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Critiques de Annette Hess (65)
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La Maison allemande

En préambule, je voudrais dire pourquoi j'ai eu envie de lire ce livre.

Jeune étudiante, j'avais une amie allemande avec qui j'étais très liée. C'est avec elle que j'ai appris et su ce que représentait la culpabilité d'être né allemand. Comme le dit Annette Hess dans son roman

"Elle portait en elle la faute de ses parents" ou plutôt de ses grands parents.

La maison allemande porte en elle tous les germes de cette culpabilité. Culpabilité, d'abord, parce qu'on ne doit pas parler du mal commis pendant la guerre.

Il faut néanmoins rappeler que lors du second procès d'Auschwitz, en 1963, personne ne parlait, les coupables comme les victimes. Aharon Appelfeld disait lui-même qu'en Israël, après guerre, personne ne voulait entendre les témoignages des survivants des camps. D'anciens déportés ne livreront jamais leur passé à leurs enfants, ce que montre très bien Claude Lanzman dans son film: Shoah

Partout, il fallait recréer un monde, la mémoire et la compréhension de ces barbaries viendra plus tard. Peut-être ce temps est le temps du Deuil de L'HISTOIRE.

Dans ce roman, s'ajoute une dimension supplémentaire pour notre jeune Eva, une résilience extraordinaire, un choc traumatique qui va percer lors du procès jusqu'à lui permettre de comprendre et retrouver où elle a vécu enfant, son attachement à la langue polonaise, elle en fera son métier de traductrice.

J'ai beaucoup aimé ce livre surtout cette partie où elle se rend à Auschwitz, quand elle retrouve malgré tout la maison de son enfance. J'ai moi même fait ce voyage de mémoire, marcher dans ce camp, essayant de comprendre ce qui s'est passé.

En complément de cette lecture, je vous conseille de voir l'excellent documentaire intitulé : Les enfants d'Hitler que j'ai vu à la maison de l'Allemagne à Paris.

Où la nièce de Goring explique comment faire pour vivre avec un tel nom, ou le petit fils de Hoss et d'autres. Documentaire bouleversant, à mon sens, à voir absolument.

Bref, la douleur sera toujours là mais aujourd'hui la parole est possible et c'est elle qui peut apporter une compréhension.

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La Maison allemande

Je retrouve , curieux hasard, Francfort , comme dans le roman policier que je viens de lire. Mais l'histoire se déroule en 1963, au moment du second procès d'Auschwitz.



Le personnage principal, Eva, est une jeune femme un peu naïve et ignorante quant au passé récent, d'autant plus que ses parents, restaurateurs, ne parlent jamais de la guerre et du nazisme.Elle est sollicitée de temps en temps comme interprète. Et voila qu'on lui propose de servir de traductrice pour des témoins polonais, vu sa bonne connaissance de cette langue.



Tout son entourage s'oppose à sa participation au procès: sa famille, son fiancé fortuné, Jurgen. Le lecteur assiste au parcours difficile d'Eva, qui découvre la réalité des camps avec horreur, les chambres à gaz, les tortures...De cruelles vérités vont se révéler à elle, concernant ses parents. Elle gagnera sa liberté de femme, suivra sa conscience, mais perdra ses certitudes et la douceur du cocon familial .



Il est intéressant d'observer ces générations allemandes d'après guerre, qui se sont senties responsables des forfaits commis par leurs parents, ou de leur complicité passive. Comme les accusés du procès, ils prétendaient ne pas savoir. A un moment donné, Eva, obsédée par un sentiment de culpabilité, retourne voir le coiffeur juif , rescapé du camp. Après son départ, il répond à son assistante qui lui demande ce que voulait la jeune femme:" Ils veulent qu'on les console". Cette réponse très juste m'a frappée.



Comment vivre avec le poids du passé familial, de l'Histoire, comment se construire avec des souvenirs traumatisants? A travers le destin d'Eva, l'auteure nous propose une reflexion passionnante, mêlant l'intime à l'universel. Un roman bouleversant . A lire!
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La Maison allemande

Un excellent roman sur l'Allemagne des années 60. Une petite famille classique qui voit les vieux démons de la seconde guerre mondiale sortir de terre. Entre les secrets des parents, le regard culpabilisant des enfants et un pays entier qui ne sait choisir entre demander un pardon inaccessible ou tourner définitivement la page, l'auteur a su se placer dans chaque cas de conscience. Se reconstruire est un travail pénible et douloureux, les enfants doivent-ils se sentir responsables des fautes de leurs parents, de ce qu'ils pensent être des fautes. Très agréable à lire, à dévorer même!!

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La Maison allemande

Lendemains de guerre.

Que faire de tous ces jours hors du temps, hors de l’Homme. Comment justifier l’abominable, l’inhumain ? Que faire de sa culpabilité ? Comment réparer l’irréparable ?



A toutes ces questions et bien d’autres, Annette Hesse essaie de répondre par l’intermédiaire de ses personnages, Allemands et Polonais, lors du second procès d’Auschwitz qui s’est tenu à Frankfort en 1963.



Contre l’avis de ses parents et de son fiancé, la jeune Eva Bruhns, interprète, accepte d’assister les témoins polonais lors du second procès d’Auschwitz, procès des dignitaires nazis redevenus des « gens comme tout le monde ». C’est une prise de conscience qui s’engage alors, prise de conscience personnelle, autour de sa famille et de la société allemande dans son entièreté.



Outre le devoir de mémoire face aux horreurs des camps de concentration durant le Troisième Reich, Annette Hesse explore la condition féminine dans les années 60.

Un très beau roman sur la construction de soi, le devoir de mémoire et la transmission du passé.

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La Maison allemande

C’est typiquement le type de récit que j’adore qui allie petite et grande histoire. La grande histoire c’est le procès des dignitaires nazis (gardiens, dirigeants et autres tortionnaires du camp d’Auschwitz) en 1963 en Allemagne de l’Ouest. La petite histoire c’est celle d’Eva qui de traductrice de notice va devenir interprète à ce second procès . Un procès où elle va aller de découverte en découverte et qui va la confronter à sa famille et son fiancé.

Portrait d’une époque, d’une Allemagne d’après-guerre divisée, désireuse d’oublier, et d’une jeune fille qui s’émancipe , ce roman est une vraie belle découverte ! A lire si ce n'est pas déjà fait 😉
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La Maison allemande

L'histoire se passe dans les années 60 au moment de l'Avent, un moment où l'Allemagne a un rituel strict. Eva vit à Francfort chez ses parents restaurateurs au "Deutsches Haus" (la maison allemande, titre français..).

Elle est traductrice de polonais et elle est fiancée à Jürgen Schoormann, un jeune héritier d'une entreprise de vente par correspondance.



C'est alors que démarre le second procès d'Auschwitz (1963), où doivent être jugés les crimes des dignitaires nazis.

Le tribunal la convoque d'urgence pour traduire du polonais en allemand les déclarations des victimes, témoins au cours du procès.

Eva ignore tout de ce qui s'est passé à l'époque. Très vite elle se heurte aux réticences de son fiancé qui ne supporte pas que sa future épouse soit mêlée à ce procès.



Eva va vite découvrir que ses compatriotes sont pour beaucoup frappés d'amnésie. Toute une génération semble être dans le déni. Comme le soulignent les journaux de l'époque, "70% des Allemands ne veulent pas de ce procès"...

La prise de conscience sera douloureuse pour Eva, d'autant plus que le procès va résonner douloureusement dans sa famille et rappeler de vieilles meurtrissures.

Au cours du procès, Eva va vite sympathiser avec le jeune juif canadien David Miller, engagé comme assistant du procureur, qui manque juste de se faire remplacer quand on découvre que son frère était mort dans le camp.

Il pourrait manquer d'impartialité mais son engagement et son ardeur à la tâche lui permettent de rester jusqu'au bout.



Le livre, haletant du début à la fin, nous montre l'Allemagne des années 60, éprise de confort, de croissance et de consommation (ah la découverte des nouvelles machines à laver par la mère d'Eva, la dynamique restauratrice Edith..). Une Allemagne qui veut oublier les atrocités de la guerre et pour beaucoup ce procès va remettre en cause beaucoup de choses.

Il s'avère en effet que le système nazi n'a pu fonctionner qu'avec de nombreuses complicités, tout au long de la chaîne, c'est ce qui va ressortir de ce procès.



Le procureur Fritz Bauer n'est pas nommé dans ce livre mais on ne peut s'empêcher de penser à lui, lui qui fut l'initiateur des procès d'Auschwitz.



Ce livre est une réussite, tant dans sa dimension humaine qu'historique. Le personnage d'Eva est une belle figure féminine. Elle n'hésite pas à braver sa famille et son fiancé pour mener à bien sa mission auprès du procureur.

L'atmosphère du procès est très bien rendue également: les victimes se retrouvent face à des accusés qui sont devenus des notables (pharmaciens, ingénieurs..) bien assis dans la société allemande d'après guerre. Pour ces victimes qui ont vécu tant d'atrocités, il sera bien difficile de faire entendre leur voix.



Eva est un beau personnage qui va construire sa personnalité en même temps qu'elle va découvrir le "revers de la médaille" qui va concerner la société allemande mais aussi sa famille.



L'auteure Annette Hess est allemande et originaire de Hanovre. Elle écrit des scénarios.

Elle est la créatrice des séries télévisées "Berlin 56 " et "Berlin 59", excellentes séries qui ont été diffusées sur Arte et qui relataient l'histoire d'une famille berlinoise dans les années 50.

Un très beau livre qui illustre une page dramatique de notre Histoire...
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La Maison allemande

Formidable cette maison allemande!

Passionnant, ce portrait de l'Allemagne des années 60. Un pays toujours antisémite, raciste, amnésique où le statut des femmes dépend du bon vouloir des hommes.



Une bonne petite famille unie et attachante, avec deux filles majeures, un petit garçon, et même un vieux teckel, vit au dessus du restaurant tenu par des parents aimants.



L'ouverture d'un procès qui doit juger la responsabilité d'anciens SS à la tête du camp d'Auschwitz bouleverse les esprits.



la dramaturgie enfle et gonfle jusqu'à exploser toutes les certitudes et rompre les équilibres basés sur le un négationnisme de confort.



Les accusés affichent une superbe indifférence lors du procès . Ces monstres n'ont pas le courage d'assumer leurs actes , leur déni arrogant est peut être leur dernier forfait.



Certains, dans cette famille ont leur part d'ombre nappée de silence. Eva, elle, va déclencher la curiosité et le courage d'interroger le passé. Cette histoire tue , inscrite dans l'inconscient guide pourtant toujours les pas de la deuxième génération .



Jamais ce récit ne tombe dans la facilité, cette histoire nous tient en haleine.

Bravo!
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La Maison allemande

Eva Bruhns, la plus jeune fille de Edith et Ludwig, propriétaires d'une auberge restaurant très appréciée dans une rue populaire de Francfort. Eva est interprète allemand-polonais et elle est contactée pour remplacer un interprète qui doit officier lors d'un procès devant juger des responsables du camp d'Auschwitz...En ce début des années soixante, ce procès divise, pourquoi remuer le passé, pourquoi dépenser autant d'argent pour ce procès qui débouchera sans nul doute par des acquittements, l'eau ayant coulé sous les ponts et les témoins de plus en plus rares n'ayant plus la précision des dates ou des lieux des sévices...Lors de ce long procès, la vie et les convictions et certitudes de la jeune Eva vont à jamais être bouleversées en côtoyant les témoins, les avocats, les accusés que, pour certains, elle connait bien, ses parents qui ont peu être connu certains évènements sans vraiment les combattre, ou encore son rapport avec son fiancé qui voit d'un mauvais oeil l'émancipation de cette jeune femme qu'il ne reconnaît plus et qui veut s'affirmer dans ce travail d'interprétation même s'il est douloureux.



Un roman d'Annette Hess, scénariste de Berlin 56 et Berlin 59, et qui, avec ce premier roman revient sur l'après nazisme, lors d'un procès organisé pour établir des culpabilités et si possible des condamnations pour les victimes d'Auschwitz. Par le biais d'une interprète, témoin privilégiée, le lecteur est au coeur des méandres juridiques, des doutes, des témoins qui ne peuvent oublier mais dont la mémoire est défaillante... Un roman qui aborde ces thèmes, des personnages bien dépeints mais les digressions dans la vie personnelle de l'héroïne, souvent hors propos ralentissent le rythme et on finit par m'ennuyer, j'ai souvent perdu le fil de l'intrigue en me demandant où elle voulait en venir avec plusieurs développements qui n'aboutissent pas vraiment David Miller dont on n'a plus de nouvelles, sa soeur aînée Annegret et son action à l'hôpital...).

la maison allemande est un roman intéressant pour son thème mais dont le traitement délayé aurait pu être un peu plus percutant avec une centaine de pages en moins.
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La Maison allemande

Ce livre est tout autant un roman initiatique qu’une œuvre mémorielle car, à travers le second procès d’Auschwitz, c’est l’histoire d’une jeune allemande qui prend conscience de son individualité et celle d’une jeunesse qui (re)découvre son histoire récente, une histoire dont les générations précédentes ne veulent plus entendre parler.

Quand Eva Bruhns est sollicitée pour traduire les dépositions de témoins polonais, elle ne sait pas que cette décision va bouleverser sa vie. Jusqu’ici, Eva est une jeune fille qui aspire à une vie tranquille, elle se voit mariée à son fiancé Jürgen, un fils de bonne famille austère et exigeant, vivant sereinement sous son toit. Sa décision d’ailleurs de participer à ce procès dérange Jürgen mais aussi ses parents et surtout sa mère qui ne comprend pas qu’on puisse évoquer de nouveau le nazisme. Jürgen exerce même un chantage contre Eva : c’est lui et le mariage ou rien si elle s’obstine à vouloir servir d’interprète. Contre toute attente, Eva ne cède pas et, tous les jours ou presque, elle se rend au procès et traduit des témoignages terribles qui la bouleversent et semblent réveiller en elle des souvenirs d’une petite maison dans un endroit étrange. Comment pourrait-elle se souvenir de quoi que ce soit d’Auschwitz ? C’est en interrogeant ses parents et surtout sa mère qu’elle réalise qu’elle a vécu là-bas car son père y travaillait comme cuisinier pour les gardes… « Nous étions heureux » lui déclare sa mère quand Eva, horrifiée, lui demande comment son père et elle ont pu accepter de travailler dans ce camp d’extermination. Cette affirmation fait froid dans le dos et Eva mesure à quel point ses parents, pourtant de braves gens, ont participé à leur manière à la mort de milliers de gens et que leur silence fait d’eux des coupables sinon des complices. Quand le procès prend fin sans satisfaire vraiment les accusés et les victimes, Eva est une autre femme et le regard qu’elle porte sur son pays, sur ses parents a complètement changé. J’ai beaucoup aimé ce roman et l’évolution de cette jeune fille qui en sort métamorphosée. A lire donc !




Lien : https://labibdeneko.blogspot..
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La Maison allemande

Sans doute au vu des critiques élogieuses des babeliotes et de mon intérêt pour le sujet, j'attendais beaucoup de cette lecture dont le thème porte sur la dénazification du peuple allemand, le devoir de mémoire et le procès d'Auschwitz à Francfort en 1963.



Eva est une jeune femme engagée pour servir d'interprète lors de ce procès et près de 20 ans après la guerre donc, en tant que nouvelle génération, elle découvre à cette occasion les horreurs qui ont été perpétrées et la culpabilité qu'elle lui inspirent...



Malheureusement, ce qui aurait pu s'avérer fort émouvant et intéressant - tel que je me représentais ce roman - a été pour moi une histoire sans relief qui s'est diluée dans de trop nombreux sujets comme la domination masculine, la maladie mentale, les secrets de famille,...



Je me suis ennuyée lors de ces passages trop nombreux qui font pâle figure à côté du sujet principal...

Tout dépend en réalité le niveau de ses attentes : j'attendais un roman historique, et si effectivement cet aspect est présent en filigrane, l'aspect "roman" prend selon moi le dessus.



Je tempère cela dit mon avis qui n'est d'abord que subjectif et parce que je sais combien trop attendre d'une lecture, c'est prendre forcément le risque d'en sortir déçu(e).
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La Maison allemande

En Allemagne en 1963 s'ouvre le deuxième procès contre les crimes de guerre.

Eva, jeune femme au sein d'une famille aimante, fiancée à un jeune héritier d'une famille aisée, est engagée par le ministère comme traductrice.

Elle prend en plein cœur tous les bouleversants témoignages.

Des souvenirs troubles d'enfance lui reviennent et elle cherche à connaître toute la vérité sur elle, sur sa famille.

Voilà un magnifique roman sur la culpabilité intergénérationnelle, sur la culpabilité de toute une nation.

Un sujet bien souvent utilisé en littérature.

Ici, il est parfaitement analysé.

L'histoire est prenante, captivante, émouvante.

Tout est juste, efficace, et le lecteur est happé par ce procès, par la vie d'Eva.

Le pardon existe-t-il face à l’inhumain ?

les enfants doivent-ils se sentir coupables de leurs parents ?

Comment Eva parviendra-t-elle à se construire avec tout ce qu'elle a entendu ?

C'est un livre qui offre avec un égal talent une réalité historique et un très beau portrait de femme.

Personnages principaux et personnages secondaires sont parfaitement à leur place, l'auteur nous décrivant toutes les facettes de leur personnalité.
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La Maison allemande

Alors que s’ouvre le « Second procès d’Auschwitz » en 1963 à Francfort-sur-le-Main en Allemagne, l’auteure explore l’état d’esprit d’une société et le refus de mémoire dans l’Allemagne d’après-guerre.



Eva, jeune femme vivant chez ses parents, est engagée comme traductrice lors du procès jugeant d’anciens dignitaires nazis qui devront répondre de leurs crimes.

Eva agit contre l’avis de ses proches, la réticence de sa famille et de son fiancé l’interpelle, elle essaie d’en savoir plus, connaître les raisons, comprendre leurs attitudes.

L’incompréhension, la confusion, l’effarement s’emparent d’elle face aux réactions laissant planer le doute sur de possibles implications et responsabilités.



Eva s’interroge sur les difficultés à se souvenir. Bon nombre semble désapprouver le fait de remuer le passé.

Pourquoi préférer laisser des souvenirs enfouis aux fins fonds de la mémoire ? Est-ce pour taire une complicité, par déni, par ignorance… Ambiguïté, prise de conscience.



Certains cherchent à occulter des choses, ne pas savoir, oublier, pour s’éviter un lien avec des crimes abominables ? Renier une culpabilité ?

D’autres, par leur courage, forcent le respect en témoignant d’atrocités, survivants du camp de la mort.



Et quand la vérité explose à la figure, quelles conséquences ?

Eva en ressortira à tout jamais changée.



Une ambiance entre réflexion sur la condition des femmes et devoir de mémoire.

*

J’ai trouvé un manque de fluidité et une certaine froideur (style d’écriture ou traduction, je ne sais pas) pour réussir à apprécier pleinement ma lecture.

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La Maison allemande



C'est un roman captivant paru chez Actes Sud, et un sujet encore rarement traité: la génération allemande des années 60.

Ces jeunes gens se trouvent dans une situation malaisée, l'horreur perpétrée par la génération qui les précède pose cette question fondamentale pour eux: mes parents, mes grands parents , comment ont-ils agi?

C'est la question que viendra à se poser Eva, fille d'aubergistes à Francfort en 1963. cette jeune fille est interprète , et il lui est proposé d'accompagner des témoins rescapés lors du second grand procès des dignitaires nazis, ce procès là se tient dans sa ville. Elle accepte , contre l'avis de son fiancé(d'un autre milieu) et de ses parents.D'ailleurs , nul ne veut remuer le passé.

Eva se trouve donc confrontée à une mise à jour du passé national et aux questions qui en découlent, la culpabilité, le pardon, les victimes, la mémoire.

Un très beau roman qui se lit avidement grâce à une intrigue solide et une belle traduction.
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La Maison allemande

Que dire d’un tel livre si ce n’est qu’il faut le lire pour se faire une idée de l’état d’esprit de la génération allemande née pendant ou peu après la guerre, une génération dont les parents et proches avaient nécessairement vécu cette période d’une façon ou d’une autre. Pendant les quelques années où j’ai vécu en Allemagne, j’ai pu constater l’importance du travail de mémoire effectué et la sensibilité des allemands sur le sujet. Ce livre en parle très bien, de façon prenante, très simple et émouvante.
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La Maison allemande

Dans l’Allemagne des années soixante, Eva, une jeune femme d’une vingtaine d’années et quelques, vit un moment clef de sa vie : elle va présenter son fiancé Jürgen à ses parents. Aucune raison pour que cela ne se passe pas bien, cependant, elle est nerveuse : ses parents sont de modestes restaurateurs alors que la famille de son fiancé est fortunée grâce à une entreprise florissante. Inquiétude vaine car le repas sera troublé par un tout autre aléa : elle est appelée en tant qu’interprète pour remplacer au pied levé un confrère qui devait travailler avec le Ministère public sur des dépositions de témoins d’origine polonaise. Malgré son inexpérience et une certaine forme de candeur, ses compétences sont reconnues et requises pour un avenir proche : assurer la traduction en direct et simultané des témoignages déposés au cours du «second procès d’Auschwitz» par les rescapés et témoins du camp.

Contre l'avis de ses parents ainsi que de son fiancé, Eva va accepter cette mission. Se profile alors pour elle un véritable éveil de conscience par la prise de connaissance des horreurs perpétrées pendant la guerre, une révélation pour cette jeune femme devant certains aspects de l’histoire de son pays, mais aussi de sa propre histoire familiale.



C’est un roman puissant et terriblement prenant que nous livre là Annette Hesse. Tout à l’image de son héroïne principale, il démarre avec légèreté et futilité pour se tourner l’air de rien vers le sérieux et la gravité.

Alternant son récit entre réflexion sur la condition de la femme et devoir de mémoire, l’auteure ne laisse que peu de répit à son lecteur grâce à la succession rythmée de paragraphes vifs et précis. Il s’agit aussi d’une réflexion sur l’Allemagne de l’après-guerre, avec la description d’une jeunesse laissée presque volontairement dans l’ignorance par la génération qui la précède, qui préfère tout enfouir aux tréfonds de l’oubli. C’est alors pour ces jeunes gens, au moment de la révélation, inévitable, le poids de la culpabilité et la question terrible de la transmission…



Un roman passionnant sur un thème délicat que je n’avais encore jamais vu abordé en roman. Troublant...

A lire !
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La Maison allemande

Je me souviens avoir vu il y a quelques années au cinéma "Le Labyrinthe du Silence" et en être sortie complètement bouleversée, presque transie. L'histoire de ce jeune procureur qui, en 1958, se lance dans la recherche acharnée et douloureuse de pièces décisives sur Auschwitz-Birkenau afin d'instruire, enfin, celui qu'on appellera "le second procès d'Auschwitz" m'avait passionnée et ébranlée autant parce qu'elle remue les cendres de la barbarie que par ce qu'elle disait de l'Allemagne de l'après-guerre déchirée entre l'envie d'oublier pour avancer, le poids terrifiant de la culpabilité et la peur.

Celle de savoir qui était vraiment l'affable voisin qu'on salue chaque jour pendant la guerre.

Celle de découvrir ce que faisait vraiment entre 1933 et 1945 ce père tant aimé ou ce grand-père adoré, cet oncle rieur...



J'avais à l'époque cherché des romans qui reprendraient ce thème magnifiquement mis en scène par Giulio Ricciarelli mais sans trop de succès... jusqu'à tout récemment et à "La Maison Allemande", premier roman de l'hanovrienne Annette Hess.



Nous sommes à Francfort-sur-le-Main au début des années 1960. Eva est la fille de modestes restaurateurs, aimants et travailleurs. La jeune femme, qui s'apprête par ailleurs à convoler avec le fils d'une des fortunes de la ville, a pu suivre les études de son choix et peut prétendre à la profession d'interprète. C'est grâce à sa maîtrise du polonais qu'elle est d'ailleurs contactée par le tribunal qui a besoin de ses services pour traduire en direct lors des audiences les dépositions que feront les survivants.

Alors que tous autour d'elle cherchent à l'en dissuader, de ses parents et sa sœur à son fiancé, Eva accepte ce travail.

Elle qui ignore tout ou presque du passé ne sait pas encore à quel point cette mission va la bouleverser et la changer à jamais, à quel point aussi, il va lui faire mal et éclabousser sa vision des siens, de sa famille.



"La Maison Allemande" est un roman porté par un grand souffle dramatique et d'une incroyable puissance.

Captivant, alternant moments de tension et brusques sursauts d'émotions, passages s'encrant purement dans la veine du roman historiques et pans se consacrant à l'introspection et à la psyché des personnages, le roman est une réussite toute de justesse et d'empathie qui rend un bel hommage aux acteurs du procès tout en brossant le très beau portrait d'une jeune femme en construction, qui en se lançant sur le chemin de la reconnaissance d'un passé douloureux s'engage pleinement pour pouvoir avancer enfin, à l'image de cette Allemagne, si sombre encore et alors que les Beatles envahissaient les ondes.

Nécessaire et passionnant. Ereintant, haletant mais magnifique...avec une pensée toute particulière pour les personnages de David Miller, d'Otto Cohn et du père d'Eva, profondément humains, poignants et parfaitement construits.





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La Maison allemande

Ana vient d’une famille modeste. Ses parents tiennent un restaurant. Elle a une sœur plus vieille qu’elle et un petit frère. Nous sommes quelques années après la deuxième guerre mondiale, dans une Allemagne qui tente d’oublier ses tourments. Mais voilà que s’ouvre le deuxième procès contre des criminels de guerre, responsables de millier de morts à Auschwitz. Ana sera appelé à venir traduire les témoignages de Polonais qui viennent décrire les horreurs perpétrés dans ce camp de la mort. Au fil du procès un malaise grandi chez la jeune adulte ; elle a l’impression que l’Histoire est mêlée à son histoire personnelle. Des secrets de famille seront alors dévoilés, bouleversant à tout jamais la vie d’Ana. Bien que l’histoire reste une fiction, les témoignages et les verdicts entendus lors de ce procès sont basés sur de réelles paroles. Des paroles enrageantes, troublantes, émouvantes… Des paroles qui blessent l’âme, mais qui sont nécessaire à entendre encore et encore pour ne pas oublier ce fait atroce du passé. Une lecture dure, mais que je ne regrette pas du tout. J’ai beaucoup aimé la plume de l’auteure et les histoires parallèles au procès avaient leur juste place.
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La Maison allemande

Un très beau roman, qui allie justesse, sensibilité, efficacité et empathie sur cette génération d'enfants nés au début de la seconde guerre mondiale et qui doit se construire sur les ruines et les horreurs du nazisme et de la guerre.

« La maison allemande » est un voyage dans le passé, qui nous fait revivre cette triste période et cette ambiance étouffante, oppressante et honteuse à travers l'histoire d'Eva et de sa famille.

La couverture est superbe, toute en retenue et sobriété et révèle de nombreux sens à mon avis. On y voit une jeune femme qui observe le lecteur au travers d'une grosse loupe, comme si elle voulait nous observer avec minutie. Mais le verre de la loupe est noir, montrant son aveuglement, son incapacité à y voir avec lucidité. Son visage caché par cette loupe montre aussi sa face cachée, son histoire qui lui est dissimulée et à travers elle, celle de toute cette génération d'enfants née après la guerre.

*

Eva est une jeune femme insouciante issue d'une famille sans problème et travailleuse. de parents restaurateurs, elle rêve, un peu candidement, d'ascension sociale en faisant un beau mariage avec Jürgen, un homme ténébreux et renfermé dont le père est un riche entrepreneur.

*

Nous sommes en 1963, et s'ouvre à Francfort le second procès contre d'anciens dirigeants nazis. Engagée comme interprète polonaise pour traduire les témoignages des rescapés du camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, Eva ressent de la peur et un certain malaise face à la tâche et la responsabilité qui l'attend.

Confrontée à la réticence, voire l'opposition de ses proches, la curiosité du lecteur est tout de suite attisée, se demandant ce que ses parents et son futur époux ont vécu pour réagir de cette manière.

*

Dans cette ambiance d'après-guerre très bien décrite, Annette Hess nous fait revivre ce procès au côté d'Eva, des témoins, des accusés et des membres du tribunal. On suit les avancées du procès, le détermination et la force des témoins face à leurs tortionnaires, leur sentiment de culpabilité aussi d'avoir survécu à l'horreur. L'auteure nous fait ressentir les atrocités des camps sans pour autant les décrire et j'ai trouvé cela très intéressant.

C'est avant tout le parcours d'Eva et à travers elle, celui de tous ces enfants de l'après-guerre, vers la vérité, l'acceptation et la reconstruction qui est au coeur de ce roman.

*





Même si c'est secondaire, j'ai beaucoup aimé la manière dont l'auteure a traité de la condition des femmes dans les années 60 à travers l'évolution du personnage d'Eva qui va devenir une femme responsable, mature et indépendante.

*

Traité avec prudence et délicatesse, sans accuser, sans haine ni rancoeur, ce roman est une réflexion sur la responsabilité de ces bourreaux le plus souvent des gens « ordinaires », des bons pères de famille, des grands-parents bienveillants et affectueux. Si ces hommes sont coupables des atrocités perpétrées dans les camps de concentration, que penser du reste de la population allemande qui savait ? Par leur silence durant la guerre et après la guerre, par leur volonté d'oublier à tout prix ce qui s'est passé, ne se sont-ils pas rendus complices de la mort de milliers de gens ?

En effet, 70 % des allemands ne voulaient pas de procès chargés de juger les responsables de crimes commis pendant l'époque nazie. Pourquoi remuer le passé ?

*

Annette Hess s'est beaucoup documentée à partir des archives du premier procès, nous dévoilant la part sombre de chacun, les blessures physiques et psychologiques de la guerre.

Un sujet sensible, encore très actuel, celui de ces enfants allemands qui portent en eux « la responsabilité de leurs parents », de ces silences étouffants dans les familles qui cachent des traumatismes profonds et un sentiment de culpabilité.

Des sentiments forts comme la peur, la honte, la lâcheté, le déni, le courage habitent ce très beau roman. Il est aussi question du devoir de mémoire pour ne pas oublier l'impensable et éviter de reproduire les erreurs du passé. Un très beau roman que je vous conseille très fortement.

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La Maison allemande

Et voici mon premier coup de coeur de 2021, et un coup de coeur auquel je ne m'attendais pas. Et comme à mon habitude, lorsque j'ai un coup de coeur, je sens que je vais avoir des difficultés à écrire mon billet. Une preuve? Voici deux mois que j'en ai terminé la lecture et je m'attèle juste aujourd'hui à en parler (bon, ça, mais aussi de grosses journées de travail qui, si elles me laissent encore le temps de lire, ne me donnent pas très envie de rester derrière mon ordinateur pour écrire mes avis).



Je vais essayer de faire simple.

Déjà, je ne sais pas si cela vous arrive ou vous est déjà arrivé - je suis presque sûre que oui - mais dès les premières pages j'ai su que ce roman et moi on allait être copains. J'ai été embarquée dès les premières lignes, transportée dans cette Allemagne de l'Ouest des années 60, auprès d'Eva que je n'ai ensuite jamais quittée. Je me suis retrouvée en empathie totale avec cette jeune femme qui veut comprendre ce que tout le monde préfère lui taire.

Née au tout début de la guerre, Eva a grandi avec l'idée qu'elle était coupable. Coupable d'être allemande alors qu'elle n'était, en cette guerre qui n'était pas la sienne, qu'une enfant. Elle a aussi grandi dans les non-dits et les silences, les Allemands de 1960 préférant oublier ou mettre un mouchoir dessus plutôt qu'affronter leur passé récent. Mais un procès retentissant, considéré comme un Nuremberg bis, chargé de juger les bourreaux d'Auschwitz n'ayant pu l'être lors du précédent, s'apprête à se dérouler à Francfort. Et on demande à Eva, interprète allemand-polonais, d'y prendre part. Elle acceptera malgré l'hostilité de ses parents et de son fiancé. Ce procès finira par lui apporter des réponses aux questions qu'elle ne se posait pas.



J'ai aimé ce roman de A à Z, de l'histoire à l'écriture, de la narration au dénouement. Je n'y ai trouvé aucune longueur, tout avait selon moi de l'importance; la plume de l'auteure, très fluide, y est certainement pour quelque chose. Si j'ai adoré notre héroïne, j'ai aussi eu beaucoup de plaisir à suivre les autres personnages, les trouvant tour à tour touchants ou exaspérants, Annette Hesse ayant pris le temps de les rendre complexes, et finalement, humains. Et la fin, la fin, m'a beaucoup émue, et même si j'ai ressenti une certaine pointe de tristesse, je pense que ça ne pouvait pas se passer autrement.



Je tiens à rassurer les futurs lecteurs qui rechigneraient à lire un énième roman sur la deuxième guerre mondiale: en effet, si le sujet s'y porte, il est traité de manière différente de ce qu'on a l'habitude de lire puisque se situant plus de 15 ans après sa fin. J'ai appris pour ma part beaucoup de choses.



En résumé, un livre touchant sur la transmisssion, le sentiments d'appartenance, les secrets; sur l'histoire et la culpabilité que nous héritons de nos parents mais aussi sur le devoir de mémoire que chacun porte en soi.



Lu en janvier 2021





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La Maison allemande

« Ce qui s’est passé pendant la guerre est horrible, mais on n’a plus envie d’en entendre parler »



Voici ce qui résume à peu près l’état d’esprit de la population allemande de l’après-guerre. Lorsque la nouvelle génération découvre et questionne, les réponses restent évasives, illustrant cette ambivalence d’une société coupable mais autiste au passé et à l’autocritique.



La jeune Eva est recrutée comme interprète polonaise dans un procès d’anciens nazis du camp d’Auschwitz et cet engagement, générant colère et sidération, va mettre en péril son bonheur et sa famille. En dépit des pressions de son entourage, elle s’engage avec détermination vers la recherche de la vérité et la compréhension du passé.



On est dans les années 60, le pays s’est relevé, la dénazification est faite depuis longtemps mais le pays a toujours des relents nauséabonds sectaires et antisémites. L’auteur nous plonge à la fois dans une normalité quotidienne sociale où la peur de devoir rendre des comptes reste insidieuse, et dans une antichambre de l’horreur avec des accusés, redevenus de banals citoyens intégrés et respectés.



Malheureusement, ce qui était légal hier ne peut pas être jugé illégal aujourd’hui. Les procès ont plus valeur de mémoire que de justice.



Un livre assez glaçant, toujours juste et mesuré, qui interroge sur la culpabilité, la honte et la résilience collective. Une approche littéraire digne d’intérêt sur l’après-guerre allemande et la prise de conscience d’une jeunesse confrontée aux parcours de ses aînés.

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