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Critiques de Annette Hess (65)
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La Maison allemande

Ce livre est un coup de projecteur sur le procès de Francfort qui a eut lieu en Allemagne entre 1963 et 1965.

Lors de ce procès, 21 personnes furent jugées pour avoir tenu des rôles importants dans le fonctionnement du camp de concentration d'Auswitch.



C'est au travers du personnage d'Eva, jeune femme d'une vingtaine d'années, que l'on va se poser des questions auxquelles il est encore difficile de répondre.

Fallait-il, en plein milieu des années 60, tirer un trait sur le passé ou bien raviver les plaies pour condamner les tortionnaires de ce camp ?

Eva est terriblement marquée par l'apparence "ordinaire" et respectable de ces bourreaux.



Dans "La maison allemande", Annette Hess s'attache à restituer toute la dimension et la signification de ce procès pour les allemands de cette époque.

Le récit est volontairement lent (et pourront paraître long à certains), afin que le lecteur s'imprègne bien de l'époque, des mentalités et de la psychologie et des états d'âme des personnages.



Livre réussit et totalement d'actualité car en octobre 2021, un ancien caporal-chef de la division "Totenkopf" (Tête de mort) des Waffen-SS (aujourd'hui âgé de 101 ans), est poursuivi pour "complicité de meurtres" de 3.518 personnes dans le camp de Sachsenhausen, près de Berlin, entre 1942 et 1945.

Questions et débat toujours d'actualité dans l'allemagne d'aujourd'hui.
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La Maison allemande

Je retrouve , curieux hasard, Francfort , comme dans le roman policier que je viens de lire. Mais l'histoire se déroule en 1963, au moment du second procès d'Auschwitz.



Le personnage principal, Eva, est une jeune femme un peu naïve et ignorante quant au passé récent, d'autant plus que ses parents, restaurateurs, ne parlent jamais de la guerre et du nazisme.Elle est sollicitée de temps en temps comme interprète. Et voila qu'on lui propose de servir de traductrice pour des témoins polonais, vu sa bonne connaissance de cette langue.



Tout son entourage s'oppose à sa participation au procès: sa famille, son fiancé fortuné, Jurgen. Le lecteur assiste au parcours difficile d'Eva, qui découvre la réalité des camps avec horreur, les chambres à gaz, les tortures...De cruelles vérités vont se révéler à elle, concernant ses parents. Elle gagnera sa liberté de femme, suivra sa conscience, mais perdra ses certitudes et la douceur du cocon familial .



Il est intéressant d'observer ces générations allemandes d'après guerre, qui se sont senties responsables des forfaits commis par leurs parents, ou de leur complicité passive. Comme les accusés du procès, ils prétendaient ne pas savoir. A un moment donné, Eva, obsédée par un sentiment de culpabilité, retourne voir le coiffeur juif , rescapé du camp. Après son départ, il répond à son assistante qui lui demande ce que voulait la jeune femme:" Ils veulent qu'on les console". Cette réponse très juste m'a frappée.



Comment vivre avec le poids du passé familial, de l'Histoire, comment se construire avec des souvenirs traumatisants? A travers le destin d'Eva, l'auteure nous propose une reflexion passionnante, mêlant l'intime à l'universel. Un roman bouleversant . A lire!
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La Maison allemande

Francfort, 1963. Eva Bruhns a 25 ans. Elle habite chez ses parents, propriétaires du restaurant Deutsches Haus -la Maison allemande- et travaille comme traductrice du polonais pour des entreprises (traduction de contrats, de modes d'emploi...) en attendant que son petit ami, Jürgen, se décide à la demander en mariage. Jürgen est le fils et l'héritier d'un chef d'entreprise prospère et il est bien entendu avec lui que sa femme ne doit pas travailler. Eva se satisfait de l'idée d'être bientôt "dirigée" par son mari quand on lui demande d'assurer la traduction des dépositions des témoins polonais au "second procès d'Auschwitz" qui va s'ouvrir à Francfort. A ce procès ont été jugé des Allemands qui avaient participé au fonctionnement du camp d'Auschwitz. Cette expérience va être un bouleversement complet pour Eva. D'abord elle s'oppose à ses parents et à son fiancé qui pensent soit qu'il ne faut pas remuer le passé soit que ce n'est pas sa place. Ensuite elle découvre le crime de génocide dont elle n'avait aucune idée et commence à se poser des questions sur ce qu'ont fait ses parents pendant la guerre.



En s'appuyant sur les archives de ce procès historique Annette Hess présente les très grandes violences qui se sont déroulées dans le camp d'Auschwitz. Son sujet est aussi le retour de la mémoire. Si beaucoup, avant le procès, disent comme les parents d'Eva qu'il ne sert à rien de remuer le passé, l'affluence aux audiences (on dut refuser du monde) montre l'intérêt du public pour la question. Dans les années 1960 toute une génération née juste avant ou pendant la seconde guerre mondiale s'est interrogée sur la façon dont ses parents avaient pu tremper dans les crimes du régime nazi.



Je suis choquée par ce que je découvre du comportement des accusés durant le procès. Non seulement ils nient tout mais ils se moquent ouvertement des témoins : ils ricanent entre eux, un prévenu lit le journal durant une déposition. Annette Hess salue en fin d'ouvrage le grand courage qu'il a fallu aux survivants pour déposer dans ces conditions.



J'ai apprécié la lecture de ce roman qui décrit aussi l'affirmation d'une jeune femme. L'écriture est très vivante avec de nombreux personnages secondaires qui ont eux-mêmes leurs histoires. Annette Hess est scénariste de séries télévisées. J'avais apprécié sur Arte Berlin 56 et Berlin 59 où est aussi abordée la question de la complicité des Allemands à la shoah.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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La Maison allemande

Que dire d’un tel livre si ce n’est qu’il faut le lire pour se faire une idée de l’état d’esprit de la génération allemande née pendant ou peu après la guerre, une génération dont les parents et proches avaient nécessairement vécu cette période d’une façon ou d’une autre. Pendant les quelques années où j’ai vécu en Allemagne, j’ai pu constater l’importance du travail de mémoire effectué et la sensibilité des allemands sur le sujet. Ce livre en parle très bien, de façon prenante, très simple et émouvante.
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La Maison allemande

Un roman au thème dur et puissant ! L’histoire revient sur le deuxième procès d’Auschwitz, un procès que les Allemands ou du moins une génération, auraient voulu qu’il n’est jamais lieu. Un passer honteux qu’on veut enterrer sous le tapis. Mais qui tenace resurgit pour les montrer du doigts. De sombres secrets en non dits, nous assistons au déchirement d’une famille unies. Peut-on tout pardonner à la famille ? Eva , notre héroïne n’en est pas si sûr.
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La Maison allemande

blabla
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La Maison allemande

Voilà un livre que j'ai adoré et qui m'a beaucoup intéressée. Nous suivons la vie d'une jeune femme, Eva, dans les années soixante et qui est traductrice pour des témoins polonais d'un procès sur de nazis ayant massacré et tué des juifs à Auschwitz. Alors qu'elle vit une vie plutôt paisible avec sa famille et son fiancé, Eva va être confronté à la résurgence de sa mémoire et découvrir que le passé contient des secrets enfouis. Un travail remarquable de l'auteur au travers de la fiction pour traiter la vision des allemands sur leur propre vécu de la seconde guerre mondiale où déni et révolte se mêlent. Un premier livre également réussi pour décrire le parcours initiatique d'une jeune femme vers l'âge adulte et que je recommande.
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La Maison allemande



C'est un roman captivant paru chez Actes Sud, et un sujet encore rarement traité: la génération allemande des années 60.

Ces jeunes gens se trouvent dans une situation malaisée, l'horreur perpétrée par la génération qui les précède pose cette question fondamentale pour eux: mes parents, mes grands parents , comment ont-ils agi?

C'est la question que viendra à se poser Eva, fille d'aubergistes à Francfort en 1963. cette jeune fille est interprète , et il lui est proposé d'accompagner des témoins rescapés lors du second grand procès des dignitaires nazis, ce procès là se tient dans sa ville. Elle accepte , contre l'avis de son fiancé(d'un autre milieu) et de ses parents.D'ailleurs , nul ne veut remuer le passé.

Eva se trouve donc confrontée à une mise à jour du passé national et aux questions qui en découlent, la culpabilité, le pardon, les victimes, la mémoire.

Un très beau roman qui se lit avidement grâce à une intrigue solide et une belle traduction.
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La Maison allemande

En Allemagne en 1963 s'ouvre le deuxième procès contre les crimes de guerre.

Eva, jeune femme au sein d'une famille aimante, fiancée à un jeune héritier d'une famille aisée, est engagée par le ministère comme traductrice.

Elle prend en plein cœur tous les bouleversants témoignages.

Des souvenirs troubles d'enfance lui reviennent et elle cherche à connaître toute la vérité sur elle, sur sa famille.

Voilà un magnifique roman sur la culpabilité intergénérationnelle, sur la culpabilité de toute une nation.

Un sujet bien souvent utilisé en littérature.

Ici, il est parfaitement analysé.

L'histoire est prenante, captivante, émouvante.

Tout est juste, efficace, et le lecteur est happé par ce procès, par la vie d'Eva.

Le pardon existe-t-il face à l’inhumain ?

les enfants doivent-ils se sentir coupables de leurs parents ?

Comment Eva parviendra-t-elle à se construire avec tout ce qu'elle a entendu ?

C'est un livre qui offre avec un égal talent une réalité historique et un très beau portrait de femme.

Personnages principaux et personnages secondaires sont parfaitement à leur place, l'auteur nous décrivant toutes les facettes de leur personnalité.
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La Maison allemande

Excellemment bien écrit (et donc traduit aussi !). Exercice difficile de faire vivre des personnages à travers un événement historique sans édulcorer celui-ci, ni avoir des personnages fantômes. L'auteur réussit la gageure de nous plonger dans cette époque avec une justesse infinie et un sens de l'écriture parfait. Rien ne semble gratuit, on voit tout le quotidien et le grandiose à travers les yeux de son héroïne. A ne pas manquer !
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La Maison allemande

Scénariste de renom outre Rhin, Annette Hess signe avec La maison allemande un premier roman original par l'angle qu'il donne au lecteur sur l'après-guerre en Allemagne. Il serait plus juste d'ailleurs de parler d' "après nazisme". Car c'est du procès de responsables nazis ayant sévi dans le camp d'Auschwitz-Birkenau dont il va être question dans ce roman. Eva, interprète en langue polonaise va se trouver sollicitée pour traduire le témoignage de rescapés du camp venus témoigner lors du procès.

Fille cadette d'un couple de restaurateurs allemands ordinaires, plutôt sympathiques, généreux et appréciés, exerçant leurs talents dans un restaurant populaire «deutsches haus », elle va par son activité d'interprète pendant le procès remonter le fil de sa propre mémoire.

De témoignage en témoignage, Eva va sortir de la léthargie et de l'indifférence ambiantes, se confronter aux réalités d'un passé tout proche, celui de sa propre famille et de tout un peuple…

Plusieurs personnages gravitent autour de l'héroïne qui chacun par touches juxtaposées incarnent un aspect de cette période post apocalyptique si complexe. le texte n'est pas exempt de défauts comme par exemple l'aspect inabouti de certaines relations ébauchées, qu'on aurait aimé voir davantage fouillées, ou encore la froideur du récit qui aurait souvent gagné à être plus investi émotionnellement…(Peut-être un style un peu trop scénaristique.)



Mais c'est un roman très intéressant et courageux qui offre au lecteur un point de vue sur le nazisme du quotidien ayant investi chaque strate de la société au point de la gangrener dans sa totalité.

*"Jamais ce “Reich” n'aurait pu fonctionner comme il l'a fait si la plupart des gens n'y avaient pas adhéré", dit un des personnages.

C'est aussi un regard acéré sur le déni de réalité, l'absence de culpabilité, la déshumanisation d'exécutants qui refusent d'assumer une once de responsabilité, quitte à nier le crime, et la lâcheté, la soumission par la terreur, donnant à voir sans fard l'infinie laideur humaine .

J'y ai vu une très bouleversante métaphore de l'actualité qui n'est pas sans rappeler certains aspects de cette sombre période. En tout cas, l'ambiguïté, la complicité du monde médical sous couvert de sciences pose question. Et la disparition des principes moraux en quelques injonctions autoritaires aussi!



Dans la quatrième partie du roman, la meilleure à mon avis, le travail d'investigation et d'enquête que font une partie des protagonistes de cette histoire sur les lieux du crime, c'est-à-dire à l'intérieur du camp d'extermination donne lieu à des passages poignants qui m'ont beaucoup touchée et dont j'ai trouvé le ton juste.

La fin du roman est particulièrement réussie. Les tensions sont à leur comble, les liens se distendent, les émotions se cristallisent jusqu'au dénouement.

Une très belle découverte.

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La Maison allemande

Intéressante émancipation sociale, politique et humaine d’une femme par le travail (interprète polonais-allemand au « 2e procès d’Auschwitz » en 1963), contre l’avis de ses proches parents et fiancé. Personnages crédibles, sauf peut-être la sœur, dont les excès représentent peut-être cette période, une histoire bien construite qui documente le refus de mémoire de l’Allemagne d’après-guerre.
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La Maison allemande

Superbe roman sur l'Allemagne d'après-guerre au début des années 1960.

La façon choisie, à travers les propos recueillis par l'interprète Eva pour revenir sur les atrocités commises par les nazis, est exceptionnelle.

On suit fébrilement l'héroïne du roman donc, Eva, jeune allemande qui a suivi des études d'interprète en langue polonaise.

Elle est la fille de modestes restaurateurs allemands, a un petit-frère et une sœur aînée et un fiancé de bonne famille.

On est en 1963, et une très grande majorité du peuple allemand ne veut pas de ce second procès d'Auschwitz.

Eva est alors appelée au tribunal pour traduire les dépositions des survivants et donc des témoins, mais aussi ceux des accusés.

Et on découvre alors que ces accusés sont : ingénieur, pharmacien, gynécologue, agriculteur, bref un panel de citoyen un peu comme des gens ordinaires, vivant paisiblement en toute impunité, alors qu'ils sont accusés de la mort de centaines de milliers d’innocents..

Tous ces accusés plaident "non coupables" avec beaucoup d’aplomb.



Cette histoire est terrible et passionnante à la fois, très très bien écrite, avec un style fluide et prenant qui nous empêche presque de poser le livre.

Les témoignages des uns et des autres, les secrets enfouis aussi dans la famille d'Eva ou de son fiancé, le comportement déstabilisant et effroyable de sa propre sœur Annegret, en font un roman bouleversant et magnifique.



La fin est très justement réfléchie avec la maturité acquise par Eva lors de ce procès, et pour moi, il n'y avait pas d'autres alternatives…

A découvrir absolument.
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La Maison allemande

J'ai lu mi-novembre que Disney+ en avait produit l'adaptation en une minisérie de 5x1 heure.

Il faut espérer que cette série soit à la hauteur de ce livre qui décrit de l'intérieur ce qu'à pu être la société allemande dans les années d'après-guerre, entre déni, aveuglement, fuite en avant et restauration d'une "normalité". Et évoque avec justesse le "réveil" de cette jeune traductrice, de la naïveté confiante à une prise de conscience salavtrice.
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La Maison allemande

Lendemains de guerre.

Que faire de tous ces jours hors du temps, hors de l’Homme. Comment justifier l’abominable, l’inhumain ? Que faire de sa culpabilité ? Comment réparer l’irréparable ?



A toutes ces questions et bien d’autres, Annette Hesse essaie de répondre par l’intermédiaire de ses personnages, Allemands et Polonais, lors du second procès d’Auschwitz qui s’est tenu à Frankfort en 1963.



Contre l’avis de ses parents et de son fiancé, la jeune Eva Bruhns, interprète, accepte d’assister les témoins polonais lors du second procès d’Auschwitz, procès des dignitaires nazis redevenus des « gens comme tout le monde ». C’est une prise de conscience qui s’engage alors, prise de conscience personnelle, autour de sa famille et de la société allemande dans son entièreté.



Outre le devoir de mémoire face aux horreurs des camps de concentration durant le Troisième Reich, Annette Hesse explore la condition féminine dans les années 60.

Un très beau roman sur la construction de soi, le devoir de mémoire et la transmission du passé.

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La Maison allemande

En préambule, je voudrais dire pourquoi j'ai eu envie de lire ce livre.

Jeune étudiante, j'avais une amie allemande avec qui j'étais très liée. C'est avec elle que j'ai appris et su ce que représentait la culpabilité d'être né allemand. Comme le dit Annette Hess dans son roman

"Elle portait en elle la faute de ses parents" ou plutôt de ses grands parents.

La maison allemande porte en elle tous les germes de cette culpabilité. Culpabilité, d'abord, parce qu'on ne doit pas parler du mal commis pendant la guerre.

Il faut néanmoins rappeler que lors du second procès d'Auschwitz, en 1963, personne ne parlait, les coupables comme les victimes. Aharon Appelfeld disait lui-même qu'en Israël, après guerre, personne ne voulait entendre les témoignages des survivants des camps. D'anciens déportés ne livreront jamais leur passé à leurs enfants, ce que montre très bien Claude Lanzman dans son film: Shoah

Partout, il fallait recréer un monde, la mémoire et la compréhension de ces barbaries viendra plus tard. Peut-être ce temps est le temps du Deuil de L'HISTOIRE.

Dans ce roman, s'ajoute une dimension supplémentaire pour notre jeune Eva, une résilience extraordinaire, un choc traumatique qui va percer lors du procès jusqu'à lui permettre de comprendre et retrouver où elle a vécu enfant, son attachement à la langue polonaise, elle en fera son métier de traductrice.

J'ai beaucoup aimé ce livre surtout cette partie où elle se rend à Auschwitz, quand elle retrouve malgré tout la maison de son enfance. J'ai moi même fait ce voyage de mémoire, marcher dans ce camp, essayant de comprendre ce qui s'est passé.

En complément de cette lecture, je vous conseille de voir l'excellent documentaire intitulé : Les enfants d'Hitler que j'ai vu à la maison de l'Allemagne à Paris.

Où la nièce de Goring explique comment faire pour vivre avec un tel nom, ou le petit fils de Hoss et d'autres. Documentaire bouleversant, à mon sens, à voir absolument.

Bref, la douleur sera toujours là mais aujourd'hui la parole est possible et c'est elle qui peut apporter une compréhension.

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La Maison allemande

Un très beau roman, qui allie justesse, sensibilité, efficacité et empathie sur cette génération d'enfants nés au début de la seconde guerre mondiale et qui doit se construire sur les ruines et les horreurs du nazisme et de la guerre.

« La maison allemande » est un voyage dans le passé, qui nous fait revivre cette triste période et cette ambiance étouffante, oppressante et honteuse à travers l'histoire d'Eva et de sa famille.

La couverture est superbe, toute en retenue et sobriété et révèle de nombreux sens à mon avis. On y voit une jeune femme qui observe le lecteur au travers d'une grosse loupe, comme si elle voulait nous observer avec minutie. Mais le verre de la loupe est noir, montrant son aveuglement, son incapacité à y voir avec lucidité. Son visage caché par cette loupe montre aussi sa face cachée, son histoire qui lui est dissimulée et à travers elle, celle de toute cette génération d'enfants née après la guerre.

*

Eva est une jeune femme insouciante issue d'une famille sans problème et travailleuse. de parents restaurateurs, elle rêve, un peu candidement, d'ascension sociale en faisant un beau mariage avec Jürgen, un homme ténébreux et renfermé dont le père est un riche entrepreneur.

*

Nous sommes en 1963, et s'ouvre à Francfort le second procès contre d'anciens dirigeants nazis. Engagée comme interprète polonaise pour traduire les témoignages des rescapés du camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, Eva ressent de la peur et un certain malaise face à la tâche et la responsabilité qui l'attend.

Confrontée à la réticence, voire l'opposition de ses proches, la curiosité du lecteur est tout de suite attisée, se demandant ce que ses parents et son futur époux ont vécu pour réagir de cette manière.

*

Dans cette ambiance d'après-guerre très bien décrite, Annette Hess nous fait revivre ce procès au côté d'Eva, des témoins, des accusés et des membres du tribunal. On suit les avancées du procès, le détermination et la force des témoins face à leurs tortionnaires, leur sentiment de culpabilité aussi d'avoir survécu à l'horreur. L'auteure nous fait ressentir les atrocités des camps sans pour autant les décrire et j'ai trouvé cela très intéressant.

C'est avant tout le parcours d'Eva et à travers elle, celui de tous ces enfants de l'après-guerre, vers la vérité, l'acceptation et la reconstruction qui est au coeur de ce roman.

*





Même si c'est secondaire, j'ai beaucoup aimé la manière dont l'auteure a traité de la condition des femmes dans les années 60 à travers l'évolution du personnage d'Eva qui va devenir une femme responsable, mature et indépendante.

*

Traité avec prudence et délicatesse, sans accuser, sans haine ni rancoeur, ce roman est une réflexion sur la responsabilité de ces bourreaux le plus souvent des gens « ordinaires », des bons pères de famille, des grands-parents bienveillants et affectueux. Si ces hommes sont coupables des atrocités perpétrées dans les camps de concentration, que penser du reste de la population allemande qui savait ? Par leur silence durant la guerre et après la guerre, par leur volonté d'oublier à tout prix ce qui s'est passé, ne se sont-ils pas rendus complices de la mort de milliers de gens ?

En effet, 70 % des allemands ne voulaient pas de procès chargés de juger les responsables de crimes commis pendant l'époque nazie. Pourquoi remuer le passé ?

*

Annette Hess s'est beaucoup documentée à partir des archives du premier procès, nous dévoilant la part sombre de chacun, les blessures physiques et psychologiques de la guerre.

Un sujet sensible, encore très actuel, celui de ces enfants allemands qui portent en eux « la responsabilité de leurs parents », de ces silences étouffants dans les familles qui cachent des traumatismes profonds et un sentiment de culpabilité.

Des sentiments forts comme la peur, la honte, la lâcheté, le déni, le courage habitent ce très beau roman. Il est aussi question du devoir de mémoire pour ne pas oublier l'impensable et éviter de reproduire les erreurs du passé. Un très beau roman que je vous conseille très fortement.

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La Maison allemande

C’est typiquement le type de récit que j’adore qui allie petite et grande histoire. La grande histoire c’est le procès des dignitaires nazis (gardiens, dirigeants et autres tortionnaires du camp d’Auschwitz) en 1963 en Allemagne de l’Ouest. La petite histoire c’est celle d’Eva qui de traductrice de notice va devenir interprète à ce second procès . Un procès où elle va aller de découverte en découverte et qui va la confronter à sa famille et son fiancé.

Portrait d’une époque, d’une Allemagne d’après-guerre divisée, désireuse d’oublier, et d’une jeune fille qui s’émancipe , ce roman est une vraie belle découverte ! A lire si ce n'est pas déjà fait 😉
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La Maison allemande

C'est trop bizarre : aucun peuple n'est si traumatisé : les Espagnols ont exterminé 15 millions d'Indiens pour leurs mines d'or et d'argent, personne n'en parle. Les Américains, tous les Indiens pour vivre sur leur terre, tout le monde s'en fout. Et en France, on a eu les massacres de l'ile rouge et autres crimes coloniaux. Donc, je ne vois pas en quoi les Allemands seraient les seuls à avoir commis des choses. Je dis ça, car je connais une Allemande qui est libre dans sa tête, et qui n'a pas ce complexe qui est décris dans ce livre, qui est d'ailleurs assez stéréotypé. Les personnages sont assez creux et fortement stéréotypé. C'est un univers totalement livresque qui n'est pas crédible dans la vie réelle. Un peu comme un manuel de l'école d'Adorno, mis en place par l'occupant américains après la partition de l'Allemagne de l'après-guerre, C'était une école de "rééducation"qui a réussi à inculquer un sentiment de culpabilité aux générations allemandes. Ce qui s'est avéré très utile pour pourvoir mieux faire chanter la nouvelle nation pour des milliards après. Du très politiquement correct. D'ou sa large diffusion.



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La Maison allemande

« Ce qui s’est passé pendant la guerre est horrible, mais on n’a plus envie d’en entendre parler »



Voici ce qui résume à peu près l’état d’esprit de la population allemande de l’après-guerre. Lorsque la nouvelle génération découvre et questionne, les réponses restent évasives, illustrant cette ambivalence d’une société coupable mais autiste au passé et à l’autocritique.



La jeune Eva est recrutée comme interprète polonaise dans un procès d’anciens nazis du camp d’Auschwitz et cet engagement, générant colère et sidération, va mettre en péril son bonheur et sa famille. En dépit des pressions de son entourage, elle s’engage avec détermination vers la recherche de la vérité et la compréhension du passé.



On est dans les années 60, le pays s’est relevé, la dénazification est faite depuis longtemps mais le pays a toujours des relents nauséabonds sectaires et antisémites. L’auteur nous plonge à la fois dans une normalité quotidienne sociale où la peur de devoir rendre des comptes reste insidieuse, et dans une antichambre de l’horreur avec des accusés, redevenus de banals citoyens intégrés et respectés.



Malheureusement, ce qui était légal hier ne peut pas être jugé illégal aujourd’hui. Les procès ont plus valeur de mémoire que de justice.



Un livre assez glaçant, toujours juste et mesuré, qui interroge sur la culpabilité, la honte et la résilience collective. Une approche littéraire digne d’intérêt sur l’après-guerre allemande et la prise de conscience d’une jeunesse confrontée aux parcours de ses aînés.

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