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Critiques de Annette Hess (65)
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La Maison allemande

Ce roman est véritablement remarquable. La traductrice, Stéphanie Lux, a pu rendre en Français une restitution de grande qualité littéraire, un récit de gens parfaitement banals. Une jeune femme est traductrice, Polonais-Allemand. Elle vit encore chez ses parents qui gèrent un restaurant. Sa sœur aînée est infirmière de nuit dans une maternité. Leur petit frère est encore occupé dans l’enseignement obligatoire. Nous sommes dans les années soixante.

Elle est appelée à siéger dans un tribunal pénal, comme traductrice. Le procès n’est pas peu de chose : il s’ agit de juger les officiers et responsables nazi de deuxième rang pour fait de crimes de guerre ou de génocide. Rien moins que cela. Les principaux dignitaires avaient été jugés et condamnés à Nuremberg en 1945/1946. Pourquoi rouvrir la page que nous avions tous tournée ? Pourquoi rouvrir ce passé douloureux alors que l’Allemagne est en plein renouveau économique et démocratique ? Eva, cette jeune femme au centre d’un roman , va subir ces questions et découvrir pas à pas la monstruosité des crimes nazis, perpétrés par la génération des adultes de l’époque. Dans ce récit de grande qualité littéraire, palpitant comme un bon policier voire comme un thriller, Annette Hess aborde toutes ces questions difficiles autour de la culpabilité et de la complicité des crimes de guerre et pire encore, de génocide. Toute la question de la responsabilité individuelle se pose : ai-je vu ? Ai-je voulu voir ? Ai-je résisté ? Pouvais-je résister ? Quel risque allais-je courir ? Dans un style proche d’un Georges Simenon ou d’un Armel Job, au travers d’une famille très ordinaire, unie, aimante, l’on découvre la difficulté de ces questions essentielles. Er surtout l’on s’y transpose : qu’aurais-je fait moi, en ces conditions ? Au moment où les délires nationalistes reprennent vigueur, où les obsessions identitaires nous empoisonnent, où l’extrême-droite est au porte du pouvoir en France et l’extreme-gauche, en Wallonie, une lecture stimulante sur le plan littéraire, historique et indirectement, démocratique. Un livre à lire absolument qui parle à de nombreux publics !
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La Maison allemande

Ce livre est un coup de projecteur sur le procès de Francfort qui a eut lieu en Allemagne entre 1963 et 1965.

Lors de ce procès, 21 personnes furent jugées pour avoir tenu des rôles importants dans le fonctionnement du camp de concentration d'Auswitch.



C'est au travers du personnage d'Eva, jeune femme d'une vingtaine d'années, que l'on va se poser des questions auxquelles il est encore difficile de répondre.

Fallait-il, en plein milieu des années 60, tirer un trait sur le passé ou bien raviver les plaies pour condamner les tortionnaires de ce camp ?

Eva est terriblement marquée par l'apparence "ordinaire" et respectable de ces bourreaux.



Dans "La maison allemande", Annette Hess s'attache à restituer toute la dimension et la signification de ce procès pour les allemands de cette époque.

Le récit est volontairement lent (et pourront paraître long à certains), afin que le lecteur s'imprègne bien de l'époque, des mentalités et de la psychologie et des états d'âme des personnages.



Livre réussit et totalement d'actualité car en octobre 2021, un ancien caporal-chef de la division "Totenkopf" (Tête de mort) des Waffen-SS (aujourd'hui âgé de 101 ans), est poursuivi pour "complicité de meurtres" de 3.518 personnes dans le camp de Sachsenhausen, près de Berlin, entre 1942 et 1945.

Questions et débat toujours d'actualité dans l'allemagne d'aujourd'hui.
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La Maison allemande

Excellemment bien écrit (et donc traduit aussi !). Exercice difficile de faire vivre des personnages à travers un événement historique sans édulcorer celui-ci, ni avoir des personnages fantômes. L'auteur réussit la gageure de nous plonger dans cette époque avec une justesse infinie et un sens de l'écriture parfait. Rien ne semble gratuit, on voit tout le quotidien et le grandiose à travers les yeux de son héroïne. A ne pas manquer !
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La Maison allemande

Ça commence par une traduction. Des mots prononcés dans la langue de victimes qui peinent à trouver leur équivalent dans celle de leurs bourreaux, tant ils sont porteurs d’une vérité occultée, d’une mémoire niée. Des mots tus, cachés, secrets. Des mots qui en disent d’autres, enfouis dans l’inconscient collectif d’une société traumatisée, révélateurs d’une réalité qu’elle aura voulu oublier, d’un passé sur lequel elle aura voulu tirer un trait. Des mots qui se fraieront leur chemin dans sa conscience et dans celle d’Eva ; personnage incarnant le difficile devoir de mémoire auquel fut confrontée l’Allemagne de l’après-guerre. Traductrice lors du « second procès d’Auschwitz » en 1963, malgré les réticences de sa famille, symbole d’une génération réfugiée dans le déni, elle accompagnera les siens dans la prise de conscience des atrocités des camps, de l’horreur nazie, tout en découvrant la réalité sur son histoire familiale. Brisant ainsi l’innocence nourrissant son personnage. Une innocence s’expliquant par l’ignorance et le silence qui entourent Eva mais qui malheureusement confère souvent à la naïveté, voire à la naisierie. Et qui, si elle accentue fort à propos le contraste avec la cruauté d’une réalité qu’elle vient ainsi renforcer, elle l’en éloigne tout autant tant elle enferre le récit dans des considérations sentimentales et romantiques. Détournant souvent l’attention du lecteur du procès vers lequel il aurait justement du être aimanté.

Si le choix du sujet permet de mettre en évidence la problématique du sentiment de culpabilité du peuple allemand et le devoir de mémoire auquel il fut confronté, je regrette que la narration et le style soient par trop simplistes, si peu dense et complexe. Une lecture comme une première approche de cette question sensible, qui mérite d’être approfondie.
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La Maison allemande

1963, Eva allemande ,traductrice de polonais, se voit offrir un poste au second grand procès d’Auschwitz . Elle y découvrira les horreurs de la guerre ,mais surtout l'inaction de son peuple qui au contraire a été complice de ces crimes .Ce roman nous montre aussi ,qu'en chacun de nous se cache un démon prêt à surgir à tout moment que ce soit via ses parents qui n'ont rien fait, sa sœur qui rends des bébés malades ou même son amoureux qui a déjà tué quelqu'un. L'humain est donc rempli de contradictions qu'il cache . Un excellent roman sur la culpabilité d'un peuple devant son histoire. Je donne 9/10
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La Maison allemande

La jaquette du livre déjà interpelle : une énorme loupe noire, tenue par une jeune femme, et qui en dissimule le visage.



1963 : Eva est traductrice lors du second procès d'Auschwitz.

Son travail va peu à peu, au fil des traductions de témoignages, la placer face au passé, celui de l'Histoire, mais aussi le sien propre : la guerre dont elle n'a pas de souvenirs, les camps, le nazisme, les tortures, les crémations, etc.

Et le passé des personnes qui l'entourent tels parents et futurs beaux-parents; ainsi que le déni quasi collectif, le refus de mémoire de cette période.



Parallèle filigrane au procès, se décrit la vie des femmes des années 60, la nouvelle société de consommation, les encore-interdits, les bientôt-possibles, la construction difficile de ces enfants de l'après-guerre dans une période lourde de non-dits, à la fois euphorisante et culpabilisante.



Les journées du procès vont enfin tirer le rideau, et Eva va découvrir ce passé qu'elle ignorait : les faits historiques, la réalité des camps, la souffrance des rescapés, la complicité passive et ou active des allemands, leur refus du passé;

certains témoignages douloureux du procès, après avoir aiguisé son esprit critique, ravivent maintenant sa mémoire qui peut alors retracer l'histoire de sa propre famille.



Animée d'une conscience nouvelle, elle entreprend d'enquêter, et pour le compte du procès et pour elle-même; de cette enquête se construira une nouvelle Eva, désormais "concernée", esquissant les grands traits du devoir de mémoire, et de la transmission du passé.



Une fois le livre terminé, et digéré, se comprend aisément l'image sur la jaquette.

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La Maison allemande

Francfort, 1963. Eva Bruhns a 25 ans. Elle habite chez ses parents, propriétaires du restaurant Deutsches Haus -la Maison allemande- et travaille comme traductrice du polonais pour des entreprises (traduction de contrats, de modes d'emploi...) en attendant que son petit ami, Jürgen, se décide à la demander en mariage. Jürgen est le fils et l'héritier d'un chef d'entreprise prospère et il est bien entendu avec lui que sa femme ne doit pas travailler. Eva se satisfait de l'idée d'être bientôt "dirigée" par son mari quand on lui demande d'assurer la traduction des dépositions des témoins polonais au "second procès d'Auschwitz" qui va s'ouvrir à Francfort. A ce procès ont été jugé des Allemands qui avaient participé au fonctionnement du camp d'Auschwitz. Cette expérience va être un bouleversement complet pour Eva. D'abord elle s'oppose à ses parents et à son fiancé qui pensent soit qu'il ne faut pas remuer le passé soit que ce n'est pas sa place. Ensuite elle découvre le crime de génocide dont elle n'avait aucune idée et commence à se poser des questions sur ce qu'ont fait ses parents pendant la guerre.



En s'appuyant sur les archives de ce procès historique Annette Hess présente les très grandes violences qui se sont déroulées dans le camp d'Auschwitz. Son sujet est aussi le retour de la mémoire. Si beaucoup, avant le procès, disent comme les parents d'Eva qu'il ne sert à rien de remuer le passé, l'affluence aux audiences (on dut refuser du monde) montre l'intérêt du public pour la question. Dans les années 1960 toute une génération née juste avant ou pendant la seconde guerre mondiale s'est interrogée sur la façon dont ses parents avaient pu tremper dans les crimes du régime nazi.



Je suis choquée par ce que je découvre du comportement des accusés durant le procès. Non seulement ils nient tout mais ils se moquent ouvertement des témoins : ils ricanent entre eux, un prévenu lit le journal durant une déposition. Annette Hess salue en fin d'ouvrage le grand courage qu'il a fallu aux survivants pour déposer dans ces conditions.



J'ai apprécié la lecture de ce roman qui décrit aussi l'affirmation d'une jeune femme. L'écriture est très vivante avec de nombreux personnages secondaires qui ont eux-mêmes leurs histoires. Annette Hess est scénariste de séries télévisées. J'avais apprécié sur Arte Berlin 56 et Berlin 59 où est aussi abordée la question de la complicité des Allemands à la shoah.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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La Maison allemande

Roman historique. Allemagne d'après-guerre.



Nous sommes fin des années 50. Presque tous les allemands semblent souffrir d’amnésie collective. Ils semblent avoir oublié les atrocités perpétrées par les nazis. Certains, trop jeunes, ne savent même pas ce qui s’est déroulé dans les camps de concentration et que leurs parents y ont peut-être joué un rôle. Une minorité pourtant, dont fait partie le procureur Fritz Bauer, est horrifiée de voir des anciens nazis vivre, en allemagne, comme si rien ne s’était passé. Bauer décide d’ouvrir un procès, à Francfort, contre les criminels de guerre allemands (22 anciens SS). C’est ce qu’on a nommé, le Procès de Francfort ou le “second procès d'Auschwitz” qui a débuté en 1963.



Pour raconter ce moment d’Histoire, Annette Hess (aucun lien de parenté avec Rudolf Hess) décide de l’écrire à travers les yeux de Eva Bruhns. Car cette jeune femme (personnage fictif) est appelée par le ministère de la justice, afin d’être l’interprète des survivants et des témoins polonais au second procès d'Auschwitz. Contre l’avis de ses parents et de son fiancé, elle décide d'accepter cette mission. Alors s’ouvre devant elle une réalité qui lui était tout-à-fait inconnue.

Roman passionnant mais très romancé.

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La Maison allemande

Roman paru l’an dernier chez Actes Sud, « La Maison allemande » nous emmène à Francfort au début des années 60. La jeune Eva est traductrice et vit simplement avec sa sœur infirmière, son jeune frère et ses parents, propriétaires et restaurateurs de la « Deutsches Haus ». Elle s’apprête à se fiancer à un riche héritier de la ville quand on lui demande de travailler à un procès en tant que traductrice : elle devra retranscrire du polonais les témoignages de survivants d’Auschwitz à ce procès où vont comparaitre des dignitaires nazis. Ce procès va changer sa vie : partagée entre une société qui n’aspire qu’à oublier et à laisser le passé là où il est et sa conscience et des souvenirs flous qui la poussent à chercher la vérité, c’est une Eva métamorphosée qui va se révéler.



C’est un très beau roman qui nous montre à travers le cheminement d’Eva le travail que le peuple allemand, entre autres, a été amené à faire. Les parents et le fiancé d’Eva par exemple s’opposent fortement à son implication dans le procès. Mais une partie de la société, qui est symbolisée par Eva, a eu besoin de se confronter aux témoignages des rescapés, aux preuves de la barbarie, aux barbares eux-mêmes. Ce sera un parcours douloureux, à l’instar de celui de la jeune héroïne, qui verra des souvenirs profondément enfouis ressurgir brutalement. Ce sera un parcours nécessaire, pour devenir adulte.



Vous l’aurez deviné, j’ai apprécié énormément cette lecture, conseillée par mes bibliothécaires préférés (maman et papa 😉), le personnage d’Eva est vraiment très riche, courageux malgré ses failles. Le seul bémol peut être pour deux personnages que je ne suis pas arrivée à comprendre : celui de la sœur d’Eva et celui de David, l’assistant canadien, mais cela n’a pas terni ma lecture. Je ne peux en dire plus sans risquer d’en dire trop, donc bonne lecture !
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La Maison allemande

Le parcours captivant d'une jeune Allemande qui, par le biais de son métier d'interprète, va découvrir les horreurs de la Seconde guerre mondiale et l'implication à divers degrés de son propre entourage. Et aussi être confrontée au déni et au silence honteux des acteurs de l'époque.

J'ai trouvé la fin décevante car en contradiction avec l'image de la femme qui revendique son indépendance.

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La Maison allemande

Sensible aux couvertures des livres que je choisis, celle-ci n'a pas échappé à mon regard. Une jeune femme dont le visage est occulté par un immense trou noir qui peut être celui de l'oubli ou celui de l'ignorance. Tout est dit... Ou presque.



J'ai beaucoup lu sur la deuxième guerre mondiale, ses atrocités et ses conséquences. Si le procès de Nuremberg est mondialement connu avec ses images d'archives montrant les hauts dignitaires nazis presque étonnés de se trouver sur le banc des accusés devant une cour de justice, proclamant leur innocence avec arrogance et dédain, le deuxième procès d'Auschwitz en 1963 est longtemps resté dans l'ombre. Les inculpés n'appartiennent pas à l'intelligentsia de la "solution finale". Pour la plupart, ce sont des hommes ordinaires, gradés ou non, militaires ou civils, comme le pharmacien fournisseur de Zyklon B, des pères de famille qui obéissaient aux ordres, qui avaient peur et qui préféraient détourner le regard. Ce n'est aucunement une excuse, mais une façon d'essayer de comprendre pourquoi il s'est passé toutes ces horreurs sans que quiconque ne bronche.



Le procès dont personne ne voulait est la toile de fond du livre. Le principal sujet, traité avec beaucoup de pudeur et de mesure, est le silence dans l'histoire d'une famille allemande, représentatif du comportement de la population de l'après-guerre dans ce pays. Il faut savoir que, dans les années 50-60, il était interdit aux "enfants de la guerre" de poser des questions à leurs parents sur ce qui s'était passé. C'était l'Omerta totale. Est-ce par honte, culpabilité ou désir d'effacer des souvenirs pas très glorieux ? Personne ne voulait parler, et ce, pendant des années. Ce silence imposé est un acte politique fort et Eva Bruhns, petite interprète germano-polonaise va découvrir un monde d'atrocités qu'elle ne soupçonnait pas et qui va bouleverser le cours de sa vie. En suivant les minutes du procès, traduisant les dépositions des survivants, elle représente la première prise de conscience du peuple allemand face à l'horreur maintenue dans le silence général.



"Il serait prétentieux d'avoir de l'empathie et d'en pleurer parce que nous n'avons pas ce droit en tant que coupables. Se mettre en position d'imaginer ce que ça fait. J'ai un très grand respect pour ces survivants et ne voulais pas les représenter comme des victimes même si elles en sont. " déclare Annette Hess lors d'une interview. Ce roman, elle l'a construit d'après les 400 heures d'enregistrement du procès. Si certains témoignages ont été raccourcis ou fusionnés pour les besoins de la dramaturgie de la fiction, aucun n'a été faussé. Elle a imaginé des personnages gravitant dans ce monde de non-dits pour faire revivre l'Histoire en rappelant au passage la condition féminine des années 60. Elle brosse un magnifique portrait de femme qui évolue de l'ignorance, savamment entretenue par son entourage, jusqu'à une responsabilité historique qu'elle ne soupçonnait pas.



Avec sa plume, Annette Hess rend également hommage au procureur Fritz Bauer, non cité dans le livre, mais auquel on ne peut s'empêcher de penser puisqu'il s'est battu contre vents et marées afin que ce procès puisse avoir lieu en complément du premier procès d'Auschwitz de 1947.



Il est toujours facile de poser un jugement sur des faits éclairés par la lumière de l'Histoire. Nous ne sommes que des humains avec nos qualités, mais aussi nos défauts. Nous possédons des forces insoupçonnées face au danger pour nous-mêmes et pour les nôtres, ainsi que des lâchetés cachées. Quatre-vingts ans plus tard, nous ne sommes ni plus intelligents, ni meilleurs, ni plus humanistes qu'à l'époque. Dans un climat de terreur établie, que ferions-nous face à l'injustice ? S'interposer vigoureusement au péril de notre vie et surtout celui de notre famille ou refermer doucement sa porte pour protéger les nôtres des conséquences de la violence ?



Ce livre est une belle découverte, incontournable pour qui s'intéresse au sujet, en explorant la culpabilité portée par toute une génération, héritière d'une Histoire dont elle n'est pas actrice, en lui donnant un sentiment d'imposture, mettant à jour l'existence de la culpabilité intergénérationnelle. Par son travail colossal de recherche et son analyse fine et précise, Annette Hess offre une histoire efficace, captivante et émouvante en brossant toute une galerie de portraits d'une justesse infinie. En refermant ce roman, une question subsiste : l'Humain est-il suffisamment fort pour être capable d'une résilience telle qu'offrir son pardon à l'Inhumain ?

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La Maison allemande

Intéressante émancipation sociale, politique et humaine d’une femme par le travail (interprète polonais-allemand au « 2e procès d’Auschwitz » en 1963), contre l’avis de ses proches parents et fiancé. Personnages crédibles, sauf peut-être la sœur, dont les excès représentent peut-être cette période, une histoire bien construite qui documente le refus de mémoire de l’Allemagne d’après-guerre.
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La Maison allemande

« La maison allemande » s’attache par la voie romanesque à traiter le traumatisme de la Seconde guerre et ses conséquences dans la population allemande.

Eva, fille d’un patron de restaurant de Francfort-sur-le Main, est recrutée comme traductrice au « second procès d’Auschwitz » alors qu’elle se fiance à l’héritier d’une fortune locale.

Dans un balancier constant entre l’intime et l’actualité du siècle, l’autrice glisse insensiblement de la bluette à une œuvre plus ambitieuse qui embrasse la difficulté d’un peuple à accepter son passé encore trop brûlant, les aspirations d’émancipation d’une toute jeune femme et la plaie béante des victimes de Shoah qu’aucun procès ne saurait panser.

La complexité du propos se met en place touche par touche, pour finir par composer une œuvre profonde et marquante.

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La Maison allemande

Un roman au thème dur et puissant ! L’histoire revient sur le deuxième procès d’Auschwitz, un procès que les Allemands ou du moins une génération, auraient voulu qu’il n’est jamais lieu. Un passer honteux qu’on veut enterrer sous le tapis. Mais qui tenace resurgit pour les montrer du doigts. De sombres secrets en non dits, nous assistons au déchirement d’une famille unies. Peut-on tout pardonner à la famille ? Eva , notre héroïne n’en est pas si sûr.
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La Maison allemande

🔍Eva, jeune allemande, vit à Francfort sur le Main avec ses parents, son frère, et sa sœur qui a quelques troubles psychiatriques...



🔍Fille de modestes restaurateurs, elle mène une existence paisible auprès de cette famille aimante et s'apprête à se fiancer avec un jeune héritier quand débute en 63 le second procès d'Auschwitz.



🔍Ayant suivi des études d'interprète, elle maitrise la langue polonaise et est contactée par le tribunal pour assurer la traduction des dépositions faites par les survivants du camp.



🔍Jeune fille naïve, elle ignore tout de ce terrible passé ...

Bravant la vive réticence de ses proches, elle décide d'accepter.



🔍Elle va alors parcourir un long chemin vers une prise de conscience qui va engager sa vie et sa famille, tout comme la société allemande de son temps.



🔍Demander pardon ou tourner la page, l'auteure a su se mettre dans chaque cas de conscience.

Les enfants doivent-ils se sentir responsables des fautes de leurs parents et ces parents ont-ils vraiment eu le choix ?



🔍Un très beau roman sur le poids de la culpabilité, la construction de soi, le devoir de mémoire et la transmission du passé.

A travers Eva, nous éprouvons le traumatisme et la révolte d'une génération qui a eu 20 ans dans les années 60 et s'est trouvée confrontée au refus de mémoire dans l'Allemagne de l'après-guerre.



🔍L'auteure explore aussi la condition féminine de l'epoque, l'histoire se met en place doucement au même rythme que le cheminement de cette jeune allemande qui découvre l'amnésie de son pays et de sa famille face à l'horreur.



🔍Je vous conseille vivement de lire ce roman que j'ai dévoré 🤩

(Petit aparté pour mamichapitre et sylroc79 : un roman qui devrait vous plaire à toutes les deux si vous ne l'avez pas encore lu 😉 📚)
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La Maison allemande

C'est trop bizarre : aucun peuple n'est si traumatisé : les Espagnols ont exterminé 15 millions d'Indiens pour leurs mines d'or et d'argent, personne n'en parle. Les Américains, tous les Indiens pour vivre sur leur terre, tout le monde s'en fout. Et en France, on a eu les massacres de l'ile rouge et autres crimes coloniaux. Donc, je ne vois pas en quoi les Allemands seraient les seuls à avoir commis des choses. Je dis ça, car je connais une Allemande qui est libre dans sa tête, et qui n'a pas ce complexe qui est décris dans ce livre, qui est d'ailleurs assez stéréotypé. Les personnages sont assez creux et fortement stéréotypé. C'est un univers totalement livresque qui n'est pas crédible dans la vie réelle. Un peu comme un manuel de l'école d'Adorno, mis en place par l'occupant américains après la partition de l'Allemagne de l'après-guerre, C'était une école de "rééducation"qui a réussi à inculquer un sentiment de culpabilité aux générations allemandes. Ce qui s'est avéré très utile pour pourvoir mieux faire chanter la nouvelle nation pour des milliards après. Du très politiquement correct. D'ou sa large diffusion.



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La Maison allemande

En 1963, à Francfort-sur-le-Main, Eva mène une vie tranquille, entre le petit restaurant de ses parents, la Maison allemande, et son emploi de traductrice. Elle est sur le point de se fiancer à Jürgen, fils de notables, mais la différence de situation sociale entre leurs deux familles complique les choses.

Lorsqu’elle est contactée pour intervenir comme interprète du polonais vers l’allemand dans le cadre d’un nouveau procès mettant en cause d’anciens membres du parti nazi ayant sévi au camp de concentration d’Auschwitz, ni ses parents ni Jürgen ne voient la chose d’un bon œil. Ils la poussent à mettre un terme à sa participation …



Eva est un personnage crédible, une jeune femme assez ordinaire et qui, comme nombre d’Allemands de sa génération, ne connaît finalement pas grand-chose de ce qui s’est passé pendant la guerre, les parents semblant avoir balayé le passé récent sous le tapis. Le jeune avocat canadien, David Miller, venu renforcer les effectifs, la considère d’ailleurs avec un certain mépris, « candide et ignorante » comme « ces millions de jeunes idiotes ». On se demande si elle résistera aux pressions, de ses parents, qui ne semblent pas du tout à l’aise avec l’idée qu’elle participe à un procès concernant le camp d’Auschwitz et de son fiancé, lui aussi hostile à cette idée.



« La Maison allemande » apparaît comme un récit d’apprentissage, dans tous les sens du terme. Eva s’avérera liée à Auschwitz d’une manière qu’elle n’avait pas soupçonnée et sera confrontée à un passé dont les échos vibrent encore intensément dans son présent. Je l’ai trouvée représentative de sa génération, prête à ouvrir les yeux, à refuser les compromis et l’oubli. Quant au personnage de David Miller, il est très intéressant car beaucoup plus complexe qu’il ne paraît d’un premier abord.



« La Maison allemande » est un roman bien mené qui, en plus de nous donner un aperçu empreint de vérité de ce fameux second procès d’Auschwitz, avec ses victimes confrontées à des bourreaux hautains, affirmant qu’ils ne faisaient qu’« obéir aux ordres », pose les bonnes questions, concernant l’implication et la culpabilité des citoyens « ordinaires » dans les agissements de l’Allemagne nazie et le poids de la responsabilité pesant sur tout un peuple.
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La Maison allemande



Ce roman est intéressant et instructif en ce qu’il essaye de restituer les sentiments de culpabilité de certains jeunes allemands pour les atrocités commises par leur peuple et parfois même de leurs parents vis-à-vis des juifs et des autres minorités victimes de ce génocide.

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La Maison allemande

Absolument génialissime….et du coté des allemands, ce qui est toujours intéressant pour nous français.

Je n'en dirais pas plus, le résumé Babélio est bien fait

A lire!!!!!
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La Maison allemande

Un très beau et très dur roman. Pour faire court : les terribles secrets du passé.
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