Même si parfois nous parlons du bonheur que nous avons eu à lire un livre, la littérature n'a pas pour vocation de nous rendre heureux.
(p. 229)
Car la littérature, depuis notre plus jeune âge (lorsque nous entendions les histoires à défaut de les lire), possède cette incroyable faculté de développer notre capacité d'émerveillement. Y compris, voire surtout, quand ce sont des histoires d'ogres et de sorcières.
(p. 230)
Lire une histoire, s'identifier au héros même quand il est en souffrance ne signifie pas que l'adolescent va reproduire les mêmes actes. (...) L'angle de lecture de l'adolescent et de l'adulte n'est certes pas le même !
(p. 82)
D'un point de vue psychanalytique, l'adolescence est un travail au sens ou on l'entend quand on parle d'accouchement ou de deuil, ce qui bien sûr suppose un relatif degré de souffrance.
L'enfant n'est pas un sac vide que l'adulte peut remplir de tous les objets qu'il a désirés et qu'il n'a pas obtenus en temps voulu.
De la même façon qu'un peuple doit être infantilisé pour être mieux tyrannisé, un adolescent doit rester un enfant pour être mieux contrôlé. Les deux projets sont souvent motivés par les meilleures intentions dont nous savons qu'elles sont aussi les pavés de l'enfer...
Nous sommes en droit de frémir d'inquiétude quand se profile à l'horizon un monde où les enfants désireux de lire devront montrer une pièce d'identité au libraire, au bibliothècaire afin d'attester de l'âge légal qui donne accès à des nourritures spirituelles autant qu’illicites : à quand la mention Interdit aux moins de quinze ans apposée sur les livres?
Le livre a un corps et ce corps a une histoire irréductiblement liée au savoir. Mais ce corps ne vit que si le texte qu'il contient est lu.
L'imaginaire sauve celle qui écrit des histoires qui a leur tour sauveront celles et ceux qui choisiront de les lire.
la parole s'envole et les écrits restent