Car la littérature, depuis notre plus jeune âge (lorsque nous entendions les histoires à défaut de les lire), possède cette incroyable faculté de développer notre capacité d'émerveillement. Y compris, voire surtout, quand ce sont des histoires d'ogres et de sorcières.
(p. 230)
Lire une histoire, s'identifier au héros même quand il est en souffrance ne signifie pas que l'adolescent va reproduire les mêmes actes. (...) L'angle de lecture de l'adolescent et de l'adulte n'est certes pas le même !
(p. 82)
D'un point de vue psychanalytique, l'adolescence est un travail au sens ou on l'entend quand on parle d'accouchement ou de deuil, ce qui bien sûr suppose un relatif degré de souffrance.
De la même façon qu'un peuple doit être infantilisé pour être mieux tyrannisé, un adolescent doit rester un enfant pour être mieux contrôlé. Les deux projets sont souvent motivés par les meilleures intentions dont nous savons qu'elles sont aussi les pavés de l'enfer...
Nous sommes en droit de frémir d'inquiétude quand se profile à l'horizon un monde où les enfants désireux de lire devront montrer une pièce d'identité au libraire, au bibliothècaire afin d'attester de l'âge légal qui donne accès à des nourritures spirituelles autant qu’illicites : à quand la mention Interdit aux moins de quinze ans apposée sur les livres?
En lisant un livre on le touche et on y imprime sa marque de lecteur plus ou moins passionné; on peut écrire dans les marges d'un livre, voire le faire dédicacer par son auteur au gré d'une rencontre; on peut prêter, donner, offrir un livre qu'on aime.