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Critiques de Annelise Heurtier (1436)
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La fille d'avril

Catherine est une jeune fille des années 60. Un avenir tout tracé, après l’école, elle se mariera, fondera une famille et passera ses journées à les éduquer puis à vaquer à diverses tâches ménagères. Jusqu’au jour où elle est obligée de courir pour fuir. C’est une révélation et une source de questionnement en même temps. Pourquoi les filles ne peuvent-elles pas courir? Pourquoi n’ont-elles pas les mêmes droits que leur homologues masculins?



Ce livre d’Annelise Heurtier nous transporte dans les années soixante et leur atmosphère très familiale. Tout le monde vit dans la même maison et tous suivront le même chemin. On se retrouve catapulté dans la maison d’une petite famille lambda et plus particulièrement dans les conditions de vies des femmes à l’époque: les tâches ménagères, le tabous des règles, les robes un peu trop courtes, les bas nylons et l’interdiction de dire ce que l'on pense. Ça parait loin et pourtant c’est si proche, c’est ce qu'ont vécu nos grand-mères! Un roman féministes qui nous parle des premières révoltes féminines. Annelise Heurtier à le don pour nous immerger dans le passé et ses événements tout en nous offrant un roman passionnant et des personnages plus que attachants.
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Des sauvages et des hommes

Ce superbe roman met en avant toute l'horreur de la colonisation, et ce à quoi mène la peur et l'ignorance. Dans la sauvagerie du monde occidental, on suit l'arrivée du groupe de kanak dans le Paris des années 30. Le personnage d'Edou est très attachant : avec lui, on comprend le ressenti des êtres humains présentés comme des animaux dans des zoos, comme des "cannibales", pour le "spectacle". Si l'histoire est une très belle et touchante fiction inspirée de faits réels, elle est aussi très bien documentée : les documents d'époque sont tout simplement effroyables...



Comme d'habitude, Annelise Heurtier fait la prouesse de l'empathie et parvient à plonger les lecteurs dans la peau des opprimés. En dénonçant les racismes d'hier, elle lutte contre ceux d'aujourd'hui avec une grande humanité et un style qui lui est propre.



Le roman se lit très facilement et très rapidement. Difficile de décrocher. N'hésitez pas !
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Sweet sixteen

J'ai adoré ce roman. Il était vraiment poignant. Il faut également savoir que c'était une histoire vraie et que c'est un roman jeunesse. J'ai été prise d'émotions plusieurs fois par ce que subissent ces étudiants. J'ai également aimé les nombreuses références que l'on retrouve à Rosa Parks, Jim Crow... Des noms que j'ai étudiés au collège et que je n'ai plus jamais oubliés depuis. J'ai beaucoup aimé les personnages. Malgré un roman court, dévoré en quelques heures dans la journée, je les ai trouvés intéressants, bien décrits, avec justesse et j'ai pu m'attacher à eux. J'ai beaucoup aimé Grace, symbole d'une génération qui change sans être pour autant la gentille de l'histoire. Et sans mauvais jeu de mots, j'ai apprécié que l'on montre que tous les personnages, même si caricaturés parfois, ne sont pas tout blanc ou tout noir. Je pense me rediriger vers des romans de cette autrice.
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La Parure

Voici un exercice intéressant que de proposer une version illustrée et retravaillée d'un texte classique. Cette adaptation de la nouvelle de Guy de Maupassant, La Parure, est une belle trouvaille pour faire entrer les enfants dans des textes plus classiques, plus littéraires, sans en effacer la temporalité et l'intérêt.

Delphine Jacquot a décidé de transformer les protagonistes en animal, dans la pure tradition des fables, ce qui donne un nouveau niveau de lecture.

Pour ma part, j'ai vraiment apprécié cette lecture qui m'a faire redécouvrir un grand classique.
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Push

Annelise Heurtier est une autrice que je suis depuis de nombreuses années, j'ai aimé, voire adoré la plupart de ses romans. Je les ai presque tous lus. Bref, Annelise Heurtier, c'est une valeur sûre pour moi.

Ici, comme dans presque tous ses romans, on suit une adolescente qui se découvre, qui se questionne sur la vie, les relations, le futur. Tessa, grande sportive, est en quête de son estime d'elle-même. Elle vit dans un monde de compétition depuis des années, ce qui implique de se comparer aux autres, d'être comparée aux autres constamment. Se mesurer à d'autres gymnastes la fait douter, souvent, douter d'elle-même, de ses capacités, d'autant plus que sa mère est une ancienne gymnaste et que sa petite sœur excelle dans ce sport. Tessa, elle, se sent "moyenne", ni la plus faible, ni la meilleure et se retrouve en difficulté pour se construire à partir de ça.

Ce roman aborde aussi avec justesse le sentiment de jalousie. Tessa est jalouse de Camille, de son comportement avec les hommes notamment et de ses capacités sportives. Lorsque sa rivale se retrouve en difficulté, Tessa hésite : doit-elle l'aider ? Ou la laisser se débrouiller ? Doit-elle croire ses accusations ? Ses doutes et ses questionnements sont très réalistes, ce sont souvent des propos que l'on peut entendre dans les films, séries, infos. Ce sont des mots, des pensées auxquels nos jeunes sont souvent confrontés. Et ils pourront trouver des réponses dans ce roman, ce qui est primordial.

Enfin, ce récit aborde de manière très subtile, à demi-mots les violences sexuelles dans le monde du sport. Ce livre est présenté partout comme un livre abordant cette thématique (y compris sur la quatrième de couverture, je n'ai donc pas été surprise, et c'est pour cela que j'en parle dans cet avis). Par conséquent, je m'attendais à ce que cet aspect soit plus développé, mis en avant et surtout arrive plus tôt dans le roman. Pourtant, je trouve que cela a été traité avec pudeur tout en posant les vraies questions. Tessa a été témoin d'une scène étrange mais quand elle entend parler de ce qui s'est passée, elle est tiraillée entre dénoncer un innocent ou laisser agir un coupable. Parce que oui, elle doute, de ce qu'elle a vu, des paroles de sa rivale, de la véracité de la situation. Heureusement, sa meilleure amie est là pour en discuter et au fil des échanges, le cheminement de pensées de Tessa est progressif, lent, construit, comme pour laisser au lecteur le temps d'assimiler l'horreur de ce qu'il s'est réellement passé.

Ce roman ne restera pas parmi mes préférés de Annelise Heurtier mais il reste très important. Important à proposer aux jeunes. Important à avoir dans une bibliothèque, un CDI, un lieu de lecture. Et comme toujours, c'est également très bien écrit et facile à lire.
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Des sauvages et des hommes

Ancré sur des faits réels survenus en 1931 au moment de l'Exposition internationale à Paris, ce roman très fort d'Annelise HEURTIER est postfacé par Pascal BLANCHARD, historien spécialiste de la question coloniale.

En marge de la fameuse exposition coloniale, des kanaks sont exposés au public dans un enclos du Jardin d'Acclimatation. Officiellement, il s'agit pour les océaniens de montrer leur culture aux parisiens. En réalité, ils seront présentés comme des cannibales juste en face des crocodiles.

Le jeune Edou fait partie de la troupe. Il rêvait de quitter la Nouvelle Calédonie pour découvrir Paris et se retrouve parqué dans ce "zoo humain", obligé de se produire dans une odieuse mise en scène.

La curiosité des visiteurs de l'époque pour « l'ailleurs » dope la fréquentation et l'exhibition rencontre beaucoup de succès. Seule une poignée de personnes s'insurge. L'un d'eux, Victor, un jeune bourgeois va peu à peu prendre conscience de l'ignominie du traitement réservé à ces hommes. Il trouve un moyen d'alerter l'opinion publique et dénoncer ce spectacle indigne.

J'ai beaucoup aimé ce récit qui présente aux jeunes lecteurs des thèmes humanistes propres à engager leur réflexion : la découverte et l'ouverture à l'autre, l'engagement, le respect de la différence, la notion de sauvage…

Ce roman historique, documenté par des articles de presse, permettra également d'aborder les questions de la colonisation et des préjugés raciaux, vus par les protagonistes de l'époque.

L'écriture à deux voix montre les points de vue de chacun des personnages et leurs désillusions parallèles et progressives. Ils sont attachants par leur évolution tout au long du récit. L'histoire de leur amitié improbable, basée sur le respect mutuel, est rendue indéfectible par leur audacieuse prise de position.

Roman original et édifiant qui sera apprécié par les jeunes lecteurs et… tous les autres qui apprendront tout autant sur les dérives du colonialisme !
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Des sauvages et des hommes

1931, Exposition Coloniale. Pour une personne éclairée, cela donne tout de suite le ton de l’ouvrage.

J’ai trouvé très intéressante l’exploitation des différents points de vue, qui apporte le contexte et permet de situer les personnages et ce qu’ils pensent. On se prend très vite d’affection pour Edou, et on va rapidement déchanter avec lui lors de la découverte de ce va être la “mission culturelle”. Quant au personnage de Victor, on va se demander jusqu’à la fin comment il va rencontrer Edou, et comment il va pouvoir aider les Kanaks.

Le titre est vraiment intéressant, parce qu’à la fin de la lecture on va se demander : dans l’histoire, qui sont vraiment les sauvages et qui sont les hommes ?

Le point historique à la fin est très intéressant, et le nombre de visiteurs m’a choquée. C’est un très bon roman, adapté à un public collégiens et qui est un bon support pour inciter à la réflexion autour du colonialisme, très longtemps ignoré dans l’histoire française.

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Chère Fubuki Katana

Un roman fort qui sonne juste avec un militantisme savamment dosé qui propose une réflexion fine sur le harcèlement au lycée doublé d'une agréable plongée dans la société japonaise. Annelise Heurtier s’est bien documentée sur le Japon et elle décrit tellement bien les us et coutumes, les couleurs et les odeurs qu’on se croirait à Tokyo. Elle a par ailleurs habilement construit sa narration et parsemé ses références à la culture mangaka, même si je ne suis pas particulièrement sous le charme de ces séries. Dès les premières pages, elle évoque la culture de l’excellence, puis elle amène intelligemment la question d’une violence souterraine sous des apparences de légèreté. On est sensible à l’isolement progressif de la jeune Emi dont l’angoisse va crescendo. L’écriture est parfois incisive, les phrases sont souvent courtes et l’intrigue serait parfaitement transposable en France. Bref, l’autrice va pudiquement à l’essentiel ! C’est une lecture agréable dans laquelle on s’ouvre à une culture différente. Le titre demeure toutefois assez énigmatique pour moi. Un roman à faire partager et à découvrir, tout comme les autres titres déjà très plaisants de cette autrice…
Lien : https://cafenoiretpolarsgour..
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Des sauvages et des hommes

Bienvenue au temps des expositions coloniales et au temps des zoos humains.

Edou est un jeune kanak qui se retrouve à Paris non pas pour visiter mais pour se produire lors de spectacles présentant les "cannibales" de Nouvelle Calédonie.



C'est un roman vraiment bien construit même si plutôt court. On suit la désillusion progressive des jeunes kanaks mais aussi en parallèle, celle de certains français. J'ai particulièrement aimé le côté "je m'en lave les mains" des dirigeants politiques pourtant tellement impliqués...



Cependant, j'aurais aimé que le contexte soit un poil plus développé. J'ai eu aussi du mal à m'attacher à certains personnages et particulièrement le personnage principal. Je trouve que finalement on en sait trop peu sur lui par rapport à ce qu'on sait de ses sentiments.



C'est un bon roman dans l'ensemble qui peut être un bon moyen d'aborder ces faits avec un public plus jeune.





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Le complexe du papillon

Ce n'est pas le premier livre que je lis sur le thème de l'anorexie, mais c'est sans doute celui qui parle le mieux de ce sujet-là, sans pathos, mais sans froideur non plus, avec simplicité. Mathilde est une ado aux prises avec différentes problématiques : l'attirance pour un garçon de son bahut, Jim ; les réseaux sociaux et phénomènes de mode qui ne touchent pas que les mannequins mais qui sont aussi des discussions dans la cour du lycée (le "thigh gap" et autres mesures discutables) ; des parents assez repliés sur eux-mêmes et leur commerce qui ne semblent pas accorder à Mathilde l'attention dont elle a besoin ; et plus encore, le décès d'une grand-mère adulée quelques mois auparavant.

L'ensemble de ces problématiques va conduire insidieusement, doucement, Mathilde à se trouver trop grosse pour être aimée, même si ce n'est pas exactement ça. Jalouse de la toute nouvelle silhouette d'une camarade, elle entreprend de faire un régime. Et on retrouve ici ce qu'on retrouve dans beaucoup d'autres livres : le pouvoir qu'on a sur son corps, cette discipline forcenée qui métamorphose la douleur de la faim en sentiment de bien-être, en contrôle total et sentiment de toute-puissance, et cette impossibilité d'arrêter. Si, dans ce livre, il n'est pas très évident de comprendre les raisons avancées par l'auteur comme déclencheur de l'anorexie (la mort de la grand-mère), un décès/secret de famille revient souvent dans ce genre d'ouvrages ("Sobibor" par exemple de Jean Molla). L'isolement produit par la perte de poids, l'inaccessibilité, est traitée aussi (elle perd sa meilleure amie Louison, ne s'intéresse plus à Jim, ni à ses compéts d'athlé pour lesquelles elle avait pourtant une grande passion). Le roman est simple, facile à lire, les personnages sont attachants... Il me manque juste cette compréhension plus intime de ce qui a pu déclencher ce mal-être aussi terrible avec des conséquences qui auraient pu être dramatiques.

Point très positif pour ce livre aussi : tout est bien qui finit bien. Et pour donner à lire à un/une ado qui commence à développer des troubles alimentaires, c'est quand même bien mieux que les romans qui commencent par le décès de l'héroïne anorexique...
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La Parure

Annelise Heurtier dépoussière le texte et le rend accessible aux jeunes lecteurs en allégeant l’écriture sans en dénaturer l’essence. Avec ses mots elle nous raconte l’insatisfaction constante de Mathilde et l’éternel optimisme de son mari. On prend plaisir à suivre les caprices de l’une et les sacrifices de l’autre. Le drame qui les frappe vient remettre un peu de bon sens dans la cervelle de la dame Loisel qui ne comprend que bien trop tard que les apparences sont bien souvent trompeuses.

Delphine Jacquot fait le choix intelligent de donner une apparence animal aux différents personnages ; ce bestiaire éclectique donne au récit des allures de conte et invite à réfléchir à l’être et au paraître. Un message terriblement d’actualité à l’heure où l’utilisation des réseaux sociaux questionnent notre rapport aux autres et notamment l’importance à accorder au regard d’autrui.
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La fille d'avril

Catherine Vermandois est collégienne au collège Saint-Charles à Marolles-en-Hurepoix chez des religieuses, c'est l'établissement dans lequel vont toutes les jeunes filles de bonnes familles dans ces années 1960. Elle a bénéficié d'une bourse de M. Defrenne-Ploussard, l'industriel chez qui travaillent son père et son frère, ouvriers sur des machines à tisser.



Le monde de Catherine est bouleversé par cette scolarisation imprévue, elle était destinée à travailler à l'usine avant de rencontrer un ouvrier, de se marier et d'élever de nombreux enfants.



Nous sommes durant l'année scolaire 1967/1968 et Catherine va découvrir que d'autres jeunes filles pensent différemment et elle va même rencontrer un jeune homme, Daniel de Varax, étudiant à la Sorbonne qui participe à des manifestations contre De Gaulle.



Annelise Heurtier livre ici un nouveau roman historique, sur la période 1968 cette fois, en France, à travers le récit d'une jeune fille née dans une famille ouvrière catholique. Celle-ci échappe à sa condition sociale en bénéficiant d'une bourse pour sa scolarité au lycée offerte par l'industriel qui emploie son père et son frère.



Toutes ses certitudes s'effondrent d'un seul coup alors qu'une génération d'adolescents bouscule le monde ancien avec une mode nouvelle, une musique yé-yé, l'annonce de la pilule contraceptive...



L'héroïne rêve de courir et de participer à des tournois sportifs, elle va s'affranchir des interdits.



Annelise Heurtier a rassemblé une documentation considérable pour restituer les décors d'une petite ville de province dans les années 1960. Elle décrit à merveille les nouveautés de ces années, l'arrivée de l'électro-ménager, l'installation des appareils sanitaires, le début de la consommation adolescente avec la musique, la presse et la mode. Mais elle restitue surtout le portrait d'une jeune fille provinciale très éloignée des bouleversements de l'année 1968 et elle raconte de manière passionnante toutes les questions de jeunes filles de ces années.

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Sweet sixteen

1957. La ségrégation raciale fait rage dans le sud des Etats-Unis. La Cour suprême décide d'autoriser l'entrée au lycée de Little Rock, dans l'Arkansas, de neuf étudiants noirs. Cette décision sera accueillie par un tollé de la part des associations de défense des familles blanches, qui ne tolèrent pas que leurs enfants puissent côtoyer ces êtres inférieurs. Réaction soutenue par le gouverneur de l'état, qui annule cette décision. Après trois semaines de combats acharnés, la rentrée se fait pour ces neuf étudiants (et voici comment), mais leur année sera faite de brimades et d'injures en tout genre.



On suit plus particulièrement le parcours de Molly (les prénoms ont été changés), une des "Neuf de Little Rock", comme on les a appelés, et de Grace, une lycéenne blanche dont les opinions vont peu à peu évoluer au fil de l'histoire. Les deux jeunes filles, qui doivent célèbrer leur "sweet sixteen" dans l'année (passage de l'enfance à l'âge adulte aux USA, comme les quinceaneras au Mexique), vivront cet événement de bien douloureuse façon. Ce roman montrera aux adolescents de maintenant que même si le racisme est toujours manifeste aujourd'hui, il prenait à l'époque un visage bien plus sombre. Les Noirs dans le sud des Etats-Unis n'étaient en effet pas mieux traités que les Juifs dans l'Allemagne des années 1930 (et même si la déportation n'existait plus, le Ku Klux Klan se chargeait de bien sinistres missions). La trame narrative du texte m'a fait penser à celle de "La couleur des sentiments"; l'alternance des points de vue est très intéressante et permet de suivre l'évolution des personnages au fil du récit.



Un roman simple et concis, qui en permet la lecture par des ados à partir de 11/12 ans.
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Sweet sixteen

Pendant des années, j'ai eu envie de lire ce livre au vu du sujet qu'il traitait et des critiques positives que j'avais lues. Je l'ai finalement acheté dans un salon du livre il y a maintenant près de 5 ans - déjà - et je l'ai enfin sorti de ma pile à lire.



Durant ces cinq dernières années, j'ai toutefois pu entendre quelques avis plus négatifs au sujet de ce livre : un ouvrage qui traite de la ségrégation aux États-Unis écrit par une autrice blanche. Selon certaines personnes noires, elle n'a pas bien traité du sujet et ne laisse pas la parole aux concerné•es. Malgré tout, j'ai décidé de lire ce livre.



Nous sommes en 1957 et la Cour Suprême des États-Unis a interdit la ségrégation dans les écoles publiques, si bien que les blancs et les noirs pourront étudier dans les mêmes établissements. Le prestigieux Lycée central en Arkansas, dans l'obligation de respecter la loi, accueille à la rentrée de 1958, neuf élèves noir•es. Cela ne plaît pas aux personnes les plus conservatrices et racistes, l'intégration étant très mal vue dans cette partie du pays. Envers et contre tout, ces neuf étudiant•es viendront au Lycée central. Malgré la haine, le danger, les insultes et les agressions qu'iels subiront.



Dans cette histoire, nous allons suivre le point de vue de deux adolescentes de quinze ans : Molly, une jeune fille noire qui intègre ce lycée de blanc•hes, et Grace, une adolescente blanche issue d'une famille aisée. Si, au départ, à l'instar de la majorité des blanc•hes, Grace est contre l'intégration des neuf élèves, elle va être amenée à réfléchir sur sa manière de penser...



Je dois dire que je ressors mitigée de cette lecture. Je comprends les intentions de l'autrice de dénoncer le racisme et la ségrégation mais j'ai trouvé qu'il y avait de nombreuses maladresses. L'ensemble est très manichéen, même si Grace pèse dans la balance en étant plus nuancée, mais elle a également un côté "sauveur blanc"... un point que je craignais de voir dans le roman.



Aussi, c'est une histoire qui s'adresse à un public ado, mais j'ai été heurtée à de nombreux moments. Bien sûr, l'histoire se situe dans l'Amérique des années 50, mais était-il nécessaire de donner à voir autant de violence raciste dans les propos des personnages ? Je peux comprendre que le roman n'ait pas plu à des personnes noires, parce que c'est choquant. Annelise Heurtier ne fait que rapporter les propos racistes de ses personnages mais c'était parfois trop. Cela a rendu la lecture un peu pénible.



Malgré cela, j'ai trouvé des points positifs au roman : j'ai aimé la détermination de Molly et son caractère, mais aussi ses craintes et ses doutes. Elle m'a parue très réaliste, tout comme Grace - bien que je n'ai pas apprécié ce personnage. C'était dommage que les huit autres élèves noir•es ne soient pas plus présent•es dans l'histoire, même si celle-ci est assez courte, cela aurait été bien d'avoir plusieurs points de vue de ces élèves.



Ce qui est chouette également, c'est que je n'avais pas connaissance de cette histoire, inspirée de faits réels, et que les notes de bas de page et l'avant-propos m'ont appris des choses. Cela m'a permis d'avoir un meilleur aperçu de ce que la ségrégation, à l'époque où elle était institutionnalisée, a pu faire comme dégâts.



Malgré les aspects positifs du roman, je comprends pourquoi il a été critiqué par des personnes noires qui en ont marre de voir leurs histoires appropriées par des blanc•hes. Même si les intentions de l'autrice étaient bonnes, il y a des maladresses dans le traitement de la ségrégation des années 50 aux États-Unis.
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Des sauvages et des hommes

Thèmes : colonialisme, amitié, préjugés, différence



Ce roman inspiré de faits réels, nous propulse en 1931, au moment de l’Exposition Coloniale qui se déroule à Paris. A cette époque, la France est fière de son statut de colonisateur. Du fait de ces territoires annexés, elle ne subit pas la crise économie qui touche les pays voisins. Elle veut montrer que grâce à son intervention, des civilisations « peu développées » ont fait un grand bond en avant.



Afin de renflouer les caisses de la FFAC (organisation regroupant des fonctionnaires et militaires ayant servi dans les colonies françaises), les dirigeants de celle-ci décident de profiter de l’événement et de faire venir des Kanaks de Nouvelle-Calédonie.

Ce projet est présenté aux membres des tribus comme une aubaine et un privilège afin de mettre en valeur la culture de leur pays. La réalité est tout autre une fois arrivé en France.

En effet, après une traversée laborieuse en bateau, Edou et ses amis vont se rendre compte que le tableau dépeint n’est pas aussi reluisant. Ils sont parqués dans le Jardin d’Acclimatation, en face de l’enclos des crocodiles, doivent se donner en spectacle devant la population parisienne, montrer une image d’eux en complet décalage avec la réalité… Le coup de grâce vient au moment où ils découvrent qu’ils sont présentés comme des cannibales.



Si une grande partie de la population parisienne se contente de ce qu’on lui montre, d’autres vont faire savoir qu’ils sont contre cette façon de traiter des êtres humains. Mais malgré les tentatives pour mettre ces dérives en lumière, le choses bougent peu. Jusqu’à l’intervention d’un aristocrate qui va « mouiller sa chemise » quitte à entacher l’image de sa famille…



Le roman est bien écrit, la lecture est fluide et facile à comprendre. Elle met en lumière une époque peu reluisante de la France. Plus largement elle nous rappelle l’aspect hideux du phénomène de colonisation qui s’est accompagné, entre autres, dans les pays occidentaux, d’exhibitionnismes de « sauvages », de « personnes exotiques » dans des « Zoo humains » tout ça pour le plaisir de populations qui se pensaient supérieures.
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Des sauvages et des hommes

Paris, 1931. On prépare la nouvelle exposition coloniale, avec le projet d'y présenter une troupe de Kanaks. Lorsque des membres de sa tribu sont choisis par les recruteurs, Edou décide de profiter de l'occasion pour découvrir la France et présenter sa culture. Il déchante vite lorsqu'il découvre les conditions dans lesquelles son groupe va être présenté, avec un panneau indiquant « Cannibales », l’obligation de jouer les sauvages devant un public mi-ravi mi-effrayé, et l’interdiction de sortir du Jardin d’acclimatation pour visiter Paris. En parallèle, Victor, un jeune Parisien d'origine bourgeoise, s'émeut du traitement infligé à ceux qui sont parqués dans un véritable zoo humain.



Basé sur des faits réels, et amplement documenté, ce roman montre les dégâts provoqués par la politique coloniale française et le racisme en vogue à l'époque. Les malheureux, qui croyaient découvrir la Métropole, se voient contraints de se grimer et de se comporter comme des barbares, en totale contradiction avec leur mode de vie. A noter que le gouvernement avait laissé carte blanche aux organisateurs puisqu’il s’agissait d’une entreprise privée donc le but était, on s’en doute, bien loin de toute préoccupation humaniste et surfait sur la condescendance accordée à l’homme noir et la curiosité malsaine des visiteurs de l’Exposition. Ce qui est ensuite devenu un scandale a inspiré d’autres auteurs, dont Didier Daeninckx avec "Cannibales". Annelise Heurtier a fait le choix de faire découvrir cet événement peu glorieux par le prisme de deux personnages attachants, Edou le jeune homme avide d’aventures, à l’esprit vif et curieux, et Victor le jeune homme de bonne famille qui n’a aucune envie de reprendre les rênes de l’entreprise paternelle et se découvre une toute autre vocation. Son roman bien rythmé, écrit d’une plume élégante, rend très agréablement et efficacement accessible cette portion de l’histoire à de jeunes lecteurs.
Lien : http://usine-a-paroles.fr/le..
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Des sauvages et des hommes

En 1931, à l’occasion de l’Exposition coloniale de Paris, des milliers de personnes, intéressées, amusées, horrifiées, se précipitent vers une attraction payante particulière. On y expose…des êtres humains. C’est cette histoire vraie que nous raconte Annelise Heurtier dans Des Sauvages et des Hommes.

Son récit s’ouvre sur la figure d’un homme d’importance qui allume un cigare dont le symbole a traversé les époques. Symbole du pouvoir, il l’est aussi du commerce international et de l’exploitation de la main d’œuvre humaine étrangère et bon marché à des fins de plaisirs occidentaux. « C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe » nous disait déjà le Nègre de Voltaire. Mais au-delà des biens consommables, l’Europe s’est toujours entichée des êtres étranges qui les produisaient. Le spectacle de la présentation de « sauvages », d’abord réservé à une élite, s’est progressivement démocratisé. Tout le monde voulait y avoir droit. « Offrons-leur un voyage dans les tréfonds de l’inhumanité » se dirent alors les hommes vénaux. Des kanaks prétendument anthropophages constituèrent donc un spectacle rémunérateur parfait. Si l’autrice nous fait suivre l’un d’eux de son départ de Nouvelle-Calédonie à son arrivée à Paris, elle complète son propos fictionnel par des documents d’époque authentiques ce qui en accroît encore l’intérêt. Elle adopte également différents points de vue dont l’épaisseur laisse transparaître parfois à quel point les êtres se rejoignent, sauvages au pas, dans le pire ou le meilleur. Elle montre d’un côté comme de l’autre la difficulté de dépasser ses préjugés ou d’être assigné à un rôle dont il s’agit de se libérer. L’autrice use d’une rupture narrative, comme un renversement de sablier, pour signifier ce moment où les états d’esprit basculent et où les cartes seront rebattues. Provisoirement. Car le lecteur est insensiblement amené à s’interroger. On pourrait se croire affranchis de nos jours de ces problématiques à l’heure où l’on porte encore pourtant un parfum Eau Sauvage, où une série présente une « sauvageonne », où un homme politique parle d’ « ensauvagement des villes et des banlieues ». C’est dire à quel point un ouvrage d’une telle finesse d’approche et de la qualité de celui d’Annelise Heurtier reste nécessaire.

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Des sauvages et des hommes

Un roman historique intéressant qui permet de sensibiliser les plus jeunes au colonialisme et aux abus qui ont été provoqués par les colons. Basés sur une histoire vraie dont on a tous entendus parler, le récit nous présente les Kanac, une tribu qui a été exposée et montrée comme des bêtes au Jardin d'acclimatation au 20e siècle.

Du coup d'un point de vue historique et pédagogique, c'est vraiment bien (même s'il n'est pas forcément évident de différencier la réalité historique de la fiction), mais en tant que roman et sur ses qualités littéraires il est loin d'innover le genre.

Un récit assez lent, linéaire et sans surprise, dénué d'émotions, avec un style impersonnel et des personnages qui semblent restés spectateurs, jusqu'à la conclusion du roman.

Un livre sympathique quand on s'intéresse au sujet, et à l'Histoire mais qui manque d'un quelque chose en plus pour être un peu plus marquant.
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Des sauvages et des hommes

Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un livre d'Annelise Heurtier. Pourtant j'adore son écriture, elle parvient toujours à m'entraîner dans l'espace ou le temps selon le sujet qu'elle a choisi.



Ici, tout commence en Nouvelle Calédonie, en 1931. Niveau dépaysement on est pas mal ! L'auteure se saisit de la thématique des fameux "zoo humains" très populaire dans les pays colonisateurs. On retrouve l'alternance du points de vue de deux jeunes hommes : Edou, venu d'Océanie pour découvrir le Paris de son livre d'histoire (qui présente probablement la capitale sur le mode de "nos ancêtres les Gaulois") et Victor, parisien destiné par sa père à la reprise de l'affaire familiale. Je me suis interrogée sur la faible présence de personnages féminins, mais étant donné le contexte historique et la condition de la femme à l'époque cela n'aurait pas été crédible.



Le procédé de l'alternance des points de vue montre bien l'envers du décor de ces expositions et la mise en scène de "sauvages" alors que les peuples colonisés étaient instruits. Ce roman est d'ailleurs très bien documenté, sans que les informations soient écrasantes. J'ai beaucoup aimé le personnage d'Edou. Vif et curieux, on s'y attache très facilement. On comprend aussi grâce à Victor la curiosité des habitants de métropole pour ces hommes et ces femmes venus d'ailleurs, aux coutumes si étranges (et pour cause, puisque des spectacles étaient mis en scène !).

Ce roman m'a beaucoup plu. Encore une très belle réussite d'Annelise Heurtier !
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La Parure

Mathilde est jeune, belle, mais chagrine. Là où son mari se contente de peu, elle désespère de mener une existence aussi étriquée, rêve luxe et mondanités. Ces rêves semblent à portée de main le jour où le couple est convié à un bal…



La couverture ne parlait pas trop à mes moussaillons : « Ça parle d'art ? C'est une histoire de pigeon ? » Ça ne leur disait pas plus que ça. Et pourtant, l'objet-livre semble venu tout droit d'une bibliothèque cossue du XIXe siècle avec son dos tissé, son lettrage à l'ancienne et son beau papier. Et dès la première page, nous avons été captivés. Quelle riche idée de revisiter cette nouvelle De Maupassant sous forme de récit animalier illustré ! Et quelle réussite !



Annelise Heurtier excelle dans ce format ramassé comme dans ses romans (dont j'ai déjà eu l'occasion de parler). Sa plume, avec ce mélange de délicatesse et de vitriol qui semble n'appartenir qu'à elle, restitue admirablement l'atmosphère du texte De Maupassant. Ses mots résonnent, passionnent et bouleversent en faisant jaillir les envies dévorantes de Mathilde, les efforts désespérés de son mari pour la rendre heureuse, le désarroi de « trébucher au seuil d'un conte de fées ». Et quelle chute !



Delphine Jacquot dessine les salons feutrés et les parures jusqu'à la moindre perle, la moindre plume et la moindre dorure et fait le choix génial de donner aux personnages une forme animalière (extraits disponibles via le lien ci-dessous). Mathilde Loisel est évidemment une oiselle, son mari un castor désarmant, tandis que les bourgeois et commerçants sont représentés sous les traits d'une hautaine girafe ou d'un requin (il y a même un homard). Cette forme va comme un gant à la nouvelle. Cela lui donne des allures de fable. Une fable terriblement actuelle qui nous interroge sur l'être et le paraître, la vacuité du bling-bling, l'importance à donner au regard des autres et la violence inouïe des déterminismes sociaux.



Sublime !
Lien : http://ileauxtresors.blog/20..
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