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Critiques de Antjie Krog (6)
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La Douleur des mots

Poétesse et journaliste sud africaine de langue afrikaans, engagée dans la lutte contre l'apartheid, Antjie Krog a suivi en tant que journaliste la commission "Vérité et réconciliation" et nous livre un témoignage rare et unique : rappel des témoignages innombrables des victimes et des bourreaux, témoignage de son ressenti personnel douloureux face à ces témoignages en tant que blanche Afrikaner issue d'une famille nationaliste, réflexion sur les difficultés, les limites et les succès de la commission.. et témoignage d'une femme poète blessée et ressentant la douleur des mots, la vérité des êtres et la douleur d'être soi.



Vraiment un texte unique!



Au delà de l'édification des témoignages des victimes et des bourreaux sur les horreurs subies ou commises, souvent insoutenables (mais pour lesquelles Antjie Krog n'use pas de voyeurisme, préférant transmettre la douleur plutôt que l'effroi), le récit nous montre l'originalité profonde de cette commission dans l'histoire des horreurs humaines et de la manière de s'en relever et de continuer à vivre.



La complexité de la situation de la nouvelle Afrique du sud apparait : faire vivre ensemble les bourreaux et les victimes, poser la question de ceux qui ont bénéficier de la situation et de la "protection" des bourreaux de l'armée, de la police ou des milices sans avoir eux-mêmes agit. Peuvent-ils dire "je ne savais pas que tout cela existait"?

Comme le font les politiques au pouvoir sous l'apartheid, soutenant, sans scrupule et sans que l'on parvienne à les croire, que les horreurs étaient le fait d'individus isolés qui outrepassaient les consignes et qu'eux_mêmes n'avaient jamais voulu cela.



C'est peut être ce qu'apporte la commission "maintenant je sais ce qu'a coûté ma douceur de vivre, le prix que d'autres ont payé dans leur chair, les actes dont d'autres se sont rendus coupables".



La commission juge aussi les crimes commis par les militants noirs de l'ANC ou de l'Inkhata contre les blancs ou contre les noirs accusés de trahison : la justesse de la lutte autorisait -elle l'usage de tous les moyens ? ou bien à un certain moment quelque chose a-t'il mal tourné? selon la formule utilisée par Monseigneur Tutu pour interpeller Winnie Mandela, mise en cause devant la commission pour plusieurs meurtres pour lesquels elle refuse de reconnaitre une responsabilité.

Les travaux de la commission sont dominés par l'aura de Monseigneur Tutu qui la préside et pour lequel Antjie Krog exprime une véritable vénération. Selon la phrase d'un membre de la commission qu'elle reproduit " Tutu a une façon à lui de rendre les choses possibles, de transcender un problème particulier, de l'élever à un niveau tel que nous nous retrouvons tous"



Voici la conclusion :



> "Sous une arche d'air violente, le bateau en route vers le continent me secoue ainsi que les commissaires. Je suis prise d'une indescriptible tendresse envers cette Commission. avec toutes ses erreurs, son arrogance, son racisme, son côté moralisateur, son incompétence, les mensonges, son incapacité en deux ans à mettre en place une politique d'indemnisation provisoire, sa frime - avec tout cela-, elle s'est montrée courageuse, naïvement courageuse face aux vents de fourberie, de rancœur et de haine. Face à la marée écrasante, sous le poids d'un passé brutal et de nouvelles politiques usurpatrices, la commission a maintenu en vie l'idée d'un humanisme commun. Elle a ciselé dans la douleur un chemin au-delà du racisme et donné du champ à toutes nos voix. Malgré tous ses échecs, elle a cependant allumé une lueur d'espoir qui me rend fière d'être ici.
Lien : http://maryclaudef.free.fr/d..
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La Douleur des mots

Ce livre est très intéressant car il nous raconte comment, en Afrique du Sud, une Commission Vérité et Réconciliation a pu être mise sur pied. Avec la fin des années d'apartheid et les décennies d'oppression des hommes de couleur par des blancs, il fallait réussir à créer une société plus égalitaire. Une société où noirs, métis, indiens et blancs travailleraient ensemble pour le même pays, sans volonté de vengeance, de revanche, de rancune… Une gageure !

Antjie Krog raconte les coulisses de la mise en place de la Commission, nous dévoile de nombreux témoignages, des écueils rencontrés. Elle souligne le travail remarquable de son président, Desmond Tutu, qui a permis d'éviter des naufrages. Elle décrit aussi les doutes, les travers…

Son récit est assez décousu (est-ce la traduction ?) car l'auteure mélange ses réflexions personnelles avec celles d'autres intervenants et avec des témoignages. Pourtant, c'est très intéressant et certains témoignages sont vraiment poignants.

Antjie Krog nous livre ici une réflexion très profonde et éclairante sur les enjeux de cette Commission au moment où l'avenir de l'Afrique du Sud se jouait et sur les luttes d'influence en cours à cette époque.
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Ni pillard, ni fuyard

Puissant et engagé...
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La Douleur des mots

Après quelques recherches sur le sujet, il s’avère que cet ouvrage soit une des 2 parutions en français relatives aux travaux de cette commission qui, 2 années durant, s’appliquât à entendre à la fois les victimes de l’apartheid, et les ordonnateurs et/ou les exécutants.

Antjie Krog, poétesse et journaliste, farouche opposante au régime de ségrégation a rendu compte de ces travaux.



Ce livre est donc, non pas une traduction intégrale et littérale des auditions, ni un froid rapport juridique. Il est à la fois le regard d’une femme engagée et une photographie qu’elle ne fait que montrer au monde. Des mots et des maux des milliers d’individus entendus, à ses propres mots il n’y a toujours qu’une infime frontière. Entre la douleur d’une femme, et celles de celles bafouées et violentées durant des décennies, il n’y a souvent qu’un pas.



Mal nécessaire à toute démocratie digne de ce nom qui veut, non pas faire table rase de son passé, mais l’étaler au grand jour pour ne pas le rejouer, cette commission aura permis de mettre des mots sur 60 ans d’histoire à défaut d’obtenir de ses bourreaux si ce n’est qu’un début de mea culpa. L’attitude du dernier président de l’apartheid est à donner la nausée.



« Je ne m’excuse pas…je prie pour eux »



On ne lit ce genre d’ouvrage comme on lit un roman. Il faut du temps ; à la fois pour digérer ce que l’on lit et s’arrêter sur l’écriture d’une femme dont j’aimerais pouvoir lire quelques-uns de ses poèmes.




Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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La Douleur des mots

Que dire? (cette question s'adresse à tous, lecteurs compris)... Qu'écouter?... Un témoignage de témoignages incroyablement puissant et utile.
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Une syllabe de sang

Antjie Krog n’a pas trente ans lorsqu’elle achève un poème par «j’écris parce que je suis furieuse». Depuis, la colère, ni la révolte n’ont jamais quitté cette poète blanche afrikaner, écrivant en afrikaans, qui n’a cessé de s’exprimer contre l’apartheid, pour le lien, le partage et le pardon entre blancs et noirs d’Afrique du Sud.

Toujours en résistance, déterminée («je veux habiter cette terre [...] c’est maintenant que je / veux vivre. c’est ici») et tournée vers les autres, Antjie Krog est celle qui construit des châteaux de sable avec sa petite-fille sur la plage de Césarée, celle qui donnerait tout pour «ramener à ses yeux» l’aimé enfoncé dans la dépression.

Dans la poésie d’Antjie Krog, les mots sont simples et directs, clairs et crus, ils frappent net, sans détours lyriques, jusqu’à dire le quotidien au plus près, et se faisant parfois narratifs.

Antjie Krog écrit contre. Contre «la masse du chagrin», contre le cynisme du pouvoir ou, avec un humour moqueur, contre les atteintes physiques de l’âge.

Les poèmes recueillis dans ce volume appartiennent à des époques et à des registres très différents. Du cri au chuchotement, du politique à l’intime, avec une lucidité et une honnêteté remarquables, Antjie Krog se révèle aussi à l’aise pour dénoncer l’horreur que pour s’amuser à l’autodérision. Et l’empathie lui est consubstantielle : «comment écrit-on ? / comment écrit-on de façon pondérée sur les gens autour de nous ?»

Une empathie qui la trouve le plus souvent démunie, saisie par un accablant sentiment d’impuissance, face aux pauvres et aux indigents notamment :

«quoi qu’elle fasse, ils sont à côté d’elle»

«la pauvreté n’est pas une donnée / mais une politique délibérée d’inégalité »

«la justice est pour les riches / le pardon pour les pauvres».



Cet ouvrage a été publié à l’occasion d’un parcours de rencontres publiques avec Antjie Krog en Pays de la Loire (octobre-novembre 2013) coordonné par la Maison de la poésie de Nantes, en lien avec Lecture en tête (Laval), Le Grand R (La Roche-sur-Yon), la Maison Julien-Gracq (Saint-Florent-le-Vieil), la Maison des littératures (Saumur) et soutenu par le conseil régional des Pays de la Loire. Il a été réalisé dans le cadre des Saisons Afrique du Sud – France 2012 & 2013.



Chronique parue dans "Encres de Loire" n° 66, hiver 2013-2014

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