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Critiques de Annick Cojean (350)
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Simone Veil ou la force d'une femme

Le 30 juin 2017, alors qu'Annick Cojean se rend en scooter au journal Le Monde où elle travaille, un coup de fil de son collègue Benoît lui apprend le décès de Simone Veil. Bien que la nécro soit prête, le journal compte sur Annick pour un papier de huit pages, plus perso où elle raconterait ses différentes rencontres avec cette femme hors du commun.

Si pour beaucoup de personnes Simone Veil, née Jacob dans une famille juive profondément laïque, restera avant tout cette femme magistrate, ministre de la Santé nommée par Jacques Chirac qui, le 26 novembre 1974, prononce à l'Assemblée nationale un discours historique présentant son projet de loi pour la légalisation de l'avortement, elle est l'une des plus grandes femmes politiques françaises.

L'originalité de cette BD biographique est de raconter la vie de Simone Veil en nous présentant tous les combats de cette femme brillante, tellement engagée et combattive, prête à lutter contre toutes les injustices et notamment celles envers les femme tout en nous faisant entrer dans l'intimité et la vie personnelle de celle-ci. Le fait qu'Annick Cojean ait côtoyé et rencontré Simone Veil à plusieurs reprises rend le récit très personnel et très vivant.

Annick Cojean et Xavier Bétaucourt nous apprennent donc comment Simone qui voulait être avocate, profession à laquelle son mari a mis son veto, mais compromis trouvé, est devenue magistrate. Affectée à la direction de l'administration pénitentiaire, elle s'occupe des prisonniers, va en Algérie inspecter les prisons, reçoit un appel à l'aide de Gisèle Halimi, puis sillonne tout la France pour visiter les établissements pénitentiaires. Cette activité empiète évidemment sur sa vie de famille "Mon mari et mes enfants n'en pouvaient plus ils ne voulaient plus entendre parler des prisons". Après ces sept années, elle est affectée comme nouveau garde des sceaux à la direction des Affaires Civiles. S'enchaîne ainsi sa carrière politique, toujours à s'occuper des exclus, des oubliés, des humiliés. Est évoquée bien sûr la vie dans les camps où Simone, sa maman et sa sœur Milou ont été déportées et où elle rencontrera Marceline, qu'elle retrouvera en 1956.

À 81 ans, elle est élue au premier tour à l'Académie Française. Sur son épée, elle a fait graver son n° de déportée et la devise de l'Europe : "Unie dans la diversité".

C'est le récit de la vie d'une femme intelligente, forte, prête à lutter contre toutes les injustices, que l'on pourrait peut-être trouver froide si l'autrice n'en dévoilait pas certains traits plus personnels. On apprend que Simone Veil avait une étroite relation avec sa mère de même qu'avec ses trois fils. Elle confie, qu'après la guerre, elle n'a pleuré que deux fois, la première en 1952, lorsqu'elle perdra sa sœur Milou dans un accident et en 2002, pour la perte de son fils Claude-Nicolas (54 ans) victime d'une crise cardiaque.

Annick Cojean et Simone Veil partagent d'ailleurs cet amour pour leur mère respective et leurs vies vont parfois s'entremêler au cours du livre.

L'album se termine le 1er juillet 2018 avec l'inhumation de Simone Veil au Panthéon, un an après son décès, avec son mari Antoine.

Ce portrait admiratif, très délicat, alternant moments intimes et politiques que dressent Annick Cojean et Xavier Bétaucourt est superbement mis en valeur par le dessin sobre mais très évocateur et très réaliste, en teintes douces d’Étienne Oburie, même si j'apprécie peu la couverture.


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Simone Veil ou la force d'une femme

Quelle belle idée de conter la vie de Simone Veil en bande dessinée avec Annick Cojean et Xavier Bétaucourt au scénario, Étienne Oburie assurant un dessin tout en douceur et en finesse ! Grâce à Babelio (Masse critique) et aux éditions Steinkis/Plon que je remercie, je viens de passer un excellent moment de lecture.



Annick Cojean, la célèbre journaliste du Monde dont j’appréciais beaucoup la série de biographies intitulée Duels, sur France 5, était évidemment la plus qualifiée pour raconter. Grâce à ses rencontres, ses articles, un livre déjà, elle était très bien placée pour nous rappeler qui était cette femme au courage et à la volonté extraordinaires. Si elle est au Panthéon aujourd’hui, avec son mari, Antoine Veil, ce n’est que justice.

Dans la foulée ou plutôt dans la roue du scooter d’Annick Cojean, j’ai été emporté dans les phases essentielles de la vie de Simone Veil. De sa première rencontre à la sortie d’un Conseil des Ministres, en 1979, alors qu’elle est stagiaire à Europe 1, jusqu’à cette longue conversation de juin 2004 pour un livre que l’éditeur Jean-Marc Roberts veut publier avec l’intégralité du discours de Simone Veil défendant sa loi pour l’interruption volontaire de grossesse, les deux femmes qui ont en commun un amour profond pour leur mère, se confieront l’une à l’autre.

Simone Veil parle de son enfance heureuse à Nice, de la guerre, de l’occupation et de la déportation à Auschwitz avec sa mère et Milou, sa sœur aînée, de Birkenau où, à 16 ans, elle sympathise avec Marceline Loridan qui a un an de moins, puis Bergen-Belsen et la marche de la mort. Ses épreuves terribles, inimaginables sont contées avec pudeur et précision. Son féminisme, son combat pour les femmes prend racine.

Son père et son frère ont disparu en Lituanie. Sa mère a succombé au typhus un mois avant leur libération et Simone Jacob a dû réapprendre à vivre. Elle épouse Antoine Veil et ne cesse de se battre pour l’indépendance des femmes, pour qu’elles aient d’abord un métier.

Elle a eu trois fils et confie avec humour qu’avec son mari, cela fait quatre machos… Elle les aime mais ne cède rien. Entrée dans la magistrature, elle lutte pour améliorer les conditions de vie des personnes détenues. Avec Gisèle Halimi, elle obtient le transfert depuis l’Algérie, de Djamila Boupacha, militante FLN, torturée et violée.

Je ne peux citer que quelques éléments mais il faut lire cette BD dessinée avec tendresse, les couleurs sépia variant avec la période contée. Vous rencontrerez aussi quelques personnages importants de la Ve République et un florilège consternant de quelques interventions de députés de droite, le camp de Simone Veil, pour contrer son projet de loi en faveur des femmes.

Simone Veil ou la force d’une femme est un bel album qui se termine avec la publication du magnifique article signé Annick Cojean, publié dans Le Monde daté des 2 et 3 juillet 2017 alors que cette grande dame qui fut Membre du Conseil Constitutionnel, Ministre de la Santé, Ministre d’État, Présidente du Parlement européen et membre de l’Académie française, venait de mourir. Ce texte débute ainsi : « C’est de ses yeux d’un vert transparent et liquide qu’on se souvient d’abord. De ses yeux si clairs, si vifs, qu’elle plantait dans les vôtres et qui semblaient exclure qu’on puisse se dérober, esquiver, mentir ou faire semblant. »


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Simone Veil ou la force d'une femme

La journaliste Annick Cojean, grand reporter au journal Le Monde est sans doute une des personnes les mieux placées pour parler de Simone Veil. Elle a eu le privilège rare de la rencontrer à plusieurs reprises et surtout de nouer avec elle une relation de confiance au-delà de la simple relation journaliste. Elle l'a notamment accompagnée à Auschwitz en 1995 pour le 50ème anniversaire de la libération du camp.



Il en faut pas chercher de scoop dans ce roman graphique, ceux qui connaissent bien la vie de Simone Veil n'apprendront rien de nouveau du point de plus factuel. Pour ma part, la seule réelle révélation fut de découvrir que lorsqu'elle dirigeait l'administration pénitentiaire auprès du ministère de la justice, elle fit transférer en pleine guerre d'Algérie des militants du FLN comme Djamila Boupacha en métropole pour éviter leur lynchage. De quoi renforcer encore plus mon admiration pour cette grande dame.



Tous les moments forts de la vie de Simone Veil sont bien évidemment évoqués avec fluidité et clarté, sans être approfondis : son enfance, sa déportation à Auschwitz, la mort de sa mère et de sa soeur Milou, sa loi sur l'IVG, sa présidence à la tête du Parlement européen, son retour en temps que ministre des affaires sociales, de la santé et de la ville en 1993 dans le gouvernement Balladur. Autant dire que c'est une lecture idéale pour un adolescent pour lui faire découvrir cette extraordinaire héroïne du XXème, tous les CDI de collège et lycée devraient l'avoir dans leurs rayons.



Le dessin d'Etienne Oburie apporte beaucoup de douceur et renforce l'émotion, très palpable du récit d'Annick Cojean qui dévoile les coulisses de ses rencontres avec Simone Veil, sans cacher son immense admiration. L'alternance de pastels ( jaune pour le temps présent, bleu-gris pour le temps des souvenirs, marron-rose pour le temps des entretiens – rencontres ) permet de suivre le récit qui n'est pas forcément chronologique. Ces pastels sont cependant un peu tristounets, j'aurais préféré un peu plus de couleurs, de peps, Simone Veil n'étant pas une personnalité « sage » comme elle le dit à la journaliste, souvent indignée et toujours en lutte contre les injustices.



Ce que je retiens de ce roman graphique que j'ai pris beaucoup de plaisir à feuilleter, c'est le portrait lumineux de la mère de Simone Veil dont on sent à quel point elle a compté dans la construction de sa personnalité ; c'est sa ténacité à reprendre ses études et à travailler après trois grossesses, se rappelant avec colère les séances humiliantes où son père épluchaient les comptes tenues par sa mère en demandant une explication au sou près ; c'est son appel à la sororité qui résonne dans de très nombreuses pages, appel Ô combien toujours d'actualité. Bref sa modernité.



Lu dans le cadre d'une masse critique privilégiée Babelio
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Une farouche liberté

Une farouche liberté est un livre autobiographique sur cette femme exceptionnelle, avocate, militante féministe et femme politique franco-tunisienne qui nous a quittés le 28 juillet 2020, Gisèle Halimi.

Avec son amie Annick Cojean, l’avocate la plus célèbre de France et grande figure du féminisme revient sur les épisodes marquants de son parcours rebelle, résumant ainsi soixante-dix ans de combats.

Son enfance décidera « tout », sa révolte, sa soif éperdue de justice, son refus de l’ordre établi et évidemment de son féminisme.

Dès son plus jeune âge, elle est indignée par ce coup du sort qui, en la faisant naître fille, en lui attribuant le mauvais genre, la prive de liberté et lui assigne un destin.

Dès l’enfance, elle ressent une profonde indignation à devoir lessiver le sol, faire la vaisselle, laver et ranger le linge de ses frères, les servir à table, des tâches réservées aux filles, s’entêtant à lui dire sa mère. Pas question pour elle d’accepter cette injustice criante et, n’étant pas écoutée, elle choisit « l’arme ultime : une grève de la faim ». Ce sera sa première victoire féministe.

Elle obtient sa première part de liberté en s’affranchissant de la religion et comprend tout de suite que l’autre part, elle l’acquerra par l’éducation, et que les livres lui donneront confiance et force.

Devenue avocate en 1948, ayant acquis sa liberté, elle n’aura de cesse de servir celle des autres. Pour elle, défendre a tout de suite signifié s’engager. Elle assurera une défense indéfectible des militants des indépendances tunisiennes et algériennes soumis à la torture, étant même considérée parfois comme « une traîtresse à la France ». En acceptant la défense de la jeune militante indépendantiste Djamila Boupacha, elle dénonce la torture par le viol et brise ce tabou qui voulait que le viol fût un acte de fascisme ordinaire.

Autre étape essentielle de sa vie d’engagement est la fondation, avec Simone de Beauvoir du mouvement Choisir la cause des femmes, association créée peu après le fameux « manifeste des 343 », dont elle sera la seule avocate à le signer.

Elle revient également sur son engagement politique, rédigeant et déposant, durant son mandat de députée, une dizaine de propositions de loi pour accroître les droits des femmes et améliorer leur vie.

Dès 1979, lors de la première élection du Parlement européen au suffrage universel, elle avait proposé le principe de la « clause de l'Européenne la plus favorisée » visant l'harmonisation des législations européennes concernant les droits des femmes, la meilleure loi en vigueur dans un pays de la communauté devrait s’appliquer à tous les autres.

Bien évidemment, ces combats et d’autres encore, sont relatés avec, parfois, des détails ahurissants, montrant combien nous vivons dans une société patriarcale et que le combat est loin d’être terminé.

D’ailleurs, en fin d’ouvrage, Gisèle Halimi nous encourage, nous les femmes avec force arguments, à nous unir pour conquérir de nouveaux droits sans attendre qu’on nous les « concède », concluant « On ne naît pas féministe, on le devient ».

N’oublions pas que l’égalité entre hommes et femmes est loin d’être acquise et que naître femme est encore une malédiction dans de nombreux pays du monde.

C’est aussi sa vie de famille qu’elle nous confie, ce second mari avec qui elle a tout partagé, ses trois garçons, sa déception de ne pas avoir eu de fille… Et puis, il y a ses amis. Simone de Beauvoir, celle qui dans « Le deuxième sexe » a universalisé la condition des femmes, cette femme qui l’émerveillait tant mais l’a troublée cependant par sa froideur et son absence d’émotions. Jean-Paul Sartre qu’elle aimait comme un père et avec qui elle a eu beaucoup plus d’intimité. Et surtout ce frère choisi, « son petit frère », Guy Bedos…

Elle n’hésite pas à s’adresser à nous, avec ce « Deux vies ! Deux vies sauvées ! Vous vous rendez compte ? », pour témoigner de son offuscation lorsqu’elle est obligée de recourir au président pour demander la grâce de deux condamnés à mort, ce président doté d’un droit régalien hérité de l’Ancien Régime, qui n’a aucune explication à donner et qui agit selon son bon plaisir de monarque !

Je connaissais en partie les actions menées par cette brillante avocate, ses engagements et prises de position féministes et c’est avec un réel plaisir que je les ai retrouvés, condensés dans ce livre ô combien dense et puissant. J’ai découvert à sa lecture les qualités de cette femme hors-norme dont le courage et la ténacité m’ont stupéfaite et éblouie. Moquée, menacée, elle n’a jamais reculé, a toujours fait l’impossible pour faire triompher les valeurs qu’elle défendait.

Je garde espoir comme beaucoup, que Gisèle Halimi, cette femme de tous les combats, qui s’est opposée à toute oppression et qui a changé et change encore la vie de millions de femmes puisse être panthéonisée.

Par chance, nous sommes nombreuses et nombreux à saluer l’action de cette emblématique combattante féministe et anticolonialiste qui a consacré sa vie pour l'égalité entre les femmes et les hommes et à vouloir que son souvenir demeure présent dans les mémoires.

Pour exemple, Pierre Jouvet, le maire de Saint-Vallier-sur-Rhône dans la Drôme, commune voisine de celle où je réside, a, le 20 novembre 2021, inauguré l'école Gisèle-Halimi, en présence de son fils Emmanuel Faux, hélas, décédé depuis. À cette occasion, l'artiste C215 a réalisé une fresque la représentant à l'entrée de l'établissement !

Je remercie les Éditions Grasset qui m’ont adressé ce livre accompagné de la BD adaptée de ce dernier et dans laquelle je me plonge immédiatement !


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Une farouche liberté : Gisèle Halimi, la cause ..

Inspirée du livre Une farouche liberté de Gisèle Halimi et Annick Cojean, publiée en 2020, réédité en 2022 cette BD en est une remarquable adaptation.

Avant de suivre Gisèle Halimi dans les étapes qui ont jalonné sa carrière d’avocate, ce métier où elle « a mis toutes ses forces, ses tripes, sa passion, sa vie », c’est à La Goulette, en Tunisie, le 27 juillet 1927, que nous nous rendons. Si elle est bien née ce jour-là, son père Edouard Taïeb mettra trois semaines avant d’annoncer sa naissance ! Elle était née du mauvais côté. De plus, sa mère portait toute son attention vers ses deux frères qu’elle considérait comme « les essentiels », divisant son monde entre les hommes seigneurs et maîtres et les femmes, leurs servantes, conviction renforcée par la religion.

Gisèle refuse très tôt un destin assigné par son genre et comprend vite que « sa liberté, c’est l’école qui la lui donnerait ».

En septembre 1945, bac en poche elle s’envole pour Paris : devenir avocate pour changer le monde !

De retour à Tunis en 1949, lauréate d’un concours d’éloquence, elle est embauchée dès le lendemain dans le meilleur cabinet de Tunis, elle avait 22 ans !

Ensuite, Annick Cojean et Sophie Couturier, les deux co-scénaristes ont su, avec talent, mettre en valeur quelques-uns des plus spectaculaires combats qu’a menés celle qui, comme le résume si justement le bandeau qui ceint le livre, peut être décrite comme « L’avocate qui a changé le destin des femmes ». je rajouterais : mais pas que…

Elle va spontanément adhérer au mouvement de lutte pour l’indépendance de son pays et faire ses premières armes en défendant des militants des indépendances tunisiennes et algériennes soumis à la torture. Elle va devoir se rendre à Paris pour rencontrer le président Coty puis De Gaule pour obtenir la grâce de condamnés à mort : des vies qui dépendent du bon vouloir d’un monarque…

De 1956 aux accords d’Évian en 1962, elle fera la navette entre Alger et Paris.

L’affaire Djamila Boupacha sera l’une des plus emblématiques de cette guerre d’indépendance et de sa vie d’avocat. La jeune fille, accusée d’avoir déposé une bombe dans un café a été violée et torturée, les militaires s’étant acharnés sur elle. Gisèle n’a qu’une obsession : en faire le symbole, aux yeux du monde entier, des ignominies commises par la France. Déçue par la réaction de certains auxquels elle s’était adressée, elle va cependant rencontrer des alliés avec par exemple, Daniel Meyer, le président de la Ligue des droits de l’homme mais c’est en Simone de Beauvoir qu’elle va trouver la plus précieuse. Le 2 juin 1960, sa tribune fait la une du Monde. Son impact est mondial. Simone Veil a également joué un rôle majeur pour le transfert de Djamila en France. Picasso, quant à lui, en faisant le portrait de Djamila en a fait une icône mondiale.

Avec cette affaire, c’est le tabou du viol qui venait d’être brisé.

C’est avec Claude, ce féministe, avocat mais poète, secrétaire de Jean-Paul Sartre qu’elle se mariera en 1961 et avec qui elle partagera tout.

À l’appel de Simone de Beauvoir, elle va s’investir à fond pour faire signer et que soit publié ce fameux Manifeste des 343, ces 343 Françaises qui bravent la législation et proclament avoir avorté, un coup magnifique que Charlie Hebdo immortalisera une semaine plus tard.

S’en suivra la création de l’association Choisir la cause des femmes.

Impossible de retracer cette vie de combats, de passion et d’engagement sans évoquer le procès de Bobigny en 1972, avec l’affaire Chevalier, un cas exemplaire des injustices faites aux femmes, un procès dans lequel elle a attaqué, avec succès, la loi de 1920, cette loi condamnant l’interruption volontaire de grossesse.

L’édition de la BD Une farouche liberté pour célébrer l‘anniversaire de ce procès qui eut lieu il y a tout juste 50 ans est un magnifique hommage rendu à cette illustre avocate.

Son engagement en politique et ses propositions de lois comme la création d’une Europe des citoyennes où les droits des femmes seraient tirés vers le haut ne sont pas oubliés.

Les dessins convaincants, très gestuels et très expressifs de Sandrine Revel et les couleurs de Myriam Lavialle bien adaptées aux situations participent grandement à la mise en lumière de cette grande dame infatigable qu’a été Gisèle Halimi. Le tout rend à merveille le dynamisme, l’énergie déployée et la volonté sans faille dont a fait preuve tout au long de sa vie cette ardente défenseure de la cause des femmes. La BD est à mon avis une mise en valeur magnifique et originale du roman.

Deux pleine-pages m’ont beaucoup touchée, celle avec Picasso, fusain à la main venant d’achever le portrait de Djamila Boupacha et celle sur laquelle Gisèle Halimi et Michèle Chevalier, la mère de Marie-Claire arrivant à New-York, à l’invitation des féministes américaines.

Mais rien n’étant jamais acquis et beaucoup de choses restant à faire, Gisèle Halimi, en passant le flambeau, nous demande de garder l’esprit de conquête pour gagner de nouveaux droits, en misant sur la sororité. Pour nous y inciter, un dernier dessin très sobre :

Une fillette, bras croisés et fronçant les sourcils, se tient debout au centre de la toute dernière page avec ces mots : C’est toujours pas juste !

Merci aux Éditions Steinkis et Grasset pour ce fabuleux cadeau !


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Je ne serais pas arrivée là si...

"Personne ne peut m'offrir de plus beau cadeau que celui de me sentir aimée!" Mercia Tweedale.

Annick Cojean a interviewé 27 femmes qui livrent, ce que la Vie leur a appris.





Merci à nos parents, père, mère et grands parents!

Maman Taubira a aidé sa fille Christiane avec un rire tonitruant. "Ce rire qui révélait Une joie invincible".

Patti Smith remercie la détermination de sa mère à la mettre au monde et à maintenir en vie son bébé".

Pour Juliette Greco, c'est la grande comédienne Hélène Duc qui l'avait recueillie comme sa propre enfant. "C'était la première fois que l'on m'aimait ainsi. Et c'était me mettre au monde une 2è fois."

"La reconnaissance est la mémoire du coeur."Hans Christian Andersen.





Pour Claudia Cardinale, c'était " Patrick, ce bébé que j'ai voulu garder malgré les circonstances et l'énorme scandale que pouvait ainsi susciter une naissance hors mariage..."

Pour Virginie Despentes, c'était arrêter de glisser sur des pentes dangereuses, dont celle de la boisson...

Pour Amélie Nothomb, c'est ...assez drôle!

Il y aussi Joan Baez, Nicole Kidman, Francoise Héritier...





""Soyons reconnaissants aux personnes qui nous ont aidés, qui nous donnent du bonheur. Elles sont les charmants jardiniers par qui nos âmes sont fleuries." Marcel Proust.





"On regarde nos vies

Sans jamais dire merci

A ceux qui nous font grandir

Au meilleur et au rire

Il faut savoir dire merci."

Il faut savoir dire merci , Lilian Renaud.
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Simone Veil ou la force d'une femme

Je remercie avant tout le site de BABÉLIO pour cette proposition de Masse Critique privilégiée, ainsi que les éditions STEINKIS/PLON pour cette excellente BD. Non seulement le scénario d’Annick Cojean et de Xavier Bétaucourt, mais aussi les dessins d’Étienne Oburie, en font une œuvre complète et émouvante.

On découvre la genèse d’un article du journal Le Monde commandé à Annick Cojean suite au décès de Simone Veil. L’ensemble sert de prétexte à retracer sa vie de manière la plus juste possible, et l’hommage qui lui est rendu me semble à la hauteur de cette femme exceptionnelle pour cette catégorie d’ouvrage.

Voilà un livre rendu accessible au plus grand nombre, avec des textes qui font mouche et un graphisme que j’ai trouvé à la fois précis, riche et classe, comme cette grande dame. La mise en couleur, monochrome, différente selon les pages, en sépia le plus souvent, et parfaitement étudiée donne à l’ensemble un aspect sérieux et plaisant à la fois. Les détails foisonnent, les décors sont riches, les vues toutes différentes, en plongée, en contre-plongée, ou autres, et certains dessins rendent pleinement l’émotion exprimée.

Je recommande vivement ce livre, lu rapidement, pour ne jamais oublier.






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Une farouche liberté

Honte à moi, j'avais à peine entendu parler de Gisèle Halimi avant son décès il y a quelques semaines. A ma décharge (pour ce que ça vaut), j'étais à peine née lorsqu'elle plaidait en 1978 aux Assises d'Aix-en-Provence dans l'affaire de deux jeunes femmes victimes d'un viol collectif.

Une lacune béante un brin colmatée grâce à la lecture de ce petit livre, transcrivant un entretien de Gisèle Halimi avec la journaliste (entre autres) Annick Cojean. Dans lequel j'ai découvert le parcours impressionnant de cette grande dame, avocate de la cause des femmes, révoltée quasiment de naissance par l'injustice dont celles-ci sont victimes et par la malédiction de naître femme, de n'être "que" femme. Comprenant très vite que sa libération passera par l'école, elle s'obstine à poursuivre ses études, à être la meilleure et à entrer au barreau. Elle n'hésitera pas à faire médiatiser les grands procès dans lesquels se jouent les causes qu'elle défend avec acharnement : les militants de l'indépendance algérienne, les victimes de viol, le droit à l'avortement. Malgré d'éclatantes victoires, elle réalise que, mieux qu'une affaire judiciaire, c'est le législateur qui peut faire évoluer le Code pénal. Elle entre alors en politique à l'époque de Mitterrand, mais déçue, et par ce dernier et par les manoeuvres politiciennes en général, elle n'y fera pas long feu.

A travers ce texte, on découvre donc la femme publique, mais aussi l'épouse, la fille, l'amoureuse, la mère, l'amie. Portrait d'une féministe engagée et passionnée, sincère et "cash", ce livre se termine par une sorte de testament, comme un flambeau à reprendre par les jeunes femmes d'aujourd'hui, qui les adjure d'être indépendantes économiquement, d'être libres de choisir de ne pas être mères, de poursuivre un combat loin d'être achevé.

Merci Madame.



En partenariat avec les Editions Grasset via Netgalley.

#unefaroucheliberté #NetGalleyFrance
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Je ne serais pas arrivée là si...

Une notoriété acquise de longue date, un talent d’intervieweuse alliant une gentillesse naturelle, un carnet d’adresses conséquent : Annick Cojean n’avait sans doute que l’embarras du choix quant aux personnalités susceptibles de participer à ce livre d’entretiens !



Vingt-sept femmes participent à “Je ne serais pas arrivée là si…” et se prêtent avec sincérité aux questions de l’actuelle présidente du prix Albert-Londres.

Majoritairement artistes de renommée mondiale ou politiciennes de premier rang, une même flamme souvent les habite depuis l’enfance. Une passion qui se révèle plus ou moins précocement, un petit coup de pouce du destin et un travail de longue haleine vont alors de pair avec une carrière d’une grande exemplarité.



Le lecteur enchaîne avec gourmandise les parcours de vie de ces célébrités méritantes, captivé par tant de générosité et d’humilité. Lorsque ces “grandes dames” prônent l'égalité absolue entre tous les êtres humains et mettent en avant un féminisme éclairé, elles touchent aussi le cœur des hommes !

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Les proies : Dans le harem de Kadhafi

Un très bon document que nous livre la journaliste Annick Cojean, dans lequel elle dénonce les crimes sexuels perpétrés par Mouammar Kadhafi en quarante deux ans de pouvoir.



Ce livre se présente en deux parties principales.

Dans la première nous découvrons le témoignage de Soraya, une jeune fille de quinze ans qui a été enlevé pour servir le frère Guide. Celui-ci, toujours avide de chair fraîche, lui a pris sa virginité, l'a violée à maintes reprises quand bon lui semblait, il l'a battue, droguée et humiliée pendant cinq années. Mais Soraya n'est qu'une esclave sexuelle parmi tant d'autres dans le sous-sol du Colonel qui constitue son harem.

Soraya nous explique ses craintes et ses douleurs, mais le plus difficile sont les passages où elle raconte toutes les perversions de ce tyran irascible à l'obsession maladive et brutale. Toujours affamé de sexe, il contraint des centaines de personnes a satisfaire ses perversions, qu'ils soient hommes, femmes ou adolescentes.



Dans la seconde partie Annick Cojean nous relate son enquête à travers les différents intervenants qu'elle a pu rencontrer lors de son voyage en Libye, notamment des rebelles après la mort du dictateur.

Elle cherche avant tout à dénoncer les crimes de Kadhafi et de ses multiples complices pour faire justice à toutes ces femmes détruites. Elle nous parle aussi de Mabrouka Shérif, la plus grande complice de Kadhafi et également bourreau et geôlière de Soraya.



Par ailleurs, Annick Cojean rencontre d'autres victimes qui témoignent anonymement. Mais le sujet reste malheureusement encore tabou dans la société libyenne actuelle. Ce qui ne facilite pas le travail de la journaliste.

Elle dénonce aussi l'envers du décor notamment à propos des gardes du corps féminins du Colonel Kadhafi, avec lesquelles il aimait tant se pavaner en public, celles que la presse internationale avait surnommées les "amazones" et qui n'étaient autres que ses esclaves sexuelles elles aussi. Tous ses dires se confirment à travers les nombreux témoignages qui correspondent.

Le plus écoeurant est probablement tout le système mis en place pour permettre au dictateur de trouver ses nouvelles proies: des rabatteurs à son service ciblent notamment les écoles et les salons de beauté pour trouver de nouvelles jeunes filles. Tout est étudié pour avilir et écraser toujours plus de personnes.



J'étais étonnée de constater que le terme "pédophile" ne soit pas une seule fois cité dans cet ouvrage. Il est pourtant mentionné que le Colonel voulait au moins quatre vierges par jour et que celles-ci avaient une moyenne d'âge entre douze et quinze ans. Répugnant !



Une belle preuve de courage pour toutes ces femmes qui se battent pour qu'on reconnaisse leur statut de victimes et également pour l'auteure qui s'est investie pour mettre à jour la vérité.
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Une farouche liberté

Il est des livres, comme celui-ci que l’on a du mal à refermer, pour continuer à voyager avec l’auteure, ici, ce serait plutôt l’héroïne…



J’ai choisi ce livre témoignage car deux femmes ont vraiment compté, dans ma vie, m’ont servi d’exemple à suivre, dans mon quotidien et mes combats de femme : il s’agit de Simone Veil qui était une véritable mère de substitution pour moi, du moins de mère idéale, (désolée, Maman, mais je sais que cela ne te surprend pas ! tu connais mon admiration pour Elle et tu l’aimais bien aussi !et en plus vous aviez à peu près le même âge) et Gisèle Halimi, pour ses combats acharnés pour les droits des femmes.



Il s’agit d’un livre d’entretien avec Annick Cojean où Gisèle Halimi revient sur son enfance en Tunisie, avec une mère peu aimante (doux euphémismes) qui n’avait d’yeux que pour son fils aîné adoré. Gisèle était obligée d’être la bonne de ses frères, les servir à table, nettoyer leurs chambres, leur linge… ils étaient quatre enfants, deux garçons et deux filles !



Jusqu’au jour où elle a décidé d’entamer une grève de la faim pour protester.



Elle obtiendra en quelque sorte gain de cause et n’aura plus qu’une idée : faire des études ce qui pour une fille à l’époque était déjà un combat. Pour un garçon, on veut bien payer même si ses résultats scolaires sont nettement en dessous, mais pour une fille, seule compte mariage et dot… une injustice qui conditionnera tout son combat futur.



Elle travaille d’arrache-pied pour obtenir une bourse et ne rien coûter à ses parents et pourra imposer son choix de faire des études supérieures et devenir avocate avec un E majuscule tant elle tient à la féminisation du titre. Lorsque, plus tard le Général de Gaulle lui demandera s’il doit l’appeler Mademoiselle ou Madame, elle répondra : Maître !



Ce livre revient sur ses combats : la manière dont elle a défendu les personnes torturées pendant la guerre d’Algérie, alors qu’elle se faisait insulter, traiter de « pute à bicot » par les partisans de l’Algérie Française entre autres et recevait des cercueils pour tenter de la faire taire, ce qu’elle n’a jamais fait.



Gisèle Halimi revient sur le dossier de Djamila Boupacha, jeune militante indépendantiste, torturée :



"La première fois que je l’ai vue dans la prison de Barberousse à Alger, elle boitait, elle avait les côtes cassées, les seins et la cuisse brûlés par des cigarettes. On l’avait atrocement torturée pendant trente-trois jours, on l’avait violée en utilisant une bouteille, en lui faisant perdre sa virginité à laquelle cette musulmane de 22 ans, très pratiquante, tenait plus qu’à sa vie."



Elle s’est battue pour obtenir des grâces présidentielles, dans son combat contre la peine de mort. Elle a pris position sur le viol, pour le faire reconnaître comme un crime, sur l’avortement pour modifier la législation en cours, dans une assemblée composée d’hommes évidemment. Les femmes ne peuvent pas décider de faire ce qu’elles veulent de leur corps, c’est aux hommes de décider pour elles ! vive la démocratie au pays de Voltaire et Hugo quand on sait que le droit de vote pour les femmes remonte seulement à 1945 soit un retard important par rapport à d’autres pays.



Le procès d’Aix-en Provence, en 1978 (deux jeunes touristes belges qui campaient ont été agressées en 1974 par trois hommes ont dû prouver qu’elles avaient été agressées pendant des heures, et qu’elles n’étaient pas consentantes, ce fameux consentement qui fait encore couler beaucoup d’encre aujourd’hui, qui a permis de faire avancer la cause des femmes a été spectaculaire à sa manière, le juge ne voulant pas en faire le procès du viol.



Gisèle Halimi a compris, très vite, qu’il fallait faire fi du serment d’avocate qui lui hérissait le poil, et médiatiser les affaires, tel le procès d’une jeune femme violée à seize ans et contre laquelle son violeur a porté plainte car elle avait décidé de se faire avorter, on marche sur la tête, mais c’était la justice à l’époque…



Elle s’est battue d’arrache-pied pour la loi sur l’avortement défendue par Simone Veil, et elle raconte avec beaucoup de tendresse ses rencontres avec cette grande Dame qui s’est fait traitée de nazie par les députés de droite, ne l’oublions pas !



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m’ont permis de découvrir ce livre et de passer du temps avec deux auteures de talent. Quand on a l’impression, je parle pour moi bien sûr, de bien connaître une personnalité telle que Gisèle Halimi on a tendance à ne retenir que ses combats, ses apparitions dans les médias sans se donner la peine de lire ses livres et cela finit par laisser des regrets. Mais, on ne peut pas tout lire, il faudrait vivre jusqu’à mille ans comme les Patriarches et ce serait probablement sinistre surtout pour l’entourage !



Mes hommages, Madame, pour ce que vous avez accompli pour la cause des femmes, et je suis plutôt d’accord, hélas, avec vos conclusions. (Petit aperçu dans les extraits ci-dessous).



#Unefaroucheliberté #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Une farouche liberté : Gisèle Halimi, la cause ..

Je connaissais évidemment le nom de Gisèle Halimi et son combat pour les femmes. J'ai réalisé à la lecture de cette BD que j'ignorais beaucoup de choses sur sa vie.



Elle est née en Tunisie. Fille ! Son père a mis trois semaines à annoncer sa naissance, tellement il était honteux d'avoir eu une fille. Et son combat va commencer dès son enfance, où elle devra se battre pour pouvoir jouer dans la rue, pour échapper aux corvées familiales, pour ne pas devenir la servante de ses frères, et surtout pour pouvoir continuer à étudier. Les livres seront sa porte de sortie d'un destin qu'on voulait lui imposer.



J'ai beaucoup aimé cette biographie, adaptation du livre Une farouche liberté de Gisèle Halimi et Annick Cojean, Beaucoup de fantaisie, d'humour malgré les thèmes graves abordés, et aussi d'émotion. On revisite l'histoire en France des droits des femmes et les combats menés par celle qui a pu par son travail devenir avocate, Guerre d'Algérie et tortures, viol, droit à l'avortement entre autres .... On y croise d'autres figures célèbres de ces batailles.

On ne parlera jamais assez des femmes et de leurs droits, de celles qui les ont défendus, surtout aujourd'hui où ils régressent dans beaucoup de pays, et pas seulement les plus pauvres et les plus islamistes de la planète.
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Une farouche liberté : Gisèle Halimi, la cause ..

Club N°50 : BD sélectionnée ❤️

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Le récit de la vie et des combats de cette grande dame qu'était Gisèle Halimi, depuis son enfance en Tunisie, où dès l'âge de 10 ans elle se révolta contre le rôle que l'on assignait aux petites filles dans les familles jusqu'aux procès de Bobigny et d'Aix-en-Provence, qui firent tant avancer la cause des femmes.



Un récit plein d'émotion, ce qui n'est pas toujours le cas pour les biographies.



Les illustrations, pleines de vie et de rythme, renforcent le message et l'admiration pour cette femme hors du commun.



Gigi

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Ouvrage utile sur les combats qu'a menés Gisèle Halimi pour défendre les droits des femmes notamment.



Inspirant.



Morgane N.

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Superbe biographie qui donne l'envie du combat à chaque page que l'on tourne à toute vitesse pour lire la suite.



VT

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Un documentaire ludique.



On y suit toutes les étapes de différents cheminements à travers des affaires et des victoires sociales cruciales, avec une présentation qui fait appel à l'émotionnel.



On se sent concerné.



C'est une biographie vivante et agréable à suivre.



On n'est jamais perdu, ni dans la pensée ni dans le fil de narration.



Après l'avoir lu j'avais envie de le partager.



Pour pinailler, je suis juste un peu moins emballée par la fin, qui a un côté Banquet de Platon qui me convainc peu dans sa forme.



Perceval

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Lien : https://mediatheque.lannion...
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Simone Veil ou la force d'une femme

Je remercie Babelio et les éditions Plon de m'avoir fait découvrir un genre littéraire que je ne connaissais pas : la biographie en bande dessinée.



Annick Cojean est journaliste au Monde, en 2017 son journal lui demande de rédiger un article pour saluer la mémoire de Simone Veil qui vient de mourir. Les deux femmes se sont rencontrées à de multiples reprises et ces différentes rencontres ont tissé entre elles un lien particulier.



Les dessins d'Étienne Oburie sont simples, en noir et blanc, car ici l'important c'est le texte qui retrace la vie de cette femme admirable. Simone n'a jamais toléré aucune incartade en matière de droits de l'homme, dans les différents postes qu'elle va occuper elle va secouer la société pour améliorer la condition des exclus, des oubliés, des humiliés et en premier lieu les femmes.



« La dépendance économique vous menotte, vous bouche l'horizon, vous expose à toutes les humiliations y compris d'ailleurs aux violences conjugales. »



L'histoire retiendra avant tout son passage au ministère de la Santé et le débat houleux sur la libéralisation de l'avortement à l'Assemblée nationale composée presque exclusivement d'hommes.



Mais c'est toute sa vie qui défile au détour des pages de cet album ; une enfance heureuse à Nice, un père rigoureux et sévère, une mère qui a guidé sa vie dans tous les domaines ; l'enfer des camps bien entendu et sa rencontre avec Marcelline Loridan, tellement différente et tellement complice ; son amitié pour Gisèle Halimi, la même passion pour la défense des femmes ; ses deuils : « La mort ne pouvait s'empêcher de roder autour de moi » ; sa fascination pour les musées, Antoine son mari, le déjeuner hebdomadaire réunissant toute la famille ; son élection à l'Académie française et le transfert des cercueils de Simone et Antoine au Panthéon « Une décision de tous les français ».



Cet album émouvant qui retrace bien la force, le courage et les engagements de cette femme exceptionnelle se termine par la copie de l'article rédigé par Annick et publié le 2 juillet 2017 dans « le Monde ».
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Simone Veil ou la force d'une femme

BD.

Ils étaient quatre enfants, élevés dans une certaine éthique.

Son père était un homme bon, mais ce qui révoltait Simone, c'est qu'il refusait que sa femme travaille.

Simone Veil ( 1927-2017 ) a été déportée a Birkenau avec sa mère et sa sœur. Sauvée par une prisonnière qui lui a confié :

"Dis-leur que tu as 18 ans."

Simone a su par la suite que les enfants et les adolescents étaient directement envoyés au four crématoire.

Sa mère, avec laquelle Simone était fusionnelle, a été emportée par le typhus dans le camp nazi, un mois avant la libération.

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Annick Cojean a interviewé plusieurs fois Simone Veil. Elle est même devenue amie avec elle. Peut-être fut-elle un peu la fille qu'elle n'a pas eu ?

Deux choses m'ont un peu gêné dans cette belle biographie : une chronologie malmenée, et un peu trop d'Annick.

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Pour moi, Simone fait partie des Anges, ces êtres qui peuvent être terrestres, mais qui ont pour mission de sauver les humains :

- grâce aux améliorations qu'elle a fait dans les prisons ;

- grâce à la loi (1974 ) sur l'avortement, combattue à l'Assemblée par les machistes, mais qui a libéré la Femme, et surtout empêché la mort de 300 femmes par an, et la mutilation de centaines d'autres ;

- grâce à son manifeste ( 1995 ) pour la parité hommes / femmes chez les candidats députés, le pourcentage de députées qui était de 6% s'est élevé, et a ainsi permis que la parole féminine puisse mieux s'exprimer.

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Même si toutes les femmes ne sont pas des Anges ( et certaines en sont loin, comme pour nous ), comme Madame Veil, je suis épaté par la phrase de Desmond Tutu qui souhaite que les femmes prennent les choses en main :

"Les hommes, dégagez du chemin !"
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Une farouche liberté

Gisèle Halimi et Simone Veil font partie des femmes qui ont marqué notre époque. Le décès le 28 juillet de Gisèle Halimi m’a donné envie d’en connaître plus sur cette femme admirable dans son combat permanent pour la cause des femmes et contre l’injustice. Autant dire que le livre écrit en collaboration avec la journaliste Annick Cojean tombait à point nommé.



Ce livre d’entretiens a parfaitement répondu à mes attentes. Annick Cojean pose les bonnes questions, elles permettent à Gisèle Halimi de revenir sur les étapes essentielles de sa vie et surtout de transmettre un message à la génération de sa petit-fille.



Tout est parti de son enfance en Tunisie et des son indignation ressentie dès son plus jeune âge que c’était une malédiction de naître femme. Gisèle va rapidement être persuadée que l’école sera sa libération. Le choix du métier d’avocate ensuite, pour combattre l’injustice et essayer de changer le monde si mal fait. Adepte des procès-débats, des procès-tribunes pour faire reconnaître le droit des femmes à disposer de leur corps. Au fil des pages Gisèle évoque le douloureux procès de Marie-Claire violée à 16 ans et dénoncée par son violeur à la police pour s’être fait avorter ; la guerre d’Algérie avec les tortures, les exactions, la peine de mort et la sinistre guillotine ; la fondation de Choisir son association militante



Mais bientôt Gisèle prend conscience que le vrai pouvoir est entre les mains du législateur, elle entre donc en politique avec l’illusion de pouvoir changer l’avenir de tous les opprimés, l’occasion pour elle de dresser un portrait sans concession de François Mitterrand.

Ce livre est surtout un testament adressé aux jeunes femmes de demain : soyez indépendantes économiquement, soyez égoïstes, refusez l’injonction millénaire de faire à tout prix des enfants, les femmes ne sont pas réduites à des ventres. N’ayez pas peur de dire que vous êtes féministes.



La voix de Gisèle Halimi est sincère, elle n’élude aucun sujet, comme la difficulté d’être mère à part entière quand on a un métier si prenant. C’est un livre à faire lire dans tous les lycées afin de susciter les débats et la prise de conscience qu’aujourd’hui encore cela reste une malédiction de naître femme dans la plupart des pays du monde. Ce qui fait la force de ce récit c’est que le combat n’est en aucun cas dirigé contre les hommes, ce n’est pas cela être féministe.



Mais ce livre restera pour moi un formidable roman d’amour.

L’amour pour un métier, celui d’avocate, son oxygène, sa façon d’exister, l’amour de la plaidoirie, une nouvelle aventure à chaque fois.



L’amour pour ses amis, Sartre « son doux ami », qui préférait la compagnie des femmes « le castor », Simone de Beauvoir, irréductible combattante, Simone Veil, éloignée par leurs opinions politiques, mais du même bord, c’est-à-dire du côté des femmes et Guy Bedos « son petit frère », ils avaient tant de choses en commun, le déracinement, le rejet de tout esprit colonisateur, le refus du racisme, la vision de la religion comme un enfermement, surtout vis-à-vis des femmes.



Et surtout, l’amour pour Claude, l’homme qui a partagé sa vie, ses combats pendant soixante ans. Il l’a soutenue, l’a épaulée, ils ont tout fait ensemble, ils étaient partenaires.



Je remercie infiniment les éditions Grasset de m’avoir offert l’opportunité de lire ce roman.

#Unefaroucheliberté #NetGalleyFrance

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Simone Veil ou la force d'une femme

Je referme cette BD à l instant et j ai encore la gorge nouée d émotions et des frissons sur les bras.

C est en effet un bien bel hommage à cette grande dame et une excellente idée d avoir choisi ce genre littéraire. Une BD à la portée de tous car il est indispensable de connaître cette femme de courage et ses combats.

D abord je veux saluer les illustrations d Étienne Oburie.Des teintes délicates, beaucoup de douceur et de sensibilité transparaissent de ces dessins.

Lorsque Simone Veil s éteint en 2017 c est Annick Cojean grand reporter au monde qui est chargée de rédiger un article sur Simone Veil. Il faut dire que les deux femmes se sont rencontrées à plusieurs reprises et ont tissé des liens étroits. Annick Courant évoque ces rencontres avec Simone Veil et retrace sa vie avec pudeur et délicatesse : l enfance de Simone Veil, son adoration pour sa mère, sa déportation dans les camps avec sa mère et sa soeur aînée, son combat bien sûr pour faire adopter la loi sur l IVG, son engagement pour la cause des femmes.

J ai été bouleversée à plusieurs reprises ( sa mère emportee par le typhus un mois avant la libération des camps, la perte de sa soeur dans un accident de voiture) et aussi révoltée ( les propos tenus à l assemblée par les opposants à la loi sur l IVG sont ignobles).

Je garderai aussi en mémoire que chaque femme doit etre indépendante. Rien ne l exaspérait plus que de voir son père demander des comptes à sa mère sur des dépenses ou que celui ci refuse qu' elle travaille.

Un grand merci à Babelio pour cette masse critique privilégiée et les éditions Plon Steinkis pour leur confiance.

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Les proies : Dans le harem de Kadhafi

Sommes-nous « les proies » d'une hallucination ? Sommes-nous « les proies » d'un cauchemar dont on se réveillera en sueur mais rassurés d'être dans notre lit douillet ?

Non, nous sommes « les proies » d'une lecture effarante. Âmes trop sensibles s'abstenir ? Certainement pas, savoir et diffuser sont de la responsabilité de chacun. Et nous ne pouvons que rendre hommage à la journaliste d'investigation Annick Cojean d'avoir rendu public ce sujet.

Dans notre confort de pays libre d'expression, il est difficile de nous imaginer à quel point l'histoire de Soraya puisse avoir eu lieu sans que rien ni personne ne s'en soit ému, scandalisé et dénoncé. Sujet tabou. En parler demeure difficile. Obscurantisme.

Tels sont pourtant les faits : l'horreur dépasse la réalité de ce que nous pouvons imaginer : silence, culpabilité, rejet sont les revers de cette souffrance que son témoignage nous apporte.

Il y a l'ogre pervers Khadafi à la sexualité anormalement débordante, anarchique et destructrice aussi bien pour des jeunes filles que pour des jeunes garçons. Salué en « guide » pendant ses voyages en Afrique de manière passionnelle voire hystérique, reçu par des chefs d'état... on ne connaît que trop les images qui nous firent frémir.

Un chaos de sentiments accompagne tous les témoignages recueillis, la mémoire est-elle parfaitement exacte ou amplifie-t-elle les souvenirs en les gonflant des vécus de chacun ?

Quoi qu'il en soit, l'abjection est totale et bien réelle. Tous les superlatifs du monde ne suffisent pas pour décrire l'épouvante dans laquelle des hommes ont plongé d'autres hommes et particulièrement les femmes notamment en décrétant le viol comme « arme de guerre ».

Les blessures dans la chair, le non-dit trop présent, le trouble permanent, « l'omerta » décrétée empêchent toujours ces femmes de respirer. Et cela durera tant que la raison ne l'emportera pas.

Un espoir : ces associations de femmes qui tentent d'imposer leur existence autrement que comme créatures dont on dispose... mais ces autres sacrifiées qui ne peuvent parler, quand les entendra-t-on ?

Je suis fière qu'une femme journaliste ait eu le courage de s'investir dans ce travail et je la salue.



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Je ne serais pas arrivée là si...

En ce 8 mars, journée des femmes, voici un excellent livre qui "donne la pêche"..., nous offrant grâce à la plume très fluide de la reporter, Annick Cojean, le parcours original et déterminé de 27 femmes qui ont été jusqu'au bout de leurs combats et de leurs convictions !



Une belle lecture qui fait du bien, avec des personnalités lumineuses...

Parcours époustouflants appartenant à tous les univers: artistique, politique, littéraire, sportif, etc. --Comme l'exprime fort bien Annick Cojean dans sa préface :"Ce qui m'intéresse, c'est l'énergie d'un cheminement. Ses ressorts secrets. ses fantômes. Son moteur. Ses plaisirs. Comment se construit une vie ? Qu'est-ce qui fait avancer ? "(p. 10)



27 femmes aussi courageuses que talentueuses... et le hasard me fait à nouveau rencontrer dans ces interviews passionnants, l'auteure turque, Asli Erdogan, dont je commence la dernière traduction en France, "L'Homme-coquillage" [ et suis étonnée car il y a de nombreux éléments faisant écho à sa propre vie...]



Ce qui me paraît "époustouflant et insaisissable"... c'est la flamme mystérieuse qui anime ces destins et ces parcours hors du commun...car ce dynamisme et ces talents se déploient, naissent à partir de débuts de vie, des plus contrastés et parfois totalement, aux antipodes... soit des constructions à partir de bases familiales, affectives des plus nourrissantes, et porteuses soit à partir de départs dans l'existence sous des auspices aussi "sombrissimes" que violents...





A cette petite phrase... "Je ne serai pas arrivée là si..." les réponses les plus éclectiques, parfois insolites, toujours émouvantes :



Comme Amélie Nothomb : " Si je n'avais pas été insomniaque...", Asli Erdogan, " Si je n'avais pas été plongée, depuis ma plus tendre enfance, dans un univers de violence et de peur", Anne Hidalgo, " Si mes parents fuyant l'Espagne franquiste , n'avaient pas émigré en France avec la conviction que l'avenir de leurs deux filles passerait par l'éducation", Marie-Claude Pietragalla, " Si, à 8 ans, je n'avais pas ressenti que la danse allait me sauver d'une timidité maladive ", Patti Smith, "S'il n'y avait eu la détermination de ma mère à me mettre au monde et me maintenir en vie", Michaelle Jean, "Si je n'avais eu un lien si fort, si viscéral avec l'Afrique", etc.



Je cesse là mon énumération pour laisser les autres surprises aux camarades-lecteurs !!



Annick Cojean a entrepris cet ouvrage d'entretiens, de rencontres... pour rendre hommage à sa maman, irremplaçable, dont le décès l'a "ravagée"...et j'achève par un extrait concernant la surnommée, "Première diva d'Afrique" , Angélique Kidjo, qui rend , elle, un vibrant hommage

à un père très éclairé :



"Je ne serais pas arrivée là si...



Si mon père n'avait pas mis ses trois filles à l'école. Lui si calme, si digne, si pince-sans rire, pouvait se transformer en lion furieux sur la question de l'éducation. Zéro tolérance pour la connerie humaine et ses manifestations comme le racisme ou l'antisémitisme ! Alors il tenait à ce que ses filles soient scolarisées, au même titre que ses sept fils. Pour comprendre la complexité du monde et penser en liberté. "(p. 259)



Une lecture pleine d'émotions qui nous offre comme des instantanés magiques de "RENCONTRES"....
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Une farouche liberté

Une biographie originale sous forme d'une interview, une biographie très résumé aussi, Gisèle Halimi dévoile un peu de sa vie par le prisme de ses combats.

La vision est certainement un peu magnifiée, ce qui renforce encore l'humanité du discours.

Le plus évident, c'est la force de conviction restée intacte jusqu'au bout.

Un petit livre , 160 pages, qui se lit tout seul, un très beau témoignage et un ultime plaidoyer, un dernier coup de gueule tellement actuel.
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