrement aimé, mon cher Léonid.
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