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Critiques de Arni Thorarinsson (239)
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Treize Jours

Hello Mister, Mister Arni Thorarinsson, ravie de vous avoir alpagué lors d'une pause, lors du dixième festival de Littératures policières de Toulouse, vous étiez en train de fumer votre cigare, et dans un franglais excentrique je vous ai fait comprendre toute mon admiration pour l'ensemble de votre œuvre et ma passion pour l'Islande, sa littérature, sa poésie... Installé à votre stand, encore toute émoustillée je suis revenue vers vous et, je ne pouvais plus qu' acheter votre dernier titre et obtenir une dédicace personnalisée qui montre quand même que l'échange de nos propos avait fonctionné. Ouf !



De retour à la maison, en moins de Treize heures (petit clin d'oeil au passage à Deon Meyer) j'ai dévoré vos Treize jours pour connaître le dénouement de l'enquête, menée en coopération et collaboration par l'équipe de Journal du soir et le commissariat de Reykjavik, que vous nous avez concocté pour ce xième volet des enquêtes d'Einur.

Une affaire délicate, la victime est une adolescente âgée de 15 ans, mais aussi difficile, les protagonistes sont tous sujets à des addictions (toxicomanie, alcoolisme,…) et les professionnels qui s'y penchent sont quant à eux poursuivis par leur propres démons.

Dans ce contexte il devient compliqué de faire des investigations, les témoins, les complices ont la mémoire qui flanche (trou de mémoire, état comateux...) et l'équipe de journalistes ainsi que le binôme de policiers ont les nerfs à cran. Surtout lorsque la frontière entre affaires professionnelles, questions privés et vie sentimentale, s'effrite .

Alors oui Treize jours ça peut paraître suffisant mais aussi trop court pour arriver à la résolution de l'affaire que vous nous avez orchestré. Mais les talents conjugués de vos journalistes, notamment la participation active de la fille d'Einar, Gunnsa, jeune étudiante de 17 ans en pleine révisons, vont à n'en pas douter relever défi.

L'intrigue et ses nombreux rebondissements présentent un focus sur les dangers avec lesquels surfent une partie de la jeunesse (toxicomanie, prostitution) tout en pointant les enjeux de la toile où vous nous montrer la nécessité d'une utilisation responsable et non compulsive des outils et des objets connectés. L'importance croissante du rôle des réseaux sociaux dans la vie quotidienne, professionnelle et privée , nous rappelle que le monde de l'information et de la communication est en constante mutation.

En toile de fonds, la restructuration du Journal du soir n'est pas encore achevé et ses efforts pour garder son indépendance (défendre le droit à l'information et la liberté de la presse) sont toujours d'actualité. Les tensions raciales et les contestations sociales décrites témoignent comme ailleurs d'une société qui digère mal les flux migratoires.



En tout cas le rythme est là, saccadé, et le lecteur se prends au jeu.

L'écriture ciselée , honorée par une formidable traduction d'Eric Boury, la construction du texte mettent en valeur l'épaisseur des personnages et la finesse de l'analyse psychologique.



Inutile de vous dire que j'ai adoré, j'ai retrouvé votre sensibilité qui m'avait tant ému dans Le crime – histoire d'amour et j'ai même trouvé que comme un bon vin votre style se bonifiait.



J'ai particulièrement apprécié l'histoire d'amour sous-jacente de ces deux adolescents dont le ton dans sa tonicité m'a évoqué celle ressentie face à Shéhérazade, le film de Jean-Bernard Marlin. Si sur la pellicule le spectateur ne peut que subir l'histoire de Shéhérazade et de Zachary, sur les pages de votre roman noir elle est à imaginer à partir des statuts publiés sur Facebook par Klara Osk (Osk signifiant Désirée ...) , la jeune victime amoureuse de Pavel, « le Polonais ».

Vôtre polar comme ce film nous entraînent dans la promiscuité de l'enfer de la prostitution et des addictions de toutes sortes, nous mettant face à des ados qui se mettent en danger, minés par des histoires familiales douloureuses (décès, maladie, chômage …).



Je ne peux donc que vous conseiller Treize jours qui révèle le talent d'Arni Thorarinsson pour évoquer la fragilité d'êtres à la dérive, marginaux, déclassés, et sa lucidité face à une société qui laisse sa jeunesse se noyer. Le tableau brossé est le même que l'on soit à Reykjavik où à Marseille

Treize jours une histoire très actuelle.

Nous sommes tous dans le même bateau… et l'heure de la mondialisation est bien planétaire .



Merci Mister Arni Thorarinsson, pour votre habileté, votre humanité et votre clairvoyance et ce polar à la respiration si particulière qui épouse celle de la nature, libérant des vibrations poétiques qui accompagnent les réflexions existentielles de votre journaliste.

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Le crime : Histoire d'amour

Coup de coeur pour le crime histoire d'amour de Arni Thorarinsson

24 heures au coeur de la tempête

24 heures pour découvrir le secret de ce qui fut une cellule familiale

24 heures à arpenter les rues de Reykjavik

Attention danger: ça remue beaucoup, ça tangue et ça bouleverse.



Thorarinsson ne nous ménage pas, dès le début le lecteur ressent le déséquilibre, les perturbations psychologiques et pressent les éruptions à venir.

Ici, nous avons rendez-vous avec des sentiments exacerbés, des personnages au bout du rouleau: ça bruisse, ça enfle et on attend la déferlante.



Malgré la douceur printanière qui s'installe dans la capitale islandaise, le réveil est douloureux pour les personnages de cette histoire d'amour qui malgré la clarté du jour se débattent dans les ténèbres et les brumes de leur conscience.

Trois personnages, un homme, une femme et le fruit de leur amour, leur unique enfant, Frida.

OUI, Frida tout simplement, pas Fridadottir, non; car elle n'est pas fille de Frida, elle est Frida, elle s' appartient, elle le revendique et cette journée c'est la sienne: c'est celle de ses 18 ans, celle qui va la faire basculer définitivement dans le monde des adultes.

Le jour de cette majorité elle l'attend depuis maintenant trop longtemps car c'est celui qui lui dévoilera le secret du drame familial, de l'implosion de la cellule familiale.



« Comme une image lovée au pays de tes espérances,

comme un rêve de jeunesse qui revit par intermittence,

c'est là que demeure la faute qui nous blesse,

c'est là que je suis, c'est là que tu es,

c'est là que demeure ce que l'amour donna. »



Encore une fois Thorarinsson ne nous ménage pas dans ce court roman noir.

J'ai beaucoup aimé cette lecture qui semble tenir une place à part dans la production de l'auteur, un peu comme le Betty dans l'oeuvre d'Arnaldur Indridason, un petit bijou bien ciselé où j'ai été bluffée.

Je n'en dis pas plus sur le contenu pour ne pas nuire au plaisir de sa découverte.

Par contre, je dis haut et fort que j'ai été aspirée dans ce maelström de sentiments, d'émotions, ballottée entre les souvenirs des protagonistes et leurs difficultés dans cette journée sismique pour appréhender le coeur de la tourmente.

Révolte, déchéance, violence, douleur, souffrance, solitude, culpabilité, amour, solidarité, isolement.

Frida retombera-elle sur ses pieds?

Ne l'oubliez-pas c'est sa journée!

Et quelle journée, depuis je connais par coeur la rue Skolavôrdustigur, je l'ai montée, je l'ai descendue, et cela encore plusieurs fois et à toute heure (c'est à dire que dans le crime, chacun cherche son chat et parfois ce sacré félin tourne en rond...).

Mais au bout du bout de cette histoire une rédemption , une renaissance ou un naufrage attendent peut-être nos trois protagonistes.



Les allées et venues effectuées par les personnages entre la belle cathédrale de Hallgrimskirkja et le port, reflètent l'état de leur conscience qui oscillent entre hauteur et abîme; l'apaisement apporté par les rives du lac Tjörnin n'est que mirage.

Dans cette géographie familiale à l'image de celle de l'Islande nous marchons dans des champs de cendres.

En toile de fonds, une société encore minée par les effets de la crise éco-financière et les nouvelles problématiques liées aux réseaux sociaux.

Des portraits de personnages secondaires très réussis, aussi bien travaillés que ceux des protagonistes et une réplique vieillissante et blasée de Einar!

Un beau moment de lecture, dur et très émouvant.



Et si un jour, après avoir lu Le crime histoire d'amour, vous avez la chance de déambuler dans la rue Laugavegur, vous chercherez à deviner une silhouette, une femme vêtue d'une veste en velours rouge et d'un jean usé, et comme dans un songe vous l'entendrez murmurer: nous, « Je dois te raconter le bonheur ».



Le crime histoire d'amour ou l'autopsie d'un bonheur … merci Arnur Thorarinsson



« Un jour quelque part à nouveau

ton chemin mènera jusqu'à moi

et tu me diras: tu m'as manqué,

tu m'as manqué... »







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L'ombre des chats

Ce livre a été traduit de l’islandais par Éric Boury. Il était deux fois des amis d’enfance qui étaient partis étudier en Ecosse. le 1er a Glasgow, le 2ème à Édimbourg. Ils étaient des fils de bonnes familles. Apprécies, ils prirent une chambre dans une auberge. Ils rejoignirent leurs penates. La pompe à drogue avait agit. Deux fautes d’orthographe, adresses au mauvais numéro. Encore Akureyri, capitale du nord de l’Islande dont les 2 tours surplombent le centre ville. C’est le 2 eme livres de cet auteur que je lis. Il faut lire la suite du livre. Je ne connais pas Sigurdur Reynir. Est elle (Melie et les livres 121 ans) si âgée. Orrustuholl, la colline de la Bagarre. Korna et kolfinna. Je crois l’avoir déjà rencontré quelque part. Le Vinland.

La chaîne Godborgari, j’aime ces moments-la. C’était des gars comme vous et comme moi. Des mecs normaux.

Sans suite

le sexe en plastique ressemble a de la moisissure dans une bouteille de jus de fruit. Ah Al Stewart the year of the cat. On parle encore de la mort noire du Brennivin.
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Treize Jours

Encore une fois, Einar est à la croisée des chemins. Doit-il accepter le poste de directeur de la rédaction du Journal du soir ? Ou alors lui faut-il quitter l'Islande pour rejoindre Margret, son ancienne maîtresse recherchée par Interpol ? Avant de prendre sa décision, le journaliste décide de se lancer dans une dernière enquête : la disparition d'une lycéenne qui lui rappelle sa petite Gunnsa au même âge. Margret lui a laissé treize jours de réflexion, c'est donc dans ce délai qu'il va devoir trouver ce qui est arrivé à Klara Osk, une jeune islandaise comme tant d'autres, en manque de repères, tentée par l'argent facile, la fête, l'alcool, la drogue, une fille perdue dont il a retrouvé le corps, violé, profané et dont maintenant il veut trouver le meurtrier. Treize jours pour résoudre un crime, treize jours pour se choisir un avenir...



Est-ce parce que la société islandaise s'enlise dans la crise financière, la xénophobie, le pourrissement des relations familiales et sociales, mais depuis L'ombre des chats, les enquêtes d'Einar sont plus sombres et l'humour se fait plus rare. A la décharge de Thorarinsson, cette affaire est particulièrement sordide puisqu'elle touche la jeunesse; une jeunesse déboussolée, des parents démissionnaires, des familles qui se délitent, de mauvaises rencontres, des fugues, la drogue et la prostitution. Des exploités et ceux qui s'enrichissent à leurs dépens...Einar est toujours aussi pugnace même si sa fille Gunnsa lui vole parfois la vedette. Photographe au Journal du soir, elle mène de front des études universitaires et une carrière de journaliste débutante. Et le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle est la digne fille de son père : obstinée et prête à tout pour approcher la vérité et la justice. De quoi faire réfléchir Einar qui pourrait se sentir pousser vers la sortie par la fougueuse jeune génération.

Au final, Treize jours reste un bon cru. Même si Einar a perdu de son mordant, l'arrivée de Gunnsa au journal apporte la nécessaire dose de fraîcheur et de spontanéité. Et la fin ouverte du roman donne bien sûr très envie de retrouver tout ce petit monde au Journal du soir ou ailleurs...



Un grand merci à Babelio et aux éditions Métailié.
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Le septième fils

C’est le premier livre de cet auteur que je lis. Ce livre a été traduit par Éric Boury. Le quartier de Laugaras. L’ile du Breidafjordur. Les écailles des poissons dans la montagne de kirkjubldshlid. L’aéroport de Reykjavik est une zone à fort risque d’avalanches. Après avoir bu du Brennevin acheté au sjoppa du coin. On aurait dit que c’était l’œuvre de Satan. il est à l’intérieur de nous.
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Le dresseur d'insectes

Ce n'est pas l'enquête qui fait l'intérêt du Dresseur d'insectes, mais bien plutôt le monde rock et tendre d'Einar, journaliste à tout faire dans un coin paumé d'Islande, père à temps partiel d'une adolescente un peu trop fêtarde, psychologue amateur ou agent infiltré à ses heures...



Comme Le temps de la sorcière, ce deuxième opus nous montre l'autre Islande, bien éloignée des fjords et des geysers, celle des villes modernes, faite de violence, d'alcoolisme, de solitude, de secrets et d'illusions, mais aussi parfois de bons petits plats en famille, de moqueries complices entre collègues et de jeunes qui se construisent. La société d'aujourd'hui, en fait, mais préparée à la sauce islandaise...



Un bon petit polar comme un bon petit plat donc, qui m'a donné envie, paradoxalement, de visiter Akureyri, d'écouter les Kinks, de m'acheter une perruche et de dîner avec des islandais aux noms improbables comme Gunnsa et Raggi !
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Le temps de la sorcière

Est-ce le temps de la sorcière, de Loftur et du heaume de terreur en Islande ? Ou plutôt le temps de la drogue, des tensions immigrés/islandais et du fric ? Un peu des deux, mon capitaine, si on en croit Arni Thorarinsson et son héros Einar.



Sans être révolutionnaire ou inoubliable, cette enquête sociale et criminelle du journaliste à Akureyri m'a bien plu. Elle m'a fait voyager dans un pays tiraillé entre la société moderne mondialisée et la culture islandaise traditionnelle et âpre, et rencontrer un héros attachant et humaniste caché dans un costume d'ours ironique. Si ses petites habitudes loufoques avec sa perruche ou son rédacteur en chef à Reykjavik prêtent à sourire, sa tendresse et sa générosité mal dissimulées sont plutôt touchantes.



Comme souvent dans les polars nordiques un peu lents, c'est l'ambiance et les personnages qui constituent l'essentiel, bien plus que les faits eux-mêmes. Là, ça fonctionne, ça donne même envie de continuer avec Einar ailleurs en Islande... et ça nous change bien d'Erlendur et Indridason ! C'est donc une jolie découverte pour moi, faite dans le cadre du Challenge Thrillers et Policiers Scandinaves.
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L'ombre des chats

Deux amis qui se suicident à l'aide d'un ordinateur, un homme violemment agressé par une femme dans une file d'attente, du grabuge à la tête du parti socialiste, le Journal du soir victime de spéculations financières et Einar qui reçoit des SMS à caractère sexuel sur son portable...Quelque chose ne tourne pas rond à Reykjavik ces derniers temps. Heureusement, Einar n'est pas homme à se laisser abattre par l'ampleur de la tâche. Le journaliste jongle avec les dossiers, remplace au pied levé son rédacteur en chef absent pour cause de rabibochage matrimonial et enquête au sein du PS islandais où comme ailleurs coups bas et magouilles sont rois.



Mariage gay plus ou moins accepté par tous, sextos anonymes, financements occultes de campagnes électorales, parti socialiste en pleine déliquescence...malgré son insularité, l'Islande a de plus en plus de mal à se distinguer du reste de l'Europe. Et cela n'échappe pas à Einar, journaliste scrupuleux, toujours à la recherche de la vérité qui se bat pour la liberté de la presse en général, et de son journal en particulier, alors même que des parts du Journal du soir pourrait être rachetées par l'un ou l'autre parti politique. Pourtant, il n'est pas le héros de ce livre qui fait la part belle aux femmes, des femmes qui s'aiment et se marient, des femmes qui affichent leurs appétits sexuels, des femmes qui se liguent pour punir, des femmes de pouvoir, des femmes qui complotent, des femmes qui fuient, des femmes qui enquêtent. Bref des femmes partout qui donnent du fil à retordre à un journaliste certes pugnace mais qui a perdu un peu de son mordant en retrouvant la capitale.

Un polar sympathique, surtout pour qui suit les aventures d'Einar depuis le début, mais pas le meilleur de la série.
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Le septième fils

Soucieux de rentabiliser au mieux leurs équipes, les dirigeants du Journal du soir envoient Einar dans les fjords de l'Ouest pour y écrire un article de fond sur les perspectives d'avenir de cette région sinistrée par le système des quotas de pêche. Au revoir donc Akureyri et bonjour Isafjördur, petit port de pêche isolé où il ne se passe jamais rien, au grand désespoir du journaliste. Pourtant, la veille même de son arrivée, une maison a été incendiée. Ce n'est pas le scoop de l'année mais l'évènement intéresse Einar et quand un camping-car volé est lui aussi retrouvé carbonisé, le journaliste décide de prolonger son séjour, surtout qu'à l'intérieur du véhicule ont péri un footballeur célèbre et son ami d'enfance. Einar se mêle aux gens du crû, rencontre une séduisante commissaire peu désireuse de collaborer, un brigadier bourru qui va l'héberger, une petite bande d'adolescents gothiques, un pasteur fan de musique rock, une jeune fille prête à tout pour se faire un nom dans la chanson et sa mère, ex-femme du futur numéro un du parti socialiste islandais, assassiné à Reykjavik au même moment. Une situation bien compliquée dont Einar veut absolument démêler les fils, sur fond de crise économique et de mondialisation.





Arni THORARINSSON continue son exploration de la société islandaise en se délocalisant cette fois dans les régions de l'Ouest de l'île. Ici aussi la mondialisation et la crise font des dégâts. Les chalutiers ont disparu des petits ports de pêche au profit de grands consortiums qui ont rachetés les droits aux pêcheries indépendantes. Pêcheurs et ouvriers des poissonneries se sont retrouvés au chômage et dans le lot, les émigrés qui étaient venus chercher ''fortune'' dans les fjords. Sinistré, l'Ouest cherche à sortir de l'ornière. Certains voudraient faire la part belle au tourisme mais la région est enclavée et attire peu les visiteurs malgré des paysages de rêve et un habitat traditionnel préservé tant bien que mal. D'autres imaginent plutôt l'installation d'une raffinerie pétrolière mais la menace écologique fait réfléchir. Les vieux sont déboussolés par la transformation d'une société qui jusque là vivait en autarcie, protégée des fléaux du monde. Les jeunes sont désabusés et se tournent, soit vers le rejet pur et simple, soit vers les mirages de la gloire et de la télé-réalité. La région se dépeuple au profit de la capitale, moderne et attirante.

A tout cela, Einar apporte son regard extérieur et sa douce ironie. Recueillir les confidences des plus récalcitrants, s'immiscer dans les secrets les plus intimes pour produire les articles que réclame sa direction, telle est sa ''dure besogne'' et il s'en acquitte avec brio, malgré la crise qui le frappe lui aussi ; sentimentale d'abord avec une nouvelle petite amie un brin revendicatrice, mais aussi économique avec une hiérarchie toujours plus avide de sensationnel et des postes menacés.

Encore une belle enquête, juste lente ce qu'il faut pour creuser les problèmes en profondeur, mais suffisamment riche en fausses pistes et rebondissements pour tenir le lecteur jusqu'au bout. L'Islande est décidément un pays surprenant, qui trace sa route entre modernité et respect des traditions, et que l'insularité et les contingences météorologiques ne protègent plus des dérives en tout genre. Un pays à découvrir et un journaliste à suivre.
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L'Ange du matin

J’ai lu plusieurs livres de cet auteur. Je ne sais plus combien 5 ou 6 peut être. Vous savez peut être. Peut être peut être c’est comme brouillard ou moustache n’est-ce pas galettesaucisse je ne sais plus le nom. Quel doute ? Je n’ai rien bu pas comme cet auteur. J’aime beaucoup les auteurs islandais. La langue de terre d’Eyri. D’un côté les elus, de l’autre, ceux qui les ont choisis. je ne bois pas du breivin.



Ce livre a été traduit par Éric Boury, comme les autres.





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L'Ange du matin

Paradoxalement, l'enquête ne joue qu'un rôle mineur dans les polars d'Arni Thorarinsson, L'ange du matin compris, et cela peut éventuellement décevoir les vrais amateurs du genre. Ce n'est pas mon cas, loin de là.



Car je suis véritablement fan des personnages, de l'ambiance et des thèmes. Côté personnages, on suit Einar, un journaliste vaguement bougon détaché dans un trou perdu, Akureyri, très sympathique, plutôt perspicace et discrètement chaleureux. Il aime à se dépeindre comme un ours solitaire, pourtant sa fille Gunnsa, ses collègues proches ou même sa voisine ne sont jamais loin.



Côté ambiance, c'est évidemment l'Islande qui est à l'honneur, à la fois la grande ville de Reykjavik et les provinces, Akureyri en tête. Ici, l'angle est celui de la crise économique des Années 2008-2010, notamment des élites financières qui ont plongé le pays dans le marasme sans en assumer les conséquences.



Côté thèmes, enfin, l'auteur aborde à nouveau le rôle du journalisme, la place des handicapés, la vie particulière des rock-stars ou les difficultés des plus jeunes et plus vieux dans la société moderne...



Dans ce contexte, l'enquête n'est qu'un prétexte pour lier le tout, à base de meurtres, de kidnappings, d'interviews, de malentendants, de policiers et de dingues en tout genre. Plutôt désespérant, cet Ange du matin, mais ce serait dommage de ne pas s'y intéresser.
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Le crime : Histoire d'amour

Je ne connaissais rien de cet auteur, Arni Thorarinsson, connu, semble-t-il, pour écrire des polars, des romans noirs.

Ici Le crime n'est pas un polar, c'est un court récit, un roman noir cependant, le suspens porte la narration à deux niveaux. Un secret gardé pendant dix ans nous est révélé au milieu du récit, et dix ans plus tard, nous nous demandons jusqu'au vertige qui s'ouvre devant les protagonistes, comment ceux-ci vont faire avec ce secret qu'ils avaient décidé de révéler quelques années plus tard.

Dix ans auparavant, ils étaient heureux, elle et lui s'étant épris d'un amour fusionnel à l'université de Reykjavík. Frida naquit de cet amour. Tous les trois étaient heureux, une famille heureuse, jusqu'au jour où une révélation vint ébranler ce bonheur et transformer leur vie en cauchemar insurmontable.

Elle et lui ont décidé de tout cacher, surtout pour leur fille, Frida, mais se sont engagés à lui parler le jour de ses dix-huit ans.

Entre temps, ils se sont séparés, ont divorcé, Frida a été recueillie chez les grands-parents maternels. La douleur s'est emparée de leur destin, l'alcool et la drogue sont venus jeter du feu au désespoir de la mère. Sans doute l'amour a continué dans les zones souterraines où nous n'avons pas accès...

Tous les trois ont attendu ce jour fatal et craint en même temps sa venue.

Les premières pages sont effroyables, nous montrent la déchéance, le gâchis, l'effondrement, ce que peut être une vie délabrée, une sorte de cauchemar où survivre n'a plus aucun sens.

Frida leur fille est en révolte, essaie de survivre elle aussi à sa manière, de tenir à l'écart ses parents, elle les hait autant qu'elle les aime. Elle vit loin d'eux, indépendante depuis l'âge de quinze ans, entourée de ses amis.

Tout tient autour de cette journée fatale, une journée printanière comme tant d'autres à Reykjavík.

Mais voilà, ce jour est venu, il est là, celui des dix-huit ans de Frida.

Ce récit très court est non seulement touchant, mais bouscule comme une tempête, dans ce récit concis ont sont concentrées des vagues d'émotions prêtes à franchir les digues. Ce texte est d'une violence presque insoutenable à certains moments et à d'autres moments, on s'émeut d'une histoire d'amour qui rayonne, éclaire les pages, éclaire les pas si sombres des personnages, tente de les guider comme il est possible de le faire.

Car il en faut de la lumière ici, une sacrée cargaison...

Une lettre écrite par la mère de Frida, se dévoile au fil des pages du récit, poignante, qui va nous guider jusqu'à son dénouement. Nous retenons notre souffle jusqu'au bord du vertige.

Ce texte m'a profondément touché pour plusieurs raisons. Sans doute parce qu'il s'agit d'une très belle histoire d'amour, mais pas uniquement...
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Le crime : Histoire d'amour

Vingt-quatre heures de la vie

- d'une femme

- de l'homme qu'elle aime, qui l'aime, mais qui l'a quittée

- de leur fille dont ils sont séparés depuis dix ans.



Ils ont vécu très heureux ensemble pendant huit années, ces trois-là, jusqu'à ce que...

Jusqu'à quoi ?

Frida, leur fille, n'en a jamais rien su.

Ils ont promis de lui révéler leur drame quand elle aurait dix-huit ans. On y est, c'est son anniversaire, mais les parents ne sont toujours pas prêts à parler. Peur de faire encore plus de dégâts dans cette famille déjà éclatée. Peur que la révélation détruise Frida autant qu'elle les a brisés.

Le père, prof de fac et psychologue, est mal en point.

La mère survit, épave droguée, alcoolique, prostituée, endettée.



Des histoires de familles dysfonctionnelles et des romans noirs, j'en lis beaucoup.

Mais quand certains auteurs Islandais s'y mettent, ils me plombent le moral au point de me faire renoncer à mon vieux rêve de visiter leur île.

Árni Thórarinsson est visiblement de ceux-là. Cette histoire est glauque, et triste. Et quel gâchis, bon sang ! Tout ça pour ça !

Et les problèmes d'Erlendur (le flic d'Arnaldur Indriðason) avec sa fille toxico me plongent dans le même état de désespoir. J'ai d'ailleurs arrêté de lire cet écrivain.



Après avoir été charmée par les propos de l'auteur lors d'une table ronde, sur un salon, je suis déçue par cette lecture plombante.
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L'Ange du matin

"Je tape quelques caractères sur mon clavier. Les bras m'en tombent. Je ne me souviens pas qu'on m'ait dit un jour que j'étais génial."





Etes-vous du matin ?

Bof plutôt la flemme par cette chaleur.

Et je ne suis pas non plus un ange. Du coup, pas envie de raconter une belle histoire. De toute façon une postière assassinée, tout le monde s'en fout et en premier chef la police dont les crédits ont fondu plus vite que neige au soleil sous le réchauffement climatique et par la faillite des banques et de l'état islandais. Seul un journaliste, et encore son rédacteur en chef n'est pas chaud - oui c'est l'hiver -, faut dire que le premier journal islandais est lui aussi obligé de restructurer, fermer une succursale. Bref c'est la mouise.





Tout le monde se voit donc obligé de tirer le diable par la queue. le diable justement en profite pour sortir la sienne. le climat est lourd dans une déliquescence générale : la faute à la corruption, à l'avidité de quelques-uns faisant collusion, mais en creusant la glace, il faut le reconnaître pour toutes et tous un estompement de la norme, une déglingue des valeurs morales, le recours permanent à l'auto-justification. Ainsi balance la décadence. Donc le climat sociologique et la psychologie des personnages prennent ici le pas sur l'intrigue policière elle-même.





Pas de belle histoire, juste un constat, message subliminal d'Arni Thorarinsson.

"Personnellement, je pencherais pour L'ange du matin, car ce livre parlera d'espoir, d'illusions, de mort, et aussi d'innocence perdue.

Je ne nierai pas que j'ai hâte de revoir l'auteur." p.350





Et cette chanson en forme d'énigme pour ce bouquin qui devrait résonner comme une petite musique : tu n'es pas un ange.

https://www.youtube.com/watch?v=_40RplSVXK0

https://www.youtube.com/watch?v=5irwXp0ciLs
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Le dresseur d'insectes

Chaque année, à Akureyri, petite ville au nord de l'Islande, se tient la grande fête des commerçants, période de tous les débordements, alcool, sexe, bagarres ... Einar, correspondant du Journal du soir, est contacté par une femme visiblement alcoolisée, se prétendant médium, qui lui conseille d'aller dans une vieille maison que l'on dit hantée où il découvrira, en compagnie du commissaire de police, une jeune fille morte dans une baignoire. Le tournage d'un film dont deux acteurs américains sont connus de la jeunesse, doit se dérouler dans cette maison. Début d'une enquête que vont mener, en parallèle, Einar et le commissaire de police.
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Le dresseur d'insectes

Alors qu'Einar, journaliste au "Journal du soir" à Akureyri dans le nord de l'Islande, traque les fantômes dans une vieille bâtisse dite hantée, histoire de séduire son lectorat et d'assurer la survie de son canard, la fête des commerçants "Toute en une" se prépare. Il accueille d'ailleurs à cette occasion sa fille Gunnsa âgée de 16 ans et son petit ami, Raggi, venus profiter de la fin des vacances et de la fiesta dans les rues de la ville...qui s'avère être de plus en plus le théâtre de violence liées aux usages excessifs de drogues et d'alcool. Viols, vols, bagarres sont à déplorer parmi les participants et la police est débordée.

Des acteurs américains et leur équipe ont débarqué pour un tournage… justement dans la fameuse maison hantée. Et Einar reçoit de mystérieux appels d'une soi-disant médium, celle qui lui a signalé les fantômes, dont le dernier est plutôt alarmant… En effet une jeune fille de 17 ans est retrouvée morte dans la maison aux esprits… Un meurtre maladroitement maquillé en suicide.



De Akureyri à Reykjavik où Einar va faire connaissance avec la medium Alberta, alias Victoria, une femme brisée par la vie mais au courant de trop de choses, au rythme d'une chanson des Kinks "The death of the clown" d'où est tiré le titre du roman. Brisée par la vie mais bientôt par la mort, dans le centre de cure de désintoxication où elle avait décidée de reprendre sa vie en main, qui pouvait bien lui en vouloir ? Quel lien avec la jeune fille, sa sœur de souffrance, droguée et violée comme elle dès le plus jeune âge ? Quels sont les auteurs de ces crimes impunis qui brisent des existences avant même qu'elles aient pu éclore ? Notre journaliste lui-même père de famille, ancien alcoolique, révolté par certaines pratiques d'individus corrompus, n'a plus qu'un désir : que la vérité éclate et que justice soit faite…



Un très bon polar nordique dans lequel Arni Thoraninsson souligne que le progrès économique et la mondialisation engendrent de nouveaux maux même pour un petit pays un peu à l'écart du monde comme l'Islande, violence, jeunesse désaxée, l'appât du gain, l'exploitation d'une certaine innocence, criminalité en hausse, sexisme, racisme. Et qui donne envie de réécouter les Kinks…

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Le dresseur d'insectes

A Akureyri, la grande ville du nord de l'Islande, le mois d'août démarre en fanfare avec la célèbre "Toute-en-une", la fête des commerçants qui connait chaque année un franc succès malgré les excès en tout genre qu'elle provoque. Beuveries, viols, agressions...la police est débordée. Mais le pire est à venir. Une informatrice anonyme demande à Einar, journaliste au "Journal du soir" de se rendre dans une maison que l'on dit hantée. Sur place, il découvre le cadavre d'une très jeune fille. Pressé d'en savoir plus, Einar se lance sur les traces de sa mystérieuse correspondante tout en essayant d'être présent pour sa fille et son petit ami en vacances chez lui. Son enquête va l'obliger à les négliger un peu mais les deux adolescents s'en accommodent très bien , tout occupés qu'ils sont à travailler pour une équipe de tournage tout droit débarquée d'Hollywood!





Deuxième opus des aventures d'Einar dans son exil forcé au nord de l'Islande et c'est un vrai plaisir de retrouver ce cynique au grand coeur. Cette fois, il va flirter avec ses vieux démons et payer de sa personne pour une enquête en immersion dans un centre de désintoxication.

Bien loin des images de cartes postales où volcans, geysers et cascades rivalisent de beauté sous un soleil qui ne se couche jamais, Arni THORARINSSON décrit un pays qui n'est plus protégé des fléaux du monde par son insularité. Alcool, drogue, violence, corruption, jeunesse à la dérive...la société se délite et Einar en témoigne dans ses articles. Heureusement, l'ambiance n'est pas plombée par tant de noirceur, grâce à la personnalité du journaliste qui ne perd jamais son sens de l'humeur et aux incursions dans sa vie privée : sa grande histoire d'amour avec une perruche, ses inquiétudes pour sa fille, ses passes d'armes avec Trausti Löve, son rédacteur en chef.

Un héros attachant, un regard lucide sur la société islandaise et une enquête rondement menée, que demander de plus ?
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Le temps de la sorcière

Einar, reporter pour le Journal du Soir de Reykjavik, a été prié, par sa hiérarchie, d'aller soigner son alcoolisme et son sale caractère en province. Le voilà donc à Akureyri, dans le nord de l'Islande pour y ouvrir une antenne locale. Dans son exil, il est accompagné par Joa, une sympathique photographe et par Asbjörn, plus ou moins répudié lui aussi et en tout cas déchu de son poste de rédacteur en chef. Pour Einar, le choc est rude: il a laissé sa fille dans la capitale, il déteste travaillé avec Asbjörn, il se défend de boire une goutte d'alcool et il s'ennuie dans une région plutôt calme. Réduit à rendre compte d'évènements banals, comme les bagarres alcoolisées du samedi soir ou le spectacle théâtral monté par les élèves du lycée, Einar tourne en rond. Pourtant, deux faits divers vont le sortir de sa torpeur: le décès accidentel d'une femme lors d'une excursion d'entreprise et la disparition inquiétante de Skarphedinn, le jeune homme qui tenait le rôle titre dans "Loftur le sorcier", la pièce choisie par le lycée.





Quels sont les évènements qui ont amené Einar à cet exil forcé? Que s'est-il passé avec sa fille lors de leurs dernières vacances à l'étranger? Pourquoi Einar a-t-il décidé d'arrêter de boire? Toutes ces questions (et bien d'autres) ne trouveront pas de réponse dans ce livre puisque l'éditeur a décidé, sans me consulter, de publier le quatrième roman de la série, faisant fi du passé d'Einar et du respect du lecteur. Je râle surtout pour le principe puisque finalement cela ne gêne pas trop la lecture. Je cueille Einar au départ de sa nouvelle vie et c'est à partir de là que je vais désormais le suivre. Assidûment qui plus est! Parce qu'Einar est le genre de personnage que j'aime particulièrement, caustique, sarcastique, jamais avare d'un bon mot, quitte à blesser son interlocuteur. Adepte de l'humour un peu vachard, le journaliste savoure spécialement les coups de fil de son nouveau rédacteur en chef qu'il aime remettre à sa place. Mais derrière son flegme désabusé, Einar est aussi un coeur tendre sensible au chagrin d'une mère qui a perdu sa fille, à celui d'un frère en deuil et même, à son corps défendant, enclin à revoir son jugement sur son collègue Asbjörn. D'autant que le brave homme est l'ami d'enfance du commissaire de la ville, source potentielle d'informations.

Mais outre des personnages bien campés et un humour certain, Arni THORARINSSON nous fait aussi découvrir une autre Islande, une île qui, bien qu'isolée, n'est pas épargnée par la mondialisation et ses conséquences souvent néfastes, une nation qui oscille entre xénophobie et intégration, une société partagée entre modernité et traditions, entre le matérialisme et la magie.

J'ai donc passé un excellent moment avec cet écrivain que je découvre et que je compte relire dès que possible.
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Le dresseur d'insectes

Apres Arnaldur Indridasson et héros récurrent Erlendur, après Ragnar Jonasson et son policer Ari Thor, me revoilà en Islande avec un nouvel auteur : Arni Thorarinsson. Cette fois ci, le personnage principal de cette histoire n’est pas un policier, mais un journaliste : Einar.

Ce dernier vit actuellement à Akureyri, au nord de cette ile fabuleuse qu’est l’Islande. Il ne s’y passe en général pas grand-chose sauf qu’à l’occasion de la fête des commerçants, les débordements sont au rendez-vous et le véritable visage de cette ile apparait. Oui il y a les aurores boréales et les paysages à couper le souffle, mais la réalité c’est aussi la drogue, l’alcool et tous les problèmes sociaux qui en découlent.

C’est à l’occasion de cet évènement annuel que Einar va être amené à s’interroger et enquêter sur un meurtre. Ses bons rapports avec les policiers de la petite ville facilitent certes ce genre de démarche. Il va pousser son enquête jusqu’à se faire passer pour un patient en se faisant admettre dans un centre de désintoxication. Le Rolle est à double tranchant pour lui vu son propre passé.

J’ai beaucoup aimé ce nouveau personnage, avec son humour un peu bourru, son humanité, sa fille Gunnsa et n’oublions surtout pas sa perruche. Oui, Einar est un personnage qui vaut le détour et que je retrouverais avec plaisir dans les prochains livres d’Arni Thorarrinsson que je lirais. D’autant que j’ai commencé par erreur par le deuxième tome de cette série et que je possède le premier depuis un bon moment dans ma Pal. Il va falloir remédier rapidement à cette petite erreur.

L’écriture est fort sympathique et l’intrigue est habile avec un bon ancrage dans la réalité de ce qu’est véritablement l’Islande actuellement.

Je rajouterais que j’ai eu la chance de rencontrer l’auteur lors d’un salon du polar et qu’il est bien à l’image de son personnage : absolument charmant.



Challenge ABC 2018/2019



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Le dresseur d'insectes

L’Islande est un beau pays, et si vous devez vous y rendre, ajoutez le guide du routard à quelques bons polars islandais. Car vanter les charmes touristiques de l’Islande ne fait pas partie des préoccupations essentielles d’Arni Thorarinsson. La 4ème de couverture donne le ton avec un aperçu des festivités traditionnelles islandaises se déroulant lors du premier week-end d’août : « Chaque année, la grande fête des commerçants d’Akureyri, au Nord de l'Islande, apporte son lot de gueules de bois, de dépucelages, d’agressions et de viols ». A la page 76, on précise : « Ça dépasse les limites de l’entendement. Notre sommeil est bousillé par des cris et des hurlements de sioux. Cette bande-là baise dans les jardins et les parcs, ça pisse et ça chie partout. Pour couronner le tout, vous vous retrouvez avec une caillasse au milieu de votre salle à manger. Où donc ces sauvages ont-ils été élevés ? » Bienvenu en Islande. Plus loin : « Je contacte les organisateurs de la manifestation. On me répond que 99% des participants se sont bien tenu. » Nous voilà rassurés.

C’est dans cette ambiance qu’Einar, correspondant du « Journal du Soir » envoyé en exil à Akureyri dans le précédent roman (Le Temps de la sorcière) traque le fait divers pour son rédacteur en chef Trausti Löve, resté à Reykjavik. Ne manquant ni de flair ni de sources bien placées – dont Olafur Gisli, le commissaire principal d’Akureyri, ça aide bien – Einar tombe rapidement sur une affaire louche, dans laquelle il va devoir s’impliquer personnellement.

Une maison abandonnée que l’on dit hantée, une femme médium qui en sait trop mais n’en dit pas assez, une équipe américaine de tournage de films « érotiques » qui débarque sur les lieux, un crime sans cadavre, une baignoire dans laquelle on retrouve le cadavre... Les pièces du puzzle sont suffisamment hétéroclites pour retenir l’attention du lecteur et faire durer l’enquête. Les cadavres finissent par sortir des placards, et pas seulement ceux des bouteilles d’alcool et autres substances ingurgitées pendant la fête.

A la lecture de ce polar 100% islandais, on ne peut s’empêcher de comparer Einar et Erlendur, les héros récurrents d’Arni Thorarinsson et d’Arnaldur Indridason. Tous deux ont vécu un divorce difficile et surveillent d’un œil discret les excentricités de leur progéniture, avec toutefois un sens de la paternité et des responsabilités plus prononcé chez Einar. Tous deux, avec des motivations différentes, traquent les criminels et conduisent des enquêtes complexes qui lèvent le voile sur les recoins les plus nauséeux de l’âme humaine. Et si Einar, de par sa profession, vise avant tout le scoop et les gros tirages (seuls critères entrant en ligne de compte aux yeux de sa hiérarchie), il conserve un sens élevé de l’éthique professionnelle et parvient à préserver un équilibre toujours fragile entre protection des sources et respect de la morale et de la justice. S’il n’a pas la possibilité de mettre lui-même les criminels derrière les barreaux, il entretient des liens subtils avec la police pour faire éclater au plus vite la vérité. En échange de quelques tuyaux publiables obtenus de son ami le commissaire, il fait avancer l’enquête et donne de sérieux coups de main à la police, par exemple en assurant une mission d’infiltration pour déceler un assassin potentiel.

Einar est un personnage attachant, au caractère enjoué, attentif à ses collègues et à sa famille, pratiquant volontiers l’autodérision (sur cet aspect, on est assez loin du caractère taciturne d’Erlendur). Il aime, quand il trouve le temps, cuisiner des petits plats pour sa fille, écouter de la rock-music, et n’hésite pas à fredonner les airs, en anglais non traduits dans le texte, de Ray Parker Jr (Ghostbusters), de Belinda Carlisle (Heaven is a place on earth) et des Kinks (Victoria, Death of a Clown). Le Dresseur d’insectes sera le titre de l’article qu’il publiera sur cette affaire, tiré des paroles de Death of a Clown : « The trainer of insects is crouched on his knees, and frantically looking for runaway fleas » (le dresseur d’insectes est à genoux et cherche frénétiquement les puces fugitives). Les puces en question sont les victimes qui cherchent à échapper à leur bourreau, et quelques-unes y laisseront malheureusement leur peau.

L’Islande est un beau pays finalement, et si vous devez vous y rendre, n’oubliez pas une petite laine, un guide touristique ET vos romans d’Arnaldur Indridason et d’Arni Thorarinsson… avec eux, même l’été on frissonne !
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