AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Antonin Artaud (994)


Il faut que l’on comprenne que toute l’intelligence n’est qu’une vaste éventualité, et que l’on peut la perdre, non pas comme l’aliéné qui est mort, mais comme un vivant qui est dans la vie et qui en sent sur lui l’attraction et le souffle […].
Commenter  J’apprécie          100
J'ai choisi le domaine de la douleur et de l'ombre comme d'autres celui du rayonnement et de l'entassement de la matière.
Je ne travaille pas dans l'étendue d'un domaine quelconque.
Je travaille dans l'unique durée.
Commenter  J’apprécie          100
Antonin Artaud
[…] Si le signe de l’époque est la confusion, je vois à la base de cette confusion une rupture entre les choses, et les paroles, les idées, les signes qui en sont la représentation. […] On juge un civilisé à la façon dont il se comporte, et il pense comme il se comporte ; mais déjà sur le mot de civilisé il y a confusion ; pour tout le monde un civilisé cultivé est un homme renseigné sur des systèmes, et qui pense en systèmes, en formes, en signes, en représentations. […] Toutes nos idées sur la vie sont à reprendre à une époque où rien n’adhère plus à la vie. Et cette pénible scission est cause que les choses se vengent, et la poésie qui n’est plus en nous et que nous ne parvenons plus à retrouver dans les choses ressort, tout à coup, par le mauvais côté des choses ; et jamais on n’aura vu tant de crimes, dont la bizarrerie gratuite ne s’explique que par notre impuissance à posséder la vie.

Le Théâtre et son double
Commenter  J’apprécie          100
Il est à peu près impossible d’être médecin et honnête homme, mais il est crapuleusement impossible d’être psychiatre sans être en même temps marqué au coin de la plus indiscutable folie : celle de ne pouvoir lutter contre ce vieux réflexe atavique de la tourbe et qui fait, de tout homme de science pris à la tourbe, une sorte d’ennemi-né et inné de tout génie.
Commenter  J’apprécie          105
Tout d’un coup, Brunelleschi sent sa queue se gonfler, devenir énorme. Il ne peut la retenir et il s’en envole un grand oiseau blanc, comme du sperme qui se visse en tournant dans l’air.
Commenter  J’apprécie          100
Avec moi dieu-le-chien, et sa langue
Qui comme un trait perce la croûte
De la double calotte en voûte
De la terre qui le démange.
Commenter  J’apprécie          100
Il ne s’agit pour moi de rien moins que de savoir si j’ai ou non le droit de continuer à penser, en vers ou en prose.
Commenter  J’apprécie          100
Un bougeoir sur une chaise, un fauteuil de paille verte tressée, un livre sur le fauteuil et voilà le drame éclairé.
Commenter  J’apprécie          100
TUTUGURI
LE RITE DU SOLEIL NOIR


Et en bas, comme au bas de la pente amère,
cruellement désespérée du cœur,
s'ouvre le cercle des six croix,
très en bas,
comme encastré dans la terre mère,
désencastré de l'étreinte immonde de la mère
qui bave.

La terre de charbon noir
est le seul emplacement humide
dans cette fente de rocher.

Le Rite est que le nouveau soleil passe par sept points
avant d'éclater à l'orifice de la terre.

Et il y a six hommes,
un pour chaque soleil,
et un septième homme
qui est le soleil tout
cru
habillé de noir et de chair rouge.

Or, ce septième homme
est un cheval,
un cheval avec un homme qui le mène.
Mais c'est le cheval
qui est le soleil
et non l'homme.
Commenter  J’apprécie          100
Nul n'a jamais écrit ou peint, sculpté, modelé, construit, inventé, que pour sortir en fait de l'enfer.
Commenter  J’apprécie          100
n'y a pas de délire à se promener la nuit avec un chapeau attaché de douze bougies pour peindre sur le motif un paysage;car comment le pauvre Van Gogh y aurait-il fait pour s'éclairer, comme le faisait si justement remarquer l'autre jour notre ami, l'acteur Roger Blin ?

Quant à la main cuite, c'est de l'héroïsme pur et simple,

quant à l'oreille coupée, c'est de la logique directe,

et, je le répète,

un monde qui, jour et nuit, et de plus en plus, mange l'immangeable,

pour amener sa mauvaise volonté à ses fins,

n'a, sur ce point,

qu'à la boucler
Commenter  J’apprécie          100
Il y a dans la cruauté qu'on exerce une sorte de déterminisme supérieur auquel le bourreau suppliciateur est soumis lui-même, et qu'il doit être le cas échéant déterminé à supporter. La cruauté est avant tout lucide, c'est une sorte de direction rigide, la soumission à la nécessité. Pas de cruauté sans conscience, sans une sorte de conscience appliquée. C'est la conscience qui donne à l'exercice de tout acte de vie sa couleur de sang, sa nuance cruelle, puisqu'il est entendu que la vie c'est toujours la mort de quelqu'un.
Commenter  J’apprécie          100
POST-SCRIPTUM
Van Gogh n'est pas mort d'un état de délire propre,
mais d'avoir été corporellement le champ d'un problème autour duquel, depuis les origines, se débat l'esprit inique de cette humanité,
celui de la prédominance de la chair sur l'esprit, ou du corps sur la chair, ou de l'esprit sur l'un et l'autre.
Et où est dans ce délire la place du moi humain ?
Van Gogh chercha le sien pendant toute sa vie, avec une énergie et une détermination étranges.
Et il ne s'est pas suicidé dans un coup de folie, dans la transe de ne pas y parvenir,
mais au contraire il venait d'y parvenir et de découvrir ce qu'il était et qui il était, lorsque la conscience générale de la société, pour le punir de s'être arraché à elle,
le suicida.
Et cela se passa avec Van Gogh comme cela se passe toujours d'habitude, à l'occasion d'une partouse, d'une messe, absoute, ou de tel autre rite de consécration, de possession, de succubation ou d'incubation.
Elle s'introduisit donc dans son corps,

cette société
absoute,
consacrée,
sanctifiée
et possédée,

effaça en lui la conscience surnaturelle qu'il venait de prendre, et telle une inondation de corbeaux noirs dans les fibres de son arbre interne,
le submergea d'un dernier ressaut,
et, prenant sa place,
le tua.
Car c'est la logique anatomique de l'homme moderne, de n'avoir jamais pu vivre, ni penser vivre, qu'en possédé.
Commenter  J’apprécie          92
L'Enclume des forces.
"Ce flux, cette nausée, ces lanières, c'est dans ceci que commence Le Feu. Le feu des langues. Le feu tissé en torsades de langues, dans le miroitement de la terre qui s'ouvre comme un ventre en gésine, aux entrailles de miel et de sucre [...] Je cherche dans mon gosier des noms comme le cil vibratile des choses. L'odeur du néant un relent d'absurde, le fumier de la mort entière..."
Commenter  J’apprécie          90
mais la psychiatrie est née de la tourbe populacière des êtres qui ont voulu conserver le mal à la source de la maladie et qui ont ainsi extirpé de leur propre néant une espèce de garde suisse pour saquer à sa base l’élan de rébellion revendicatrice qui est à l’origine du génie.
Commenter  J’apprécie          90
Chers Amis,
Ce que vous avez pris pour mes œuvres n’était que les déchets de moi-même, ces raclures de l’âme que l’homme normal n’accueille pas.
Commenter  J’apprécie          90
J’ai pour me guérir du jugement des autres toute la distance qui me sépare de moi. Ne voyez dans ceci, je vous prie, nulle insolence, mais l’aveu très fidèle, l’exposition pénible d’un douloureux état de pensée.
Commenter  J’apprécie          90
L'ARBRE

Cet arbre et son frémissement
forêt sombre d'appels,
de cris,
mange le cœur obscur de la nuit.

Vinaigre et lait, le ciel, la mer,
la masse épaisse du firmament,
tout conspire à ce tremblement,
qui gîte au cœur épais de l'ombre.

Un cœur qui crève, un astre dur
qui se dédouble et fuse au ciel,
le ciel limpide qui se fend
à l'appel du soleil sonnant,
font le même bruit, font le même bruit,
que la nuit et l'arbre au centre du vent.
Commenter  J’apprécie          90
Savez-vous ce que c'est que la sensibilité suspendue, cette espèce de vitalité terrifique et scindée en deux, ce point de cohésion nécessaire auquel l'être ne se hausse plus, ce lieu menaçant, ce lieu terrassant.

Le pèse-nerfs
Commenter  J’apprécie          90
J'ai été affolé
et tétanisé
pendant des années
par la danse d'un monde épouvantable de
microbes
exclusivement sexualisés
où je reconnaissais
dans la vie de certains espaces refoulés
des hommes, des femmes,
des enfants de la vie moderne.
Commenter  J’apprécie          90



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Antonin Artaud (1907)Voir plus

Quiz Voir plus

De qui est cet extrait d’une œuvre littéraire ?

Sur un plat d’argent à l’achat duquel trois générations ont contribué, le saumon arrive, glacé dans sa forme native. Habillé de noir, ganté de blanc, un homme le porte, tel un enfant de roi, et le présente à chacun dans le silence du dîner commençant. Il est bien séant de ne pas en parler.

Marguerite Yourcenar
Marcel Proust
Marguerite Duras
Éric Chevillard

8 questions
29 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}