Citations de Arnaud Delalande (227)
En vérité, elle se qualifiait elle-même d’emmerdeuse. Et elle aimait la solitude. Ou peut-être… peut-être attendait-elle de nouveau le grand amour, un vrai, cette fois ? Celui de l’impossible, celui des grands livres comme L’Éthique de Spinoza, dans sa version romanesque, bien sûr ? Celui de Juliette, Guenièvre et Iseult ? Oui, peut-être, après tout. Quant à Davy, ils s’adoraient, mais sans attirance réciproque au-delà d’une franche amitié, ce qui était sans doute plus sain au quotidien.
Toujours cette impression de se regarder faire, d’être spectatrice de soi, presque atone – une distanciation qui, se disait-elle, était sans doute le moyen que trouvait sa conscience pour dominer son deuil. Et au-delà, ce vertige sur lequel elle n’osait s’attarder – Ne lorgne pas en bas !
Elle dut s’avouer qu’en vérité il s’agissait pour elle de se préparer, déjà, à cette autre séparation. Celle d’avec cette maison, sa maison, leur maison qu’elle ne pouvait garder. Un deuil supplémentaire. Les lieux sont habités, songeait-elle. Il faudrait tout liquider. Sa vie d’avant, à l’encan. Maintenant, elle ne voulait que la paix. Et dans ce tumulte intérieur, celle-ci était introuvable.
De nouveau, elle eut le sentiment que l’atmosphère était ouatée, hallucinée, les sons et les images étouffés dans du coton. Elle-même, insomniaque, avait l’impression que ses mouvements étaient empesés, comme échappés d’un rêve. Tout semblait se dérouler au ralenti, dans une dimension parallèle où elle n’évoluait qu’en spectatrice de cet étrange film noir. Les épaules lasses, elle comptait les flocons qui se reflétaient dans la baie vitrée. Là-bas, le lac luisant, impavide, d’un froid éclat d’argent, une lueur de couteau sous le ciel plombé. Les saillies déchirées de conifères sombres. Ces montagnes, éternelles, muettes, énigmatiques, où la vue allait se perdre en vain. Jeanne semblait une poupée de porcelaine, éteinte dans l’écrin blanc.
Rien n’est plus capable
que la mémoire de féconder et nourrir l’esprit.
Plutarque.
-Bon, vous savez quoi ? On va aller faire une promenade digestive...
-Digestive?!? Mais on n’a pas mangé !
-On a bu...C’est pareil.
Elle dormait toujours aussi mal, embourbée dans des rêves frénétiques où son corps se ruait en avant pour fuit une menace invisible, atteindre un havre indéterminé, sans parvenir à avancer. Névrosée, comme tout le monde. Mais du contenu de ses rêves, souvent abrutie par l’alcool, elle ne se souvenait pas. Toujours cette impression de se regarder faire, d’être spectatrice de soi, presque atone – une distanciation qui, se disait-elle, était sans doute le moyen que trouvait sa conscience pour dominer son deuil.
Leur mémoire est comme… un Polaroïd inversé. Ou un film qui s’efface à mesure qu’il se tourne. Nos patients sont figés dans un éternel présent.
Un whisky se déguste en trois temps, comme le vin et la valse.
Les hommes passent mais les monuments restent, comme un symbole, en notre mémoire... à tous. Et aussi... une poésie, un cri ! une promesse d'avenir...
Ce qui compte ce n'est pas le vote, c'est comment on compte les votes.
La vérité jaillira de l'apparente injustice.
Il ne cessait de veiller sur elle, s’assoupissant par intermittence, au point de confondre la nuit et le jour. Il se réveillait parfois en sursaut il se précipitait pour l’écouter, la recouvrir de ce drap qui tombaient.
En cet instant, il lui semblait bien que c’était le couchant ; un rai de lumière orangée filtrait encore à travers les rideaux cramoisis et éclairait la pièce. Luttant contre l’engourdissement, Pietro lui prit la main et la contempla encore. À la seule idée de la perdre, il se sentait anéanti. Il ne pourrait faire face à ce nouveau gouffre. Il savait que plus rien n’aurait alors d’importance. Il s’abîmait en prières et en pensées ténébreuses. Puis, résigné, il finissait par dépasser la panique, pour s’échouer là, vers… vers cette lumière orangée. Vers cette solitude émouvante et pénétrée qui est le lot de la condition humaine. Vers l’espérance de Dieu, peut-être, le Dieu des espions et des aventuriers. Vers cet endroit, situé au-delà du tout, où il espérait la revoir. Il avait tout tenté et, maintenant, il ne savait plus que faire. Comment lutter pour sauver sa blanche orchidée…
Les médecins, assistés par l’officiant de circonstance, se pressaient autour du cadavre allongé sur le billot. Il y eut un sifflement, puis le chuchotement de la lame, qui tomba d’un coup sec.
Et hop ! La tête du cadavre roula dans le panier.
C’était propre et net.
- Et bien ? Ça marche ? S’enquit le Dr Guillotin, enthousiaste.
L’officiant se tourna vers lui et opina du chef.
- Oh, ben oui, Monsieur Guillotin. Il eut un sourire, cracha par terre, et leur fit un clin d’œil :
- … On peut dire que ça fonctionne.
Les résultats parlent pour nous, camarades. Maintenant que les modérés sont au trou, il faut faire couler des torrents de sang !!!
Terroriser ceux qui nous oppriment ! Un seau de leur sang pour une goutte du nôtre !
Vous allez apprendre à devenir les poings armés du Marxisme ! Mais n’oubliez pas non plus de lire ! La vie s’apprend dans les livres !
Tenez... je viens de finir les « mémoires » de Napoléon : c’est incroyable le nombre d’erreurs que cet homme a pu commettre !... nous devons tirer les leçons de tout ce que nous pouvons !
Dis-toi bien qu’on nous a menti ! La religion est une fumisterie pour tenir la société ! Un mensonge qui a l’effet d’une drogue pour endormir tout le monde !
Moi, j’attendrai par l’au-delà pour connaître le paradis, Sosso ! C’est sur Terre que je veux le voir !
Aujourd’hui, et depuis la mort du camarade Lénine, il y a 7 ans, je dirige l’URSS.
Un véritable empire... oh, j’ai fait du chemin depuis Gori ! Beaucoup de chemin...
Mais, voilà, ils voudraient maintenant me nuire... ce n’est pas grave.
Je les éliminerai tous un par un...
Par centaines, par milliers, par millions s’il le faut. J’ai déjà commencé.
Où est l'enfant que j'étais ?
- Alan... Mais qu'est-ce que tu fais ? ? ... Il est là, je le sais ! Cet enfant est encore là !
- ALAN TURING
Alan Turing, vous êtes la honte de la nation ! !
- Grotesque... Qui êtes-vous ? Comment êtes-vous entré ? ?
- Plonge.
... Plonge la pomme dans le brouet
La matière, Escartille… Je pourrais vous dire qu’un jour, sans doute, elle sera la seule obsession de l’humanité, si nous n’y faisons rien. En des temps futurs, lointains peut être, l’homme ne la dominera plus, mais sera dominé par elle. Il en sera plus aveugle à mesure qu’on l’en alerte ; il ne trouve plus de bonheur fugace, trompeur, que dans la satisfaction de ses désirs immédiats, dans l’accumulation de ses biens, sans se soucier du reste du monde… Son esprit, sa charité, dans leur plus grande pureté, leur plus grande liberté, s’en trouveront aliénés.