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Critiques de Arnaud Floc`h (75)
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Mojo Hand

Louisiane, 1926. L'ouragan Hurricane a dévasté le comté de Saint-James, détruisant les maisons et emportant les corps. Alors que Wilson Dardonne pêche le long de la rivière, il découvre un jeune enfant blanc, en guenilles, sale et puant, et tout apeuré. Malgré sa couleur de peau, il le ramène chez lui au grand dam de sa femme, Delilah, qui craint pour sa vie et celle de son fils, Cletus. Mais Wilson voit en ce petit Blanc une main et des yeux pour celui-ci lorsqu'eux seront morts. L'enfant est prénommé Bellerophon, du nom de leur premier enfant, mort il y a des années. Très vite, Cletus et lui s'entendent très bien, partagent beaucoup de moments ensemble et se considèrent comme deux frères, chacun ayant à apprendre à l'autre, et ce, malgré leur différente couleur de peau. Les enfants ayant grandi, Wilson décide de les emmener avec lui au marché, là où il vend sa pêche. À côté de lui, deux bluesmen, l'un à la guitare, l'autre au banjo, jouent à longueur de journée, égayant l'allée du marché. Wilson a alors une idée : troquer ses poissons pendant quelques mois en échange de deux instruments...



Après avoir mis en image et en lumière le destin tragique d'Emmett Hill, Arnaud Floc'h continue d'explorer, sous un nouveau jour cette fois et fictionnellement, la ségrégation raciale aux États-Unis à partir des années 20. L'on fait connaissance, dans cet album, de deux gamins, Cletus, aveugle et noir de peau, et Bellerophon, blanc de peau. Malgré leur différence (que certains ne tarderont pas à leur souligner), élevés ensemble et de la même façon, ils se considèreront très vite comme frères. La musique, leur passion commune, mettra pourtant à mal leur amitié si profonde et cette fraternité. Touchant, dans sa façon de décrire les liens qui unissent les deux frères, Arnaud Floc'h nous offre un album tout à fait réaliste et dépeint parfaitement le racisme anti-noir (mais aussi anti-blanc) dans la Louisiane du début du siècle. Sur fond de blues, Mojo hand captive tout autant qu'il émeut. Le trait épais et les aplats de couleurs nous plongent parfaitement dans cette ambiance de ces années.

Un album émouvant...
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Emmett Till : Derniers jours d'une courte vie



Luther, bluesman, reçoit chez lui un journaliste musical. Mais, plutôt que de parler de musique, celui-ci oriente la conversation sur Emmett Till sachant que le vieil homme l'a bien connu...

Bien des décennies auparavant... En août 1955, le jeune Emmett Till, alors âgé de 14 ans, voyage seul dans le train qui, depuis Chicago, l'emmène dans le Mississippi, dans le comté de Leflore. L'une de ses voisines lui recommande de bien changer de wagon après Saint-Louis. Arrivé à destination, il est accueilli par son oncle, Moïse Wright, ravi de le voir en si grande forme. Lui aussi le met en garde. Ici, ce n'est pas Chicago mais le Sud. Il faut qu'Emmett fasse bien attention et apprenne à rester à sa place. Malheureusement, le chemin de l'adolescent va croiser celui de deux hommes, Roy et Milam. Deux hommes racistes et violents...



Emmett Till, derniers jours d'une courte vie. Le titre de cet album est on ne peut plus explicite... Si l'on connaît bien l'histoire de Rosa Parks, l'on connait beaucoup moins celle d'Emmett Till, un adolescent de 14 ans, venu tout droit de Chicago et qui ne semble pas réellement connaître les lois et les règles qui régissent le Sud. Bien mal lui en a pris... Emmett Till a été battu à mort et son corps fut retrouvé dans la rivière. Personne ne peut dire exactement ce qui s'est passé ce jour-là, les faits récoltés ici et là, par ses meurtriers, les copains d'Emmett ou encore les témoins, permirent de reconstruire l'histoire. Certains historiens considèrent que ce meurtre fut la pierre angulaire de la lutte pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis. Rosa Parks ne sera arrêtée que 4 mois plus tard à Montgomery, en Alabama. De par son formidable travail de recherche, Arnaud Floc'h évoque et retrace, avec émotion, les quelques jours qui secouèrent le comté de Leflore. Un album utile, fort émouvant et d'une grande justesse. Aussi bien sur le fond que sur la forme, l'auteur ayant parfaitement retranscrit l'ambiance des années 50.

Quelques dates en fin d'album et des noms qu'il ne faut pas oublier (Emmett Till, bien sûr mais aussi Rodney King, Trayvon Martin ou encore Michael Brown)...
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S'en fout la mort

J'ai toujours un peu de mal avec les BD d'Arnaud Floc'h car le style ne m'attire guère. Ce n’est pas sa première BD qui porte sur l'Afrique et ses problèmes. Voir par exemple « la compagnie des cochons » que je n'avais pas vraiment aimée, désolé de l'avouer.



Il faut dire que l'auteur a longuement vécu en Afrique subsaharienne à savoir au Cameroun plus précisément. On le voit au travers les dialogues de vie quotidienne de ses différents protagonistes qui sonnent vrai.



Encore une fois, l'auteur va prendre son temps pour développer cette histoire de passeur musulman en proie à un événement tragique dans le passé lorsqu'il était enfant. A noter que ce récit se passe en Guinée à Conakry en octobre 2001 soit tout juste après l'attentat du World Trade Center.



Au niveau du dessin, c'est toujours la ligne claire façon Hergé qui prévaut. Comme dit, ce n'est pas ce que je préfère surtout au XXIème siècle mais bon. Il faut reconnaître que c'est efficace surtout grâce à l'utilisation de couleur à bon escient. Je me souviens qu'il avait autrefois un trait plus charbonneux qui était assez imprécis. Du progrès par conséquent.



Sinon, au niveau du récit, pour une fois, j'ai réussi à tenir jusqu'au bout. Il y a de l'humanité dans ses personnages, c’est incontestable. Il se sert également du contexte géopolitique avec l'arrivée des chinois qui font la pluie et le beau temps en Afrique. Oui, c’était avant l’arrivée des russes et de leurs milices armées.



On verra également des questions liées à la religion notamment le financement des mosquées qui se fait parfois au détriment des orphelinats pour enfants. Il est vrai que cela prend parfois des allures assez sectaire. Le détournement des fonds a toujours existé mais nous sommes en Afrique qui n’est malheureusement pas réputée pour sa bonne gestion financière au niveau de la corruption.



Bref, une histoire de passeur qui aide les gens à fuir clandestinement l'Afrique en ne critiquant surtout pas cette « noble » profession qui aide son prochain. Ce n'est pas très vendeur mais c'est toujours bien de montrer cette réalité en dénonçant certains dangers. Et puis, pour une fois, cela se termine bien ! Que demande le peuple ? On s’en fout de la mort !

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Emmett Till : Derniers jours d'une courte vie

Je m'appelais Emmett Till...



Lorsqu'on est noir, dans le Mississippi des années 50, on fait en sorte de se fondre dans le décor. De ne surtout pas bouger une oreille, ne surtout pas se démarquer ni en paroles ni en actes.

La survie est à ce prix.

Emmett l'aura payé très cher.



Emmett, pur produit de Chicago, se rendant dans le Sud pour y passer des vacances auprès de son oncle Moses, c'est un peu rendez-vous en terre inconnue.

Un rendez-vous manqué au regard du final qui défraya la chronique au point de faire date dans l'histoire américaine.

Il se dit même que l'affaire Till serait la pierre angulaire de la lutte pour les droits civiques des noirs aux États-Unis.



Un meurtre barbare ponctué par un pseudo procès torché à la va-vite et au verdict rendu après seulement 67 minutes de délibération, c'était plié d'avance.

Les blancs et leurs prérogatives de vie et de mort sur les noirs avaient encore de beaux jours devant eux.



Bien moins connu que l'affaire Rosa Parks, Emmett Till fait ici l'objet d'une BD.

Porté par un graphisme, aux couleurs paradoxalement apaisantes, qui va à l'essentiel, ce récit marque les esprits de par son inhumanité profonde et son injustice fétide.

Il retrace les derniers jours d'un gamin qui n'avait pas demandé grand-chose si ce n'est de profiter quelques temps de sa famille et de ses amis.

De parfaites caricatures d'humain en auront décidé autrement.



À lire pour découvrir.

À lire pour ne pas oublier.
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Emmett Till : Derniers jours d'une courte vie

Un journaliste blanc va à la rencontre d'un bluesman, un noir. Mais pas n'importe quel musicien noir, cet homme a connu Emmett Till et était avec lui quelques heures avant sa mort. Il a aussi assisté, impuissant, à la folie meurtrière et sadique de Bryant et Milam les deux responsables du meurtre de ce jeune garçon de 14 ans car il aurait soit-disant dragué la femme du premier.



L'histoire de cette bande dessinée n'est pas l'histoire d'Emmett Till. Elle est le point de départ de la discussion et l'auteur se garde bien de donner des réponses toutes faites et bien tranchées. Les flash back entre passé et présent mettent bien en valeur la frustration de la communauté noire condamnée à ne pas savoir ce qui s'est réellement passé - bien que le meurtre ait été avoué par les 2 accusés dans un magazine. Et surtout, on comprend le sentiment d'injustice de cette communauté qui, de part sa couleur de peau est condamnée à être lésée, à ne pas faire de vague. On connaît Emmett Till grâce à la couverture médiatique qui a été faite en 1955 et grâce à la chanson de Bob Dylan. Mais en réalité : combien d'Emmett Till y-a-t-il eu dans ce sud ségrégationniste ? Combien de gamins tabassés à mort et pas retrouvés ou alors dans un très piteux état ?



Cette histoire a émue l'Amérique au point que 50ans après des manifestants avaient fait le rapprochement entre lui et Trayvon Martin qui s'était fait assassiné lui aussi alors qu'il n'était pas armé.

Depuis que ces deux hommes ont été acquittés dans un procès qui n'avait de procès que le nom, les choses ont-elles vraiment évolué pour les Noirs aux Etats-Unis ? Si l'on regarde les émeutes à Philadelphie, les statistiques et le dossier en fin d'ouvrage, on se dit qu'il y a encore du travail.

Oui, les Américains ont élu un président noir.

Oui, ils ont les mêmes droits que les blancs et bénéficient aujourd'hui des lois sur la discrimination positive qui leur permet d'accéder aux universités, par exemple.

Et, oui, il y a aujourd'hui une bourgeoisie noire qui s'est développée grâce à ces lois.

Mais il en suffit de peu pour allumer la mèche, preuve, s'il en fallait une que les vieux démons de l'Amérique blanche ne sont peut-être pas si loin que ça...



Une bande dessinée à lire et à mettre entre les mains d'un plus grand nombre.

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Chat s'en va

C'est l'histoire d'un petit chat blanc pas tout à fait comme les autres. Les souris, les coins douillets et tout ce qu'affectionne nt ses congénères : très peu pour lui ! Ce qu'il aime, c'est aller poussé la chansonnette près du lac avec sa guitare. Et à 4 reprises, il se trouve que des oreilles pas si bien intentionnées que ça apprécient son travail....au point de lui piquer ! Sans pour autant rendre les honneurs qui sont dues au créateur originel de ces mélodies à succès... L'aventure commence pour le Chat qui chante mais ne miaule pas.



Une jolie histoire sur la différence et la difficulté à vivre de son art et servie par un graphisme tout en rondeur qui donne un aspect faussement candide à l' l'histoire. Les adultes quant à eux apprécieront les petits clins d'oeil au système judiciaire et aux artistes à succès bien connus.
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S'en fout la mort

Conakry, en Guinée, un homme s’occupe de son chantier de pirogues et de son orphelinat, mais les affaires, la religion et la politique troublent la tranquillité apparente. Il faut arrondir les angles, ne pas froisser les différents partis… Arnaud Floc’h décrit une Afrique embourbée dans ses vieux démons, avec des personnages attachants, chacun son histoire, ses problèmes, qu’il faut accommoder à ceux des autres. Le graphisme est réaliste, les couleurs en aplats assez intenses. Une véritable atmosphère est créée, chaude, inquiétante et trouble, le récit avance en eaux troubles, assez fort en émotions. Au final, un thriller exotique et original, bien mené, bien rythmé qui offre un bon moment de lecture.
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Emmett Till : Derniers jours d'une courte vie

J'ai eu un peu du mal à entrer dans cette BD, sans doute parce qu'elle fonctionne par flashback et que je ne savais pas qui était qui dans les premières pages.

Erreur de ne pas avoir lu la 4 e de couverture sans doute.

Ensuite ce n'est qu'un immonde massacre, celui d'un gamin espiègle qui avait eu juste la malchance d’être tombé sur 2 abrutis obtus. Malchance aussi de vivre dans ce Mississippi encore raciste e surtout d'être juste noir...

Si l'histoire de Rosa Parks a été très médiatisée celle de Emmet Till n'est pas connue, cette BD la met en lumière et il faut absolument la découvrir.

Cela s'est passé en 1955 dans un état où les lois ne condamnaient jamais un blanc.

L'histoire est terrifiante, les Blancs immondes et l'histoire tristement brutale. En appendice un dossier pour expliquer avec des document et des photos...

Un album fort, qui parle d'une justice qui n'en avait que le nom... pour ne pas oublier que des hommes se sont comportés d'une façon abjecte, sans aucun remords et même avec bravache.

A lire absolument, sous fond de blues, en espérant que le le nom d'Emmet raisonnera longtemps pour que ce monde ne renoue pas avec ses démons.

Il avait juste 14 ans...

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Chat revient

Suite des aventures du chat musicien, qu'on retrouve avec un embonpoint bien prononcé à force de se faire payer pour rester dans l'ombre des succès qu'il a créé.



Mais, il rencontre un chien qui a jadis été dans la même situation que lui et le fait sortir de son vague à l'âme, afin qu'aguerri de son expérience dépressive il puisse déjouer les tours des dénicheurs de talents trop pressants. Et profiter de ce que la vie lui offre sans arrière pensée ni amertume.



Une suite sympa sans plus, étant donné qu'il n'y a plus l'élément de nouveauté dont bénéficiait le premier.
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Mojo Hand

Quelque part en Louisiane, au milieu du bayou, Wilson trouve un petit garçon abandonné et décide de le recueillir. Il a lui-même un jeune garçon à peu près du même âge, mais aveugle. le petit garçon abandonné pourrait donc être le compagnon de jeu et de vie idéal pour le fils de Wilson. Seulement voilà, le garçon abandonné est blanc, et Wilson est noir... Et dans les Etats-Unis des années 1920, ça pose problème !

Malgré ça, les deux garçons se passionneront pour la musique et joueront ensemble, jusqu'à ce qu'un des deux se révèle meilleur que l'autre...



Dans cette bande dessinée, on sent clairement la passion d'Arnaud Floc'h pour le blues et toute la musique noire américaine en général. Cette passion donne une grande dynamique à l'histoire avec des symboles riches qui font revivre des destins de musiciens ultra talentueux mais déclassés à cause de leur couleur de peau. Comme dans l'album de Mezzo, Love in Vain, Mojo Hand est non seulement un superbe hommage à une époque et des personnes, mais aussi une super histoire.

Avec un graphisme plus précis et mieux maîtrisé que dans les albums précédents, cet album nous emporte loin - et avec une bande son géniale ! - dans l'espace et dans le temps. J'avoue toutefois avoir préféré Emmett Till, l'album précédent.
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Emmett Till : Derniers jours d'une courte vie

À 14 ans, le jeune noir Emmett Till, n’a jamais mis les pieds dans le sud des Etats Unis. Lui qui vit à Chicago, sait-il ce qui l’attend dans cette terre raciste et ségrégationniste ? Sait-il que le sud-est moite, miteux et gangréné par des idées nauséabondes, des traditions gluantes et des conventions boiteuses ? Emmett Till, c’est l’Amérique, le symbole de la vilainie, c’est l’enfant qui se transforme en proie sur les bords du fleuve Mississipi : le pire dans cette histoire, c’est qu’elle est véridique !
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Emmett Till : Derniers jours d'une courte vie

20 août 1955. Emmett Till, 14 ans, descend du train en gare de Money, dans le fin fond du Mississippi. Ce gamin noir de Chicago vient passer ses vacances chez son oncle. Faisant fi des mises en garde, Emmett le fanfaron décide d’entrer dans une épicerie interdite aux nègres. On ne saura jamais ce qu’il s’est réellement passé à l’intérieur mais la femme blanche derrière la caisse accusera Emmett de lui avoir « manqué de respect ». Un affront suffisamment grave pour que son mari et le demi-frère de ce dernier décident de faire payer à l’impudent son comportement inadmissible. Le 31 août, le corps d’Emmett est sorti de la rivière, atrocement mutilé. Arrêtés, les deux hommes reconnaissent l’enlèvement du garçon mais nient le meurtre. Au bout de trois jours de procès et 67 minutes de délibération, les jurés, tous blancs, prononcent leur acquittement malgré de nombreux témoignages à charge. Ils ressortent de la salle d’audience sous les vivas de la foule, posant pour les photographes aux bras de leurs épouses, cigares et larges sourires aux lèvres.





Un album plein de rage et d’indignation. Les faits se suffisent à eux-mêmes, il n’est pas nécessaire d’en rajouter, Arnaud Floc’h l’a bien compris. La sobriété renforce l’aspect tragique de cette innommable barbarie. Le scénario est habilement construit, multipliant les allers-retours entre 1955 et 2015. On sent la chaleur du mois d’août dans le sud profond, l’humidité poisseuse du bayou, mais aussi la résignation d’une population afro-américaine sous le joug d’une ségrégation séculaire semblant impossible à remettre en cause. On sent la cruauté des bourreaux, la peur panique d’Emmett, sa souffrance, son martyre. Un enfant d’à peine 14 ans… L’émotion monte au fil des pages, la gorge se serre et la colère ne cesse de gronder. On referme l’ouvrage groggy, secoué par tant d’horreur et d’injustice. Le dossier pédagogique final, avec remise dans le contexte historique, témoignages et photos d’époque, apporte un éclairage encore plus édifiant à ce fait divers abject.





Une BD d’utilité publique, surtout par les temps qui courent, pour rappeler à ceux qui en douteraient encore que l’inhumanité et la bêtise n’ont aucune limite. La mort d’Emmett aurait inspiré Rosa Parks lorsqu’elle refusa de céder sa place à un blanc dans un bus, en décembre de la même année. Le calvaire vécu par ce pauvre garçon et l’acquittement de ses assassins constituent pour certains historiens la pierre angulaire de la lutte pour les droits civiques des noirs aux États-Unis. Un élément déclencheur qui aura eu le mérite de dresser l'ensemble d'une communauté face à l'arbitraire, même si cette revanche posthume n’effacera jamais les supplices endurés.




Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Mojo Hand

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BLACK & WHITE



On est en Louisiane. On est entre les deux guerres. On est en plein dans le berceau du Jazz et du Blues.



C'est comme la biographie d'un guitariste noir de talent issu d'une famille de simples pêcheurs du bayou.



Un long et triste blues dessiné à gros traits. Colorié sobrement mais on aurait pu s'en passer. Un léger manichéisme dont on aurait pu se passer.



C'est noir dans les deux sens du terme. du début à la fin. Black is Beautiful.

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Monument amour, tome 1 : Chiens de guerre

Grièvement blessé durant la grande guerre en hiver 1917, Camille le Moall, sculpteur de métier, se voit sauvé de l’enfouissement dans une tranchée par un chien errant.

Ce dernier ne le quittera plus, du centre de convalescence à Arcachon au centre de dressage pour chiens de guerre à Satory. En parallèle, il pourra recommencer à sculpter même si, pour une raison inconnue, il lui est impossible de faire des visages avec des yeux.

A la fin de la guerre, accompagné de son compagnon à quatre pattes, il va rentrer à Nantes et se rendre sur la tombe de sa femme.

Mais cela est sans compter sur ses beaux parents qui ne parlent que de vengeance.

Une histoire bien construite, un focus intéressant sur le rôle dès chiens pendant la guerre, la difficulté pour les soldats démobilisés de retrouver une place, de vraies bonnes raisons de découvrir cet album et d’enchaîner avec le second.

Seul bémol, un dessin très anguleux, des traits noirs épais et des visages peu gracieux voire non sympathiques.
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S'en fout la mort

Ce grand échassier noir qui plane… le jabiru… Est-il oiseau de mauvaise augure ou ange protecteur ?



Géant a un but : construire un orphelinat pour les enfants pauvres de Conakry. Pour y parvenir il est prêt à tout ou presque. Faire le passeur en transportant sur ses pirogues des individus désireux de quitter le pays notamment. Il se voit confronté à la corruption, à la politique, les conflits religieux…



En plaçant son récit 6 semaines après les attentats du 11 septembre 2001, Arnaud Floc’h plante le décor. Il n’évite pas les sujets qu’il semble, en bon connaisseur de l’Afrique, maitriser : islamisme radical, investisseurs chinois, misère, immigration, argent qui circule de mains en mains… Son héros, Géant, tente de naviguer au milieu de ces mers agitées en gardant à l’esprit le seul objectif qui compte : aider les enfants.



Les flash-backs nous aideront à comprendre pourquoi il tient tant à mener cette mission à bien… Le tout dans un dessin rythmé et joliment coloré par



Au final, un album qui résonne presque comme un thriller africain réaliste et encore tristement d’actualité.

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Le poisson-chat

Deux frères vivent dans un blockhaus squatté au pied d'une falaise surplombant la mer. L'un des frères est totalement submergé par la folie. Il noie par exemple le chat de sa petite amie et tente diverses expériences macabres sur des poissons (comme si des poissons d'eau douce pouvaient s'adapter à la mer salée !). L'ainé essaye de survivre en se livrant à des petits trafics minables. C'est glauque à souhait. On est très vite pris par la chaleur étouffante de cet été qui n'en finit pas entre désoeuvrement et léthargie.



La lecture terminée, on en retire rien de très encourageant. Peut-être du mal-être ou de la tristesse... Le décor est minimaliste à souhait et les couleurs sont froides. Ce choix des auteurs est sans doute lié au contexte de ce récit.



On pourra toutefois saluer le courage de ce jeune homme qui ne laisse pas tomber son frère. Il est bien impuissant pour changer le cours des choses. Il est également question de drogues et de visions ahurissantes. L'histoire ne décollera jamais et c'est bien là tout le problème.
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La compagnie des cochons

Certaines personnes pensent qu’il faut préférer la compagnie des cochons aux hommes. Depuis que j’ai vu le film Hannibal, j’en doute fort à moins d’être sado (ce qui est la mode actuellement).



Le récit en question se passe à Bamako au Mali. J’ai vu qu’il y a un certain Coulibaly, sans commentaire sur le choix des noms. Il est également question d’espionnage d’un couple de libanais contre la promesse d’avoir des chaises roulantes d’après ce que j’ai compris. Cela ne sera guère passionnant pour le reste.



Le moment fort restera l’attaque du cochon dans l’enclos contre le petit garçon blanc. Enfin un peu d’action sous la moiteur de ce pays africain rongé par la corruption. C'est une bd d'atmosphère plutôt que d'action. Les choses vont très lentement.



Bref, vous aurez compris qu’on se passera bien de la compagnie des cochons et autres gros porcs.
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Emmett Till : Derniers jours d'une courte vie

Le lynchage d’un garçon afro-américain de 14 ans du seul fait de sa couleur par deux sudistes est un crime abominable. Ils ne se sont pas contenter de le tuer mais ont pris soin de leur arracher les yeux préalablement. Le pire dans cette affaire est qu’ils ont été acquittés en vitesse (67 minutes) par un jury composé uniquement de blanc avant de donner une interview payante dans un grand magazine pour finalement avouer leur crime en toute impunité. Or, aux USA, on ne peut être rejugé pour le même crime.



On comprend mieux les accès de violence d’une partie de la population américaine à certains faits divers qui peuvent vite dégénérer par exemple les événements de Ferguson. Ce récit assez méconnu se situe dans les années 50 et a été à l’origine du mouvement pour les libertés civiles de ses populations. En faire une bd est plutôt une bonne chose pour le devoir de mémoire même si certaines institutions voudraient qu’on oublie vite pour passer à autre chose.



Cependant, des faits presque similaires se reproduisent assez souvent. Ce jour, en allumant la radio ou en regardant les informations à la TV, on apprend que c’est une famille juive qui a été torturé chez eux par des individus cagoulés du seul fait de leur appartenance à une religion. J’espère qu’un jour toute cette haine liée à la non acceptation de la différence disparaîtra.



Alors, oui, cette lecture est utile et presque incontournable. Il est dommage que la bd ne soit pas allé plus loin dans le déroulé de cette histoire qui n’a pas manqué de rebondissement par la suite. Il faut savoir que la mère du jeune garçon avait fait ouvrir le cercueil afin que des photographes puissent voir comment son fils avait été atrocement mutilé au niveau du visage. Ceci provoqua une immense réaction du public.



Pour autant, les auteurs se sont focalisé sur les 5 derniers jours de la vie de ce jeune garçon qui passait des vacances chez son oncle. La ségrégation ambiante dans les états du Sud est omniprésente et cela nous révolte. Le graphisme est réaliste ce qui colle bien pour ajouter à la touche d'authenticité. Ceux qui ont un cœur pourront trouver ce récit bouleversant.



Conclusion : il ne faut plus mourir ou souffrir à cause de la couleur de sa peau et de ses croyances religieuses. C’est pourtant une évidence mais cela a du mal à passer. Cette bd reste malheureusement d’actualité.
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Emmett Till : Derniers jours d'une courte vie

La vie d'Emmett Till est aussi courte que cette bande-dessinée qui retrace son destin tragique.



Honnêtement, je ne connaissais pas l'histoire de ce garçon. Elle est effroyable et révoltante. D'autant plus qu'elle a encore un écho aujourd'hui dans le contexte social tumultueux des États-Unis...

L'auteur a très bien su raconter ce meurtre sans trop romancer. Les dessins sont réalistes et retranscrivent sans fioriture le contexte ségrégationniste des années 50 dans le sud des États-Unis.
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Mojo Hand

Louisiane, 1926. Un ouragan dévaste tout, laissant derrière lui un enfant blanc, orphelin, dans le bayou. Malgré l'opposition de sa femme et la misère qui ronge la famille, Wilson le recueille chez lui afin de donner un frère et des yeux à son fils né aveugle.



En dépit de la différence de couleur de peau, les deux enfants grandissent ensemble à l'écart de la ville et du racisme qui fait rage à cette époque en Amérique. La musique les rapproche grâce au cadeau de leur père qui échange son stock de poissons contre deux guitares. Les garçons finissent par se produire en ville.



Mais, seul l'un d'eux a un don pour la musique. Le fossé se creuse entre les frères, la jalousie s'installe. Jusqu'à ce que tout dérape...



Un récit habilement construit qui nous plonge dans les années 30-40 alors que les Etats-Unis sont encore durement touchés par la ségrégation raciale. Il y a également l'alcool, la drogue, la pauvreté qui touchent la population ainsi que la guerre qui brise des vies.



L'auteur parvient à nous restituer cette atmosphère de manière saisissante, le tout sur un air de blues qui rythme cette lecture. Et en refermant cet album, je n'ai pas pu m'empêcher d'aller écouter quelques morceaux de la playlist d'Arnaud Floc'h située à la fin de l'ouvrage parmi lesquels le savoureux Mojo hand de Lightnin' Hopkins.



Une excellente bande-dessinée avec l'histoire dramatique de ces deux frères. Une fresque sociale percutante et un bel hommage rendu au blues.  
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
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