Citations de Art Spiegelman (239)
Je ne parle pas du VÔTRE, mais combien de livres ont déjà été écrits sur l'Holocauste. A quoi bon ? Les gens n'ont pas changé... Peut-être leur faut-il un nouvel Holocauste, plus important.
(Note : propos de Pavel, le psy de Art, survivant de Terezin et d'Auschwitz)
Quelques-uns criaient et criaient. Ils pouvaient pas s’arrêter. Alors les Allemands les ont pris par les jambes et les ont balancés contre le mur… Et plus jamais, ils ont crié.
Mais ici, Dieu, il venait pas. Tout seuls, on était tous.
Tout le monde avait toujours si faim, on savait même plus ce qu'on faisait...
Mais ici, Dieu, il venait pas. Tout seuls, on était tous.
NE CROYEZ PAS TOUT CE QUE VOUS LISEZ !…
[..]
De Maus à maintenant. Une anthologie des BD d'Art Spiegelman.
- La 1ère fois que tu as entendu parler d'Auschwitz, c'était quand ?
- TOUT DE SUITE... On a enentendu.
Des gens des là-bas - de l'autre monde - qui sont revenus et nous ont dit. Mais on a pas cru...
Après on a eu encore et encore les mêmes nouvelles, alors on a cru. Plus tard on a vu... Encore PIRE !
Et toute la nuit j'ai imaginé tout ce qui pouvait nous arriver
J'avais étudié une anecdote du Monde de pierre, de Tadeusz Borowski, qui se passait précisément dans ce camp, avec une situation très similaire. Le protagoniste parlant à sa compagne de ses cheveux. Et Vladek m'avait dit qu'Anja était malheureuse à cause de son allure dans les camps; elle avait honte. Mais cette anecdote - parler à un être aimé, de loin, et découvrir qu'elle a honte - permettait au personnage de la fiction autobiographique de Borowski de dire: "Ne t'en fais pas, tu auras des cheveux et nos enfants auront des cheveux"
Le sujet de Maus, c'est la récupération de la mémoire et, en fin de compte, la création de mémoire. L'histoire de Maus n'est pas seulement l'histoire d'un fils ayant des problèmes avec son père, et ce n'est pas seulement l'histoire de ce qu'un père a dû endurer. C'est l'histoire d'un dessinateur de BD qui essaye de visualiser ce que son père a vécu. C'est l'histoire de choix qui se font, il s'agit de trouver ce qu'on peut dire, ce qu'on peut révéler, et ce qu'on peut révéler au-delà de ce qu'on est conscient de révéler.
Et pour nous tous il n'y a qu'un seul moyen de sortir ... par ces cheminées.
C'est scandaleux ! Comment pouvez-vous, surtout vous, être si raciste ! Vous parlez des noirs comme les nazis parlaient des juifs !
- Je me sens si incapable de reconstruire une réalité qui a été pire que mes cauchemars les plus noirs. Et en plus, sous forme de BD ! Je me suis embarqué dans un truc qui me dépasse.
La nuit, je devais me lever pour aller aux toilettes. C’était toujours plein, tout le corridor, de gens morts, empilés. On pouvait pas passer… Il fallait passer sur leurs têtes, et c’était terrible parce que c’était tellement glissant, la peau, tu pensais toujours que tu allais tomber. Et ça chaque nuit, c’était.
Quand j’étais petit, il m’arrivait de me demander lequel de mes parents j’aurais laissé les nazis emmener aux fours crématoires si je ne pouvais en sauver qu’un seul. D’habitude, je sauvais ma mère, tu crois que c’est normal ?
Alors quand mon frère Marcus a eu 21 ans, mon père l’a fait crever de faim. Déjà Marcus était trop maigre, malade. Et là, quand il est allé à la visite de l’armée, ils l’ont pas pris. Un an après, quand c’était mon tour, pareil il voulait que je fasse, mon père. Ca a été quelque chose de terrible. […] Pendant trois mois pour maigrir, seulement des harengs salés j’ai mangés, et pas d’eau. Et quelques jours avant la visite, pas de sommeil, et rien à manger.
Et ceux qui finissaient dans les chambres à gaz avant d'être jetés dans les fossés, c'étaient eux qui avaient de la chance. Les autres, dans les fossés, ils devaient sauter quand ils étaient encore vivants. Les prisonniers qui travaillaient là, sur les vivants et les morts, ils versaient de l'essence. La graisse des corps brûlés, ils la recueillaient, et la versaient à nouveau pour que tout le monde brûle bien. (p.232)
"Sur certains points, il est exactement comme les caricatures racistes du vieux juif avare." (p. 133)
Père : Mais tu comprends, Anja et moi JAMAIS on n'a été séparés !
[...]
NON ! La guerre nous a éloignés, mais avant et après toujours on a été ensemble. Pas comme avec Mala, elle tout mon argent elle prend !
Fils : Auschwitz, papa... Parle-moi d'Auschwitz.
Père : [...] C'est quoi ça ?
Fils : Un nouveau magnétophone... [...]
Père : Alors, combien ça t'a coûté ?
Fils : 75 dollars seulement ! C'était en solde.
Père : Pff ! Chez Korvettes, maximum 35 dollars, tu l'aurais eu !
Fils : Bon, ça suffit ! Raconte-moi quand tu es revenu du camp de prisonniers en 1940...