Le grand-père d'Ana est vieux. Il récite de jolis poèmes, mais il ne lui a jamais raconté la plus sombre des histoires, celle de son enfance. Celle qui tisse la toile de ses cauchemars et qui, s'il ne la transmet pas à sa petite fille, risque de les emprisonner tous les deux.
Les histoires il faut les raconter, surtout les plus sombres. Elles finiront par perdre leur pouvoir.
Cette araignée noire qui, en tissant sa toile, ronge la vie d'Ana est une parabole intéressante du symbole nazi et des secrets qui font mal s'ils ne sont pas dits.
Un roman jeunesse fantastique, sensible et poétique, mais un peu trop court à mon goût pour se prendre pleinement dans sa toile.
Je remercie les Éditions Oscar et Babelio pour cette histoire.
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« Le collège tout entier racontait des blagues sur les roux. Les sixièmes les déformaient parce qu'ils ne comprenaient pas tout, mais cela leur donnait le sentiment de faire partie des grands. »
Mathias en était revenu de sa déconvenue avec Axelle, il sortait à présent avec Charlène et finalement, Harold était devenu juste un nul parmi d'autres nuls.
Axelle découvrait l'amour, le beau, le vrai avec Harold, ils riaient des mêmes choses, s'envoyaient des SMS lorsqu'ils ne se voyaient pas, ils éprouvaient la joie de se manquer pour mieux se retrouver.
Harold, lui, avait réussi à sourire à la vie, une vie de roux, une vie sans père mais une belle vie, amoureuse comme les jeunes de son âge.
Mathias et ses sales remarques sur les roux, c'était devenu de l'histoire ancienne.
Pourtant, Ethienne, celui-là même qui suivait Mathias comme son ombre et aspirait un peu à grappiller un peu de sa popularité lumineuse, c'était une autre affaire.
Il avait trouver les meilleures blagues sur le net pour un peu de reconnaissance de « super » Mathias, il était celui qui avait fait tordre de rire le collège entier, diffuser sur Facebook quelques commentaires assassins qui avaient déchaîner les Like. Quoi de plus cool ?
Maintenant que Mathias ne rêvait que d'amour et de Charlène, il n'y avait plus de temps pour l'établissement de la nouvelle popularité, il fallait réagir, contre-attaquer, on devait de nouveau détester les roux, il le fallait.
Harold ouvrit son ordinateur et aussitôt, il eût la boule à l'estomac. Le mouvement anti-roux avait encore frappé.
: « Signe distinctif roux » de Anouk Bloch-Henry est un roman pour ados fort et poignant.
L'auteure nous raconte l'itinéraire de Harold, tête de turc par l'action d'un autre plus populaire, jaloux et détenant le pouvoir de révéler les gens les « cool » et ceux qui devaient finir sur le bûcher des mauvaises blagues. La tension monte doucement en crescendo du simple calembour sur les roux au harcèlement cruel, idiot et sans pitié. Nous suivons aussi Mathias et Ethienne, tentant de percevoir et comprendre ce qui peut générer la méchanceté, plusieurs masques, la jalousie ou le mal être. En effet, Ethienne souffre d'être ignoré, méprisé de ne pas être plus beau, plus populaire et s'accroche à Mathias comme à une planche de salut de changer son statut.
Mathias trouve un dérivatif à son cœur blessé, un autre amour et finalement se détourne de sa mission de destruction anti-Harold.
L'auteure nous décrit tous les états de Harold, ses joies, ses blessures, en passant de la souffrance à l'espoir, du renfermement sur soi au raccrochement à l'amour des autres. Harold se révélera fort grâce aux sentiments que lui porte Axelle, sa mère et qu'il se porte.
La mère de Harold et Axelle, l'amoureuse, ne perçoivent pas tout de suite la détresse de Harold qui ne se montre pas toujours démonstratif, le cache pour mieux avancer, le tait pour ne pas laisser les autres avoir de prise. Les brimades sont minimisées car la souffrance ne se révèle pas clairement, elles ont une distance n'occupant pas la place d'Harold et elles se trouvent également fort occupées par leurs propres histoires.
La vérité se révèle à Axelle lorsqu'elle assiste à un jeu d'enfant dans un parc où l'un d'entre eux se trouve bousculé par les deux autres à l'insu de leur nounou et la jeune fille se remémore les confidences d'Harold, l'itinéraire d'un roux victime depuis les jeunes classes, la vie d'Harold de l'intérieur du cercle de violence.
La jeune Axelle décide d'agir de son côté contre l'odieuse opération « coup de pied à un roux » préparé par Ethienne au collège, essaye de réveiller les consciences de ceux qu'elle peut toucher les larmes aux yeux, les harceleurs ne s'en tireront pas à si bon compte.
C'est un roman qui devrait faire réagir, les méfaits du harcèlement moral en milieu scolaire peuvent dans un effet « boule de neige » aux premiers abords drôles et insignifiants avoir des effets graves voire mortels. Un bon support de discussion et de réflexion sur la place de la popularité chez les ados.
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Un petit roman, très vivant, qui se lit rapidement.
Harold arrive dans un nouveau collège. Et là, les mauvais traitements qu'il subissait avant reprennent. Harold est victime de racisme. De racisme anti-roux. Cela peut faire sourire, mais le racisme anti-roux existe bien. En plus ça permet de montrer que le racisme, la discrimination, peut toucher tout le monde pour des raisons aussi futile et ridicule que la couleur des cheveux.
Cette histoire est tout en nuance l'air de rien : le populaire et méchant Matthieu a plus de sensibilité que ce qu'on pourrait croire, Harold n'est pas que victime et peu faire preuve de violence, Axelle a beaucoup de personnalité et n'est pas que la petite amie du mec populaire... Tous les personnages ne sont pas tout noir ou tout blanc. La frontière entre victime et bourreau est floue.
Alors il y a des clichés, bien entendu, des situations un peu faciles aussi, mais globalement cette histoire me semble suffisamment complexe pour refléter, du moins en partie, la complexité de la vie d'ado.
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Roman très court de moins de 100 pages, il mêle fantastique et historique avec de l'onirisme. Au début de ma lecture, je trouvais ça très doux de découvrir la relation fusionnelle d'Ana avec ses grands parents. C'est magique et simple jusqu'au jour où la Mort s'approche à grands pas de Jep, son papi adoré, poète à ses heures perdues. Un mal va commencer à ronger Ana, un mal qui provient du passé de Jep. Et c'est là que cela part en vrille pour moi. Je suis terre à terre quand on parle de la 2nde guerre mondiale donc j'ai du mal quand on part dans des descriptions imagées. Je suppose que l'auteure veut introduire aux plus jeunes, le souvenir de cette guerre monstrueuse donc elle contourne la réelle violence et en fait de cette croix si connue, une araignée mais j'adhère peu à cette approche. Ça doit être l'adulte qui parle en moi !
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Harold s'apprête à faire sa rentrée en classe de 3ème dans un nouveau collège. Les années passées; il a beaucoup été ennuyé parce qu'il est roux. Alors, il essaie de se faire le plus discret possible. Mais Axelle, élève très populaire, devient vite son amie au grand dam de Mathieu le petit copain de celle-ci. Le harcèlement va recommencer.
Ce petit roman est intéressant moins par le sujet qu'il traite, de plus en plus évoqué dans la littérature jeunesse, que par la façon dont le jeune héros échappe à la spirale infernale de cette violence.
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Avis de ma fille, 15 ans, qui avait choisi ce titre sur Masse Critique : "J'ai beaucoup apprécié ce livre car c'est une histoire forte. Elle est aussi très belle car on suit l'histoire d'un grand-père et de sa petite-fille unis par des liens solides. Le livre se lit très rapidement".
J'ai lu aussi ce court roman qui de la description de liens familiaux débouche sur la Shoah. C'est vraiment un roman très court, voire une grosse nouvelle. Mais un livre excellent ! Une lecture prenante, un texte empreint de poésie sur, pourtant, des faits lourds (la révélation de la mort de toute la famille du gd père durant la Shoah).
Un texte qui m'a laissé stupéfaite par sa qualité narrative, poétique, et qui finalement m'a tiré les larmes....
Il m'a paru d'abord incroyable de passer par la poésie pour raconter de telles horreurs, puis ensuite cette même poésie m'a touchée au coeur et m'a particulièrement bouleversée (du danger parfois de lire en salle d'attente......)
Un roman que j'ai aimé et je remercie Babelio et Oskar Editeur de me l'avoir fait découvrir !
Un roman de littérature ado, plutôt à partir de 12/ 13 ans, car si le texte est court, il demande quelques connaissances historiques et une capacité à accepter le passage dans un fantastique poétique.
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Harold intègre un nouveau collège et appréhende déjà la rentrée. En effet, Harold est roux et il a subi les moqueries de ses camarades dans tous les précédents établissements scolaires. Pourquoi cette année de 3ème ne serait-elle pas identique ?
A sa grande surprise, la jolie Axelle s'installe d'office à côté de lui en classe, et bientôt ils deviendront inséparables. Au grand dam de Matthieu, le petit ami d'Axelle. Aussi quand Axelle quitte Matthieu, ce dernier va tout mettre en œuvre pour ridiculiser Harold. La machine infernale se remet en route : posts sur facebook, blagues vaseuses, sa vie devient un enfer.
Un roman sur le harcèlement, le secret, le mal-être, la solitude malgré les amis, l'aveuglement parfois de l'entourage, jusqu'au pire du harcèlement quand la situation échappe même aux harceleurs.
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Il y a moins d'une dizaine d'années, je suivais les aventures de Fil et Flo tous les mois dans le magazine les "P'tites Sorcières"... Aujourd'hui, quand j'en lis quelques lignes, il m'arrive encore d'en rire. Un très bon souvenir de jeunesse !
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« Harriet Tubman — la femme qui libéra 300 esclaves » ; Anouk Bloch-Henry (Oskar-éditeur, 170p)
Nombreux sont les pré-ados qui ne sont pas centrés que sur leur nombril, alors voilà un livre fait pour eux (ou même pour les autres, ça leur fera du bien). Roman, ou récit romancé de la vraie vie d'Harriet Tubman, qui raconte ici à la première personne sa propre histoire, dans une langue simple et directe. Née esclave noire vers 1820 aux Etats-Unis, elle réussit jeune adulte à s'enfuir, à remonter vers le Nord non esclavagiste. Illettrée, d'une force de caractère incroyable, elle multiplie les allers-retours clandestins vers le Maryland pour faire évader d'abord des membres de sa famille, puis d'autres esclaves, parfois jusque vers le Canada. Avec tous les risques que cela comporte, comme pour les passeurs de la ligne de démarcation dans la France occupée des années 40. Les conditions de vie des esclaves sont décrites avec précision. J'ai pour ma part aussi appris pas mal de choses sur cet aspect de l'histoire des USA (la ligne Mason-Dixon, le « chemin de fer souterrain » — ce réseau structuré d'aide aux esclaves fugitifs, le rôle des Quakers…) Pendant la Guerre de Sécession, Harriet Tubman rejoindra les troupes de l'Union, prenant même part à des combats. Infatigable militante de l'abolitionnisme et de l'égalité, toute imprégnée de ses croyances religieuses, elle ne cessera jusqu'à sa mort en 1913 de lutter pour faire reculer les préjugés qui persistent. Elle est aujourd'hui une héroïne reconnue de l'histoire chaotique des USA (sauf pour Trump, qui a refusé que son effigie illustre un billet de 20 dollars).
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Je n'ai jamais lu un livre en aussi peu de temps. La prose est très simple au service d'une action qui se déroule à vitesse grand V. On dirait une autobiographie car c'est raconté dans un style qu'aurait pu avoir le personnage.
Je regrette le manque approfondissement mais cela été au risque de modifier la réalité historique. En effet seuls les faits connus sont relatés ce qui fait au final assez peu. Les nombreuses personnalités qu'elle rencontre sont traitées avec la même célérité et on s'y perd un peu car cela laisse peu de temps de s'y habituer.
C'est une histoire tout de même hors du commun qui mérite d'être connue.
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Histoire très prenante et poignante d'une petite fille qui accompagne son grand père dans les derniers jours de sa vie.
Tombant malade elle aussi, ils se retrouvent tous deux hospitalisés, se battant ensemble contre la maladie mais également contre l'histoire avec un grand H. une manière poétique et forte d'aborder les dégâts du passé, le nazisme et les camps. L'histoire est forte mais je l'ai trouvée un peu trop "onirique" par moment, avec l'impression du coup qu'il fallait avoir un certain recul et une certaine maturité pour bien appréhender et réfléchir aux thèmes qui y étaient développés. Cela m'a donc un peu questionnée pour un roman classifié "jeunesse", les jeunes lecteurs s'y retrouveront ils? Le message (superbe au passage) véhiculé sera-il bien compris?
Il me semble que les autres avis émanent également de lecteurs adultes, à voir donc en "mise en situation" avec des lecteurs plus jeunes.
Pour ma part, belle lecture, un peu courte à mon goût.
Je remercie les Éditions Oscar et Babelio pour cette découverte
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Aujourd'hui, nous sommes tous concernés, encore plus qu'avant, par le harcèlement scolaire. Il est important de se solidariser, se sentir impliqué dans ce fléau car, ne le cachons, nous avons été nombreux à en avoir été victime un jour ou un autre.
Notre jeune protagoniste a un signe distinctif, et pas des moindres : il est roux. Et je me souviens bien comment certains élèves de mes différentes écoles les considéraient. Je ne comprenais pas cette hargne, cette envie de les dénigrer, voire les détruire publiquement. C'est pourquoi je tenais à lire ce livre.
Harold est un garçon comme les autres, éprouve des sentiments comme n'importe quel autre enfant. Et il va avoir le malheur de tomber amoureux d'une belle jeune fille... déjà en couple... Ce qui va engendrer de la haine de la part de l'homme qui voit sa belle s'éloigner de lui pour passer tout son temps avec ce "Poil de carotte". Se sentant humilié, il éprouve le besoin de se venger et demande appui aux autres élèves de l'école.
C'est une représentation typique du harcèlement : la jalousie qui entraîne la vengeance.
Ce livre est proposé pour les enfants de 9 à 11 ans. Je pensais le faire lire à ma fille de 9 ans, mais à la fin de l'histoire, je me suis résignée. Il est question d'envie suicidaire à un moment, et comme cela est écrit, je ne me sens pas du tout de faire lire ce passage à ma fille. Je trouve ça trop tôt pour qu'elle comprenne ce qu'est le suicide, surtout exposé de cette façon.
Hormis ce bémol, c'est un petit livre plein de bon sens et qui peut rappeler les vraies valeurs aux plus grands.
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Ce livre est le journal de vie de Harriet Tubman. Célèbre femme qui à bord du undergroud railroad a sauvé près de 300 esclaves. Très bien écrit. Facile à lire. Il remplit parfaitement son rôle: faire découvrir ce personnage historique aux plus jeunes
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Ana est très proche de son grand-père, Gep. Quand celui-ci tombe gravement malade, la santé d'Ana décline elle aussi, sans que personne ne comprenne pourquoi. Un terrible secret dans l'enfance de Gep est aussi en train de tuer Ana.
L'histoire est peut-être parfois trop onirique pour être compréhensible par les collégiens. Mais elle tente d'expliquer pourquoi tant de personnes ont tu ce qu'elles ont vécu pendant la 2nde Guerre mondiale, sans doute pour protéger leurs proches de tant d'horreur. Mais parfois le secret est aussi dangereux.
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